Songe d'une nuit d'été (Le) : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 23 Décembre 2025

En septembre dernier, les éditions nobi nobi! ont profité de la période de rentrée des classes pour enrichir leur collection "Les Classiques en Manga" avec une nouvelle oeuvre: Le Songe d'une nuit d'été, d'après la célèbre pièce de théâtre de William Shakespeare. Issue, comme plusieurs autres mangas de cette collection, du label "Manga Classics" de l'éditeur Udon Entertainment, cette adaptation est sortie dans son pays d'origine en 2018 et a une nouvelle fois été confiée à Po Tse pour les dessins et à Crystal S. Chan pour l'adaptation de l'histoire d'origine, un duo qui était déjà à l'origine des adaptations manga de romans de Jane Austen: Orgueil & Préjugés (sorti pour sa part chez Soleil Manga en France en 2016), Raison et Sentiments et Emma (tous deux parus dans notre pays chez nobi nobi! respectivement en 2017 et 2018).

Cette fois-ci, dans sa pièce de théatre, William Shakespeare prend pour cadre la Grèce antique, et plus précisément Athènes où quatre jeunes gens voient leurs relations et leurs sentiments mis à mal par les décisions tyranniques de Thésée ainsi que par les choix d'Égée, le père d'Hermia. Alors que celle-ci aime Lysandre, elle se voit imposer un mariage avec Démétrius, si bien que la jeune femme finit par fuir dans la forêt avec celui qu'elle aime réellement. Démétrius n'a pas d'autre choix que de partir à leur poursuite, lui-même suivi par son amie Héléna dont il ne sait pas qu'elle l'aime éperdument. Ces quatre humains aux sentiments amoureux tous contrariés ne savent alors pas encore, en pénétrant dans la forêt, que le surnaturel les attend. En ce lieu enchanté, le roi des elfes Obéron, épaulé par le lutin Puck qui aimerait secrètement prendre sa place, va semer le trouble et la confusion avec des philtres et autres facéties, en créant une certaine confusion...

Inutile d'en dire plus sur l'histoire afin de ne pas spoiler ses divers rebondissements, qui sont assez nombreux et souvent assez délicieux dans la pièce de théâtre d'origine. Pour cela, Shakespeare, derrière son goût assez récurrent pour les amours contrariés, a surtout la belle idée de faire tourner les choses à la comédie baroque, avec son lot d'éléments burlesques et évidemment fantastiques qui, en plus d'apporter une atmosphère merveilleuse et onirique, doivent beaucoup à la galerie de personnages non-humains.

Maintenant, la question qui se pose au sujet de cette version manga est simple: s'agit-il d'une bonne adaptation ? Eh bien, en terme de fidélité, assurément oui, puisque les deux artistes reprennent soigneusement et fidèlement le texte d'origine de la pièce (et en l'occurrence, pour la version française, la traduction originale de la pièce de théâtre faite par François Guizot au XIXe siècle), qu'ils étalent sur un total d'environ 300 pages pour être sûrs de ne rien occulter. En revanche, sur le pur plan visuel, ce manga souffre essentiellement des mêmes limites que les précédentes adaptation de Po Tse: ça se veut fonctionnel, mais sans la moindre plus-value. Bien que l'aspect théâtral soit bien conservé dans les comportements des personnages, il n'y a aucune idée particulière de découpage, de mise en scène ou même de designs, tant ces derniers sont généralement simples et très inégaux anatomiquement. Le plus embêtant provient sûrement des décors de la forêt enchantée, qui n'ont précisément rien d'enchanteurs tant ils sont basiques voire transparents. Alors, forcément, le côté merveilleux/fantastique est là par défaut, puisque le roi des elfes, le lutin et les autres créatures magiques sont là. En revanche, c'est sans aucun doute l'aspect onirique, qui apporte tant de charme à la pièce d'origine, qui souffre le plus ici, en devenant tout compte fait très secondaire.

En somme, on a là une adaptation fonctionnelle mais très plate. Comprendre par-là que grâce à sa mise en images elle pourra éventuellement faire découvrir assez fidèlement la pièce d'origine à un jeune public, mais qu'en dehors de ça elle n'a aucun intérêt particulier, voire affaiblit quand même certaines qualités de l'oeuvre initiale (en tête sa part onirique).

Enfin, côté édition, nobi nobi! reste fidèle à ses habitudes sur cette collection, avec une charte graphique claire et immédiatement identifiable, la présence d'un signet marque-page, un aspect "beau-livre" sympathique, un papier et une impression d'honnête qualité, la présence d'une sympathique première page en couleurs recto verso, deux courtes présentation de Shakespeare et de l'oeuvre d'origine par Tomoko Seigneurgens, et deux pages de recherches graphiques.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs