Kazuhiro Fujita, auteur aussi prolifique qu'inventif
Kazuhiro Fujita est né le 24 mai 1964 à Asahikawa, sur l'île de Hokkaidô.
Il sort diplômé de la Nihon University, puis il débute sa carrière dans le manga après avoir gagné un prix pour l'une de ses histoires courtes. Au début de sa carrière, il a été assistant pour les mangakas Yoshitoo Asari et Fujihiko Hosono.
Sa première série d'envergure arrive dès ses premiers temps de carrière, en 1990, et le place d'emblée comme un nouvel auteur phare du catalogue du magazine Shônen Sunday de Shôgakukan : il s'agit d'Ushio to Tora, une oeuvre rencontrant un franc succès auprès du public mais aussi de la critique, lui permettant même d'empocher plusieurs récompenses : Shogakukan Manga Award du meilleur shônen en 1992, et Seiun Award en 1997. La série s'est terminée en fin d'année 1996 après 33 tomes, auxquels il faut ajouter un gaiden et deux artbooks. Elle a ensuite été rééditée en édition deluxe de 18 tomes de 2000 à 2003 puis en édition bunko de 19 volumes de 2004 à 2006. Elle a également connu plusieurs OAV et, preuve d'un succès qui ne se dément pas au fil des années, d'une adaptation en série animée de 39 épisodes qui fut diffusée en 2015-2016 au Japon et en France sur ADN, avant de même avoir droit dans notre pays à une édition physique en DVD et Blu-ray chez Kazé. Tout ça tandis que le manga, lui, reste malheureusement toujours inédit chez nous à l'heure où ce dossier est écrit.
L'histoire : Ushio découvre un jour dans son sous-sol le puissant démon mangeur d'hommes, Tora, celui-là même que son ancêtre aurait empalé avec la Lance du Fauve 500 ans auparavant. Bien qu'il n'ait jamais cru les histoires de monstres et de Yôkai que lui racontaient son père, Ushio va être obligé d'admettre que Tora, lui, est bien réel...
Visuels de couverture issus de l'édition deluxe nippone.
Dès 1997, Fujita enchaîne avec une nouvelle série-fleuve qui sera elle aussi un grand succès dans son pays : Karakuri Circus, la série faisant l'objet de ce dossier. Et en parallèle de ses deux premières séries-fleuves, sortent quelques recueils d’histoires courtes qui restent, à ce jour, inédits en France : Yoru no Uta en 1995, et Akatsuki no Uta en 2004.
Entre 2004 et 2006, c'est sur une série courte en 3 volumes que l'on retrouve l'auteur: Ayakashidô no Hôrai. Narrant l'histoire d'une fille et d'un ermite des montagnes qui se battent contre des démons, cette oeuvre affiche le nom de Fujita uniquement au scénario, tandis que le dessin a été confié à son assistant Tatsuya Kaneda.
En 2006-2007, on retrouve Fujita au scénario de Bakegyamon, un très sympathique shônen en 5 volumes dessiné par Mitsuhisa Tamura et autrefois publié en France par Casterman.
L'histoire : Shanshirô, jeune garçon de dix ans, rêve de partir à l'aventure, tout comme son père qui était un grand explorateur. Mais ses grands-parents refusent formellement de le laisser quitter la petite île où ils vivent tranquillement. C'est alors que Sanshirô rencontre Fué, un esprit qui va l'emmener dans un monde parallèle, le Japon inversé, afin de le faire participer au grand tournoi "Bakegyamon". Très vite, tous deux rejoignent de nombreux autres enfants venus là pour gagner et pouvoir réaliser leur vœux le plus cher, quel qu'il soit. Va alors commencer pour Sanshirô une aventure fantastique qu'il n'imaginait pas même en rêve ! Fué s'inquiète de la candeur et du manque d'expérience de son "poulain"… mais il va être surpris !
En cette même année 2007 arrivent deux one-shot. Tout d'abord, Springald, excellent récit tant sorti en France chez Ki-oon et ayant inauguré la collection Black Museum, pour laquelle Fujita faitune infidélité à Shôgakukan pour aller voir du côté des éditions Kôdansha, et où il se réapproprie à sa sauce de célèbres éléments/personnages historiques et littéraires avec une inventivité folle. Springald a eu droit à son dossier sur notre site en 2016.
