Kana - Actualité manga

Interview

Interview n°2

Cette année 2016 est représentative de la longévité des éditions Kana, qui fêtent leur 20ème anniversaire et restent l'un des piliers du marché du manga en France.

Pour évoquer avec nous cet évènement, nous avons eu le plaisir de rencontrer Christel Hoolans, directrice éditoriale de Kana. Nous reviendrons sur ce premier semestre 2016, le phénomène Naruto, et bien d'autres choses.
 
 
 
Manga-news: Vous travaillez chez Kana depuis son lancement il y a 20 ans. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours au sein de Kana ?
Christel Hoolans: J'ai commencé comme stagiaire chez Kana il y a 20 ans au moment du lancement de Kana. Par la suite j'ai exercé une multitude de tâches sur de nombreux postes différents. J'ai d'abord été assistante polyvalente avant de travailler sur la fabrication de nos livres. J'ai aussi travaillé sur la promotion et le suivi des sorties de Kana. Après ces quelques années, Yves Schlirf, directeur éditorial de Kana à l'époque, m'a recruté pour le poste d'assistante éditoriale. Quelques années après je suis moi-même devenue directrice de collection, puis directrice éditoriale et je suis aujourd'hui directrice générale déléguée des éditions Kana.


 
 
Aujourd'hui, quel est le rôle d'Yves Schlirf au sein de Kana ?
Yves reste le fondateur de Kana et notre maître à tous, mais depuis environ trois ans il se concentre sur la bande-dessinée.


Kana fête ses 20 ans cette année. Que représente pour vous cet anniversaire ?
Ces 20 ans célèbrent une superbe aventure, aussi bien humaine qu'éditoriale. C'est fabuleux de participer à la création d'une maison d'édition, d'autant plus qu'à l'époque peu de personnes s’enthousiasmaient pour le manga en France. Nous nous sommes battus pour installer le manga dans l'hexagone, et ça n'a pas été simple car le manga n'avait pas une bonne image dans les années 90. Lors du lancement de Kana, nous avions pour objectif de faire connaître la culture japonaise tout en montrant les aspects positifs du manga, alors que beaucoup pensait qu’il ne s’agissait que de sexe et de violence...

Durant les 10 premières années, nous avons dû faire face à une levée de boucliers provenant de milieux divers. On a notamment reçu des lettres incendiaires d'associations de parents et familiales. Ça a été difficile, mais aujourd'hui quand je regarde en arrière je suis fière du chemin parcouru. Kana est une belle maison, qui a participé au façonnement du marché du manga en France tel qu'il l'est aujourd'hui.


Vous venez d'inaugurer votre collection Kodomo avec la sortie des séries Ichiko & Niko et Puzzle & Dragons Z. Ces deux sorties sont-elles un test ou avez-vous d'ores et déjà l'intention de publier d'autres albums du même genre dans ce label ?

Dans nos premières années, nous avons publié principalement du shônen avant de nous intéresser au seinen et au shôjô. Aujourd'hui, il nous paraissait fondamental de nous installer sur le segment du kodomo, afin de recruter des jeunes lecteurs qui pourront par la suite découvrir les séries plus matures de notre catalogue. Pour nous, recruter le lecteur dès son plus jeune âge est primordial, c'est pourquoi nous avons lancé ces deux séries très différentes,  qui peuvent plaire à un large panel de jeunes lecteurs. D'un côté, on a Ichiko et Niko qui plaira plus à un lectorat de jeunes filles et de l'autre Puzzle & Dragons Z qui est à la base un jeu et qui s'adresse plus aux garçons.
On va faire effectivement différents tests, mais on sait que l'installation de ce segment en France risque d'être assez longue. Pour Ichiko et Niko, nous avons fait une campagne promotionnelle dans le magazine Les P'tites sorcières et avons eu des retours très positifs.
 

 


Le manga Sky High Survival vient juste de paraître chez Kana. Pouvez-vous nous dire ce qui vous a plus dans cette série ?
A la base, je ne suis pas une grande fan du genre survival mais je dois dire que j'ai beaucoup aimé cette série. On est accroché par le scénario dès le démarrage. Il y a beaucoup de suspense et de mystère mais l'auteur ne fait pas qu'ouvrir des portes, il prend le temps de faire avancer son intrigue de telle sorte que le lecteur n'est jamais perdu. On ne retrouve pas toutes les grosses ficelles habituelles du genre, bien au contraire. De plus, dès qu'on a fini de lire ce premier opus on a énormément envie de lire la suite... c'est d'ailleurs pour ça que nous avons lancé cette série en publiant simultanément les tomes 1 et 2 !

 


Comment se passe le lancement de Sky High Survival à Japan Expo ?
Il est très bon !! Nous avons vendu énormément de tomes 1 sur notre stand, et la présence du château gonflable (attraction du stand Kana aux couleurs de la série où il était possible de faire un saut dans le vide d'environ 5 mètres, ndlr) aide sans doute à faire connaître la série.


