Les principaux éditeurs de manga en France en 2015
Rapide tour d'horizon de ce qui a fait l'actualité des éditeurs l'année passée.
Glénat
Avec quasiment 24% de parts de marché, Glénat conserve sa mainmise sur la première place du marché.
L'éditeur a pu compter sur ses blockbusters habituels : One Piece, Bleach (bien qu'en baisse), Chi, Claymore... mais également sur des oeuvres cultes terminées qui continuent encore et toujours de se vendre comme Gunnm Last Order ou Dragon Ball dont la Perfect Edition s'est achevée en janvier 2015, ou sur des titres dont la parution lente n'empêche pas de bonnes ventes, comme pour Berserk qui n'a pourtant eu aucun nouveau volume en 2015.
Mais il faut également souligner que l'éditeur a su capitaliser sur ses ses séries auteurs-phares. Ainsi, la nouvelle édition de One Piece, dite "originale", a-t-elle permis d'accueillir environ 40 000 nouveaux lecteurs, tandis que Chi a pu compter sur divers formats, et que les noms d'Akira Toriyama et de Kentarô Miura ont été entretenus par la parution de Jaco, Katsuraakira et Gigantomachia. Le premier de ces trois one-shot a ainsi attiré plus de 13 000 lecteurs, soit un chiffre plutôt dans le haut du panier. Sans oublier les anime comics de Dragon Ball et One Piece, ainsi que le lancement de Dragon Ball SD en fin d'année !
Mais on ne peut s'empêcher de se dire que l'éditeur a loupé quelque chose de ce côté-là. L'année 2015 était annoncée par l'éditeur comme "l'année Toriyama", et si les sorties autour de l'auteur culte ont en effet eu lieu en nombre, le sentiment de ne pas en avoir entendu tant parler que ça est fort. Ainsi, en guise d'exemple, citons le manque hallucinant de communication autour de la sortie de Jaco à l'occasion de Japan Expo, si bien que nombre de lecteurs fans de l'univers Dragon Ball n'étaient même pas au courant de sa sortie. Le one-shot reste une bonne vente et s'écoulera sans doute sans problème sur la longueur, certes, mais nul doute que cette sortie aurait pu être beaucoup plus forte.
En dehors des blockbusters et de leurs auteurs respectifs, l'éditeur a pu compter sur deux décollages.
Tout d'abord, Ajin, dont le lancement a rapidement rencontré le succès escompté, étant selon GFK le 4ème plus gros lancement de 2015, et dont le premier tome s'est écoulé à 20 000 exemplaires.
Ensuite, Tokyo Ghoul. Portée par l'anime, la série de Sui Ishida a connu la plus forte progression de l'année en montant à la 6ème place des meilleures ventes.
Porté par tous ces succès, l'éditeur en a profité pour tenter de nouvelles expériences autour de titres qui étaient d'office moins porteurs... ce qui s'est vite confirmé. Ainsi, des titres comme Jabberwocky et surtout Kokkoku ne semblent pas avoir trouvé leur public. Et que dire de la collection Erotic lancée l'année précédente : avec un Minimum qui n'a pas décollé, un Nude sans intérêt et le sympathique Love in the hell qui est sorti dans l'indifférence, ce label de titres faussement érotiques semble dores et déjà condamné, aucun nouveau titre n'étant pour l'instant prévu. Quant à Crueler than dead, il reste un succès d'estime malgré la présence des auteurs à Japan Expo.
L'autre déception vient de la collection Vintage. Lancée il y a quelques années avec de belles promesses et des titres cultes, cette collection n'a finalement jamais décollé, et semble plus que jamais vouée à disparaître : aucun nouveau tome n'y est sorti en 2015, la dernière parution en date ayant eu lieu en novembre 2014 avec le tome 17 de Cyborg 009. Depuis, l'éditeur a annoncé en toute discrétion l'arrêt de la série en France. Elle était la dernière représentante de la collection, et restera comme le symbole d'un cuisant échec...
Côté shôjo, l'année fut marquée par l'absence flagrante de nouveautés, l'éditeur se contentant de ses quelques séries en cours.
Désormais, on attend surtout de voir ce que donnera 2016 pour l'éditeur, qui ne devrait pas être inquiété dans l'immédiat quant à sa première place. Les deux fins de série importantes (Claymore et Chi) ne veulent aucunement dire que ces deux titres ne se vendront plus, et les bonnes ventes de Tokyo Ghoul et Ajin sont les signes d'une santé qui reste globalement au beau fixe, malgré quelques gros ratés.



