Dossier Bilan Manga-News 2015 - Partie 2 - - Partie 2

Et le patrimoine dans tout ça ?

Si l'année passée le "vintage" n'était pas à l'honneur, il a connu un certain regain en 2015 avec quelques belles surprises qui ont su séduire les moins jeunes d'entre nous ou tout simplement les amateurs du genre et ceux souhaitant approfondir leurs connaissances sur l'Histoire du manga !

Et ce qui a le plus marqué l'année dans ce domaine c'est bien entendu la collection Go Nagai chez Black Box qui a offert une belle vitrine à l'auteur en sortant notamment Goldorak. C'est tous les trentenaires et les quarantenaires qui en ont pleuré de bonheur !
Mais on trouve également dans la collection le cultissime Devilman, la Divine Comédie, et le plus récent Amon.
Il faut saluer l'effort de l'éditeur qui en parallèle continue de sortir des titres historiques comme Cléopâtre, et s'est offert son premier manga de Tezuka avec Mako, Rumi et Chii.
L'éditeur a fait fort puisqu'en cette même année 2015 il a rassemblé dans son catalogue différents héros de la jeunesse des moins jeunes parmi nous. Goldorak on l'a vu, mais également une belle réédition de Cobra de Buichi Terasawa, ainsi qu'une collection dédié à Leiji Matsumoto, le papa d'Albator !

Et puisqu'on parle de Buichi Terasawa, il faut mentionner Takeru qui a été annoncé toute l'année par Isan Manga et sans cesse repoussé pour ne sortir qu'en ce début d'année 2016.
Toujours chez Isan, et toujours dans le vintage pur et dur, on pense forcément à Cutie Honey du même Go Nagai et à Gwendoline.

Et de manière générale, les vieux classiques ne se démodent pas et les éditeurs font tout pour entretenir la flamme: on pense notamment à Saint Seiya qui ne cesse de se renouveler avec pas moins de deux spins-off sortis en 2015 (Saintia Sho et Episode G Assassin). On peut aussi citer Young Black Jack chez Panini, réinterprétation de l'oeuvre culte Blackjack de Tezuka.

Mis à part quelques exceptions, comme notamment un nouveau titre de Kazuo Kamimura chez Kana (Le club des divorcés), le patrimonial/vintage se retrouve quasi exclusivement chez une poignée d'éditeurs à savoir Black Box en tête et Isan Manga, avec quelques incursions chez Cornélius avec l'arrivée d'une anthologie de Yoshihiro Tatsumi (Cette ville te tuera) ou encore le Lézard Noir avec Kazuo Umezu (La maison aux insectes), Ishinomori (Eros X SF), Miyako Maki (Les Femmes du Zodiaque).

La jeunesse, secteur en vogue

De son côté, le secteur de la jeunesse continue de plutôt bien se porter, notamment grâce au succès de la licence Pokémon chez Kurokawa dont nous avons déjà parlé précédemment.

Ce sont toutefois les éditions nobi nobi! qui restent un vrai fer de lance. Entièrement spécialisé sur le secteur de la jeunesse, l'éditeur a encore enregistré une augmentation de ses sorties et a poursuivi son expansion vers le manga pour jeune public. Lancée en 2014, la collection des Classiques en Manga s'est enrichie de plusieurs nouveaux titres comme Tom Sawyer ou Alice au Pays des Merveilles. Et pendant que Pan' Pan Panda s'achevait, de nouveaux mangas sont arrivés : Megaman ZX, Miaou!, Chroniques de Tindharia, ainsi que des titres d'auteurs : In Wonderland et Le Pays de la Nuit. En parallèle, l'éditeur a lancé deux nouvelles collection : Mes Contes Kawai nous permettant d'enfin découvrir en France les albums de Pop Wonderland, et la collection de livre-jeux Jan Ken Pon qui ne compte pour l'instant que Détective Popotin. Les autres collections d'albums illustrés se sont poursuivies, portées par des auteurs de grande renommée comme Taro Gomi (On fait tous caca) ou Yoko Imoto (Les Moufles), et par de nouvelles créations originales signant le retour d'artistes populaires : Ein Lee avec Le Mot qui arrêta la guerre, et Shiitake avec Yôsei - L'essence des fées.