Votre autre nouveauté de juillet est Korotan Assassination Classroom, qui est un manuel d'anglais à l'effigie de la série Assassination Classroom. La publication de ce genre d'album est une première en France...
Effectivement, la publication de cet album est un test ! Ça a aussi été un véritable casse-tête, car la traduction du japonais au français a été très ardue. En effet, les japonais n'apprennent pas l'anglais de la même manière que les francophones, il a donc fallu trouver beaucoup d'équivalences pour que l'ouvrage soit crédible, sans pour autant dénaturer son contenu originel.
 
 


Après Toys of wars et Save me Pythie vous proposez une nouvelle création originale en septembre, avec une preview sur Japan Expo : Booksterz. Quel bilan tirez-vous de cette partie de votre catalogue ?
Alors il faut savoir que Kana fait de la création depuis déjà plusieurs années, mais c'était plus dans un style roman graphique avec l'association d'un auteur européen et d'un dessinateur asiatique. La différence aujourd'hui c'est qu'on se lance dans la création au format manga classique. C'était une chose compliquée à faire il y a quelques années car la communauté manga n'était pas très réceptive au manga de création européenne ou plus généralement aux œuvres hybrides... mais aujourd'hui je pense que les lecteurs de manga sont prêts ! Il faut dire que le niveau des auteurs de manga européen a vraiment passé un cap ces dernières années : certains baignent dans la culture manga depuis qu'ils sont petits, et cela se ressent dans leur façon de dessiner.  La qualité des projets a vraiment évolué ses dernières années. Nous recevons chez Kana plusieurs projets chaque mois, et vu la qualité, on a eu envie de se lancer. Pour le moment nous sommes satisfaits de nos créations originales, les trois premiers tomes de Save me Pythie se sont vendus à environ 15000 exemplaires en France, ce qui est vraiment pas mal pour du manga de création. Pour Toys of War par contre, les ventes sont moins satisfaisantes.
 
   


Comptez-vous publier la suite de Beet - The Vandel Buster, une série qui a été en pause de nombreuses années avant de reprendre récemment au Japon ?
Pour le moment, nous avons choisi d'attendre de voir si cette reprise allait se poursuivre sur la durée. Une fois que plusieurs tomes seront parus au Japon, on réfléchira au retour de la série en France.
 
 


Vous êtes l'éditeur historique d'Inio Asano, et allez proposer dans quelques mois Dead Demon's Dededededestruction. Cette œuvre tranche un peu avec les précédentes séries de l'auteur car elle appartient clairement au genre fantastique., avec une terre envahie par des aliens... Publiez-vous cette série dans le cadre du suivi d'un auteur qui vous est cher, ou avez-vous eu un véritable coup de cœur pour ce titre qui s'annonce très atypique ?
Les deux ! En fait je suis admirative du travail d'Inio Asano depuis très longtemps, et j'aime tout ce qu'il fait. Cet auteur a beaucoup évolué au fil de ses œuvres, et pour moi c'est donc doublement intéressant de le suivre sur le long terme. Dead Demon's Dededededestruction, malgré la présence des aliens, reste symptomatique de l’œuvre de son auteur : on y retrouve une forme de critique à l'égard de la société japonaise, et de sa jeunesse un peu perdue qui se pose beaucoup de questions. C’est aussi une critique post-Fukushima avec, par le prisme du problème alien, une dénonciation de la manière de communiquer du gouvernement japonais pendant et après la catastrophe. Et que dire du dessin, toujours aussi fabuleux !! Il faut lire cette série !! (rires)
 


On arrive à la moitié de cette année 2016. Quel bilan tirez-vous de ce premier semestre ? Quels sont vos meilleurs et moins bons lancement ?
Pour célébrer notre anniversaire, nous avons choisi de proposer tous les premiers tomes de nos nouveautés parues durant l’année à un prix attractif (réduction de 20%). Cette offre a bien évidemment eu un effet positif sur nos lancements. Capitaine Albator - Dimension Voyage a très bien marché. Il en va de même pour le shôjô Telle que tu es avec 20 000 exemplaires écoulés pour les deux premiers volumes.
Si je devais évoquer un échec, ça serait Atlantid, dont les ventes, sans être catastrophiques, n'ont pas été à la hauteur de nos espérances.

Mais globalement, ce premier trimestre, qui marque une croissance de 10% de nos ventes, est très bon pour Kana.
 
   


Parlons maintenant de Naruto, qui est votre locomotive éditoriale. La série s'est terminée au Japon et le sera bientôt en France. A part la sortie de Boruto, quelle stratégie avez-vous mis en place pour négocier le virage de l'après Naruto ?
Tout au long de l'année, nous avons mis en place un programme assez dense autour de Naruto : des opérations commerciales avec par exemple en janvier la commercialisation des tomes 1 à 3 à 3 euros le tome. Cette opération a d'ailleurs boosté les ventes des volumes 4 à 6, qui étaient pourtant au prix standard. Au final durant ces six mois de 2016 nous avons vendu autant de tomes de Naruto que durant toute l'année 2015.

On espère qu'à l'instar de Dragon Ball ou Death Note chez nous, la viabilité de Naruto va devenir un classique.

 


Savez-vous si l'éditeur japonais compte faire une édition Deluxe pour Naruto ?
A l'heure où je vous parle, je n'ai pas cette information. Nous travaillons majoritairement avec le département des droits internationaux de Shûeisha, et ce département n'a pour le moment pas divulgué d'information au sujet d'une édition Deluxe. Je pense que la réédition de Naruto en édition Deluxe ne se fera pas tout de suite, comme ça a été le cas pour d'autres séries comme Slam Dunk ou Saint Seiya par exemple.
 
 
Vous évoquez Slam Dunk... Comptez-vous publier l'édition Deluxe de la série en France ?
Déjà, il faut savoir que lorsqu'on propose l'édition deluxe d'une série, il faut bien souvent mettre en arrêt de commercialisation quelques années après les volumes de l'édition standard. En effet l'auteur a souvent retouché et apporté plusieurs corrections à sa série lorsqu'elle parait en édition Deluxe, et en conséquence l'ayant-droit ne souhaite pas qu'on garde les deux éditions.
Pour Slam Dunk, la publication de l'édition Deluxe en France est toujours en cours de réflexion. En fait pour cette édition il faudrait racheter tout le matériel, ce qui représente un coût très élevé. Vu la longueur de Slam Dunk et sa thématique sportive (les shonen sportifs sont rarement des bestsellers en France, ndlr), je ne suis pas certaine que la publication de l'édition Deluxe soit rentable... Mais pour la beauté du geste... C’est quand même une série culte !!

 


J'ai entendu dire que la série Real, du même auteur, allait bientôt se terminer. Pouvez-vous me confirmer cette info ?
Je n'ai pas eu d'information officielle à ce sujet, mais je pense que la série va en effet bientôt se terminer. En tout cas Takehiko Inoue adore travailler sur Real. C'est même, je crois, son projet préféré !
 
 


Parlons un peu du numérique. Présent depuis plusieurs années, ce support peine toujours à s'implanter en France. Dans ce domaine, Kana a été l'un des précurseurs et s'est lancé il y a plusieurs années. Quel bilan tirez-vous du numérique chez Kana ?
C'est très intéressant pour nous de s'implanter sur le secteur du numérique, et en ce sens nous avons lancé plusieurs de nos titres en numérique il y a de ça plusieurs années déjà. Aujourd'hui, je perçois plus ce secteur comme un outil marketing qui permet une meilleure visibilité pour un titre donné. C'est également un laboratoire qui nous permet de tester certaines pistes nouvelles. Je pense que le numérique va encore croître, mais ne phagocytera pas le marché "papier".


Les derniers gros blockbusters japonais, à savoir One-punch man et My hero academia, ont été récupérés par des éditeurs concurrents, qui sont présents depuis moins longtemps que vous sur le marché. Comment vivez-vous ou expliquez-vous ce choix de l'éditeur japonais ?
Ce n'est pas ma décision, vous comprendrez donc que je ne puisse pas m’exprimer en lieu et place de la Shûeisha. Ce que je peux dire c'est que le marché français est devenu hyper compétitif, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi... et puis les jeunes éditeurs qui ont récupéré ces licences font du très bon boulot et ont fait de superbes offres. Dans le cas de One-punch man, Shûeisha a choisi de vendre la licence à des éditeurs qui n'étaient pas à la base des partenaires historiques, et ce dans beaucoup de pays dont la France. C'est un choix que nous actons et respectons. Nous n’avons pas grand chose à dire de toute façon.

Après nous restons positifs, il y a beaucoup d'autres licences disponibles au Japon que nous pourrons peut-être publier !!
 
 
 
 
En tant qu'éditrice, quel est l'auteur que vous êtes le plus fière d'avoir dans votre catalogue ?
Difficile à dire...

Si c'est trop dur, vous pouvez citer trois titres : un shonen, un shojo et un seinen.
Je vais essayer ! Alors... En shonen je dirai Masashi Kishimoto. Comment ne pas être fière d'avoir publié sa série Naruto qui est l'un des piliers du marché en France ? En shôjô je suis passionnée par les œuvres de Io Sakisaka, pour moi cette auteure est juste incontournable.
En seinen, je vais devoir citer trois auteurs: Inio Asano bien-sûr, mais aussi Kazuo Kamimura... Je ne peux que conseiller la lecture de La plaine du Kantô, qui est une série passionnante. Enfin, je dirai Kengo Hanazawa pour I am a hero, un titre horrifique qui renouvèle le genre zombie.

Merci beaucoup pour cet entretien !

 
 
Interview réalisée par shinob. Remerciements à Christel Hoolans et au staff des éditions Kana.

