Fin du monde à tes côtés (la) : Critiques

Kimi to sekai no owari wo tazunete

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 16 Juin 2025

Le mois dernier, la belle collection Yuri des éditions Meian a accueilli plusieurs nouveaux titres dont un one-shot de belle facture en grand format, à l’image de ‘Nos différences enlacées’. Manga signé par l’autrice Koruse, artiste prolifique en matière de yuri et donc nous découvrons le travail à cette occasion, ‘La fin du monde a tes côtés’ est un ouvrage qui a vu le jour en 2022 aux éditions Ichijinsha, suite à une prépublication dans le magazine Comic Yurihime. Au programme, une œuvre de science-fiction où l’amour entre femmes est peut-être moins important que le voyage et la mélancolie narrée par un récit découpé en quatre chapitres distincts, mais complémentaires.

Dans un lointain futur, l’humanité a été anéantie par des guerres provoquées par sa propre ascension technologique. Suite à la création d’un satellite de contrôle météorologique, les guerres ont décimé le genre humain. Aujourd’hui, il ne reste que les androïdes conçus pour veiller sur l’humanité ainsi que les clones de cette dernière, conçus pour perpétuer sa quête et sa mémoire. La Liberté est l’un de ces robots protecteurs, mais elle a été mise en veille avant l’anéantissement de l’Homme. À son réveil, c’est donc une Terre en ruine qu’elle découvre. Elle fait rapidement la rencontre de Speranza, une jeune fille qui ne peut se risquer hors de son enclos à cause de la météo fatale pour elle, élevée par un androïde qu’elle surnomme « Maman ». Tandis que La Liberta apprend le fatal destin de l’humanité, un lien fort se forge en elle et Speranza. Et tandis qu’elle entreprend un voyage pour retrouver la machine capable de réguler la météo, d’autres êtres entreprennent une quête initiatique liée à la nature de ce monde défraîchi.

Tout le long des quatre chapitres, l’autrice Koruse nous narre une histoire post-apocalyptique volontairement décousue, où chacun des actes est une pierre à l’édifice d’un univers qu’elle a méticuleusement pensé dans ses grandes lignes. En atteste la chronologie de fin de tome, c’est tout une intrigue de science-fiction qui construit le récit, avec des points de bascules précis, et porté par des personnages dont les parcours et les identités évoluent en parallèle, voire se recoupe. Il y a donc quelque chose d’assez dépaysant dans cette narration, au même titre que le ton entretenu dans chacun de ces quatre épisodes. En partant à chaque fois sur de nouveaux protagonistes, la mangaka développe des interactions douces entre humains, androïdes et clones, dans un cadre où la solitude liée à l’extinction permet une mélancolie de tous les instants. Dans un tel climat, les personnages se rencontrent et développent des liens entre eux, se questionnent sur leurs connexions, sur les possibles destins qui se présentent à eux. Leurs choix vont guide le futur de ce monde au courant incertain, à travers des récits pourtant tendres dont les ambiances n’attestent pas forcément d’importants enjeux, pourtant bien présents en filigranes.

Le trait de Koruse appuie particulièrement cette démarche. D’une certaine finesse, expressif quand il s’agit de dépeindre les différents personnages, il gagne en détail pour présenter ces environnements vides de tout humain, de manière à isoler à chaque fois un peu plus les personnages comme le lecteur. Une sorte d’héritier de ‘Blame !’, en quelque sorte, à ceci près que la formule gagne une mélancolie encore plus appuyée grâce aux différentes couples de personnages qui se développent et qui se rencontrent au fil des pages. C’est là que la nature de yuri du récit se révèle intéressante. ‘La fin du monde à tes côtés’ ne développe pas toujours de romances dans ces interactions, mais le manga a toujours à cœur de décortiquer des échanges sincères entre les protagonistes, à créer des alchimies entre eux et, par conséquent, à toujours placer ces figures de l’histoire dans des relations intimes fortes.

Douce, voire douce-amère, la lecture du one-shot nous emporte donc sans mal. À vrai dire, on resort même avec une forme de frustration. L’univers présenté est si dense que Koruse aurait pu coucher ses idées sur papier sur un bien plus long format. Et, de notre côté, on n’aurait certainement pas rechigné à découvrir cette proposition sur une série plus longue. Reste que dans sa forme finale, le récit réussit ce qu’il entreprend, et son esthétique aux tons si mélancoliques justifie le choix d’un format plus grand qu’à l’accoutumée. Le trait de Koruse est joli à souhait, si bien qu’on espère pouvoir retrouver la mangaka avec un autre de ses projets prochainement.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs