Dossier manga - Bilan Manga-News 2015 - Partie 2
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Du côté de l'animation...

   
En parallèle au marché du manga, celui de l’animation japonaise a trouvé une position stable en France, les politiques d’éditeur se cristallisant et permettant à l’offre de varier tout en cherchant à contenter le plus grande monde possible. Evidemment, derrière la variété des actions, des supports et des éditions se cache une volonté de lutte contre le piratage, mais aussi de renforcer un secteur qui ne cesse de s’enrichir au fil des démarche des éditeurs.
  
  

La domination du simulcast

  
En premier lieu vient la question du simulcast, autrement dit la diffusion en VOD et de manière légale de séries (et plus rarement de films) en quasi-simultané avec le Japon. Chaque plateforme a sa politique : Wakanim et Crunchyroll restent gratuit, tout en proposant une solution payante renforçant leur offre, tandis qu’ADN - Anime Digital Network ne fonctionne toujours qu’à travers des abonnements monétisés. Plus méconnu, Daisuki ne repose que sur un catalogue entièrement gratuit et libre d’accès.
  
Mais la grande nouveauté de cette année, c’est la présence de plusieurs séries sur différentes plateformes. Si ADN ne cantonne essentiellement aux titres Kana et Kazé qui seront très souvent destinés à une sortie physique ultérieurement, les trois autres diversifient leur catalogue tant que possible. On note l’exemple de Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans qui est proposé par les trois services. Finalement, le « perdant » est peut-être Crunchyroll qui, du moins sur cette série, fonctionne avec une semaine de décalage sur quelques titres, notamment Gundam. Mais désormais, les amateurs d’animation n’ont que l’embarras du choix, et tandis que le débat subsiste sur la qualité des plateformes, les fidèles à tel ou tel service voient leurs attentes toujours plus satisfaites au fil du temps, d’autant plus qu’à l’heure actuelle rares sont les séries qui ne bénéficient pas de simulcast. Toutefois, certaines résistent encore et toujours… plus précisément, on peut noter que Toei Animation ne veut toujours pas laisser ses chouchous que sont One Piece et Dragon Ball Super se diriger vers cette offre simultanée, préférant miser sur un plan commercial à grande échelle: ainsi, pour nous ne verrons pas la suite des aventures de Son Goku avant fin 2016 chez nous, si ce n’est 2017…
 
   
 
     
   

Editeurs physiques 

  
Néanmoins, le support physique bat quand même son plein. Il est d’ailleurs intéressant de noter que chaque éditeur a sa politique, nous poussant à passer au cas par cas pour faire le bilan de l’année 2015. 
  
Le plus jeune d’entre eux, @Anime, a poursuivi sa course en évitant les erreurs commises l’année précédente et en fixant plus que jamais son offre sur deux secteurs : les séries récentes d’un côté, et les titres plus vintage ou au moins déjà bien connus de l’autre. Parmi ces retours, de grands titres se sont fait voir tel qu’Elfen Lied, Rémi Sans Famille et surtout le très attendu Lady Oscar qui fut l’objet d’une édition pour le moins ambitieuse. Si nombre d’entre nous connaissons déjà ces séries, parfois sur le bout des doigts, l’objectif était surtout de les proposer en haute-définition et à travers des coffrets prestigieux. A côté de ça, des productions plus récentes et souvent diffusées en amont sur Wakanim ont pointé le bout de leur nez, l’éditeur travaillant au mieux pour proposer des titres en lien avec l’actualité. Citons alors la première saison de Tokyo Ghoul, Terror in Resonance, la fin de Kill La Kill mais aussi celle de Space Dandy, ainsi que l’arc Phantom Bullet de la saison 2 de Sword Art Online. Entre nostalgie et nouvelles références, l’éditeur a donc confirmé son positionnement en 2015.
    
Mais c’est aussi une certaine notoriété qu’a gagné @Anime, fortement critiqué en 2014 pour ses tarifs plus élevés que la concurrence et des erreurs d’édition. Grâce à des coffrets plus prestigieux et une écoute des fans, l’éditeur a su se rattraper et compte désormais un noyau solide d’adeptes.
  
