Divine comédie (la)

Je dois dire que ce livre m'intéressait assez peu à première vue, et que je comprenait pas trop pourquoi Black Box avait choisis d'éditer ce titre assez tardif de Nagai plutôt que d'autres titres plus rétros et en accord avec la politique de l'éditeur comme ce qui est prévu actuellement avec Great Mazinger par exemple.
ET après la lecture de ces volumes, uniquement motivée par mon vif intérêt pour l'auteur, je ne comprend toujours pas ce choix, mais on ne peux pas dire que je soit déçu de la lecture.

Nagai a à de nombreuses reprises cité la Divine comédie dans ses inspirations, et bien que je n'ai pas lu le poème (?) original, cela parait avec du recul totalement évident, si l'on part du principe que l'auteur n'a pas remanier le texte d'origine à sa sauce, ce qui est tout de même peu probable.
On retrouve tout de même toutes les thématiques de l'auteur, qui sont ici sublimées par le contexte divin du scénario, on y parle de la nature profondément mauvaise de l'être humain, de la force de la volonté, du conflit avec Dieu et des forces qui nous dépasse ... Une 2nde version de Devilman en somme, le gore et l'innovation en moins, mais avec un dessin toujours au top, typique de l'auteur qui se place cette fois ci plus comme un interprète du travail de Gustave Doré que comme un auteur, les livres sont très régulièrement ponctués de grandes planches vides de textes, très académiques et très respectueuses de l’œuvre originelle, on sent une volonté de Nagai de rendre l'ouvrage qu'il dessine du mieux qu'il peut, sans en alterner ni le fond ni la forme.

Et cette attitude est louable, mais ne fonctionne bien sur que si on a aucun problème avec le scénario de base, car loin de moi l'envie de critiquer l’œuvre originale, ce qui serait un brin prétentieux, mais force est de constater qu'il s'agit du (génial sans doute) reflet de son époque, de croyances et de conceptions n'ayant aujourd'hui absolument plus court, rendant la lecture assez pénible par moment, quand le livre nous montre sans gène des gens souffrir atrocement et nous dire que toute compassion est inutile car il s'agit de pêcheur qui n'ont pourtant pas pas plus pêché que les saints qui les observent avec mépris  et que jamais la légitimité de tout cela n'est durablement remise en question, puisque la compassion de Dante s'oppose à l'intransigeance de Virgile, et s'écrase systématiquement.

Enfin, il reste tout de même un souffle assez grandiose à cette épopée, et si quelqu'un pouvait bien l'adapter en manga, c'était bien Go Nagai, qui semble ici comme un poisson dans l'eau, rendant ainsi la lecture intéressante pour tous les amateurs de son style ... Toujours est il que ça ne casse pas des briques ... Et que, comme pour toutes les adaptations de classiques, j'ai du mal à voir l'intérêt ou la finalité d'un tel travail. A lire pour les curieux bien sur, mais seulement si vous savez à quoi vous attendre ^^.