Mise en ligne le 05/09/2016.

Interview n°1

A l'occasion de Japan Expo, nous avons eu le plaisir de rencontrer Christel Hoolans, directrice éditoriale chez Kana. Voici le compte-rendu de notre entretien...
Parmi toutes les informations, on peut pourra notamment relever la sortie en mars prochain des Pieds bandés, un one shot de Li Kunwu, l'auteur d'Une Vie chinoise.

Bonne lecture !
  
 
 
 
Manga-News: Bonjour Christel ! Vous représentez les Éditions Kana, l’éditeur manga du groupe Media-Participations pour cette interview. Pourriez-vous commencer par vous présenter en quelques mots ?
Christel Hoolans : Bonjour, mon nom est Christel Hoolans, je suis chez Kana depuis sa création, en 1996. J’ai débuté comme assistante éditoriale, puis je suis passée directrice de collection, puis directrice éditoriale adjointe, où j’alimentais un peu toutes les collections. Et aujourd’hui, cela fait 4 ans que je suis directrice éditoriale pour le manga. Je suis aussi directrice éditoriale adjointe pour Dargaud Benelux.


Alors que les éditeurs de manga commencent doucement à baisser leur production, ou du moins la maintienne, on remarque chez vous pour l’instant une politique inverse, avec une forte augmentation. On enregistre notamment 150 sorties en 2010 et 200 en 2011. Pourquoi en arrivez-là dans la situation actuelle du marché, qui est assez encombrée ?
En réalité, les sorties actuelles sont des licences que nous avons achetées très tôt. Avant, nous achetions après la sortie de cinq/six tomes au Japon, donc nous avions une bonne idée du sujet, et même de la durée de vie de la série. Aujourd’hui, dès le premier chapitre, il faut se mettre sur les rangs, même si on attend évidemment que le livre soit édité avant de faire une vraie offre de licence, ce qui nous donne évidemment très peu de visibilité sur l’évolution de la série et diminue la capacité de prévision sur son futur. Néanmoins, nous avons une vraie volonté de diminuer les sorties mensuelles, vous pourrez le voir en 2013, avec une nette diminution. Cependant, freiner les achats de licence est plus compliqué que cela en a l’air. Entre le jour où on se dit qu’on va baisser la production et le moment où on en voit les effets, il s’écoule au moins deux à trois ans. Un paquebot met plus longtemps à freiner qu’un yacht (rires). Et dans notre cas, nous avons beaucoup de licences à gérer. C’est plus facile pour un plus petit éditeur qui a moins de titres. Nous avons des séries très longues, hélas pour certaines. Car nous perdons beaucoup d’argent dessus. Mais c’est contractuel et respectueux de l’auteur et du lecteur, donc nous les menons à leur terme et nous allons honorer tous nos contrats. Cependant, il y a plein de séries pour lesquels je ne connais pas le nombre de tomes au final. Il y a une véritable volonté de freiner, mais ça prend du temps. Il n’est en tout cas pas question d’arrêter une licence en cours de route.


Vous avez perdu pas mal de parts de marché, notamment depuis que vous avez presque rattrapé la parution de Naruto et sortez donc moins de tomes. Y-a-t’il d’autres facteurs liés au marché ?
En fait, hors Naruto, nous enregistrons une progression. Nous ne sommes pas du tout en crise. Naruto pèse énormément dans notre catalogue, donc évidemment quand il n’y a pas de sortie ou qu’on passe de six nouveautés par an à trois, ça fait une différence dans les comptes. Cependant, si on perd au niveau des parts de marché par Naruto, on progresse malgré tout grâce à nos nouveautés.
 

Et quels sont les titres concernés ?
Ce qui nous fait progresser, ce sont des titres comme Pluto, Bakuman, Hunter x Hunter, Black Butler et Buster Keel. Pour nos dernières sorties, c’est un peu difficile à dire, c’est trop récent bien sûr. Mais ces séries-là nous font progresser, c’est certain.
 



