Erased - Edition Collector Intégrale Blu-ray - Actualité anime
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Erased - Edition Collector Intégrale Blu-ray : Critiques

Critique du dvd : Erased - Edition Collector Intégrale Blu-ray

Publiée le Vendredi, 24 Mai 2024

Si la présence de Kei Sanbe dans nos librairies remonte aux années 2000 avec les très méconnus Testarotho et Kamiyadori, le mangaka s'est assurément imposé comme une valeur sûre du thriller différents titres tels que L'Île de Hozuki, Le Berceau des Esprits, Echoes, mais surtout avec Erased. Début 2016, tandis que le manga est toujours en cours, le studio A-1 Pictures en propose l'adaptation animée pour un format d'une douzaine d'épisodes seulement. L'œuvre originale compte alors 7 volumes, et il reste encore un petit tome (sans compter le recueil de nouvelles) avant le fin mot de l'histoire. Cela n'empêche pas la diffusion d'une série qui aura un retentissement particulier, imposant au monde entier les talents de Kei Sanbe, grâce à un travail d'adaptation minutieux, mais parfois contesté.



©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee


Réalisée par Tomohiko Itô (le même qui a dirigé les deux premières saisons de Sword Art Online ainsi que le film Ordinal Scale) sur une composition scénaristique de Taku Kishimoto (qui a adapté les scénarii pour les anime Haikyû!!, Ranking of Kings ou pour la nouvelle série Fruits Basket), l'adaptation animée d'Erased profite d'une direction artistique impeccable signée Masaru Satô, une photographie tout aussi brillante de Toshiaki Aoshima, et une composition musicale aussi envoutante que poignante la légendaire Yuki Kajiura. Des noms qui ont leur importance quand on évoque la qualité technique globale de l'œuvre animée, sur laquelle nous aurons le loisir de revenir.

Et si nous reparlons d'Erased en 2024, c'est grâce à une sortie physique chez l'éditeur vidéo All the Anime qui permet de remettre la série en avant, en plus de permettre aux fans de l'acquérir au format home vidéo pour l'archiver chez eux, et, pourquoi pas, compléter une collection dédiée à l'œuvre de Kei Sanbe qui ne fait que s'enrichir au fil des années et des décennies. Un coffret DVD et un coffret Blu-ray ont sont sortis le 2 avril de cette année, aussi nous aurons l'occasion de nous pencher sur ces éditions.



©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee


Retour vers l'enfance

Au milieu des années 2000, Satoru Fujinuma est un adulte de 29 ans et un aspirant mangaka qui peine à convaincre son éditeur, si bien qu'il honore son quotidien d'un petit boulot en tant que livreur de pizza. Dans ce train de vie sans plaisir particulier, Satoru sent en lui un vide qu'il ne parvient pas à combler, un vide qui n'a d'égal sa solitude, lui qui n'entretient que peu de rapports amicaux et dont les interactions sociales se limitent à sa mère et à Airi, une lycéenne qui fait aussi office de collègue pour le héros. Une singularité rythme pourtant la vie de Satoru : il lui arrive de faire de légers retours en arrière dans le temps, signe qu'une catastrophe est sur le point de se produire, et que seul lui peut empêcher le drame.

Autrefois, Satoru a vécu dans un environnement cible d'une affaire de meurtres en série d'enfants. Peut-être est-ce cet événement et ses répercussions qui ont fait de lui l'être vide actuel ? Néanmoins, quand le spectre de ce passé refait surface d'une manière détournée, le pouvoir de Satoru le ramène de nouveau en arrière. Très loin en arrière. Le garçon se réveille dans la peau de celui qu'il était 18 ans plus tôt, peu de temps avant que la première victime ne soit retrouvée morte. Pour la première fois, Satoru sent qu'il peut combler ce vide immense en lui, tout en corrigeant cet affreux passé.