Pika
Pourtant, plus que jamais juste derrière Glénat, il y a Pika, qui a de nouveau enregistré une hausse assez flagrante dans ses parts de marché en 2015.
Il faut dire que l'éditeur reste fort de son partenariat avec Kôdansha : Fairy Tail, malgré une baisse des ventes, reste une locomotive bien accrochée à sa deuxième place du marché et a pu compter sur le bon succès de son spin-off Blue Mistral, Seven Deadly Sins et L'Attaque des Titans ont connu de fortes progressions en devenant 10ème et 4ème meilleure ventes du marché, ce dernier ayant également pu compter sur son court spin-off Birth of Livai qui est le meilleur lancement de Pika en 2015, se classant 3ème tout éditeurs confondus parmi les nouvelles séries. Love Mission, actuellement meilleure vente d'un secteur shôjo en berne, ou Area D conservent eux aussi de bonnes ventes.
Côté démarrages, l'éditeur a pu compter, en plus de Birth of Livai, sur Noragami (6ème meilleur lancement avec plus de 16 000 ventes), GTO - Paradise Lost (12ème, 12500 ventes), L-DK (premier shôjo du classement, 13ème avec 12 000 ventes), ou même Another (17ème), Baymax (20ème), Aphorism (27ème)...
Ce qu'il est intéressant de constater, c'est qu'aucune nouvelle série de l'éditeur en 2015 ne peut être qualifiée de casserole en termes de ventes : le moins bon lancement de l'éditeur est B-Daman Crossfire, mais la série a été lancée en toute fin d'année, il est donc trop tôt pour pouvoir se prononcer. Ensuite, il s'agit de Gon, également lancé en fin d'année, et dont les ventes déjà beaucoup plus hautes par rapport à B-Daman font que l'on ne peut pas parler de catastrophe. S'il fallait un signe de la bonne santé de l'éditeur, c'est bien celui-ci, même si certains pourraient lui reprocher l'absence de prises de risques. Quoi de mieux pour marquer le 15ème anniversaire de l'éditeur, qui l'a fêté tout au long de l'année avec divers événements et la venue de l'emblématique Ken Akamatsu à Japan Expo ?
Mais n'oublions pas, toutefois, ces séries difficiles comme Maiwai, Fate/Stay Night, A town where you live, Pumpkin Scissors, Spiral... qui se poursuivent tout doucement. Mais, au moins, se poursuivent.



Kana
Kana reste le 3ème éditeur du marché, mais Kana souffre, étant le seul éditeur du top 5 à enregistrer une baisse bien visible de ses parts de marché.
Il faut dire que 2015, côté lancements, est loin d'avoir été une bonne année pour l'éditeur, le meilleur démarrage ayant été Seraph of the End qui n'est que 16ème, soit un chiffre loin d'être bon pour un éditeur de cet acabit. Suivent Kuro, un coeur de chat, 26ème, et Kill la Kill, 33ème et déjà terminé. 38ème, Devil's line reste une surprise intéressante, du fait qu'elle a été lancée en fin d'année et qu'il est donc encore trop tôt pour totalement se prononcer sur ses ventes.
A cela, il faut ajouter quelques démarrages qui ont eu un mal fou à trouver leur public. En tête de ces échecs, le manga franco-japonais Toys of War malgré la présence des auteurs à Japan Expo, et surtout Ninja Slayer qui est royalement boudé par le public.
Avec Log Horizon - La brigade du vent de l'ouest (lui aussi loin d'être un grand succès), Kill la Kill, Ninja Slayer et Seraph of the End, on constate chez Kana la poursuite du petit changement de ligne éditoriale entamé l'année précédente, avec des titres ayant déjà acquis une certaine renommée en anime ou étant alors sur le point d'avoir une adaptation. Mais pour l'heure, on ne peut pas dire que ce soit un franc succès. On sent que l'éditeur se cherche un peu, tentant de compenser ses pertes futures : la fin de Bakuman en 2014 qui s'est faite sentir, celle de Naruto prévue pour 2016, le ralentissement de Black Butler, la difficulté d'accéder aux nouveaux gros blockbusters de son éditeur historique Shûeisha... Oui, Kana est bien le gros perdant de 2015 parmi le top 5, et risque de voir sa 3ème place du marché mise à mal en 2016 par les éditeurs situés juste derrière.
Faut-il, pour autant, tout de suite s'inquiéter ? Pas forcément. Car les succès Naruto ou Black Butler sont toujours indéniables, et même une fois la série de Kishimoto terminée, celle-ci ne s'arrêtera certainement pas de se vendre pour autant, d'autant que l'éditeur compte bien sortir ses spin-off, comme déjà annoncé. Ensuite, parce qu'Assassination Classroom, bien aidé par l'anime et par une forte remise en avant à Japan Expo, décolle enfin côté ventes en devenant la 9ème série du marché. Et tout le fond de catalogue est toujours là, à commencer par les premiers tomes de Naruto et par Death Note qui continuent de se vendre, les volumes de ce dernier s'étant tout de même écoulés à plus de 100 000 exemplaires tout au long de l'année.
Chose intéressante et très louable : malgré des temps un peu plus difficiles, Kana continue de sortir à rythme régulier ses séries "boulets", ses titres-fleuves qui se vendent mal, comme Hayate the combat butler, Gintama, Zettai Karen Children... et est même parvenu à en boucler un, Zipang, ce qui était loin d'être gagné. Chapeau ! De même, on peut être heureux de voir les collections Made in et Sensei subsister quelque peu, notamment avec l'arrivée d'un nouveau titre de Kazuo Kamimura, Le Club des Divorcés, et l'atypique et excellent Levius !