L’éditeur Shueisha, via Kazé, est de plus en plus présent sur le marché. Il a été annoncé que Kazé aura dorénavant priorité sur tout le catalogue. Quel impact cela aura-t-il pour vous sur l’achat des licences ? Est-ce que cela va vous poser des problèmes, et comment comptez-vous rebondir par rapport à cela ?
Évidemment, je ne vais pas vous dire que ça nous fait plaisir. C’est pas super-drôle comme annonce. Maintenant, il faut relativiser. Dès le moment où Shueisha est venu s’installer en France, et avant cette annonce officielle, nous en avions déjà ressenti les effets. Par exemple, nous avons fait quelques offres qui nous ont été refusées. Alors bien sûr, nous n’avons jamais été prioritaires, comme peut l’être Pika chez Kodansha, entre lesquels il existe un vrai accord. Nous avons toujours été en concurrence avec d’autres, mais c’est vrai que nous avions (et avons toujours jusqu’ici) des relations rapprochées avec Shueisha. Donc depuis deux ans, nous avions ressenti un changement de direction et nous nous sommes déjà plus ou moins armés. L’annonce officielle n’a fait que confirmer une situation pré-existante.
Nous avons aussi d’autres partenaires que Shueisha. Il est vrai néanmoins que les titres Shueisha sont des tube-makers en puissance sur le marché francophone, même si aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas, sauf sur des séries historiques. Mais les temps ont changé et je crois que si on publiait Naruto aujourd’hui, il ne serait pas le best-seller qu’il est actuellement, je ne pense pas qu’il ferait un tel carton. La conclusion cependant, c’est qu’il va falloir trouver un best-seller ailleurs. Heureusement nous avons d’autres partenaires historiques et nous nous sommes un peu préparés. Nous n’avons jamais mis tous nos œufs dans le même panier. Pour finir, Kazé Manga ne va pas pouvoir éditer non plus toutes les séries de tous les magazines Shueisha. C’est juste infaisable, aucun éditeur ne peut le faire.
Kazé Manga va éditer en novembre un spin-off de Naruto, qui met en scène le personnage de Rock Lee. Nous nous étions mis sur les rangs, et c’est à ce moment-là qu’ils ont fait leur annonce officielle. Ca va donc être le cas de tous les spin-off s'ils ne sont pas de l’auteur original. Maintenant on le sait, et il va falloir aller chercher les best-sellers ailleurs, parce qu’il est clair maintenant qu’on n’a plus aucune priorité chez Shueisha. La question reste néanmoins sur ce qui fait un best-seller en France, parce qu’on le sait, un titre qui vend bien au Japon ne vend pas forcément bien chez nous. Donc il faut continuer à avoir un bon nez, et un peu de chance aussi. Je crois cependant que nous ne sommes pas les plus à plaindre dans le contexte actuel, Kana se porte bien ! Et nous avons cette volonté de calmer le jeu au niveau des sorties, tout en continuant à avoir l’oeil. Et de toute façon, rien n’est gravé dans le marbre avec les Japonais, donc ils peuvent changer d’avis aussi… Qui sait ?


Certains éditeurs ont réagi à cet état de fait, en faisant de la création par exemple, en travaillant directement avec des auteurs japonais...
Chez Kana, nous faisons de la création depuis très longtemps, et nous continuons à en faire, mais ce n’est pas le but ni le fond de notre catalogue. Généralement, nous reportons la création dans notre métier d’éditeur de bandes-dessinées, où là nous ne faisons que de la création. Donc nous avons moins tendance à mettre de la création dans Kana, parce que ce n’est pas le but de ce label. Par contre, nous le faisons suite à de belles rencontres qui nous donnent l’envie de faire un bouquin. Ne pas publier Li Kunwu, auteur de Une Vie Chinoise aurait été stupide parce que l’auteur est extraordinaire et qu’il raconte une vie extraordinaire. Et nous continuerons à travailler avec lui, notamment à travers  deux one shot à paraître l’année prochaine dont Les Pieds bandés à paraître en mars 2013. Nous avons également publié Junko Kawakami, Keiko Ichiguchi, Little Thunder...
Kylooe de Little Thunder a d’ailleurs gagné plusieurs prix dans le monde. En janvier 2013, nous publions le carnet de voyage en BD de Garu Terada en balade à Angoulême: Deux mangakas à Angoulême. Nous avons aussi fait des rencontres avec des auteurs japonais comme Toru Terada qui a collaboré avec Jean David Morvan et qui ont fait Le Petit Monde, qui a été publié chez Dargaud. Ou Huang Jai Wei, un auteur incroyable de la scène actuelle chinoise dont on a publié Zaya et qui est aujourd’hui publié chez Shueisha. Mais ça reste davantage de l’ordre du coup de cœur qu’une opportunité de développement commercial. Et puis, nous sommes assez atypiques par rapport à nos concurrents mangas, dont les éditeurs sont généralement en focus complet à 100% sur le manga.
  



Beaucoup d’éditeurs se tournent aujourd’hui vers le manga jeunesse, comme Kurokawa par exemple, et la meilleure vente de Kazé Manga est Beyblade. C’est donc un secteur prometteur, envisagez-vous de vous engager aussi dans cette voie ?
À titre personnel, je trouve cela super intéressant comme idée et je trouve malin d’aller dans cette direction. Néanmoins, chez Kana, ça ne fait pas partie de nos projets à l’heure actuelle. Nous avons fait des tests précédemment avec Mirumo, par exemple, mais cela s’est avéré un échec. Mais nous ne regrettons pas du tout de l’avoir édité parce que nous trouvons cette série géniale. Nous avons édité Doraemon aussi, qui lui est toujours en cours, et qui ne marche pas très bien non plus. Sans doute le côté old-school du dessin en rebute certains. Bref, à l’heure actuelle, nous n’avons pas l’intention de créer une catégorie pour enfants, non. Nous avons d’autres choses en tête.
 