L'histoire : Au cœur de Scotland Yard, le Black Museum conserve secrètement les pièces à conviction des enquêtes liées aux pires criminels du pays, dont le mystérieux Jack Talons-à-Ressort… Londres, 1837. Un monstre aux jambes immenses, à la bouche en feu et aux griffes acérées apparaît la nuit pour déchirer les vêtements d’innocentes jeunes filles avant de s’enfuir en sautant de toit en toit, ne laissant derrière lui que l’écho d’un rire aigu aux accents de folie… Son surnom : Jack Talons-à-Ressort ! Le criminel disparaît de lui-même au bout de six mois… avant de refaire la une des journaux trois ans plus tard. Mais cette fois, pour meurtre ! Ce qui avait des allures de farce a pris un tour macabre : les victimes, toutes des femmes, sont retrouvées éventrées... L’inspecteur James Rockenfield, connu pour ses méthodes d’investigation brutales, s’est juré de mettre la main sur l’insaisissable Jack. Hélas, l’enquête se corse lorsque les indices le mènent aux portes du manoir d’un des nobles les plus fortunés du pays…
Ensuite, Jagan wa Gachirin ni Tobu, un récit qui reste inédit dans notre pays et qui a été dessinée pour le compte du magazine seinen Big Comic Spirits de Shôgakukan.
L'histoire: Les dieux des montagnes ont lancé une punition sur le Japon: un hibou qui porte le nom de Minerva. Les gens qui croisent le regard de ce hibou meurent sur le coup. Un célèbre chasseur, Uhei, a essayé de tuer le hibou. Mais au moment ou il allait donner le coup de grâce, il fut stoppé par l'armée américaine. Celle-ci souhaite faire des études sur ce hibou...
En 2008, le mangaka se lance dans une nouvelle série longue, Moonlight Act, une oeuvre à laquelle il met un terme en 2014 après 29 volumes. Publiée en France chez feu Kazé Manga (aujourd'hui devenu Crunchyroll), la série a malheureusement une bonne partie de ses tomes qui sont en rupture. Cette formidable oeuvre, où Fujita se réapproprie l'univers des contes avec son habituelle inventivité, a aussi eu droit à son dossier sur notre site, et cela dès 2012.
L'histoire : Une fois toutes les dix et quelques années, un clair de lune bleu vient éclairer de sa pâleur la surface de notre Terre. le monde des contes que lisent les enfants se retrouve alors sans dessus-dessous. C'est pourquoi les anciens se sont réunis et ont choisi d'édicter une loi, une seule, afin de rétablir l'ordre dans leur univers. Cette loi se nomme "Moonlight Act"...
Parallèlement à Moonlight Act, il participe en 2012 à 3.11 o Wasurenai Tame ni - Heroes Comeback, une anthologie collective en soutien aux victimes dela triple catastrophe du 11 mars 2011. Pamri les autres participants figurent notamment les noms de Rumiko Takahashi, Hiromu Arakawa ou encore Kaiji Kawaguchi.
L'année 2015 lui permet de signer le deuxième récit de sa collection Black Museum : Ghost & Lady, bouclé en deux volumes, lui aussi publié en France aux éditions Ki-oon, et lui aussi analysé sur notre site à travers un dossier publiée en 2017.
L'histoire : Au XIXe siècle, le théâtre royal de Drury Lane est connu pour être hanté par un spectre terrifiant. L’homme, vêtu d’un long manteau gris et coiffé d’une perruque poudrée et d’un tricorne, n’apparaît que lors des premières de pièces vouées au succès ! L’homme en gris, ou Grey, comme il souhaite qu’on l’appelle, aime les pièces de qualité pour une raison bien particulière : c’est quand les gens sont captivés par le spectacle que les esprits enragés nés de leurs sentiments négatifs s’apaisent et se taisent enfin. Le silence, le calme, c’est à cela qu’il aspire ! Des monstres créés par des âmes torturées, il en a vu dans son existence de fantôme. Mais rien ne l’avait préparé à sa rencontre avec Florence Nightingale… La jeune fille de bonne famille débarque un jour à Drury Lane, avec sur ses épaules l’esprit le plus énorme et le plus terrifiant qu’il ait jamais vu ! Indifférent à son entourage, c’est l’âme de sa propre créatrice que ce dernier réduit en lambeaux à longueur de journée… Plus étonnant encore, Florence voit Grey ! Le pas décidé et le regard triste, elle lui lance une supplique : “Tue-moi…” Ces mots scellent le sort de ces deux êtres que tout oppose, pourtant liés par un destin plus fort que la mort…
A partir de 2016, il retourne au shônen, toujours pour le magazine Shônen Sunday, avec Souboutei Kowasu Beshi, une série qui mêle aventure et horreur, qu'il a achevée en 2021 après 25 tomes, et que nous aurons la chance de découvrir en France aux éditions Mangetsu, à partir du mois de mars 2024, sous le titre Sou Bou Tei.
