Karakuri Circus, partie 1 : Masaru

Introduction

Meian est un éditeur qui ne cesse d'étonner. Après s'être ambitieusement et brillamment lancé il y a déjà quelques années avec la publication du manga-fleuve culte Kingdom, il s'est assez rapidement développé en enchaînant des sorties toujours plus nombreuses, au point qu'il est difficile voire impossible de toutes les suivre. Mais au moins, il y en a un peu pour tous les goûts. Et si certaines publications de l'éditeur peuvent paraître anecdotiques et faire dans la série B, d'autres ont su acquérir une réputation solide.

Ainsi, aux côtés de mangas populaires portés par leur nom et leurs adaptations animées (Konosuba, Grand Blue, Uzaki-chan wants to Hang Out!...) ainsi qu'un grand paquet d'isekai parfois très chouettes et parfois tout à fait insipides et interchangeables, il y a également des prises de risques hautement appréciables et permettant de découvrir ou de redécouvrir des oeuvres parfois trop longtemps attendues dans notre pays ou qui méritaient largement une réédition: Escale à Yokohama, Shigurui, Baki, GashBell!!... Et parmi ces  noms, on trouve, depuis le sacro-saint mois de juillet 2022, une pierre angulaire du manga shônen, qui a quelque peu révolutionné le genre en développant, sur la longueur, un scénario profondément complexe, une atmosphère assez mature et des concepts ingénieux: Karakuri Circus.

Fiche signalétique

Manga culte de Kazuhiro Fujita (sur qui nous reviendrons dans la partie suivante), Karakuri Circus est effectivement enfin revenu enfin en langue française, en ayant été promis à un meilleur accueil qu'il y a une quinzaine d'années, le public ayant heureusement évolué depuis.

En effet, rappelons que les éditions Akata/Delcourt s'étaient déjà essayées à sa publication à partir de 2003, mais à l'époque le public n'a pas répondu présent, contraignant l'éditeur à stopper sa publication au volume 21 (pile à la fin d'une grande partie) en 2008, et laissant alors les rares lectrices et lecteurs (dont l'auteur de ce modeste dossier) dans un grand état de frustration au vu de la montée en puissance que l'histoire connaît sans cesse. Mais depuis 2008, bien du chemin a été fait: le public manga a sûrement mûri, et l'oeuvre a été re-popularisée par son adaptation animée, cette dernière ayant été diffusée en France en 2018-2019 sur Amazon Prime Vidéo avant de sortir sur support physique chez feu Kazé en 2022.

Cette incroyable fresque fut, au Japon, la deuxième série de la carrière de Fujita, la première ayant bien sûr été le tout aussi culte Ushio & Tora, une oeuvre malheureusement toujours inédite en France (mais si l'on en croit des rumeurs persistantes depuis de nombreux mois, ça ne devrait plus être le cas très longtemps), malgré une adaptation animée de bonne qualité qui est sortie il y a quelques années. Riche de 43 tomes dans son édition initiale, Karakuri Circus reste toujours, aujourd'hui, la plus longue oeuvre du maître, et a été initialement prépubliée de 1997 à 2006 dans le magazine Shônen Sunday, le principal magazine shônen de l'éditeur Shôgakukan, où l'on trouve aussi actuellement, par exemple, Détective Conan, Tonikawa et MAO.

Quelques couvertures de la première édition française avortée d'Akata/Delcourt.

Une édition française aux petits oignons

Pour la nouvelle édition française, Meian a décidé de mettre les petits plats dans les grands en proposant une Perfect Edition en 26 volumes d'environ 300 pages chacun, basée sur la dernière édition japonaise en date, à savoir la Kanzenban (édition deluxe japonaise) sortie chez Shôgakukan entre septembre 2018 et septembre 2019 à l'occasion de la diffusion de l'anime.

Autant le dire clairement: pour un prix de 12,95€ par volume, la qualité est bel et bien au rendez-vous, avec un grand format 21x14,8cm permettant de bien profiter des planches foisonnantes de l'auteur, la conservation de toutes les pages couleurs (ce qui peut aller, selon les tomes, de quelques pages à près d'une trentaine par volume), un papier premium assez épais et suffisamment souple permettant une très bonne qualité d'impression, une jaquette aux très beaux effets qui laisse entrevoir une couverture tout en couleur...

Les mentions spéciales reviendront toutefois aux quelques pages bonus qui sont présentes à chaque fin de volume en plus ou moins grande quantité pour présenter un petit peu plus les coulisses de la création de l'oeuvre, au lettrage particulièrement soigné de Florian Monnier (ne serait-ce que les différences de police pour montrer quand Shirogane ne parle pas japonais), et à la traduction de Vincent Marcantognini (déjà à l'oeuvre sur l'édition Perfect de Shigurui et sur les 7 Ninjas d'Efu, entre autres) qui se révèle convaincante, le traducteur ne montrant aucune coquille, étant toujours clair (chose pas forcément aisée au vu de certains concepts se mettant peu à peu en place), et proposant un parler assez naturel et collant bien au caractère des différents personnages.

Une qualité éditoriale qui perdurera jusqu'à la conclusion de la série dans notre pays en décembre 2023 (donc il y a à peine quelques jours), et où le seul reproche qui pourrait être fait concerne la finesse des couvertures sous les jaquettes, ce qui reste un détail, histoire de chipoter.

Enfin, notons que les plus grands fans ont pu être décidément gâtés puisque, parallèlement à la sortie des tomes en librairies, Meian proposait aussi, sur son site, un système d'abonnement où l'on pouvait avoir droit, en plus, à trois beaux coffrets permettant de ranger les tomes et étant garnis de plusieurs ex-libris, posters et marque-pages. Un régal !

De quoi parlera ce premier dossier ?

Karakuri Circus étant une fresque immensément riche, plusieurs dossiers lui seront consacrés.

Le premier d'entre eux s'intéressera au premier arc de l'oeuvre: "Masaru", correspondant à l'intégralité des deux premiers tomes de l'édition Perfect de Meian et des trois premiers volumes de l'édition standard d'Akata/Delcourt. Et comme vous l'aurez déjà compris, les dossiers se baseront, bien sûr, sur l'édition de Meian, plus récente et complète en France.