Concernant les autres éditeurs spécialisés sur la jeunesse, on a été plus discret. On note essentiellement Yoaké avec la sortie des Petits Pastels, ou Picquier avec Juliette a perdu ses lunettes, Docteur Grenouille au secours de l’étang, Sous la toise...

Concernant les plus gros éditeurs, on a continué d'amener quelques petites choses.
La collection Kids de Ki-oon n'a rien amené de nouveau, vivant sur ses quelques titres déjà en cours.
Celle de Glénat a pu compter sur la fin en fanfare de Chi et sur ses différents dérivés, mais aussi sur la poursuite du Paradis des Chiens et sur l'arrivée de Dragon Ball SD.
Pika a tenté quelques titres clairement orientés jeunesse : Baymax, Crystal Girls, B-Daman Crossfire.
Soleil a poursuivi sa collection Pets avec Globule et Choubi-Choubi.
Komikku a tenté d'orienter Gokicha vers la jeunesse en le publiant en sens de lecture occidental.

Le manhwa chute toujours...

Cela fait déjà quelques années que les titres coréens sont en chute libre. L'année 2014 était déjà pauvre, et l'on prédisait pour 2015 une hécatombe. Ca n'a pas raté.

Depuis la fin de Kwari, les deux principaux représentants restaient Clair de Lune et Booken Manga, qui étaient clairement en difficulté depuis quelque temps.
Depuis la mise en standby (et sans doute fin) de sa collection coréenne, on n'attendait clairement plus grand chose de Clair de Lune de ce côté-là, et 2015 fut effectivement pauvre avec le lancement de trois titres dans un quasi-anonymat qui les relègue parmi les plus mauvais démarrages de 2015 : La Princesse de la cuisine, Roland Embley, et Lettres au ciel de Pilou l'ourson.
Quant à Booken Manga, après des temps difficiles, on espérait un peu voir l'éditeur redécoller après une année 2014 où il a réussi à boucler quelques titres. C'est malheureusement tout l'inverse qui s'est passé : seuls The Breaker New Waves et Ares ont eu droit à un seul nouveau tome en août. Rien pour The Phantom King (sans parler du titre japonais Yuzuko Peppermint lui aussi absent). La situation de l'éditeur est très loin d'être rassurante : la communication est de plus en plus difficile, le site internet n'existe plus depuis cet été, fin novembre un procès-verbal d'assemblée générale extraordinaire a marqué une démission de gérant, au 31 décembre la société ne comptait plus aucun salarié... il n'y a pas encore de quoi être entièrement pessimiste car la société n'est pour l'instant ni en redressement ni en liquidation, mais on peut tout de même craindre le pire.

Le reste des sorties coréennes est à chercher du côté de Ki-oon qui a continué Warlord et Witch Hunter, de quelques publications éparses (Les Naufragés chez Akata, Jiseul chez Sarbacane, Des filles de ma connaissance chez Atrabile, Je suis communiste chez Cambourakis, En France en auto-édition...), et de diverses publications d'albums jeunesse.

Les perspectives pour 2016 ne sont pas joyeuses, mais l'on peut se demander si l'année France-Corée (130 ans de relations diplomatiques) et la mise en avant de la Corée en tant qu'invité d'honneur du salon Livre Paris auront un impact favorable.

... et le manhua augmente

Et comme on s'y attendait au vu de 2014, l'année 2015 a confirmé le regain de forme du manhua, qui était en berne depuis la fin malheureuse de l'éditeur Xiao Pan !