 
  
   
A côté d’eux, le distributeur IDP, réunissant des éditeurs tels que Black Box et Dybex, a tiré son épingle du jeu. Les offres d’abonnement Gold (DVD) et Saphir (Blu-ray) permettent toujours aux férus d’animation de disposer de manière régulière d’intégrales à prix défiant toute concurrence pour des éditions d’excellente facture, mais un petit changement s’est opéré : la récence des séries. Ce sont en effets des anime souvent aux goûts du jour que le label a su proposer maintenant que toutes les licences plus anciennes (ou presque) ont été proposé dans les collections. On pense alors à Haikyû!!, Jormungand ou Black Bullet, mais la particularité est que ces grandes licences ont aussi été distribuées sous la forme de coffrets collectors. Telle est la politique du groupe désormais : Proposer des éditions de luxe à prix très corrects pour une qualité qui a su ravir les collectionneurs, et en parallèle des versions plus simples. Reste une seule faiblesse dans la démarche : Les abonnés aux éditions Gold et Saphir se retrouvent alors en possession de doublon quand un coffret collector les intéresse, ce qui n’est toutefois qu’un léger frein étant donné le tarif loin d’être exhorbitant des éditions.
 
S’il travaille avec le groupe IDP, Dybex conserve quand même une certaine autonomie, ne serait-ce pour la présence de son stand détaché lors des salons de Japan Expo. L’éditeur s’est montré très discret en cette année 2015 et ce malgré la sortie du coffret collector Jormungand. En revanche, c’est en fin d’année que la discrétion du groupe pionnier a cessé, annonçant alors les projets pour 2016. De toute évidence, l’heure pour Dybex est aussi de passer à la haute-définition puisqu’entre Noir, Yuyu Hakusho, Steins; Gate et FullMetal Alchemist, les projets pour la nouvelle année vont se multiplier pour la nouvelle année. De toute évidence, nos commentaires au sujet de l’éditeur seront bien plus denses l’année prochaine !
 
 
 
   
Pour Kazé, le bilan est assez riche car construit de rééditions mais aussi de nouvelles sorties. Parmi les nouveaux titres, l’éditeur a fortement travaillé autour d’adaptations animées de manga telles que Terra Formars, Nisekoi et Red Eyes Sword. Dans le cas Nisekoi, une innovation est apparue, celle d’édition cross supports incluant une partie de l’anime ainsi que quelques tomes du manga, une politique ne pouvant être établie que sur les titres dont Kazé a les droits manga et vidéo.
 
Les rééditions se sont poursuivies comme celles de Persona 4: The Animation qui permettent notamment de réunir des volumes unitaires en un plus joli coffret et surtout de proposer un tarif plus avantageux. Bleach jouit de ce même type de réédition, plus d’un an après la fin de la série en coffrets plus classiques chez l’éditeur. Même refrain pour les Blu-ray puisque certaines séries antérieures commencent à apparaître en haut-définition chez l’éditeur, par exemple Shi Ki. Enfin, Kazé poursuit sa politique concernant deux licences phares des années Dorothée : Dragon Ball et Sailor Moon. Les justicières de Naoko Takeuchi ont tiré leur révérence avec la sortie des saisons 4 et 5 en DVD tandis que les guerriers Z ont combattu ardemment durant les deux coffrets DVD et Blu-ray couvrant l’arc Boo de Dragon Ball Z Kai ainsi que durant le film La résurrection de ‘F’ que nous aurons eu que peu de temps après les japonais.
 
Un beau bilan pour Kazé donc, mais tout n’est pas forcément positif. Si des coffrets comme ceux de Sailor Moon, Nisekoi ou Red Eyes Sword sont de bonne facture, d’autres ont été l’objet du minimum syndical pour un tarif pas moins élevé que sur des objets plus prestigieux. Les éditions de Kuroko’s Basket attestent ce triste constat, ainsi que le dernier film en date Dragon Ball Z qui fait bien pâle figure par rapport à ce que nos confrères japonais et européens ont pu avoir.
 
 
 
  
Le dernier grand cas de figure est celui de Kana Home Vidéo, qui reste très discret car concentré sur ses projets phares. Naruto Shippuden et One Piece se poursuivent alors tandis que la suite de Fairy Tail se fait attendre. En revanche, la parution du Fairy Tail Magazine a pu contenter les fans des mages de Hiro Mashima. Une autre grosse valeur de Kana a fait son retour, Black Butler et sa saison Book of Circus ainsi que les OAV Book of Murder qui adaptent deux arcs du manga qui avaient été délaissés dans la première adaptation animée. Le retour, ce fut aussi celui de Hunter X Hunter (version 2011) qui n’avait pas eu droit à un seul coffret depuis près d’un an et demi. De janvier à décembre, quatre coffrets sont parus et ont permis d’entamer l’arc Kimera Ant, totalement inédit en anime. La suite est néanmoins plus obscure puisque les deux coffrets qui achèvent cette partie ont soudainement disparu des plannings de l’éditeur… Mauvais présage supplémentaire pour la série à l’image de MÄR ou D.Gray-Man dans le passé ?
 
Le bilan de Kana est donc correct, mais des avis mitigés subsistent sur leurs éditions. D’un côté, Naruto et surtout Black Butler ont bénéficié de très jolis digipack malgré un tarif assez élevé, là où les autres séries ne présentaient que des coffrets simplistes au possible. Il semblerait toutefois que sur les séries récentes et limitées en termes d’épisodes, l’éditeur mette les grands moyens… Qu’en sera-t-il réellement pour Assassination Classroom et le très attendu Psycho-Pass en 2016 ?
  
 
    
  
En parallèle, d’autres petits projets d’édition ont vu le jour. AB Video a montré qu’il n’abandonnait pas totalement l’animation et a surfé sur le succès DVD de Goldorak pour sortir une édition Blu-ray à prix modeste, une évidence quand on sait que l’upscale effectué sur les épisodes a fait grincé des dents nombre de fans. Mais c’est surtout les chevaliers de Saint Seiya que l’éditeur refuse d’abandonner, la preuve avec la réédition de la première série en trois coffrets Blu-ray, tandis que les films se précisent pour la haute-définition prévue courant 2016… Terminons alors le tour d’horizon des éditeurs en douceur avec Clearvision qui, de manière très discrète, propose l’anime Chi – Une vie de chat depuis la fin de l’année, à travers des DVD à tout petit prix pour une édition qui ne devrait pas comporter plus de trois volumes pour l’intégralité de la série.
  
 

Dans nos salles obscures

 
Les films d’animation japonaise se sont fait assez discrets cette année puisque l’événement qu’est Le Garçon et la Bête n’est sorti qu’en ce début 2016 dans les salles obscures. On retient néanmoins deux productions grand public : Souvenirs de Marnie, récente production Ghibli sortie chez nous en janvier et qui est en compétition pour un oscar, ainsi que Miss Hokusai en septembre, tout en sachant qu’@Anime sortira très prochainement le film dans des éditions de qualité.
  
En parallèle, notons le retour de deux grands du Shônen Jump à commencer par Naruto, dont les deux derniers films, Naruto The Last et Boruto – Naruto The Movie, sont respectivement sortis en mai et septembre 2015. Mais surtout, Dragon Ball Z a fait son grand retour en salles quelques semaines après la sortie japonaise avec La résurrection de ‘F’. Notons que dans un premier temps, ce sont différentes projections dans le célèbre cinéma parisien Le Grand Rex qui ont eu lieu avant que le film soit diffusé lors d’une unique date en septembre dans différentes salles de France.
Le nom du Grand Rex ne vous a d’ailleurs peut-être pas échappé puisque l’établissement s’est associé notamment avec @Anime pour proposer en avant-première quelques diffusions à raison d’un film par mois. Parmi les titres proposés, les deux films récapitulatifs de l’Attaque des Titans, le deux premiers volets de la trilogie Project Itoh (The Empire of Corpses et Harmony), ou encore le retour des Ailes d’Honnéamise, tout premier film du studio Gainax. L’initiative se poursuit d’ailleurs en 2016 avec par exemple la diffusion en janvier de la première partie de Kizumonogatari.
 
En dehors de ce programme mais grâce à un partenariat avec Wakanim, notons aussi que les deux films récapitulatifs de la première saison animée de Haikyû!! ont été projetés avant d’être rendus disponibles sur la plateforme VOD.
 
  
  
    
Ainsi, si on peut avoir l’impression que l’animation en France est en difficulté, sachant que peu de sorties sortent sur supports physiques par rapport au nombre de diffusions VOD, force est de constater que l’offre de notre marché est variée et que chaque éditeur a sa propre politique. Entre rééditions de titres phares et sorties matérielles de titres plus modernes, on peut dire qu’une certaine stabilité subsiste, sans compter le nombre important de simulcast qui est un événement en soi au début de chaque saison alors que de nouvelles séries commence. 2016 devrait confirmer cette mouvance en appuyant plus que jamais la haute-définition. Pouvons-nous nous attendre à des surprises en termes d’animation pour l’année en cours ?
   
  

Conclusion

  
Au final, 2015 fut une année assez faste pour le manga, avec une production un peu moins importante mais pour des résultats florissants. Ayant tiré les leçons de ses erreurs passés, le marché continue de capitaliser sur ses licences les plus fortes, en démultipliant les spin-off et autre ouvrages dérivés pour les plus importants. Il continue également d'explorer des terrains déjà prometteurs les années passées, en témoignent l'essor de titres pour jeunes adultes (L'Attaque des Titans, Ajin) ou de licences fortes pour la jeunesse (Pokémon). Mais encore une fois, les lectures féminines se font de plus en plus discrètes.
  