Ki-oon
Parvenant d'année en année à progresser un peu en parts de marché, Ki-oon n'a connu aucune baisse de régime en 2015, bien au contraire ! Jugez vous-même : sur les 11 meilleurs lancements de l'année, 5 sont à mettre à l'actif de l'éditeur qui truste littéralement le haut du classement, la surprise A Silent Voice se hissant même à la 1ère place du classement GFK avec plus de 22 000 exemplaires du tome 1 écoulés. Derrière, on trouve King's Game Origin (5ème, plus de 16 000 ventes), Poison City qui a bien été porté par son sujet et par le retour en France de Tetsuya Tsutsui, et Secret (7ème et 8ème avec un peu plus de 15 000 ventes), et Last Hero Inuyashiki (11ème, près de 14 000 ventes).
A celles-ci, il faut ajouter une série lancée l'année précédente : Darwin's Game, qui a bien décollé en 2015 et fait partie du top 15 des meilleures ventes l'année passée. Bien que son rythme de parution soit désormais un peu ralenti puisqu'on a rattrapé l'édition japonaise, cette série, toujours en cours et ayant démontré son efficacité dans le registre en vogue du survival, peut devenir une valeur sûre.
Chose très parlante là aussi et témoignant bien de l'efficacité des importantes campagnes de publicité de l'éditeur, aucune série lancée en 2015 chez Ki-oon ne peut être qualifiée de véritable échec. Fort logiquement, les titres de la collection Latitudes sont moins porteurs, la principale déception de cette collection étant probablement l'édition grand format de Poison City qui n'a pas vraiment trouvé son public. Cela peut interroger quant aux limites de cette collection visant à toucher un public plus large que la sphère manga. En dehors de la collection Latitudes, la seule série étant largement en dessous des autres lancements en termes de ventes est Le Requiem du Roi des Roses, qui peine un peu à trouver son public... Cela viendrait-il en partie de sa classification en seinen alors qu'il s'agit d'un shôjo ?



Kurokawa
Là aussi, on a un éditeur qui, pour sa dixième année d'existence, poursuit tranquillement sa progression en parts de marché, bien aidé par son lancement-phare de 2015 : The Heroic Legend of Arslan, 2ème plus gros lancement de l'année selon GFK, d'une très courte tête derrière A Silent Voice.
Mais l'éditeur a également pu compter sur l'entretien de ses sagas : Pokémon avec l'arc X/Y (9ème meilleur lancement avec 15 000 ventes), Saint Seiya avec Saintia Sho (22ème), voire dans une moindre mesure Resident Evil avec Heavenly Island (51ème).
Pour le reste, il faut surtout chercher le succès de l'éditeur du côté des séries lancées les années précédentes et trouvant toujours plus leur public, à commencer par Red Eyes Sword qui s'affiche désormais dans le top 20 des séries les plus vendeuses, Blood Lad dont l'auteur Yûki Kodama a été invité au Salon du Livre, ou Silver Spoon qui reste bien en place.
A côté de ces succès aptes à toucher un public assez important, l'éditeur a également tenté quelques petites choses : les adaptations d'oeuvres littéraires avec Les Misérables et Arsène Lupin, et l'arrivée du sentai avec Ultraman ! Toutes ces séries semblent avoir trouvé un public de façon correcte, et le seul échec dans les lancements de l'année est à chercher du côté de VS Earth.