 
Certains éditeurs, comme Pika, proposent déjà une offre numérique conséquente. Vous entrez dans cette voie avec Izneo. Quel est exactement votre position par rapport au numérique ?
Média-Participation est le premier groupe a avoir créé une plate-forme numérique en Europe pour la BD : Iznéo. Elle reste actuellement la première plate-forme européenne en numérique. C’est Média-Participation qui a fait l’investissement, mais Iznéo est aujourd’hui une société indépendante et représente 20 éditeurs francophones de bandes-dessinées, dont Kana depuis le début. Cette plate-forme existe depuis mai 2010, et toutes les créations Kana sont sur Iznéo depuis ce moment-là. Iznéo est vraiment comme un laboratoire, parce que c’est neuf et qu’il n’y a rien qui décolle particulièrement actuellement. Les lecteurs français ne semblent pas ou peu attiré par l’achat de livres numériques. Nous ne faisons pas de gain actuellement mais c’est un investissement indispensable si on ne veut pas vivre ce qu’a vécu l’industrie de la musique, qui s’est fait débordée par le numérique et finalement en est morte. C’est un des gros investissements de Média-Participation ces dernières années. Actuellement, nous n’avons pas les droits numériques des licences papier que nous publions. Maintenant que les initiatives ont fleuri un peu partout, les éditeurs japonais semblent tenter de les céder aux partenaires sur place. Donc ils s’y intéressent, ils observent, et ils prendront leur décision. Avec Shueisha, cela fait deux ans que nous travaillons dessus. Aujourd’hui tous les titres Kadokawa que nous éditons en papier sont également lisibles sur Izneo. Certains titres de Enterbrain également. Bientôt d’autres suivront.
Actuellement, les Japonais ne sont pas satisfaits de la qualité numérique proposée aux lecteurs européens. Ils souhaitent imposer leur format et leurs players. Ils ont raison sur le fond, la lecture de manga nécessite des players adaptés, qui lisent dans le bon sens, qui zooment dans le bon sens, qui permettent la double page à laquelle les Japonais tiennent beaucoup, à raison...


L’année dernière, le gouvernement de Nicolas Sarkozy promulguait une hausse de la TVA, et les éditeurs manga ont augmenté leur prix en conséquence. Aujourd’hui, le gouvernement de François Hollande prévoit de la baisser à nouveau. Est-ce que cela va changer quelque chose pour vous au niveau de votre politique tarifaire ?
Nous comptons parmi les éditeurs les moins chers du marché, avec Tonkam et Kurokawa. Même après l’augmentation due à la TVA, nous sommes restés les moins chers. Kana fait partie d’un groupe, et ce n’est donc pas Kana qui décide seul des hausses de prix, mais le groupe. Un avantage, si l’on peut dire, de cette augmentation de prix, c’est que cette hausse signifie aussi que nous ne devrons plus augmenter nos tarifs dans les prochaines années. Si on jette un œil en arrière, Kana a jusqu’ici augmenté ses tarifs tous les trois ans à peu près, et seulement de quelques centimes à chaque fois. Nous n’avons jamais fait des écarts de deux euros comme certains autres éditeurs. Et si on tient compte de l’augmentation du prix du papier, de l’impression, ce n’est vraiment pas démesuré. Néanmoins, sans l’augmentation de la TVA, nous n’aurions pas augmenté nos prix si rapidement après la précédente augmentation. Maintenant, nous avons été obligé de le faire, afin que le libraire n’ait pas à prendre en charge le prix de la TVA, surtout dans un marché qui se porte moyennement bien. Nous n‘avons pas décidé cette augmentation de gaieté de cœur, mais nous restions cohérent malgré tout.


Avec le label Kiko, vous comptez parmi les rares éditeurs de manga qui se positionnent sur des ouvrages plus culturels, et qui ne s’adressent pas uniquement aux lecteurs de manga. Est-ce que ce label parvient à trouver son public ?
C’est effectivement un label moins « public manga pur », c’est lu aussi bien par des fans de mangas que des gens qui ne connaissent rien en manga. L’idée derrière ce label, c’était un peu de nous faire plaisir. De nouveau, on y va plutôt au coup de cœur. Nous avons rencontré Keiko Ichiguchi qui nous a raconté toute l’histoire qu’elle a vécu au Japon, et nous avons bien accroché. Nous avons rencontré Philippe Buchet au Japon et il nous a écrit Petite épopée nippone. C’eut été dommage de ne pas l’éditer, non ? Le Japon en un coup d’œil, c’est un bouquin que nous trouvons extra, destiné aussi bien à ceux qui lisent du manga qu’à ceux qui partent au Japon ou rêvent de partir au Japon. Parce que c’est super rigolo et ce n’est pas un banal guide de voyage. C’est vraiment des coups de cœur, et le but derrière n’est vraiment pas commercial. Ce catalogue se construit vraiment au gré des rencontres et nous n’avons pas de plan bien précis derrière. Quand nous avons une opportunité intéressante, nous publions et c’est tout. Nous avons la chance d’avoir un best-seller, nous nous devons d’éditer des livres plus risqués. Et puis c’est le métier même d’éditeur. L’argent que nous gagnons grâce à Naruto nous donne l’opportunité de tenter d’autres choses qui nous semblent indispensables ou qui nous tiennent vraiment à cœur. Nous avons publié Kamui-Den, par exemple, en gros format, dans la collection Sensei. Nous nous doutions bien que nous n’allions pas faire un carton, mais c’est une des pierres angulaires du manga d’aujourd’hui, et ça nous semblait indispensable de le présenter au public francophone.
 
