Détective Conan - Film 25 - La fiancée de Shibuya - DVD - Actualité anime

Détective Conan - Film 25 - La fiancée de Shibuya - DVD : Critiques

Critique du dvd : Détective Conan - Film 25 - La fiancée de Shibuya - DVD

Publiée le Vendredi, 22 Avril 2022

Les films Détective Conan, c'est une valse sans fin. Lancée en 1997, la série de long-métrage a habitué les spectateurs japonais à un opus par an, à chaque printemps, fédérant toujours plus les fans de manière à faire exploser le boxe office nippon. Car il n'y a qu'au Japon que le plus célèbre des petits détectives peut détrôner les Avengers, un score toujours ahurissant mais réjouissant pour l'avenir du pan animé de la fresque crée par Gosho Aoyama.

Après un vingt-quatrième film mettant en avant la famille Akai, l'opus suivant est présenté comme un focus à la fois sur le charismatique Tôru Amuro que sur le couple composé par Wataru Takagi et Miwako Satô. Dans la forme, le métrage ne dérogera donc pas à la règle puisque chacun des épisodes cinéma se démarque par une proposition, ou idée ou un développement de personnage particulier.

Annoncé pour le 15 avril 2022 au Japon, ce 25e opus a pour titre Halloween no Hanayome, soit "La mariée de Halloween". Un titre équivoque donc, surtout quand Takagi et Satô sont mis en avant sur les premières affiches promotionnelles. Le métrage est l'occasion de mettre un tout nouveau réalisateur à la barre, Susumu Mitsunaka, surtout connu pour avoir dirigé les différentes saisons de la série animée Haikyû!!. N'ayant jamais travaillé sur l'anime Conan, l'artiste a lui-même été surpris du choix dont il faisait l'objet. Mais peut-être fallait-il ce coup d'audace pour donner aux métrages de la série un souffle nouveau. Car le scénario, lui, est de nouveau confié à Takahiro Ôkura, un écrivain de romans policiers ponctuellement appelé par le studio TMS Entertainment pour écrire les intrigues de deux séries qui se font régulièrement écho : Détective Conan et Lupin III. Après avoir écrit quatre épisodes de la série animée ainsi que les scénarios des films 21 et 23 en ce qui concerne Conan, l'auteur est rappelé pour écrire une histoire, un choix peut-être judicieux pour respecter l'envie de profondeur que Mitsunaka souhaite donner à ce nouvel opus.

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Et nous concernant, le film est l'occasion de franchir un nouveau cap symbolique. Il faut savoir que l'histoire de la parution des longs métrages Conan chez nous n'est pas une mince affaire. Kazé tenta l'expérience en premier, en éditant via DVD les cinq premiers épisodes, sans grand succès. Parmi les points rédhibitoires, le nouveau doublage français qui, en plus de bousculer les spectateurs du dessin animé dans leurs habitudes, était de facture plus que moyenne. En 2018, coup de théâtre quand le pan anime de Black Box annonce avoir acquis les 22 premiers films de la licence ainsi que deux TV Spéciaux. Seulement, après avoir parlé d'une box intégrale à prix plus qu'attractif, changement de stratégie puisque chaque film est finalement confirmé en un combo regroupant DVD et Blu-ray. Une VF pour chaque métrage est officialisée par Black Box, chose ensuite démentie par IDP qui se charge de la fabrication. Douche froide pour beaucoup de fans, bien qu'il soit aujourd'hui possible de se procurer ces mini coffrets à moindre coup, un investissement qui vaut son prix tant la qualité technique est au rendez-vous. Enfin, après un visible abandon de Black Box pour Conan, c'est Eurozoom qui reprend les choses en mains depuis l'année dernière avec un sortie cinéma du 24e film, The Scarlet Bullet. Un bon épisode, loin d'être le meilleur, qui fait son office et qui permet à la saga d'enfin atteindre nos salles obscures, bien que la production soit un poil éclipsée par la diffusion du film Demon Slayer : Le Train de l'Infini au printemps 2021. Mais les fans répondent présent, et une sortie en DVD et Blu-ray du film a lieu en partenariat avec AB Vidéo. Une édition qui présente malheureusement de gros défauts de qualité vidéo (comme l'atteste la review d'Anime HD), mais dont l'édition collector permet d'archiver le long métrage récapitulatif The Scarlet Alibi, d'abord proposé de manière éphémère en VOD par Eurozoom.