Kazé Manga / Asuka
Les ambitions affichées par Kazé Manga il y a quelques années, à savoir devenir l'un des 3 plus gros éditeurs du marché d'ici 2015, semblent bien éloignées pour cet éditeur qui a régressé cette année, malgré trois lancements plutôt réussis : celui de Bestiarius (19ème du classement GFK avec 10 000 ventes de son tome 1 pourtant sorti en fin d'année), celui de Twin Star Exorcists (28ème), et celui de Demokratia (32ème) qui a marqué le retour de Motorô Mase, auteur du succès Ikigami.
Mais ne nous leurrons pas : aucun de ces titres n'est le blockbuster qui manque tant à l'éditeur depuis plusieurs années, le titre qui lui permettrait de réellement, enfin, se sortir du lot. Et concernant les autres lancements, on ne peut pas dire que ce fut brillant, surtout du côté du manga féminin : essayant de capitaliser sur les auteurs emblématiques de son catalogue shôjo, à savoir Rei Tôma, Setona Mizushiro et Kyôsuke Motomi, l'éditeur a essuyé trois déceptions plus ou moins fortes. Les ventes de Rokka Melt et de QQ Sweeper n'ont guère décollé, et celles de Brainstorm' Seduction sont très mauvaises. Même topo concernant le shônen Space Travelers, qui n'a pas profité de la notoriété de Kazue Katô et reste le moins bon démarrage de l'année pour l'éditeur. Bien que la série ait été lancée en fin d'année, il y a peu de chances de la voir décoller.
A part ça, l'autre orientation de l'éditeur en 2015 fut une politique de réédition en volumes doubles ou triples de plusieurs séries : Happy Marriage, Ikigami, Rainbow... A défaut d'avoir à ce jour son blockbuster, l'éditeur semble patienter en tentant de capitaliser sur ses anciennes gloires...
Quant aux séries en difficulté, elles ont au moins le mérite de se poursuivre à peu près correctement. 07-Ghost et Silver Diamond se sont achevées, Shikabane Hime arrive sur sa fin... le cas de Moonlight Act inquiète un peu plus.
Plus que jamais en 2015, Kazé Manga a donné l'impression d'un éditeur en peine, manquant de personnalité, ne parvenant pas à décoller. Il reste toujours de bonnes petites surprises, comme la parution en un temps record des 15 tomes de l'excellent Gokusen sur une année. Mais il manque cruellement, encore et toujours, le blockbuster qui pourrait le faire réellement décoller... et la donne pourrait bien enfin changer en 2016 ! L'éditeur affirmait qu'il ne laisserait pas passer la prochaine série de Takeshi Obata, ça s'est confirmé sans grande surprise avec l'arrivée de Platinum End en ce début d'année 2016 en numérique. Affaire à suivre...



Delcourt/Tonkam
De nouveau en baisse, Delcourt a enfin connu en 2015 les changements de vision éditoriale que l'on attendait suite au départ d'Akata et à l'arrivée de Pierre Valls en tant que directeur éditorial. Après avoir pris le temps de publier les derniers titres acquis par Akata pour Delcourt en 2014 et début 2015, Mr Valls a pu publier ses premiers titres, avec, au programme, le retour d'auteurs découverts par Akata (Shinichi Sakamoto avec Innocent et Harold Sakuichi avec RiN, Aya Nakahara avec Please love me), et des oeuvres plus classiques, orientées vers un public plus large avec ce qu'il faut d'humour et de fan-service : Yamada-kun & the 7 Witches, The testament of sister new devil, My girlfriend is a fiction. Ce qui change radicalement de ce que proposait Akata, il faut bien le dire.
Mais la transition reste difficile, puisqu'aucune de ces nouveautés n'a rencontré un franc succès. Meilleur lancement de l'année pour Delcourt, Yamada-kun est toutefois loin d'être un carton : 64ème plus gros lancement avec moins de 4000 ventes. Malgré la venue de son auteur à Paris, Innocent peine à décoller et est 69ème, tandis que Testament est 73ème. Ce ne sont ni des cartons, ni de vrais succès. Et on se demande vraiment si ça pourra s'améliorer en 2016, Pierre Valls ayant déjà claqué la porte de Delcourt pour rejoindre Kazé Manga...
Du côté du label Tonkam, rien d'exceptionnel non plus côté lancements, l'essentiel étant assuré par le succès de niches des nouvelles saisons de Jojo's Bizarre Adventure. Kingdom Game s'en tire à peu près, les nouveaux shôjo sont à la traine... Cela n'empêche pas l'éditeur d'encore tenter de temps à autres des paris plus délicats, comme ce fut le cas pour le Journal des Chats que l'on a accueilli avec autant de surprise que d'optimisme, ou pour Duel Masters Revolution, un titre issu d'une licence qui n'a guère plus d'actualité, si bien que son démarrage fut l'un des plus mauvais de l'année... Heureusement qu'il reste à Tonkam Food Wars.