 
 
 
Vous avez lancé cette année deux titres atypiques, Bonne nuit Punpun et I am a hero. Comment se sont faits ces choix ?
La base de notre catalogue a toujours été le shônen, tout en gardant cette volonté de faire découvrir des choses très différentes, plus adultes en parallèle. Inio Asano est un auteur qu’on suit depuis longtemps et qu’on adore. Or, nous sommes toujours très fidèles aux auteurs que nous apprécions. Quand les Japonais nous le permettent évidemment… d’autant plus que Asano n’est pas toujours chez le même éditeur… Pour moi, Asano est un auteur incontournable, contemporain, qu’il faut avoir lu. Bonne nuit Punpun est déroutant il est vrai, différent de ce qu’Asano a produit auparavant. Très honnêtement, nous avons réfléchi très longtemps, nous avons d’ailleurs acheté la série quand elle était déjà très avancée. Mais nous aurions regretté de voir le titre édité par quelqu’un d’autre. C’est un peu un titre passerelle, qui peut intéresser les gens qui ne lisent pas forcément du manga. C’est un titre déroutant, peut-être compliqué, mais incontournable en ce qui me concerne. Asano a une façon de parler du Japon, de la vie contemporaine dans ce pays, il remet tout en question, il a un superbe trait aussi… Et puis l’histoire du garçon m’a beaucoup touchée. Le fait que le héros et sa famille soit sous forme assez abstraite est bien sûr déroutant, mais si on rentre dedans, c’est vraiment un excellent titre. Asano ose aborder des sujets dont on ne parle pas du tout au Japon, de façon assez crue, et je trouve ça extra, vraiment incontournable.
Pour I am a Hero, c’est vraiment un coup de cœur aussi. Si vous avez lu le tome 1, vous ne savez pas du tout où vous allez. Quand nous l’avons découvert, nous ne savions pas que c’était dans le genre zombie (même si ce n’en sont pas vraiment) mais nous avons flashé dessus et nous nous sommes dits qu’il nous le fallait. Le dessin est hallucinant, et son espèce d’anti-héros loser qui a l’air complètement cinglé… C’est plein de promesses et ça va t’emmener dans un truc de dingue. Et puis le retournement de situation à la fin du tome 1 a achevé de nous convaincre. J’ai adoré personnellement I am a Legend, aussi bien le livre que le film, donc je me suis fort retrouvé dans I am a Hero. Et puis l’auteur bouscule le genre zombie, dans la façon dont il découpe son histoire, ses focus, ses très gros plans, je trouve qu’il a une manière vraiment particulière de marquer le lecteur, qu’on aime le genre zombie ou pas. Je n’ai pas l’impression que c’est un titre vraiment casse-gueule, et jusqu’ici nous avons une très bonne presse.
 
 


Dans la même veine, un petit aparté sur Zettai Karen Children, nouveau shônen fleuve qui est sorti cette année. Malgré ses nombreuses qualités, il s’agit tout de même d’une série particulière, au trait un peu old-school et surtout fort longue et toujours en cours. Aussi excellente soit-elle, n’était-ce pas un peu risqué dans la tendance actuelle de sortir une telle série ?
En fait, c’est une histoire de contexte et de mise en perspective. Quand on commence à travailler sur une série avec un éditeur japonais, on ne peut plus faire marche arrière. Zettai Karen Children, c’est une énorme licence pour Shogakukan et nous avons commencé à la négocier il y a quatre ans. Après, une fois que l’accord aboutit, quelque soit la situation et le marché, tu te débrouilles, mais tu l’édites. Personnellement, j’aime beaucoup la série, peut-être que le côté old-school du dessin rebute quelques personnes, mais honnêtement, quand tu l’as lu, dans son genre c’est un titre très fun, très frais et très bien fichu. C’est des bonnes enquêtes, les gamines sont de vraies pestes bien comme il faut. Je trouve vraiment que c’est bien fait et assez dans l’air du temps.
 