La dernière étape, et non des moindres, c'est la sortie du 25e film chez nous. Nommé Détective Conan : La Fiancée de Shibuya dans nos contrées, l'opus profite d'une sortie en deux temps, la première étant ni plus ni moins qu'une large série d'avant premières (plus de 160 salles concernées) le 25 avril 2022, soit le jour de sortie du film au Japon. Toutes les saga d'animation japonaise ne peuvent ne targuer d'avoir profité d'une telle exclusivité chez nous. Quant à la sortie nationale, celle-ci aura lieu le 18 mai, en VOSTFR et en VF, un grand nombre de comédiens issus du doublage de la série télévisée (et donc du film 24) ayant été repris. Quant à Tôru Amuro, son interprétation à été confiée à Eric Legrand un choix loin d'être anodin puisque ce dernier est réputé pour être la « voix française » du seiyû du personnage, Tôru Furuya, sur Yamcha de Dragon Ball et Seiya de Saint Seiya. De là à l'imaginer un jour sur Amuro Ray de la saga Gundam, il n'y a qu'un pas.

Néanmoins, dans cette chronique, nous ne pourrons commenter la qualité du doublage, les avant premières ayant eu lieu en VOSTFR.


Une mariée, des bombes, Halloween et Shibuya

Alors que les fêtes de Halloween se préparent à Shibuya, le quartier tokyoïte s'apprête à célébrer un heureux événement : Le mariage entre Miwako Satô et Wataru Takagi ! Seulement, des policiers se cachent pour tenir en embuscade des fauteurs de trouble qui n'hésitent pas à tirer sur Takagi. Fort heureusement, tout ceci n'est qu'une mise en scène, une répétition en vue d'un tout autre mariage : Celui de Tsutomu Muranaka, dont les prouesses d'ancien policier lui ont créé de nombreux ennemis, et sa fiancée Christine Richard.

En parallèle, une menace du passé s'évade de prison. Pour la coincer, Tôru Amuro met tout en œuvre, mais devient malgré lui otage de sa propre enquête. Tandis qu'un groupe terroriste semble impliqué dans cette affaire, ces diverses pistes vont se recouper autour d'éléments communs dont Jinpei Matsuda et sa promotion d'autrefois, à laquelle Amuro appartient. Bien entendu, Conan va lui aussi se plonger dans cette affaire dont les répercussions pourraient être néfastes.



Une construction en puzzle

Au fil de sa série entamée en janvier 1994, Gosho Aoyama a construit un immense puzzle. Sans dire que tout était planifié au départ, le scénario s'est enrichi de nombreuses sous-intrigues se connectant parfois les unes aux autres. C'est le cas de l'arc narratif ciblant le personnage de Tôru Amuro, l'un des préférés des fans japonais, lié à la figure de Jinpei Matsuda, initialement apparu dans un flashback du volume 38 du manga. Ce groupe de personnages, si marquant, a même donné lieu au spin-off en deux volumes Wild Police Story dessiné par le talentueux Takahiro Arai, déjà en charge du dérivé Zero no Tea Time. Les éditions Kana ne se sont d'ailleurs pas trompées en préparant l'arrivée de Wild Police Story dans nos librairies pour le mois de juin.

Cette construction de l'intrigue par segments, Susumu Mitsunaka et Takahiro Ôkura l'ont parfaitement comprise, et réitèrent l'expérience au cinéma à travers ce vingt-cinquième film. Aussi bien connecté au flashback de Miwako Satô qu'à toute l'intrigue autour d'Amuro et de ses comparses d'époque, le scénario du métrage se bâtit de fil en aiguille, ne nous laissant pas entrevoir le fond de l'affaire et nous piégeant même en faisant croire à une enquête comme une autre. Par différents intervenants, des personnages et groupes de personnages qui prennent leur importance, mais aussi par des échos répétés au passé de Détective Conan, l'ensemble se révèle saisissant en terme d'écriture, le tout dans une enquête rondement menée où rien n'est laissée au hasard, et dans laquelle même les défunts peuvent avoir des répercussions et des rôles symboliques.



Un film pour néophytes ?

Pourtant, ce type de construction peut être à double tranchant : A trop vouloir conforter le fan dans sa connaissance de l'œuvre, le film pouvait en oublier ses jeunes spectateurs et néophytes qui aimeraient découvrir l'aventure par cette expérience. Dès lors, la sortie française aurait été plus que risquée, car difficile de ne proposer le film qu'aux lecteurs du manga à jouer en dénigrant ceux qui ont un train de retard, d'autant plus qu'Eurozoom a pour volonté de faire de Détective Conan une licence forte et lui redonner un prestige oublié.