Soleil
Pour contrebalancer le manque de forme de Delcourt/Tonkam, Soleil Manga est la branche du groupe Delcourt qui continue de monter !
Poursuivant essentiellement sur des shôjo assez courts et visant une tranche de lectorat bien précise, l'éditeur parvient à classer plusieurs de ses titres féminins à un bon niveau de ventes et s'est constitué un catalogue autour de quelques auteures phares. Tandis que la collection Pets a décollé l'année précédente grâce à Plum qui reste l'un des principaux succès de l'éditeur (aux côtés de Super Mario et de He is a beast), elle a accueilli en fin d'année Choubi-Choubi qui connaît des débuts très prometteurs.
Côté shônen et seinen, l'éditeur conserve un rythme plus modeste autour de quelques titres légèrement érotiques, où Prison School, aidé cette année par son anime, semble tirer son épingle du jeu.
Enfin, on peut signaler en toute fin d'année le bon démarrage du one-shot Zelda - A Link to the past.



Panini
Fin de 2014, Panini annonçait la mise en stand-by pour 2015 d'environ la moitié de son catalogue (voir la 1ère news et la 2ème news), et l'on se demandait si les lecteurs continueraient de lui faire confiance.
Le couperet est tombé : Panini a enregistré une chute évidente l'année passée. Peu nombreuses, ses nouvelles séries se sont toutes vautrées, ses meilleurs démarrages étant Last Game et Hibi Chouchou et ayant vu leur tome 1 s'écouler difficilement à 2500 exemplaires. Juste derrière, le nouveau spin off de Saint Seiya, Episode G - Assassin, peut être considéré comme plus prometteur puisqu'il s'est écoulé à 2200 exemplaires alors qu'il est sorti en fin d'année. Les quelques autres lancements sont très mauvais, celui de Hito Kui étant même catastrophique.
A part ça, Panini semble avoir un peu adopté le même comportement que Kazé Manga en 2015, attendant et espérant des jours meilleurs dans une politique de rééditions de nombreux titres en formats doubles : Enfer et Paradis, Saint Seiya G, Rockin' Heaven, Meru Puri, Kare First Love... Difficile de dire si le succès est là.
Dans tous les cas, on sent que Panini paie douloureusement de nombreuses années de mésestime de son public.



Doki-Doki
Un mot pourrait qualifier Doki-Doki : la stabilité. Chaque année, la branche manga de Bamboo délivre à peu près le même nombre de tomes, au rythme de 3 à 5 sorties par mois, et semble tout à fait y trouver son compte. Quand une série s'achève, elle est remplacée par une autre sans rien brusquer.
On compte ainsi 7 nouvelles séries chez l'éditeur, dont le meilleur démarrage fut Revenge Classroom avec plus de 4000 exemplaires du tome 1 écoulés.
Mais les principaux succès de l'éditeur sont à chercher dans des séries lancées les années précédentes et qui ont su conserver leur public, comme Zelphy qui s'est achevé en fin d'année, Servamp, Freezing, et surtout la locomotive Sun-Ken Rock, mise en avant à Japan Expo avec la sortie de son superbe artbook et la venue de son auteur Boichi, pour ce qui fut l'une des plus belles rencontres du salon !
A son échelle, et malgré des séries qui peuvent diviser le lectorat, Doki-Doki conserve année après année une certaine humilité et un désir de rester proche du lecteur qui reste louable. Toutefois, on se demande comment l'éditeur compensera la fin prochaine de Sun-Ken Rock, et s'il pourra continuer de travailler sur des oeuvres de cet auteur qu'il nous a fait découvrir mais est désormais très convoité...



