Yoshiharu Tsuge - Actualité manga
Dossier manga - Yoshiharu Tsuge
Lecteurs
20/20

L’auteur


Auteur dont l’activité s’est déroulée entre 1954 et 1987, Yoshiharu Tsuge a changé la face du manga en le faisant notamment entrer dans le domaine des arts. Pionnier dans le genre du récit intime, connu aussi bien pour raconter ses voyages que ses rêves, l’auteur a laissé derrière lui un immense héritage de nouvelles qu’il convient de découvrir. Mais avant de s’attarder sur son œuvre, dont La vis et L’homme sans talent en sont les représentants les plus emblématiques, retournons sur sa vie avant qu’il ne devienne le mangaka que l’on connaît.


(c) Natalie


Né officiellement le 30 octobre 1937 dans l’arrondissement de Katsushika à Tokyo, Yoshiharu Tsuge est le cadet d’une famille de trois frères dont le plus jeune, Tadao, deviendra lui aussi un grand mangaka. Son père meurt en 1942, et sa mère se remarie ensuite. Elle a deux nouvelles filles avec cet homme. Le jeune garçon n’aime pas son beau-père, qu’il trouve invasif, violent et qui ne rapporte pas d’argent au foyer. Il doit quitter l’école très jeune pour travailler et fait sa première fugue à l’âge de 14 ans, où il est découvert avant même d’avoir pu embarquer pour les États-Unis. En 1954, à l’âge de 17 ans donc, il débute le manga dans les librairies de prêt, système éditorial en vogue dans le Japon d’après-guerre. Il dessine des divertissements qui lui permettent de faire vivre sa famille et devient l’assistant d’Akira Okada. Mais très vite sa vie tourne au cauchemar. Alors qu’il a pris son envol, le déclin des librairies de prêt le mettant dans une situation financière catastrophique et la séparation avec sa compagne d’alors poussent l’artiste à tenter de se suicider en 1962. Il est secouru par un voisin. Sujet à la dépression et à de fortes angoisses, Yoshiharu Tsuge rejette violemment l’écriture de divertissements. Aussi bien physiquement que mentalement, écrire des scénarios devient un supplice pour lui. Seulement voilà, en 1964 le Japon est en pleine renaissance avec notamment l’organisation de Jeux Olympiques et la mise en service du Shinkansen, le train à grande vitesse. Dans ce pays en mouvement, l’industrie du manga n’est pas en reste puisque c’est dans ce contexte que naît Garo en juillet 1964, magazine d’avant-garde fondé par l’éditeur Katsuichi Nagai et le mangaka Sanpei Shirato, connu pour sa saga Kamui Den. En 1965, ce dernier passe une annonce dans le magazine pour inviter Yoshiharu Tsuge à se manifester afin d’y être publié. Ce que l’auteur accepte. C’est ainsi qu’il fait ses débuts dans Garo en août 1965 avec une nouvelle intitulée La rumeur. L’année suivante, il rejoint l’atelier de Shigeru Mizuki, célèbre auteur de Kitaro le repoussant, chez qui il officiera pendant six ans en tant qu’assistant de choix tout en publiant ses propres mangas notamment dans Garo.


Publication française


Yoshiharu Tsuge a été traduit en anglais dès 1985 avec la publication de la nouvelle Les fleurs rouges dans la revue Raw d'Art Spiegelman, qui a ensuite publié L’atelier de galvanoplastie d'Ôba en 1990. En 2003, l’auteur a fait son retour en Amérique du Nord dans The Comics Journal avec son histoire culte : La vis. En France, il faut attendre 2004 pour que Yoshiharu Tsuge soit enfin publié par l'intermédiaire des éditions Ego comme X avec la sortie du manga L’homme sans talent, d’après une traduction de Kaoru Sekizumi et Frédéric Boilet. L’année suivante, le magazine Bang! de Casterman sort un numéro dédié au manga alternatif dans lequel on retrouve Divagation, nouvelle que l’auteur a dessiné en 1972. Après une longue période d’absence en Occident, le mangaka a commencé à être de nouveau publié en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis, en Allemagne mais aussi en France. Ce renouveau débute chez nous en novembre 2018 grâce à l’éditeur suisse Atrabile qui publie alors sa première bande dessinée japonaise en proposant une réédition de L’homme sans talent. Ce nouvel entrain est suivi de la publication d’une anthologie de Yoshiharu Tsuge en sept volumes chez les éditions Cornelius, d’après des traductions de Léopold Dahan. Chaque tome représente une période de la carrière du dessinateur. Si le premier volume à sortir en France est Les fleurs rouges, suivi de La vis, c’est le troisième tome, à savoir Le marais, qui est le premier dans l’ordre chronologique. Il débute en effet en août 1965, avec la première histoire de l’auteur publiée dans Garo, c’est à dire La rumeur. Une histoire qu’il a dessinée à 28 ans, alors qu’il avait déjà plus de 10 ans de carrière derrière lui. Celle-ci est le premier pas d’un renouveau faisant de Yoshiharu Tsuge un artiste précurseur et influent. En janvier 2020, à l'occasion du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême s’est tenue une exposition dédiée à l’auteur. Un catalogue d’exposition intitulé Être sans exister est sorti, présentant de nombreuses reproductions de planches et des textes autour de l’artiste.



  
 

© by TSUGE Yoshiharu / Seirindô

Commentaires

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Missmatsu

De Missmatsu [1315 Pts], le 08 Octobre 2021 à 15h56

20/20

Un dossier passionnant et cultivant sur une partie immense de l'histoire du manga malheureusement trop souvent écartée. J'en ressors avec la furieuse envie de sortir la CB ! 

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