Jeu Video - Actualité manga

Le test du jeu video:

Publié le Vendredi, 21 Janvier 2022

La formule de Game Freak, nous la connaissons désormais bien. Passé un certain temps, chaque diptyque de versions Pokémon a droit à son remake, une mise aux goûts du jour technique, afin de rappeler les anciens souvenirs de la saga, tout en permettant aux nouvelles générations de joueurs de découvrir les aventures d'autrefois. Après Rouge Feu & Vert Feuille sur GameBoy Advance en 2004, Or Heartgold & Argent Soulsilver sur Nintendo DS en 2009 puis Rubis Omega & Saphir Alpha sur Nintendo 3DS en 2014, c'est logiquement au tour de la quatrième génération d'avoir droit à ses remake, qui plus est sur la console actuelle de Nintendo : La Switch.

L'annonce de ces jeux intervient pour les 25 ans de la licence, et dans un contexte assez particulier pour Game Freak. Tandis que les sorties de jeux semblent de plus en plus accélérées entre versions principale, remake et spin-off, les mécontentements se font de plus en plus entendre. Le passage sur la Nintendo Switch n'a aidé en rien, les difficultés du développeur sur les consoles de salon se faisant ressentir, et Épée & Bouclier affichant un sérieux retard technique tout en ne parvenant pas à vraiment renouveler sa recette. Les jeux restent bons et ont su satisfaire de nombreux fans, mais les mécontentements sont là. Et sans tenir compte de la moindre râlerie dès lors qu'un bout de projet est dévoilé, force est d'admettre que le débat qui se pose est légitime.



Game Freak a possiblement un bout de réponse face à ces réactions, preuve d'un studio qui cherche à avancer. Tandis qu'il œuvre sur le très attendu Légendes Pokémon : Arceus, l'un des projets les plus ambitieux de la saga vidéoludique des monstres de poche, les attendus remake de la quatrième génération sont confiés à un autre studio : ILCA. Outre la surprise de voir un des jeux clé entre les mains d'une autre boîte, sa qualité de « petit studio » ne rassure pas. Pourtant, ILCA est loin d'être inconnu à la licence Pokémon puisqu'il développa la très utile application Pokémon Home.

Et ce manque d'assurance, il se fera malheureusement croissant dès lors que les premières images et les bandes-annonces nous parviendront. Loin de rester sur le style proposé par les jeux de 8e génération, les remake que sont Diamant Étincelant et Perle Scintillante joue sur un style SD pour les phases d'exploration, afin de se rapprocher du style des jeux sur consoles portables. C'est une patte, une esthétique qui a son charme, mais qui ne peut pas plaire à tout le monde. Les deux jeux sortent en simultanée dans le monde entier le 19 novembre 2021, et non sans soucis : D'importantes mises à jour sont à effectuer le jour de sortie des titres, mettant un peu plus la puce à l'oreille d'une sortie hâtive et d'une très probable (et malheureuse) période de crunch pour les équipes d'ILCA. Le calendrier imposé par The Pokémon Company n'est pas un sujet qui date d'hier, mais il semble impacter les opus vidéoludiques à chaque fois. Qu'à cela ne tienne, cela ne signifie en aucun cas que les remake des versions Diamant et Perle étaient à enterrer d'entrée de jeu. Et parce que la génération est souvent citée parmi l'une des préférées des joueurs, sans doute parce qu'elle est signe de découverte pour toute une salve de fans comme ont pu l'être les versions Rouge et Bleu, il convient d'apprécier Diamant Étincelant et Perle Scintillante pour leur résultat final.



Retour à Sinnoh !

Nous ne vous ferons pas l'affront de vous résumer le socle scénaristique de ces versions, celui-ci étant une copie conforme du schéma des différents opus. Alors, le jeune dresseur que vous êtes doit se confronter au défi des arènes tout en complétant le pokédex confié par le professeur Sorbier, l'expert pokémon local, et en vous confrontant à un clan ennemi dont les ambitions sont encore plus démesurées que dans les trois premières générations. Si les objectifs des Team Aqua et Magma de Rubis/Saphir/Émeraude prêtait à sourire, alors les ambitions de la Team Galaxy ont de quoi se plier en deux. Mais qu'importe, ce n'est pas vraiment pour cette vraisemblance que nous jouons à Pokémon, d'autant plus que le fameux retour à Sinnoh a de quoi contenter celles et ceux passés par les Diamant et Perle originels.