Komikku éditions
Lancé de façon réussie en 2013, ayant tranquillement confirmé ses ambitions en 2014 en diversifiant beaucoup son catalogue, Komikku éditions a continué de progresser de façon drastique en 2015, et a notamment pu compter sur le premier très gros titre de son catalogue : The Ancient Magus Bride, qui est évidemment son meilleur lancement (25ème avec près de 8000 exemplaires du tome 1 écoulés) et a pu compter sur la présence de son auteure Koré Yamazaki à Japan Expo !
Deux autres séries ont connu un très bon démarrage pour un éditeur de seulement quelques années d'existence : minuscule (29ème avec plus de 6000 ventes), et Arte (35ème, quasiment 6000 ventes).
Avec des éditions soignées, une communication assez visible et la venue de pas moins de trois auteurs en France en une seule année (Koré Yamazaki à JE, Takuto Kachiki au Salon du Livre, et Nakatani D. sur Paris), Komikku continue de se faire une jolie petite place dans le paysage du manga français, et peut également compter sur la diversité de son catalogue : allant de tranches de vie à titres en partie historiques, en passant par thrillers, récits horrifiques, fantastiques, et également des oeuvres plus risquées comme Snow Illusion ou Yako et Poko qui a eu du mal à trouver son public. En fin d'année, le lancement de la collection Horizon avec La Photographe et Ritournelle a confirmé cette diversification.



Akata
En 2014, Akata vivait sa première année pleine en tant qu'éditeur, et se faisait déjà remarquer. En 2015, l'éditeur a pu sortir un peu plus de titres et continuer d'accroître sa notoriété et de peaufiner l'orientation de son catalogue, pour un résultat largement payant : sa progression d'une année sur l'autre est la plus impressionnante ! Cela est évidemment dû à l'enrichissement conséquent du catalogue par rapport à 2014, mais pas que : il se dessine déjà une grande cohérence dans les choix éditoriaux. Une identité Akata est déjà née, et cela a sans doute aidé plusieurs séries à se démarquer .
Ainsi, le meilleur démarrage de l'éditeur en 2015 est aussi celui qui aurait pu être le plus casse-gueule : Ladyboy vs Yakuzas, forcément placé en collection WTF, et que les lecteurs ont suivi en le prenant comme tel, déjà bien acclimatés à cette collection par un Magical girl of the end qui a d'ailleurs, lui aussi, joui d'une très belle popularité l'année passée. Séki mon voisin de classe a lui aussi connu un lancement encourageant. A contrario, celui de Dans l'intimité de Marie est le plus difficile de l'année pour l'éditeur, en excluant les titres non japonais.
Reste que le plus gros carton d'Akata en 2015 est une série débutée en 2014 : Orange a littéralement décollé au point d'être réimprimé plusieurs fois et d'atteindre les 30 000 exemplaires vendus sur ses 4 premiers tomes, et ce n'est pas fini. Preuve que le fond de catalogue a son importance, Daisy reste également une bonne vente. A contrario, Double Je, la nouvelle série de Reiko Momochi intégralement publiée en 2015, a quelque peu peiné à se faire remarquer.



Ototo Manga / Taifu Comics
Ototo Manga semble désormais avoir trouvé un bon créneau sur lequel se placer. Après s'être fait connaître avec le succès Spice & Wolf, l'éditeur s'est assuré une place bien visible sur le marché en 2014 en s'accaparant la licence très porteuse qu'est Sword Art Online, et a fort logiquement fait fructifier cette licence en 2015. Ainsi, les mangas Progressive et Fairy Dance ferment tous deux le top 15 des plus gros lancements de l'année avec 12 000 et 11 500 ventes ! Lancé en fin d'année, Phantom Bullet enregistre des débuts tout aussi encourageants. La sortie en parallèle des romans a sans doute accentué la visibilité, mais nous allons y revenir plus tard. Quant à l'autre série de Reki Kawahara, Accel World, elle a fait un démarrage un peu plus modeste autour des 3 000 ventes.
Du côté de Taifu Comics, on reste toujours sur un créneau de niche, à savoir boy's love et hentai, donc forcément on ne note aucun très gros démarrage. Dans les deux cas, le catalogue a continué de bien s'étoffer autour de séries et d'auteurs porteurs, comme Saigado pour le hentai. Et Japan Expo fut marqué par la venue des auteures du succès In These Words. Toutefois, dans la deuxième moitié de l'année, l'éditeur a choisi de décélérer le rythme des sorties X, puis même de la stopper quelques mois, afin de se laisser le temps de rebondir sur de nouveaux titres porteurs et de ne pas publier n'importe quoi. La collection reviendra donc en mars 2016 avec l'auteur Linda... tout comme la collection Yuri, restée muette en 2015 faute de succès, vient d'être relancée en ce début d'année avec Citrus.