L'histoire : Le Sou Bou Tei... Ce manoir imposant se dresse avec orgueil dans le bourg de Numanakarai, à Tokyo... À l'intérieur, les ténèbres sont là pour accueillir l'imprudent visiteur... Et si jamais elles l'engloutissent, jamais plus il ne sera le même ! Poussés par la rancoeur, un groupe d'individus se réunit, attiré jusque devant son portail. Leur but : le détruire !
Continuant d'alterner entre les longs shônen et les récits seinen de la collection Black Museum, l'artiste entame ensuite, en 2022, le troisième volet de cette excellente collection: Mikazuki yo, Kaibutsu to Odore, qu'il achevé en automne 2023 au bout de 6 volumes. En France, cette oeuvre vient tout juste d'être lancée par les éditions Ki-oon cette semaine ! Il s'agit, de la dernière série en date du maître.
L'histoire : Le Black Museum accueille une visiteuse de choix : Mary Shelley, autrice de l’acclamé Frankenstein ! Parmi les reliques de crimes célèbres rassemblées au cœur de ce lieu étrange, elle s’intéresse à une mystérieuse bottine rouge à talon retrouvée lors d’un bal royal en 1842, dont elle prétend connaître la propriétaire… À cette époque, Mary Shelley vit dans le besoin, malgré le succès critique de son roman. Veuve et mère, elle se démène pour payer l’éducation de son fils. Alors, quand son riche beau-père lui demande d’aller le voir, lui qui s’est pourtant toujours opposé à son mariage, elle accepte à contrecœur, de peur de voir sa pension suspendue. Mais, une fois sur place, Mary comprend qu’il l’a attirée là pour une entrevue secrète avec un capitaine de l’armée anglaise. Un an plus tôt, celui-ci a affronté sept combattantes de talent qui ont décimé son bataillon avant de disparaître… sauf une, tombée d’une falaise, dont le corps a été récupéré et ramené à la vie ! Une femme enveloppée de bandelettes cachant ses horribles cicatrices et chaussée de bottines rouges à talons apparaît alors devant les yeux effarés de l’autrice… Cette dernière se voit confier une mission : la rendre présentable pour un bal très spécial donné par la reine Victoria dans quatre mois. Car qui de mieux que l’inventrice de Frankenstein pour amadouer cette créature ?
L'essentiel de la carrière du mangaka se fait dans le magazine Shônen Sunday de Shôgakukan, auquel il est très fidèle, et dont il est devenu une figure incontournable au fil de ses plus de 30 ans de carrière. Parmi ses centres d'attention, on note le folklore japonais, les mythes occidentaux et les contes de tous bords, comme le prouvent ses oeuvres. Il a eu parmi ses assistants un certain nombre de mangakas qui ont ensuite fait leurs preuves, comme Nobuyuki Anzai, Kazurou Inoue et Makoto Raiku.
Malgré tout son talent, Kazuhiro Fujita est resté un mangaka malheureusement plutôt boudé en France pendant trop longtemps, mais le vent semble enfin tourner depuis environ deux ans, avec les belles actualités qui s'enchaînent. Espérons que cela dure, car il s'agit assurément, dans sa catégorie, de l'un des mangakas les plus inventifs et talentueux qui soient ! Pour preuve, l'artbook qui lui a été consacré au Japon en 2009.
De Mister Carotte, le 14 Janvier 2024 à 09h35
je crois que la fnac vend les 6 premier tommes à 6€ parce qu'il y a eu des défauts sur les livres, mais peut-être que c déjà fini🤔?
De Sonic the Hedgehog, le 05 Janvier 2024 à 14h41
Kazuhiro Foujita, mon héros!!...