Certains longs métrages ont sauté dans ce piège les pieds dans le plat. Malgré un bon récapitulatif, le 24e opus ne pouvait totalement éviter les répercussions d'un tel procédé. Qu'à cela ne tienne, le réalisateur et le scénariste ont bien saisi ces enjeux, aussi les prérequis préalables sont réduits à leur minimum. Ces derniers se paient même le luxe de se moquer de la capacité qu'one les films de spoiler, via un gag méta dans l'inévitable scène d'introduction/résumé du film. Là est la subtilité de l'écriture de Takahiro Ôkura, celle de nous décrire simplement le portrait de Tôru Amuro, tandis que le film se charge de construire la mythologie de son petit groupe, comme si rien n'avait été raconté auparavant. Les lecteurs cerneront bien les échos et les symboliques vis à vis du scénario de Gosho Aoyama, là où le nouveau venu entrera sans mal dans cette histoire flirtant avec différentes époques. Il sera alors intéressant de voir si le manga Wild Police Story s'en sortira aussi habilement.



Honorer Conan au cinéma

Depuis le premier épisode, la production des films Conan cherche à apporter une plus-value aux longs métrages ciblant notre petit détective. Il est vrai que voir un simple long épisode de près de deux heures n'aurait pas grand intérêt, aussi ces volets versent depuis toujours dans un grand spectacle bien moins fréquent dans la série animée. Cette recette consiste à puiser dans une idée qui fera sortir le film du lot, comme nous l'avions évoqué, et de l'exploiter avec plus de démesure, grâce à des affaires beaucoup plus intenses ou dangereuses, et par des scènes d'action. Dans le cas du métrage précédent, la scène du train à toute vitesse couplée aux talents de sniper de Shûichi Akai ont fait leur effet. La séquence demeurait presque improbable, mais s’avérait délicieuse.

Dans le cas de La Fiancée de Shibuya, ces éléments sont de nouveau de mise, mais le film cherche bien moins à aller dans la surenchère, préférant une enquête plus grandiloquente dans son écriture, mettant à l'honneur quelques personnages charismatiques du récit quitte à totalement éclipser divers figures phares. Celles et ceux qui sont un peu las de Kogoro Môri et des Detective Boys seront ravis : Ces derniers sont assez peu présent, voir presque absent du métrage concernant le détective endormi ! Ce vingt-cinquième film a pour lui cette conscience des enjeux graves qui ne peuvent être résolus par des artifices de grand spectacle. Pourtant, il y a ce pallier d'intensité certain via les rôles occupés par Conan et Amuro, leur enquête s'achevant par une course-poursuite à l'enjeu fort : Celui de la survie des habitants de Shibuya. Difficile de ne pas voir la dimension cinéma du film, mais celle-ci semble avoir été plus mesurée et réfléchie, preuve qu'un réalisateur nouveau peut amener une patte neuve à la série de films.



Vers le retrouvailles du 26e film


Oui, Détective Conan : La Fiancée de Shibuya demeure un excellent divertissement, et sans doute dans le haut du panier parmi tous les films de la saga Conan. Intense et prenant, astucieusement écrit, jouant sur le charisme de ses personnages, établissant une bonne balance en termes d'informations nécessaires pour concerner tous les profils de spectateurs, évitant les artifices grossiers pour faire du grand spectacle sans saveur, le film 25 est un très bon moment que chacun pourra apprécier, une enquête finement construite et un métrage qui n'aurait aucun mérite à rester dans l'ombre. Peut-être même que celui-ci pourrait marquer un renouveau du cercle de fans de la saga, cristallisant les forces du manga de Gosho Aoyama tout en étant convaincant pour un nouveau public.

Maintenant, alors que la sortie nationale n'a pas encore eu lieu, les regards se tournent déjà vers le prochain film, le vingt-sixième de la série. Producteur de ces métrages, Shuho Kondo a affirmé que les cinq prochains volets sont déjà en cours de production, et que leurs concepts ont été établis. Nous avons confirmation que ces métrages cinémas sont prévus bien en amont afin d'honorer un succès toujours plus démentiel au Japon, tandis que la seconde scène post-crédit vient teaser une composante plus qu'alléchante du prochain film. Nous n'en dirons pas plus, mais les hommes en noirs devraient être de la partie. Argument fiable ou éventuel pétard mouillé comme certains volets l'ont parfois été ? Réponse dans un an, si le succès de La Fiancée de Shibuya est au rendez-vous dans nos salles obscures !

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Note de la rédaction