 
 
Cette année marque le dixième anniversaire de Naruto. Pour l’occasion, vous avez fait paraître la version collector grand format de la série, qui couvre les 27 premiers tomes. A-t-elle reçu un bon accueil ?
Non. En tout cas pas à la hauteur de nos attentes. On pensait honnêtement que cela allait cartonner. Parce que c’est l’édition originale de Naruto, parce qu’il paraît sous ce format dans le Jump, parce qu’il y a aussi des goodies dans chaque tome, etc. En plus, c’est un tirage unique, donc limité, et c’était quelque chose qui n’avait jamais été fait. C’est vraiment un truc de fan. En plus, honnêtement, nous n’avons eu que des retours positifs sur l’édition, sur la qualité du papier... C’est vraiment un produit pour les fans, et les fans n’apprécient pas beaucoup que tu touches à l’original. Ils sont très regardants là-dessus. Nous avons donc fait un copié-collé. Cela a exigé un travail éditorial inédit, vu que nous n’avions jamais imprimé un livre comme celui-ci, contrairement à la Shueisha qui fait ça toutes les semaines. Par ailleurs, nous ne possédons pas les machines adaptées. Nous avons donc dû faire un travail de recherche sur la technique et trouver un imprimeur capable de le faire. La reliure aussi a demandé du travail vu qu’elle nécessite une technique spéciale. Donc ça a demandé beaucoup de boulot. Tout cela pour un prix de vente plutôt modique. Cette édition du collector s’inscrit dans une année tout au long de laquelle nous avons fêté les 10 ans de Naruto et qui est une grande réussite. Chaque mois de l’année a été rythmé par un événement autour de cette série phare et nous sommes globalement très contents du résultat.
Les versions deluxe quant à elles fonctionnent bien. Monster, malgré qu’il s’agisse d’une série assez ancienne, a bien marché dans ce format. Et là, c’était vraiment la version Perfect, avec des planches retouchées par l’auteur. Même si Urasawa est un peu une exception à la règle. La version collector de Naruto par contre, pour la France, c’est quelque chose qui ne colle pas avec la conception du manga et du livre en général. Il existe une version semblable pour Hunter x Hunter et Bakuman aussi, et il est envisageable qu’on retente l’expérience, mais sans doute autrement. Mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Ce n’est pas non plus un échec total. Loin de là. Mais c’est moins qu’attendu.
  
 



Vous êtes de plus en plus présent sur le net, via facebook, twitter, un blog, et évidemment le site internet et son forum. Est-ce que le lectorat est réceptif à votre grande présence sur le net ?
Déjà, nous sommes les premiers éditeurs à avoir créé notre propre site pour nos mangas, avant les années 2000. Nous nous sommes toujours construits autour de cet aspect communautaire, notamment le forum. Laisser les gens discuter librement, sans modérateurs, ce qui a toujours très bien marché. La nouveauté peut-être, c’est notre présence massive sur les réseaux sociaux. Nous avons le sentiment que notre présence sur ces réseaux apporte vraiment quelque chose. La communauté manga aime avoir l’info le plus rapidement possible. Donc ces réseaux apparaissent comme incontournables de nos jours. Dans notre politique de communication, ces moyens technologiques ont pris une importance considérable. Nous avons également ajouté à la panoplie web un site marchand sur Mangakana, qui a bien sûr du mal à rivaliser avec des structures comme Amazon, mais qui a tout son sens aujourd’hui. Cela reste de toute façon une très belle vitrine, pour nos mangas et nos dvds. Nous avons d’ailleurs une personne à temps plein qui travaille à ce niveau de la communication. Je crois qu’un éditeur aujourd’hui doit utiliser ces moyens, s’il veut rester visible. Par ailleurs, nous trouvons intéressant d’interagir directement avec la communauté. En étant installé en Belgique, nous sommes un peu décentrés et nous nous sommes peut-être un peu éloignés de ces gens-là, et même de notre réseau de libraires spécialisés, chez qui nous ne passons pas toutes les cinq minutes comme le font sans doute d’autres éditeurs. Cela nous semblait important de renouer les liens avec cette communauté.


Et une dernière question générale pour conclure : comment se profile la fin de l’année 2012 et le début de 2013 pour Kana ?
Nous avons déjà annoncé Master Keaton en version Deluxe à la JE et nous espérons le sortir début 2013. Gamaran qui est sorti en septembre est aussi un gros shônen pour nous, tous les gens qui l’ont lu l’adorent et on y croit beaucoup. On adore aussi Hiroyuki Takei, c'est pourquoi nous allons proposer les deux Jumbor Angzengban. Et puis un nouveau Jiro Taniguchi, Trouble is my business, sortira l’année prochaine. Et pour le reste, comme annoncé au début de cette interview, on calme le jeu. Nous profitons de nos licences déjà lancées et nous tentons de les soutenir, et qu’elles ne s’effacent pas dans la masse. Et bien sûr plein d’autres surprises, comme d’habitude.
 



Merci Beaucoup !
Merci !
 
 
Remerciements à Christel Hoolans, Emmanuelle Philippon, Gabriel Venet et aux éditions Kana.