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Le test du jeu video:

Publié le Mercredi, 12 Mai 2021

L'ère actuelle de Resident Evil est assez particulière. Après être resté des années sur un registre orienté action, bien que les spin-off que sont les deux Revelations laissaient plus de place à l'atmosphère pesante, Capcom s'est mis en tête de renouer avec l'angoisse. C'est ainsi que virent le jour un Resident Evil VII oppressant mais dont les choix ont divisé (celui de la première personne notamment, ainsi que son détachement des épisodes précédents ainsi que son protagoniste très quelconque, Ethan Winters), et les remakes des second et troisième opus qui ont davantage unifier les fans. Modernisant les softs d'origine, ceux-ci en ont proposé une autre vision, tout en replaçant l'angoisse au centre de l'expérience de jeu.

Alors, quel avenir pour la licence ? Le huitième épisode était attendu au tournant, mais il était encore difficile de savoir quelle vision serait proposée. La réponse fut donnée en 2020 avec l'annonce de Resident Evil Village, huitième opus numéroté de la série. Les premières images furent explicites puisqu'elles dévoilèrent la vue à la première personne et le retour d'Ethan Winters, cette fois propulsé dans un village rustique d'Europe de l'Est où sévissent des créatures dignes du folklore du Vieux Continent. L'ambiance s'annonçait forte, mais là aussi beaucoup craignaient un détachement toujours plus fort des bases de Resident Evil, saga traitant de virus, de zombies et de bioterrorisme. Le jeu sort finalement le 7 mai 2021, à la fois sur PC et sur les consoles PlayStation et X-Box, de quoi le rendre accessible à l'heure où les nouvelles plateformes sont indisponibles en magasin.


Deuxième voyage pour Ethan Winters

Retrouver Ethan Winters n'était pas une idée joyeuse pour un certain nombre de joueurs. Là où des figures comme Chris Redfield, Jill Valentine ou Leon S. Kennedy ont des auras fortes et des backgrounds solides, le protagoniste du 7e épisode est plus un avatar du joueur qu'autre chose. Individu parmi tant d'autres, il fut propulsé dans le cauchemar de la famille Baker malgré lui. D'ailleurs, si on le sait blond, son visage demeure un mystère et on ne sait rien à son sujet, si ce n'est sa nature d'individus ordinaire bercé par la routine métro, boulot, dodo. Pourtant, Capcom a fait le choix de créer une vraie saga autour de son histoire, en y greffant divers éléments de Resident Evil au compte goutte. Ce fut léger dans le 7, mais Village confirme cette volonté avec beaucoup plus de panache.

C'est pourquoi l'histoire du 8e épisode débute 3 ans après le septième. Avec le soutien de Chris Redfield, Ethan et Mia Winters ont déménagé en Europe, leur situation pouvant effectivement faire d'eux une cible pour des entités peu scrupuleuses. Et afin de pouvoir faire face à un potentiel nouveau danger, Ethan a même suivi une formation militaire. Pourtant, rien à l'horizon pour entraver le quotidien du couple qui a accueilli un heureux événement avec la naissance de Rosemary Winters. Pourtant, l'harmonie ne règne pas totalement dans le foyer. Le poids des événements en Louisiane continue de hanter le couple, et surtout Ethan. Le cauchemar finit par le rattraper quand des mercenaires font irruption dans son foyer et assassinent Mia de sang froid. Des soldats qui ne sont pas n'importe qui puisque Chris lui-même est à leur tête. Sans rien expliquer à Ethan, il ordonne de récupérer Rosemary et son père, mais le voyage ne se passera pas comme prévu. Le fourgon où se trouve Ethan est sujet à un accident, aussi l'homme se retrouve à airer seul aux alentours d'un village vieillot et délabré où d'effrayantes créatures viennent ponctuellement faire leur moisson. Retour en enfer pour ce « héros » qui n'a confirmation que d'une chose : Sa fille a été enlevée par les personnes qui administrent cet enfer. Une nouvelle aventure terrifiante commence alors, et Ethan deviendra une véritable proie pour les sinistres individus responsables de cet enfer.