Casterman
Déjà entamée de quelque temps, la nouvelle orientation de Casterman n'a fait que se confirmer en 2015 : des séries aux graphismes travaillés et accrocheurs laissant deviner un réelle personnalité, tout en restant de vrais bons divertissements.
L'ensemble devrait trouver peu à peu ses marques, mais côté ventes cela reste un peu dur : le meilleur démarrage, Area 51, compte moins de 3000 ventes de son premier tome, et Sangsues et un peu derrière.
Finalement, les meilleures ventes de l'éditeur restent le fond de catalogue : les titres de Jirô Taniguchi à commencer par Quartier Lointain, mais aussi Thermae Romae ou Mirai Nikki. A l'instar de ces derniers, gageons que les nouveautés de 2015 s'installeront sur la durée dans le paysage français.



Black Box éditions
Restant sur une politique de distribution assez exclusive et confidentielle, Black Box éditions n'a forcément pas enregistré de lancements énormes, mais sa politique semble permettre à l'éditeur de rentrer sans mal dans ses frais... ce qui lui permet d'oser, toujours plus !
Ainsi, l'éditeur a brillé à sa manière dans le registre du patrimonial et du nostalgique, avec surtout le lancement de sa collection Gô Nagai, mais aussi l'arrivée d'une collection Leiji Matsumoto en fin d'année, le retour de Cobra, la poursuite de Kimengumi, la sortie du seul nouveau titre d'Osamu Tezuka en 2015, à savoir Mako, Rumi et Chii... Mais nous allons revenir sur tout ça un peu plus tard.
En dehors de cela, l'éditeur a surpris en bien en osant proposer Togari Shiro, la suite de Togari autrefois sorti chez Delcourt, ainsi qu'une collection horrifique inaugurée par Hurlements.



Le Lézard Noir
Belle année pour le Lézard Noir avec 6 sorties manga, dont plusieurs titres patrimoniaux sur lesquels nous allons revenir plus tard. A ceux-ci s'ajoutent Mirages d'été, et la perle Chiisakobe, signée Minetarô Mochizuki et sélectionnée à Angoulême.



Imho
L'année fut petite pour Imho avec seulement 3 sorties dans la première moitié d'année, mais quelles sorties ! Tandis que les deux tomes de La Fille de la plage ont profité d'un très beau succès pour un petit éditeur (le tome 1 s'est écoulé à plus de 2 000 exemplaires), nous avons enfin pu découvrir le culte Mindgame après bien des reports.
IDP
L'éditeur poursuit inlassablement sa collection Boy's Love avec de nombreux titres de qualité inégale, mais a également lancé la Hana Collection, plus sélective.



Clair de Lune
Les nouveautés manga de Clair de Lune en 2015 se comptent sur les doigts d'une main, et elles sont loin d'avoir rencontré le succès. Avec l'arrivée en France des mangakas Kô Yaginuma (Averses Turquoise, Spica x2) et Hiroshi Masumura (Atagoul), l'éditeur a pourtant démarré de façon prometteuse l'année en permettant de découvrir en France 2 artistes talentueux et atypiques... mais qui ne pouvaient décemment pas fonctionner sans un minimum de communication, d'engagement et de passion. C'est précisément ce qui a fait défaut à cet éditeur.
Ainsi, Averses Turquoise est la nouveauté qui s'en est le mieux tirée parmi les lancements de l'éditeur, et encore, c'est relatif : le tome 1 a peiné à dépasser les 1300 ventes. Toutes les autres nouveautés sont de l'ordre de la blague éditoriale : que ce soit, Atagoul, l'excellent Spica x2, ou Après tout nous sommes entre femmes, aucune des autres nouveautés de l'éditeur n'a dépassé les 400 ventes, ce qui est véritablement catastrophique. Et ne parlons pas du one-shot Savez-vous où est ma chienne Muku ?... Mais au vu du passif de l'éditeur, est-ce vraiment surprenant ?
Chose inquiétante, aucun manga n'est sorti chez l'éditeur depuis juin 2015, et rien n'est annoncé pour l'instant pour 2016, l'éditeur ayant une communication proche du zéro. On peut fortement envisager la fin du manga chez Clair de Lune, ce qui signifierait l'arrêt prématuré de Spica x2 et d'Atagoul, morts dans l'oeuf, sans avoir eu aucune vraie chance de se faire connaître...
Clair de Lune n'a jamais été un éditeur très fiable ni très apprécié par les lecteurs, la faute à des titres pas toujours judicieusement choisis, à des interruptions soudaines, et à une façon de (peu) communiquer avec le lecteur pas toujours polie. Il n'y aurait rien d'étonnant, alors, à voir l'éditeur cesser ses activités dans le manga. 2016 nous donnera peut-être le fin mot de l'histoire...