Les retrouvailles avec la région ont indéniablement leur charme tant les équipes d'ILCA ont su donner lieu à un univers coloré, fidèle à la map découverte en 2017, incluant son lot de petites bourgades et lieux montagneux. L'objectif était clairement de ne pas faire perdre aux amoureux de la génération ses repères, leitmotiv qui concerne d'ailleurs les trois salves de remake précédents (à quelques exceptions près). Le pari est honoré, d'autant plus que le compositeur principal, Shota Kageyama, reprend les mélodies déjà présentes dans les jeux initiaux. Certes sans grand risque, ce qui est assez dommage puisque la bande originale de Diamant et Perle ne figure pas parmi les plus marquantes de la saga, mais la mise aux goûts du jour est là.

Le respect aux softs de quatrième génération s'impose alors, tout en sachant que seuls le diptyque est pris en compte tandis que Platine est ignoré, au grand désarroi de bien des joueurs qui préfèrent souvent cette version complémentaire. Fainéantise de la part des équipes de développements ? Une piste à écarter très clairement, tant les deux jeux proposent un contenu des plus généreux.



Des remake dans lesquels il y a à faire !

Car comme d'habitude, l'aventure principale et la complétion du pokédex demandent un certain investissement de la part du joueur. En ligne droite, l'aventure ne prend pas plus d'une quinzaine ou d'une vingtaine d'heures, mais jamais un jeu Pokémon ne s'est limité à son aventure cousue de fil blanc pour constituer toute sa richesse. De par la prise en compte des près de 490 créatures existantes à l'époque de la quatrième génération (le jeu n'incluant malheureusement pas le bestiaire au-delà), compléter le pokédex prend du temps, pousse à fouiller le post-game et implique des échanges. Rien qu'en partant de là, de nombreuses heures de jeu attendent le dresseur, mais ce constat est commun à toutes les versions.

Alors, les équipes d'ILCA ont pensé à agrémenté l'aventure de ses composantes annexes initiales tout en amenant des rajouts. Bien que facultatifs, les concours pokémon sont donc bien là pour proposer un défi supplémentaire en parallèle à l'aventure, histoire de contenter les joueurs qui aimeraient prendre le temps de se poser entre deux arènes. Mais c'est surtout les ajouts inédits offrent de quoi saliver, tant les deux jeux ne se montrent pas avares à ce sujet. Ces compléments répondent à deux volontés : Implanter les créatures des précédentes générations d'une part (notamment les légendaires), et proposer une expérience d'aventure et d'exploration différent et qui s’enrichit au fil de la progression du joueur dans Sinnoh. C'est ainsi qu'interviennent les Souterrains, un monde sous Sinnoh à l'apparence de caves à explorer, où d'autres créatures apparaissent et via un système bien plus similaire à Épée & Bouclier. On peut ainsi le qualifier d'équivalent des Terres sauvages pour cette salve de remake. L'idée est excellente et pousse à explorer les lieux de fond en comble, mais n'ont malheureusement pas la richesse des fameuses Terres sauvages, aussi parcourir ces grosse deviendra assez rapidement répétitif, tout en sachant que la difficulté des captures imposera d'avoir accès aux ball les plus solides. Il y a pourtant à faire dans ces lieux, parfois des coups manqués avec des ersatz de bases secrètes qui octroieront des bonus mais n'apportent jamais le charme douillet de nos petites cachettes si plaisantes au sein de Hoenn. Mais en contrepartie, les explorer nourrit l'un des aspects post-game du jeu, le parc Rosa Rugosa, essentiel pour quiconque voudrait compléter le pokédex national à 100%. Ceci couplé à de nouvelles zones à explorer après avoir affronté la ligue et à la fameuse Tour de combat sans oublier les fonctionnalités annexes comme les multiples vêtements disponibles ou les sceaux de pokéball, quiconque voudrait honorer la complétion du jeu aura de quoi se divertir pendant un sacré bout de temps.



Une difficulté revue à la hausse ?

Depuis toujours, Pokémon fait l'objet d'un débat, celui de la difficulté. Depuis l'apparition du multi-exp devenu obligatoire et systématique, tous les pokémon de l'équipe prennent de l'expérience lors d'un combat. Ainsi, la solidité de l'équipe s'accroit plus vite qu'auparavant, ce qui tend à rendre le jeu plus simple. En réalité, ce système le rend surtout plus accessible et permet de mieux équilibrer le rythme de l'aventure, évitant les phases de grind peu intéressantes d'autrefois, obligatoires pour maintenir son équipe à niveau.

Qu'à cela ne tienne, cette présence du multi-exp va de paire avec un équilibre global assez bien entretenu. Le joueur aura beau avoir vaincu tous les dresseurs qui se mettent sur sa route, les niveaux de ses pokémon ne sera pas au-delà de ceux de la Ligue Pokémon. Et justement, ce sont avec ces adversaires de fin, et parfois même avec quelques dresseurs plus retords, que ces versions montrent une difficulté intéressante à quelques moments précis. Si les deux jeux sont simples, il faudra parfois s'armer de soins et/ou de patience contre des adversaires, un bien précis. Ne cachons pas plus longtemps le mystère : Soyez prêts et entrainés avant d'en découdre avec le maître de la Ligue qui aura mis à mal bien des joueurs, y compris les chevronnés qui se frottent pourtant à Pokémon depuis plus de 20 ans. En dehors de ça, si ce n'est la difficulté de capture assez élevée dans les Souterrains, difficile de voir dans Diamant Étincelant et Perle Scintillante une difficulté exagérée.



Technique en retard, vintage séduisant


Il suffit de quelques instants de jeu pour admettre que sur le plan technique, Pokémon Diamant Étincelant et Perle Scintillante ne sont pas des jeux suffisamment solides pour une console de la génération de la Switch. Si l'hybride de Nintendo n'a jamais cherché à rivaliser avec les machines de Sony et Microsoft en termes de puissance, elle permet quand même de très jolis résultats, comme The Legend of Zelda : Breath of the Wild nous l'a prouvé. L'idée d'un remake de la 4G de Pokémon est donc bien pratique, ILCA ayant pu jouer la carte de la fidélité esthétique pour proposer un rendu plus costaud que les versions Ultra Soleil & Ultra Lune mais en deçà d’Épée et Bouclier, pour un résultat qui aurait plutôt trouvé sa place sur une Nintendo 3DS en fin de vie.



Reprenant la vue du dessus, le jeu apporte néanmoins un relief supplémentaire indéniable par rapport aux anciens softs du style, le tout accentué par un filtre flouté qui approche un cachet graphique supplémentaire. En somme, nous somme sur une esthétique plutôt proche du récent remake de The Legend of Zelda : Link's Awakening, donc plutôt joli et agréable si on accepte de ne pas avoir affaire à un titre visuellement poussé. Et dans cette dimension hommage aux jeux d'origine, les combats ont pour idée d'alterner apparition d'un sprite fixe à des affrontements plus modernes et dynamiques, un choix qui fera là aussi jaser, mais qui est né d'une volonté (tout en permettant d'économiser quelques animations).

Et en vérité, cela suffit à donner à Sinnoh ses jolies couleur et à rendre la région agréable à parcourir, quand bien même elle manquerait de personnalité par rapport aux autres map de la saga. Certains environnement profitent de ce filtre flouté pour un rendu chatoyant, tout à fait dans l'âme de jeux qui ont été conçus pour être gentillets, orienté aussi bien pour les tous jeunes que pour les anciens qui recherchent la madeleine de Proust.



Bilan : Belle aventure ou expérience limitée ?

Pour pleinement apprécier Pokémon Diamant Étincelant et Perle Scintillante, il faut d'abord comprendre ce que sont les jeux et accepter leurs limites, ainsi que les probables conditions hâtives de production. Loin d'être à la hauteur techniquement mais pourtant joli et élégant, fidèle aux versions d'origine tout en proposant des éléments de postface appréciables mais qui pourront vite trouver leur limite, les deux versions sont des remake honnêtes. Ce ne sont pas forcément les mises à jour dont les amoureux de la 4G rêvaient, mais l'expérience est suffisante pour patienter entre deux gros jeux de la licence, d'autant plus que Légendes Pokémon : Arceus aura tout juste pointer le bout de son nez lorsque ce test sera publié. Un bon petit moment pour les inconditionnels de la franchise donc, mais malheureusement pas le meilleur des remake. On préfèrera encore et toujours Heartgold et Soulsilver, plus riches et complets, le charme de Johto et le retour à Kanto aidant forcément.


Chroniqueur: Takato


Note de la rédaction