Si d'apparence, la hiérarchie des éditeurs de manga n'a pas beaucoup évolué, une page se tourne pour certains alors que des titres fédérateurs s'achèvent (Kana avec Naruto), là où d'autres décident de faire table rase du passé, comme le groupe Delcourt et ses nombreux arrêts de commercialisation. D'autres encore vivent dans le passé en capitalisant sur leur gloire d'antan (Panini), mais se sont fait déjà fait dépasser par des labels beaucoup plus ambitieux et dans l'air du temps.
  
D'ailleurs, l'année 2016 nous promet de très gros changements, les futures licences les plus porteuses n'ayant pas atterri dans le catalogue du top 3 historique (Glénat, Pika, Kana) mais dans ceux de ses outsiders : One-Punch Man, qui vient de faire un démarrage percutant chez Kurokawa; My Hero Academia chez Ki-oon; Platinum End, nouvelle série du tandem Obata-Ohba proposé en simulpub chez Kazé Manga; ou encore Ugly Princess chez Akata, qui pourrait enfin signer le retour en grâce du shôjo. Pour s'en sortir, d'autres joueront la carte de la simultanéité avec les nombreuses adaptations en anime, dont le portage en simulcast est devenu à présent monnaie courante. A ce titre, Kana et Kazé sont ceux qui jouent le plus de la diversité des médias, entre version papier, coffret vidéo et VOD sur ADN.
   
Tandis que la place laissée par Naruto va être particulièrement prisée, les prochaines années pourraient donc nous offrir une mutation très importante du marché, qui était pourtant arrivé dans une zone de stabilité... L'histoire ne serait qu'un grand recommencement ?
  
   
  

Dossier réalisé par Tianjun / Koiwai / Takato / Erkael


Commentaires

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nolhane

De nolhane [7012 Pts], le 07 Février 2016 à 00h45

19/20

Un dossier très complet et passionnant, merci beaucoup!

Theranlove2

De Theranlove2 [4038 Pts], le 03 Février 2016 à 16h48

20/20

Merci pour cet excellent dossier, très long mais très complet! Sa a été un réel plaisir de vous consacrez ma dernière heure et demi :3

Certain point m'ont particulierement intrigué, surprise, degoutée.. Je suis toujours aussi hallucinée par les séries qui trust, je les connais toute mais n'en suis que très très peu.. Quand au éditeur qui sont en haut du classement, c'est assez similaire, je ne les porte pas vraiment dans mon coeur contrairement à Ki-oon, Kurokawa, Ototo, Komikku et Akata! Je suis également assez dubitative devant les agissements de Clair de Lune que je croyais reparti avec Averse Turquoise que j'ai A-DO-RÉ mais voilà, on ne peut pas tout avoir. J'espère aussi un jour pouvoir avoir accès au titre d'Ihmo et éditeur plus petit que je ne trouve absolument nul part en Suisse, faudra que je passe à leur stand à la Japan Expo pour que je trouve enfin des titres qui m'intéresse comme La fille de la plage ou A crystal Sky of Yesterday j'imagine..

Bref, pour teminer, merci et big up pour le light novel \o/

saqura

De saqura [4429 Pts], le 02 Février 2016 à 19h07

19/20

merci beaucoup pour le dossier

Minkunette

De Minkunette [6811 Pts], le 01 Février 2016 à 11h42

18/20

Merci pour le dossier, c'est interssent.

Karakuri

De Karakuri [3421 Pts], le 31 Janvier 2016 à 15h34

19/20

Merci beaucoup pour ce bilan assez complet et pertinent dans ses analyses ! Ca a dû vous demander énormément de temps (je suppose, comme la 1ère partie que j'ai pas encore lue cela dit).

Je pensais pas qu'a silent voice était un carton pareil, mais tant mieux ça fait plaisir ! et ça confirme que chaque année ki-oon sait mettre en avant ses séries... Tant de séries dans les 1ers démarrages de l'année c'est juste énorme, surtout quand à côté kana ne place rien dans le top 15...

L'état du manhwa est très triste... ça pue pour booken et c'est vraiment dommage.

Les bonnes critiques sur les titres de kotoji éditions m'ont donné envie de m'intéresser à cet éditeur qui a l'air très passionné par ce qu'il sort ! et je me retrouve bcp aussi dans le paragraphe sur doki-doki : aujourd'hui peu de leurs séries m'intéressent mais leur humilité (absence de gourmandise on va dire, ils cherchent pas à se hisser dans les 1ers éditeurs, ils suivent leur rythme tranquilles) et leur envie de rester proches des lecteurs en font un éditeur sympathique. bravo à eux pour la venue de Boichi très réussie ! Idem pour akata c'est vrai qu'ils ont déjà posé une identité très nette ! Ca fait du bien de voir un éditeur comme ça qui prend quand même des risques et qui reste fidèle à ses engagements.

Et Clair de lune no comment... ils sont plus détestables que panini.

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