Isan Manga
L'éditeur s'est fait une spécialité du manga patrimonial, sur lequel nous allons revenir par la suite. En dehors de cela, Sherlock Holmes est venu enrichir le catalogue, tandis que le Disciple de Doraku fut aux abonnés absent, son retour n'étant prévu que pour ce début d'année 2016.
Les éditeurs d'un manga
Sarbacane est resté fidèle au talentueux Daisuke Igarashi avec le one-shot Saru, tandis de Rue de Sèvre a délivré en tout début d'année le succès Elle s'appelait Tomoji de Taniguchi. Cornélius nous a gratifié de Cette ville te tuera, premier volet de son anthologie dédiée à Yoshihiro Tatsumi. Quant à l'éditeur X Dynamite, il a remis en avant la pulpeuse Miss 130.



De nolhane [7058 Pts], le 07 Février 2016 à 00h45
Un dossier très complet et passionnant, merci beaucoup!
De Theranlove2 [4039 Pts], le 03 Février 2016 à 16h48
Merci pour cet excellent dossier, très long mais très complet! Sa a été un réel plaisir de vous consacrez ma dernière heure et demi :3
Certain point m'ont particulierement intrigué, surprise, degoutée.. Je suis toujours aussi hallucinée par les séries qui trust, je les connais toute mais n'en suis que très très peu.. Quand au éditeur qui sont en haut du classement, c'est assez similaire, je ne les porte pas vraiment dans mon coeur contrairement à Ki-oon, Kurokawa, Ototo, Komikku et Akata! Je suis également assez dubitative devant les agissements de Clair de Lune que je croyais reparti avec Averse Turquoise que j'ai A-DO-RÉ mais voilà, on ne peut pas tout avoir. J'espère aussi un jour pouvoir avoir accès au titre d'Ihmo et éditeur plus petit que je ne trouve absolument nul part en Suisse, faudra que je passe à leur stand à la Japan Expo pour que je trouve enfin des titres qui m'intéresse comme La fille de la plage ou A crystal Sky of Yesterday j'imagine..
Bref, pour teminer, merci et big up pour le light novel \o/
De saqura [4459 Pts], le 02 Février 2016 à 19h07
merci beaucoup pour le dossier
De Minkunette [6811 Pts], le 01 Février 2016 à 11h42
Merci pour le dossier, c'est interssent.
De Karakuri [3636 Pts], le 31 Janvier 2016 à 15h34
Merci beaucoup pour ce bilan assez complet et pertinent dans ses analyses ! Ca a dû vous demander énormément de temps (je suppose, comme la 1ère partie que j'ai pas encore lue cela dit).
Je pensais pas qu'a silent voice était un carton pareil, mais tant mieux ça fait plaisir ! et ça confirme que chaque année ki-oon sait mettre en avant ses séries... Tant de séries dans les 1ers démarrages de l'année c'est juste énorme, surtout quand à côté kana ne place rien dans le top 15...
L'état du manhwa est très triste... ça pue pour booken et c'est vraiment dommage.
Les bonnes critiques sur les titres de kotoji éditions m'ont donné envie de m'intéresser à cet éditeur qui a l'air très passionné par ce qu'il sort ! et je me retrouve bcp aussi dans le paragraphe sur doki-doki : aujourd'hui peu de leurs séries m'intéressent mais leur humilité (absence de gourmandise on va dire, ils cherchent pas à se hisser dans les 1ers éditeurs, ils suivent leur rythme tranquilles) et leur envie de rester proches des lecteurs en font un éditeur sympathique. bravo à eux pour la venue de Boichi très réussie ! Idem pour akata c'est vrai qu'ils ont déjà posé une identité très nette ! Ca fait du bien de voir un éditeur comme ça qui prend quand même des risques et qui reste fidèle à ses engagements.
Et Clair de lune no comment... ils sont plus détestables que panini.