Cela passe en premier lieu par trois éditeurs qui se sont faits une spécialité des productions chinoises, hongkongaises, taïwanaines...
Tout d'abord, les éditions Fei, avec la fin de trois séries de leurs débuts (Juge Bao, la Balade de Yaya et Shi Xiu), l'arrivée du 4ème et dernier coffret luxueux de lianhuahua adaptant un nouveau classique de la littérature chinoise (Rêve dans le pavillon rouge), la poursuite de L'Ombre de Shanghai, et la création d'une nouvelle collection : Petite étoile, dédiée à des albums faisant découvrir les légendes des minorités chinoises. L'avenir du volontaire mais modeste éditeur, toutefois, commence à inquiéter légèrement : quand trois séries se sont achevées, aucune n'a commencé, et un financement participatif a dû être lancé pour le très bon L'ombre de Shanghai, qui ne trouve pas son public malgré les venues en France de sa dessinatrice Li Lu... Quelques titres ont été annoncés pour 2016, on a hâte de les découvrir.
Ensuite, Urban China, le nouveau venu, qui a lancé ses premières oeuvres en avril et a déjà proposé pas mal de choses : La Princesse Vagabonde, Little Yu, La Bataille de Shanghai, Joker Danny, Mon étoile secrète, Légendes de Tarsylia... Il s'agit du label ayant proposé le plus d'oeuvres chinoises en 2015, sans doute bien aidé par l'union de sa société-mère Dargaud avec le groupe chinois ComicFans.
Enfin, Kotoji, dont le label Asian District prend ses marques ! Après avoir bouclé en début d'année le superbe Crystal Sky of Yesterday, l'éditeur nous a amené l'oeuvre suivante de Pocket Chocolate, That moment, maybe, et a lancé deux oeuvres dans des genres très différents : l'excellente fresque d'aventure et d'arts martiaux hongkongaise Blood & Steel qui a été bien appuyée par la tournée française de on sympathique auteur Félix IP, et l'intéressante série éducative Comprendre la Chine en BD, qui offre un bon panorama du parcours historique de ce grand pays.

Ensuite, il faut chercher essentiellement du côté de Kana qui a réédité Une vie chinoise, ou d'Akata qui ne ne pose pas de limites et a tenté Mes années 80, récit de l'auteur taïwanais Sean Chuang qui offre une vision de l'influence qu'a eue toute une époque.

En revanche, on attend des nouvelles d'Entre ciel et terre chez Cambourakis, ou encore de la collection Chin'art de Pika, totalement délaissée en 2015 et qui devrait revenir en 2016.

L'émergence des light novels

Du light novel en France... Vaste sujet, qui avait déjà eu, par le passé, quelques essais loin d'être concluants, peut-être parce que les rares éditeurs qui s'y sont essayés ne se sont pas donnés suffisamment de moyens. Mais un éditeur y a cru et s'est lancé avec succès en 2015 ! Assimilé à Ototo Manga/Taifu Comics, Ofelbe a pu compter sur les plans de crossmedia avec ces derniers pour lancer en grandes pompes chez nous les light novels de Sword Art Online puis de Spice & Wolf, et le succès semble bel et bien au rendez-vous pour l'instant. Il faut dire que la popularité actuelle de SAO aide bien, et que l'éditeur a tout fait pour que ça fonctionne, notamment avec la venue des auteurs Reki Kawahara et abec à Japan Expo. En fin d'année, un troisième titre lui aussi déjà connu pour son manga et surtout son anime, Log Horizon, est venu enrichir le jeune catalogue. Et Ofelbe promet de belles surprises pour 2016... Une réelle émergence de l'édition de light novel en France est-elle enfin arrivée ? Ofelbe fera-t-il figure de précurseur ?

A côté d'Ofelbe, quelques autres éditeurs nous ont amené des romans issus de noms que l'on connaît bien. On pense à Lumen (Final Fantasy Type-0 - The Last Truth, King's Game Origin, Final Fantasy XIII-2 Fragments Before) ou à Kana avec les romans Naruto.