©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee


Un série animée techniquement solide

Le manga Erased de Kei Sanbe sonne comme la pièce maîtresse de l'œuvre de l'auteur. Son rythme haletant, son intrigue rondement menée, sa mélancolie en toile de fond, l'empathie que l'on éprouve pour son héros et le développement d'un antagoniste certes prévisible, mais fascinant en fond un thriller puissant. Adapter un tel ouvrage demandait un travail en termes d'atmosphère, ce afin de joindre le suspense aux divers élans émotionnels, ce que Tomohiko Ito a parfaitement compris. Les points forts de l'anime Erased sont multiples, mais tous naissent certainement de la capacité du réalisateur a avoir compris comment retranscrire le récit de Kei Sanbe tout en lui apportant une note différente, mais cohérente vis-à-vis du matériel d'origine. Au-delà du thriller qui repose sur le sauvetage d'enfants prochainement victimes d'un assassin non identifié, quelque chose de majestueux se dégage de l'ensemble de la version animée, afin de transcender l'ambiance qui gagne en puissance à chaque moment charnière. Pour revenir sur la photographie de Toshiaki Aoshima, celle-ci a son importance puisque Erased est aussi une histoire qui nous dépayse par son cadre qui repose sur le climat froid de Hokkaido. La petite ville enneigée dans laquelle évolue le jeune Satoru joue sur notre immersion, celle-ci étant retranscrite proprement et avec une grande pureté. Pour compléter cette scène, la bande originale de Yuki Kajiura, émouvante par ses petites notes enfantines qui gagnent en ampleur pour devenir des mélodies poignantes, apporte aussi à cette esthétique grisante qui sublime un scénario qui ne manquait pas d'intérêt à la base. Répétons-le : Erased a une intrigue brillante, jouant certes sur la facilité du retour dans le temps, mais usant celle-ci dans le cadre de l'intrigue policière et de l'introspection du héros. Ce fond est solide, et appuyé par une conception artistique particulièrement riche, si bien que ces quelques lignes ne seront guère suffisantes pour lui rendre justice. Et sans doute est-ce ce qui aura marqué les spectateurs, au point de faire de Erased une série animée forte de la décennie 2010. Sa popularité ne s'appuie pas seulement sur sa présence sur Netflix, mais bien à son tout qui a su capter un grand public tout en lui offrant une série artistiquement léchée, si bien que la voir paraître au format Blu-ray sonne comme une justice rendue à l'œuvre. Finalement, les zones d'ombre qui règnent autour de l'anime résultent essentiellement de la comparaison avec l'œuvre originale, tant il est difficile pour les fans du manga de Kei Sanbe de passer outre certains points...



©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee


L'adaptation : entre fidélité et prise de distance...

Erased, l'anime, voit le jour tandis que le manga est encore en cours. Seul couac : la prépublication n'est pas tout à fait achevée, même si l'histoire approche de son dénouement dans le magazine Young Ace des éditions Kadokawa. Le staff de la série et son scénariste, Taku Kishimoto, ont tout de même une vision d'ensemble, y compris de l'arc final. Tout comme pour FullMetal Alchemist Brotherhood en son temps, on peut supposer que Kei Sanbe a fourni le plan de la conclusion au studio A-1 Pictures, afin de permettre une fin d'anime originale, mais qui sera en cohérence avec celle du manga. C'est en tout cas ce qui s'est produit sur l'anime Erased, tout en sachant que les différences vis-à-vis de l'œuvre initiale vont au-delà de l'arc final.



©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee


Le manga de Kei Sanbe repose énormément sur les introspections de Satoru, protagoniste qui passe de coquille vide à individus qui trouve le sens de la vie, le plus simple qui soit, mais ce de manière profonde et humaine. C'est aussi ce qui rendait l'œuvre si forte, la plaçant au-delà du simple thriller aidé par les voyages temporels. Ce fond reste présent dans l'anime, mais dans une moindre mesure puisqu'on perd de ses introspections, et par conséquent de la richesse pour le héros. Le "show don't tell" peut difficilement s'appliquer à cause d'un facteur assez simple : le temps alloué au projet animé. Avec 12 épisodes, il est difficile d'adapter mot pour mot un manga de 8 volumes. Des coupes ont été faites, ce qui répond aussi à la qualité d'adaptation de l'œuvre papier, ce qui fluidifie largement la trame au détriment de quelques enrichissements psychologiques. Pour autant, l'évolution de Satoru reste la même, et le parcours du personnage n'est pas forcément plus faiblard dans l'adaptation animée. Le temps passé dans les pensées du héros au cœur du manga permettait d'accroître notre empathie et la densité de ce personnage central. Sur un temps limité, l'anime fait un excellent travail pour adapter cette richesse narrative à sa sauce, et ne pas perdre de vie l'essentiel. Le résultat est d'autant plus fort quand il se combine aux qualités évoquées précédemment.C'est dans cet ordre d'idées qu'on ne peut ne pas évoquer la fin de l'anime, assez différente de celle du manga dans la forme... mais guère dans le fond. Preuve que Kei Sanbe a fourni des pistes au réalisateur Tomohiko Ito et au scénariste Taku Kishimoto, le climax offre une écriture de l'antagoniste très proche de ce qui se fera peu de temps après dans le manga. Son rapport à Satoru est intact, tout comme l'évolution du protagoniste et les sentiments qui comblent son cœur dans la conclusion. Seulement, l'anime est contraint de prendre des raccourcis, la faute au peu de temps restant dans cette adaptation, sachant qu'il ne restait que trop peu d'événements à adapter pour justifier une deuxième saison. Les événements pour narrer cette fin diffèrent, mais cette finalité est très proche de celle du manga. Seulement, à aller vite en besogne, on est forcément moins pris dans le climax par rapport au manga de Kei Sanbe qui a su trouver le temps pour aborder, enrichir et éclaircir les derniers points de son intrigue, afin de rendre une histoire complète et merveilleusement satisfaisante. L'anime est donc dans une zone grise à ce sujet : certes honnête et suffisante pour les spectateurs qui n'ont pas touché au manga, mais frustrante pour les lecteurs de ladite œuvre de Kei Sanbe, tandis que sa cadence finale reste un élément d'appréciation plus universel qui pourra déplaire. Et si, au final, l'ennemi du Satoru de l'anime n'était pas le mystérieux meurtrier, mais bien les limites imposées par le format de la série télévisée ?



