Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 23 Décembre 2025

Pour sceller une bonne fois pour toutes leur alliance avec le riche marchand Zamran, nos deux héros Kautilya et Chandra ainsi que leurs alliés ont accepté la mission qui leur a été confiée: celle d'éradiquer les pirates sévissant sur les mers. Seulement, en guise de terrifiants pirates, ils ont surtout découvert des femmes qui, sous le leadership de Bhanupriya, ont fui sur une île pour se mettre à l'abri du souverain de ce royaume: Takshaka. Mais malheureusement pour elles, Takshaka, épaulé par son ministre Shanaq qui est un redoutable adepte des poisons, est bien décidé à les retrouver non pas pour les massacrer, mais pour les assouvir avec son règne de terreur basé sur une chose avant tout: le viol d'absolument tout le monde, utilisé comme instrument de peur extrême pour détruire toute envie de rébellion. Bien qu'ils soient censés faire disparaître les pirates pour le compte de Zamran, nos protagonistes pourront-ils vraiment les laisser en plan, pris par les injustices qu'ils veulent justement combattre ? Trouveront-ils un moyen d'à la fois mettre fin au règne tyrannique de Takshaka, sauver les femmes pirates et satisfaire malgré tout la demande du marchand ?

Les réponses à tout ceci se font au fil de la majeure partie de ce troisième et déjà dernier tome qui, une nouvelle fois, se veut assez généreux avec ses 250 pages et quelques. Mais le résultat global, lui risque de fortement diviser. En effet, on peut bien souligner les idées intéressantes de l'auteur: l'habituelle complémentarité du stratège Kautilya et du bagarreur Chandra, leur union malgré leurs différences afin d'atteindre leur but commun de bâtir un monde plus juste, la place prise auprès d'eux par Bhanupriya e tant que femme forte et révoltée, la tyrannie de Takshaka qui pratique la plus ignoble des choses pour enfermer tout le monde dans la peur et la terreur (sans pour autant, fort heureusement, que le mangaka se fasse voyeuriste dans ses dessins, ce qui n'est vraiment pas son but)... mais cela n'occulte pas les limites trop prégnantes de toute cette phase. Ainsi, le côté stratégique est en réalité très limité: déjà qu'on croit assez peu au piège de nos héros qui arrivent trop facilement à se faire passer pour des femmes au vu de leur carrure, mais ensuite on peine à voir dans une chose aussi basique que l'encerclement une tactique vraiment poussée (en gros, on est très loin d'un Kingdom côté stratégies de guerre), et au final Kouta Innami finit lui-même par régler un peu tout avec un bon gros échange de mandales. Mais ce sont aussi les deux antagonistes principaux de cet arc qui peinent un peu à convaincre: l'auteur fait tellement d'eux des clichés de méchants très très méchants qu'ils en deviennent un brin ridicules, en plus de proposer une interprétation personnelle somme toute très particulière de la figure historique qu'est Shanaq à l'origine. Et puis, tout simplement, qu'est-ce que cette phase est longue et rébarbative ! Rabâchant à la moindre occasion l'idée d'assouvir le peuple par la peur, et rallongeant sur plus d'une centaine de pages ce conflit alors que sa série est censée s'achever avec ce tome, le mangaka lasse et ne rassure pas du tout quant à l'issue de son oeuvre.

Et du coup, par la suite, ce qu'on craignait ne manque pas d'arriver: ne vous attendez à aucune fin valable, tant Raja a tout du mangaka abandonné faute de succès. Il y a pourtant des idées intéressantes quand Innami fait intervenir un personnage historique venu d'Occident et ayant eu un impact majeur à cette époque, à savoir Alexandre le Grand, puis quand il prépare les retrouvailles hostiles de Kautilya avec Pabbata, actuel roi du Magadha qui a bien changé depuis le début de la série. Mais tout ceci n'est que préparé avec une certaine ambition, avant d'être purement laissé en plan dans un final qui n'a rien de satisfaisant.

Sans trop de surprise tant on se doutait qu'un sujet aussi vaste ne tiendrait pas en seulement trois tomes, Raja s'effondre donc toujours plus au fil de ce dernier tome qui n'achève absolument rien. Le projet initial de Kouta Innami était pourtant assez original et prometteur, d'autant plus que sa postface confirme encore son grand intérêt sincère pour l'Inde, mais malheureusement l'auteur n'a pas pu être à la hauteur de ses ambitions et nous laisse plus que tout sur de très grosses frustrations.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
7 20
Note de la rédaction