Resident Evil est une série dans laquelle le mystère a une place importante, et force est de constater que Capcom a bien intégré cet élément dans la structure scénaristique de Village. Là où le 7 semblait à part et ne constituait un mystère que dans l'origine de la famille Baker et du mal qui les rongeait, cette suite pique d'emblée notre curiosité en présentant un Chris sans scrupule, et cible d'événements qu'on soupçonne liés au bioterrorisme. Pourtant, les heures suivantes renouent aux ambitions du septième épisode, se détachant de nos acquis pour proposer une aventure à la fois dépaysante et angoissante. En terme de scénario, il y a cependant creux entre l'amorce et la conclusion du jeu, qui s'avère assez riche en révélations. Capcom a fait le choix de privilégier l'expérience et le gameplay plus que notre curiosité scénaristique, récompensée surtout dans la dernière heure d'aventure. Une balance que certains jugeront peut-être comme un défaut, mais qui a le mérite d'apporter un dénouement intense, connectant Village à de nombreux aspects de la saga, et en s'offrant le luxe d'un dernier segment qui nous prend à revers et qui s'achève de manière étonnante. Au terme du jeu, on comprend bien que la saga des Winters est un tournant pensé en amont, quand bien même il déplairait à cause de son aspect détaché du reste de la série. Et concernant un Resident Evil 9, les rumeurs évoquent un titre qui achèverait la « trilogie Ethan », ce qui a du sens étant donné la fin du 8e opus douce-amère, mais ponctuée d'un cliffhanger qui pourrait chambouler certains aspects de l'univers.

Horreur, loups-garous et courses poursuites


Le scénario est une chose, mais c'est aussi pour ses frissons qu'un jeu Resident Evil intéresse. Capcom a une nouvelle fois choisit un cadre singulier pour cette suite, quitte à rompre davantage avec les zombies qu'on connait bien. Le bestiaire provient des légendes européennes, jonglant entre lycans, vampires et d'autres créatures mutantes qui semblent parfois plus sortir d'un Conjuring que d'un film de Romero. Si la crédibilité des justifications scénaristiques sera pertinente ou non selon le joueur, force est de constater que le choix permet au titre de varier, là où Resident Evil VII restait dans une certaine redondance avec les mycomorphes présents du début à la fin, avec comme originalité les boss constitués par les membres de la famille Baker.

Et pour rendre cet ensemble quasi mystique terrifiant, lui greffer nombres d'éléments de Resident Evil semblait idéal pour créer une tension permanente. Aussi, démarrer le jeu avec un armement très limité créer cette sensation de course-poursuite ponctuelle. Que ce soit dans les recoins du village ou dans le château Dimitrescu (largement mis en avant dans la campagne promotionnelle du jeu mais qui est loin de constituer le seul environnement explorable), nous sommes la proie de ce beau monde, créant un climat d'insécurité constant dans toute la première moitié du jeu. Et quand bien même on commencerait à acquérir la panoplie idéale pour lutter contre ces ennemis, il suffit de quelques adversaires beaucoup plus coriaces et dangereux, voire immortels, pour nous maintenir en zone d'alter maximale. Il faudra alors accepter une nouvelle fois la combinaison chasseur/proie, très présente depuis le septième épisode pour ressentir ces frissons. Il faut dire que la formule est efficace, Jack Baker ainsi que le Tyrant et le Nemesis ayant amenés de sacrées ambiances oppressantes dans les jeux sortis ces dernières années.


Cet ensemble est aussi traité via une vraie dynamique afin qu'on ne se repose jamais vraiment sur nos lauriers. Si d'un côté la structure semble très similaire à celle du 7, le renouveau est davantage mis en avant, avec des phases parfois différentes d'un lieu à un autre. Le château et le village ne sont finalement que deux tableaux parmi d'autres qui agiront avec plus ou moins d'effet selon le profil du joueur, avec comme mot d'ordre la variété. Chaque « arc » symbolisé par l'un des grands boss du jeu a son atmosphère, ses forces et ses faiblesses. Les amateurs d'explorations et d'angoisse se retrouveront davantage dans le village et dans le château Dimitrescu, là où les adeptes d'énigmes sur ambiance oppressante adhèreront plus au passage suivant, et les férus d'action à la deuxième moitié du jeu. Et c'est peut-être celle-ci qui déroutera, notamment son long « donjon » final qui manque d'inspiration et forme une succession de couloir qui amène différente situation de stresse, mais rien qui ne saurait nous prendre au dépourvu comme dans la première grande partie du soft.

Dans cette optique, l'importance de l'action monte crescendo, ce qui est une marque de fabrique dans la saga, et de manière assez logique. Car au fil de l'aventure, l'armement du joueur s'étoffe, et notre combat devient beaucoup plus féroce. Rien d'étonnant à trouver dans les derniers instants un côté plus explosif, ce qui permet aussi de renouer avec la partie de l'univers vue sur les 5e et 6e épisode notamment. L'expérience de jeu évolue tout comme a évolué la saga, ses codes et son scénario, un traitement logique quand on comprend que les dernières heures de l'aventure connectent Resident Evil Village aux richesses de son univers, bien plus que ne le faisait le septième volet.

On ne pourra pas détailler chaque pan du jeu tant celui-ci a plus de richesses à offrir que l'opus précédent. Il convient néanmoins de s'intéresser au rapport entre Resident Evil 4 et Village tant le dernier né de la série emprunte à l'aventure de Leon S. Kennedy contre la secte Los Illuminados. L'alchimie village/château constitue une inspiration indéniable, même si ce huitième volet cherche à aller plus loin et réussit à le faire via certains pans plus personnels. Et parmi les éléments piochés à droite et à gauche dans le quatrième opus, signalons le retour de la mallette en guise d'inventaire, même si celle-ci ne proposera jamais un soucis de place aussi stricte qu'à l'époque. Vient enfin le personnage du Duc, nouveau marchand ambulant qui a aussi un petit rôle à jouer concernant le scénario. Capcom ne s'y est pas trompé en créant un énergumène atypique et intrigant, centre d’interactions assez surréalistes par moment, mais permettant des achats indispensables tout comme une amélioration très utile des armes, choses encore reprise du 4. Il y a donc de quoi faire en termes de gameplay, là où le 7e opus misait avant tout sur son ambiance, quitte à être planplan sur le reste.


Un jeu court ?


Un certain nombre de critiques a relevé l'un des défaut du jeu : Sa courte durée. Même en explorant minutieusement les environnements, il ne faudra pas plus de 15 heures pour terminer l'aventure. Certains diront que le prix fort est exhaustif pour une aventure aussi courte... Mais ce serait oublier l'une des forces de la saga : Sa rejouabilité. Finir l'aventure principale n'est qu'une étape de l'expérience, et c'est le cas depuis l'ère Playstation première du nom. Ainsi, une fois l'histoire terminée une première fois, le joueur voit apparaître un contenu déblocable conséquent, via des points bonus gagnés selon les objectifs accomplis et permettant d'achever des suppléments dont des armes inédites. On comprend alors que l'expérience peut être approfondie à condition de refaire l'aventure et honorer les challenges proposés, ce qui passera par l'accomplissement des modes de difficulté plus élevés. Et autant dire qu'il faudra du doigté et de la persévérance pour venir à bout de ceux-ci : Le mode standard a beau être assez simple, le mode « hardcore » n'a pas usurpé son nom et méritera qu'on s'y attaque avec un armement plus poussé. En cherchant à honorer le soft dans ses grands objectifs, Resident Evil Village a bien plus qu'une quinzaine d'heures de jeu à proposer. Que ce soit par le contenu supplémentaire dont l'incontournable mode « mercenaires », ce huitième opus a de quoi permettre de nombreuses journées de divertissement.


Conclusion


Pour aimer Resident Evil Village, il faudra d'abord accepter le parti-pris qui divisa les fans, à savoir la caméra à la première personne et le retour d'Ethan en guise de héros. Néanmoins, les faiblesses du septième épisode sont comblées par un scénario qui enrichit le héros et connecte davantage son histoire au lore de la saga, un renouveau constant beaucoup plus présent, et un gameplay plus riche grâce à ses différents emprunts au quatrième épisode. Il en résulte un volet toujours un peu à part dans tout ce que la licence de survival-horror de Capcom a pu proposer, mais un épisode qui satisfera peut-être un peu plus quelques réfractaires du 7e épisode, tandis que ceux qui l'ont apprécié aimeront se retrouver sur un terrain connu. Reste à voir ce que le futur nous proposera, puisqu'un remake du 4e volet est en cours de production, et qu'un neuvième épisode numéroté est très certainement en chantier.

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Chroniqueur: Takato


Note de la rédaction