©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee


Autour de la version physique

Il aura fallu attendre sept longues années pour enfin avoir accès à Erased dans un format home vidéo, autrement dit en version physique, et plus particulièrement en version Blu-ray. Une attente qui peut s'expliquer de multiples façons, la première étant le retrait de certains acteurs du marché ainsi que la perte de confiance dans le marché du physique couplé à un format DVD qui perdure malgré son obsolescence technique. Notons néanmoins que All the Anime a proposé un format DVD en parallèle au Blu-ray, avec un contenu identique. Seuls le prix et la résolution amènent une différence. Mais étant donné la qualité visuelle de base d'Erased, difficile de recommander le support basse définition qui quiconque aimerait profiter de l'œuvre dans des conditions optimales.

Néanmoins, cette affirmation dépend de la qualité vidéo que l'on retrouve sur le format Blu-ray. Des couacs au niveau du master d'origine et/ou de l'encodage se sont déjà produits, chez l'éditeur ou sa concurrence d'ailleurs. Fort heureusement, le résultat est satisfaisant, malgré quelques légers couacs qui surviennent très ponctuellement (de petits soucis de rémanence notamment, selon le téléviseur utilisé), mais rien qui ne sortira vraiment de la série et de sa réalisation. Parce qu'Erased est une série qui s'apprécie par son esthétique et dans son ambiance visuelle, difficile de faire l'impasse sur la haute définition, autrement dit la meilleure version possible de l'œuvre disponible chez nous.


©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee


Mais dans une édition home vidéo, l'aspect physique pur a son importance, aussi le spectateur cherche souvent à mettre la main sur un bel objet en plus de pouvoir découvrir une œuvre ou tout simplement l'archiver. Fidèle à sa politique d'éditions collector avant de proposer des versions simples une fois les stocks écoulés, All the Anime propose d'abord l'intégrale de l'anime dans un coffret rigide, garni de quelques suppléments. Les deux galettes réunissent les 12 épisodes et se glissent dans un boitier amaray classique. Pas de digipack, donc, ce qui sonne comme un mal pour un bien tant ce type de packaging a tendance à trop rapidement d'abimer, et ce au moindre choc. Toutefois, pas d'aspect cheap sur cette box, loin de là. Aussi, le fourreau rigide a droit à quelques effets de fabrication dont un vernis sélectif qui rend, au verso du coffret, un effet de neige bien trouvé tant le motif a une symbolique au sein de la série.


Erased- Blu-ray - Back


Côté bonus, rien de bien croustillant pour la vidéo, si ce n'est les génériques sans crédit ou les bandes annonces. En supplément physique, un livret de 28 pages vient regrouper différentes fiches d'informations. Si ce type de contenu semble assez superflu de prime abord, les observations autour des personnages et les nombreux tableaux autour des relations et des différentes chronologies apportent un petit plus. Veillez donc à ne consulter le booklet qu'une fois le visionnage achevé, tant les spoils sont nombreux.



Verdict

La version physique d'Erased s'avère donc réussie, tant dans son objet que dans le rendu technique, malgré quelques bémols du côté de la vidéo qui surviennent à quelques moments très ponctuels et éphémères. Rien qui ne saurait gâcher le plaisir de visionnage, donc, d'autant plus que l'anime mérite le détour, même si une lecture du manga original de Kei Sanbe sera idéale pour compléter la découverte de cette riche histoire.

Une acquisition qui a donc de quoi régaler les fans de la série, d'autant plus à un moment où celle-ci n'est plus disponible en VOD. Rappelons-le : le format VOD proposé par les plateformes de streaming peuvent être de l'ordre de l'éphémère, et nous ne sommes pas à l'abri de voir une œuvre disparaître. Pouvoir archiver ces séries et ces films reste donc une véritable aubaine dont toutes les œuvres ne peuvent pas profiter, bien malheureusement.



©2016 Kei Sanbe/KADOKAWA/Bokumachi Animation Committee

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

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