Dossier Bilan Manga-News 2013 - Partie 2 - - Partie 2

Mouvances

Séries terminées

Avant de nous laisser porter par les nouveaux courants, regardons une derrière fois en arrière vers tous les titres qui sont restés à quai en 2013. Quelques sagas imposantes en auront abouti à leur conclusion, à l'instar de Negima, d'Air Gear, de Neuro ou de Prince du Tennis pour les plus jeunes, ou bien Free Fight, Gantz, Kurokami ou Team Medical Dragon parmi les lectures plus matures. D'autres, comme Shigurui, Bakuon Retto ou Gunslinger Girl, auront enfin touché au bout de leur voyage après des années d'errances, de rythmes inégaux.

Côté shonen, nous citerons également quelques phénomènes saisonniers, à l'instar du best-seller Judge, des nouvelles aventure du Great Teacher dans GTO – Shonan 14 Days, des histoires fantastiques de Dance in the Vampire Bund et Melty Blood, ou encore du très sympathique Samidare qui s'est forgé une certaine réputation dans notre rédaction.

Le shojo n'est pas en reste, avec quelques titres qui ont fait l'actualité pendant quelques années, tels que L'Arcane de l'aube, Papillon, Mitsuko Attirude, Immortal Rain ou My Lovely Hockey Club. Mais c'est aussi l'heure du départ pour des titres installés plus durablement, comme Otomen, Simple comme l'Amour, Puzzle, We are always, Tsubaki Love,... Citons également quelques titres plus discrets, tels que Shinobi Life, Blaue Rosen (saison 2) ou encore Namida Usagi, parmi tant d'autres !

Du côté du seinen, les conclusions se sont voulues plus rares, mais souhaitons tout de même bonne route aux enquêtes archéologiques de Dossier A, aux thrillers comme Freesia ou Le Berceau des Esprits, aux Mystères de Taisho, au très musclé Front Mission - Dog life & Dog Style comme au plus guilleret Happy !

La mélancolie est également de mise du côté de la nostalgie, avec la conclusion de l'édition Perfect de Kenshin chez Glénat ainsi que des rééditions chez Tonkam de Dragon Quest, la quête de Dai et de Wingman. Tonkam qui, avant de mettre en pause ce secteur, nous a tous de même permis de découvrir Hikari no Densetsu, ainsi que Q&A, titre certes récents mais du "toujours nostalgique" Mitsuru Adachi.

Hélas, cette poignée de titres relativement marquants ne représente qu'une infime partie du nombre de séries qui se sont achevées au cours de 2013, et pour la plupart dans l'anonymat le plus total. La raison est toute simple et se confirme d'année en année : la sur-saturation de nouvelles licences, couplé au fait qu'il s'agit pour la plupart d'histoires très courtes (5 à 10 volumes... pour les plus massives!) a pour effet de faire tomber les séries dans l'oubli, les unes après les autres, notre esprit vagabondant déjà vers les dernières nouveautés. Ainsi, dans quelques années, qui se souviendra d'Enma, de Kings of Shogi, de Virtus, de Monochrome Factor ou de Cloth Road ?

Entre shônens interminables qui mériteraient de partir depuis longtemps d'une belle mort, et titres évacués plus rapidement que dans un fast-food, le marché du manga offre définitivement un visage à deux vitesses, où un titre est rapidement oublié sitôt qu'il disparaît des étals de vente. Et cela engendre d'autres conséquences...

Fins de commercialisation et arrêts

En effet,il y a les fins de série, et il y a les fins... tout court. Et l'année 2013 aura vu à son tour de nombreux arrêts de commercialisation, signes d'un monde éditorial qui a besoin de vider les placards pour retrouver un peu d'espace. Le ménage de printemps le plus important reste sans doute celui de l'éditeur Tonkam, qui a délivré en avril dernier une importante liste d'arrêts, parmi lesquels des titres très emblématiques , avant de se raviser en proposant une nouvelle liste quelques heures plus tard (voir la news). Dans une moindre mesure, on retrouve le même beson d'air chez les éditeurs Taïfu, Soleil (principalement dans le label Eros), Delcourt (parmi la collection Johin) et Doki-Doki, ce dernier ayant toutefois donné rendez-vous à ses lecteurs à Japan Expo pour se procurer certains volumes des séries concernées. Et d'ici quelques mois, ce sera au tour de Kazé Manga, avec plusieurs titres du temps où Asuka ne faisait pas que dans le boy's love. Au milieu de ces nombreuses fins de commercialisation, les plus marquantes resteront celles d'Arms, de School Rumble, ainsi que celles des éditions simples de GTO, le Nouvel Angyo Onshi et Monster, qui ne sont à présent disponible qu'en version double ou deluxe. L'édition spéciale d'Ayako, réalisée pour les 25 ans de Delcourt,aura subi le même sort au début de l'année 2014.

2013 compte également quelques séries achevées en plein vol, la plus regrettée étant sans doute Broken Blade, publiée par Doki Doki. Suite à des changements éditoriaux au Japon, la série est passé entre de les mains de nouveaux interlocuteurs, refusant de travailler avec leurs homologues étrangers, d'où l'arrêt brutal de cette aventure. Il en est de même pour la série Larmes de Samourai, chez Soleil, éditeur qui a interrompu un autre titre cette année : +C Sword and Cornett. Mais la maison a édition a affirmé qu'il s'agissait d'une partie remise vers une réédition du titre. D'autres titres, où le succès n'a jamais été au rendez-vous et oubliées depuis longtemps, ont également arrêté leur parcours français, à savoir Je travaille dans l'animation (Taïfu), Les Triplées (Doki-Doki) et Maximum Ride (Le Lombard).

Ralentissements, accélérations et retours

La vie éditoriale connait également plusieurs rebondissement, au gré des succès, des échecs, des nouvelles stratégies,... qui impactent sur le rythme de sortie pour certaines licences. En 2013, deux trajectoires auront été particulièrement marquantes, l'une en bien, l'autre en mal. La première, c'est celle des éditions Pika, longtemps critiqué pour sa gestion très éparse des titres en difficulté dans son catalogue. Après s'être résolu à prendre les décisions qui fâchent en 2012 en interrompant certains titres, l'éditeur a déclaré qu'il maintiendrait un cap de deux volumes par an pour les séries encore dans cette situation. Un an plus tard, la promesse semble avoir été tenue sur la plupart des titres, à l'instar de Nodame Cantabile, Kekkaishi ou encore Alive Last Evolution. Par ailleurs, la maison d'édition semble avoir fait des choix éditoriaux bien plus judicieux, afin de ne pas sombrer dans le même cercle vicieux.

La seconde situation, c'est celle de Kazé Manga, qui au contraire paie aujourd'hui ses excès de gourmandise lors de son installation féroce en 2010. L'éditeur se retrouve ainsi dans une situation similaire à celle de Pika il y a quelques années, dans une proportion moindre toutefois, en devant gérer un catalogue très dense et empli de quelques poids morts. Ainsi, à l'approche de la rentrée, la maison d'édition annonça la mise en stand-by de quelques licences (Amatsuki, 07 Ghost, Dolls,...) afin d'y voir un peu plus clair. Mais elles feront finalement leur retour sur les planning du printemps 2014, après un temps d'attente conséquent pour la plupart.

2013 nous aura également offert deux faux départs assez importants, tout d'abord avec le shôjo Dreamin Sun chez Delcourt. Annoncé en juin pour une sortie programmé en avril, le titre a été plusieurs fois repoussé, avant d'être finalement mis en attente, du fait d'un problème entre l'auteure et ses responsables éditoriaux au Japon. L'autre arlésienne n'est autre que Les rois du rire, titre acquis par Tonkam en 2011, son adaptation française relevant d'un challenge colossal. Prévu pour mars, puis pour septembre et pour octobre, aucune nouvelle date n'est encore annoncée. Une blague à retardement ? Toujours chez Tonkam, citons également La Rose de Versailles -Kids, initialement programmé pour juin 2012, et actuellement fixée pour une sortie en mars 2014.

Rééditions

En parallèle des nouveautés, le marché du manga vit également de ses nombreuses rééditions, bien qu'au volume un peu moins important cette année : pour cette catégorie, on dénombre ainsi 130 volumes en 2013 (126 mangas et 4 manhwas) contre 158 en 2012 (152 mangas – 6 manwhas). Parmi ces titres, on distinguera une nouvelle fois plusieurs cas de figure.

Du côté de chez Glénat, on retiendra deux bouleversements qui auront changé la physionomie de quelques mangathèques. Le premier vient de Gunnm Last Order, réédité en version « noire » depuis le changement de crèmerie de la saga au Japon. Hélas, alors qu'il existe au Japon une édition Kôdansha proche de la précédente, les lecteurs français n'auront pu connaître la suite des aventures de Gally, à partir du tome 16, que dans l'édition noire, scindant de fait la collection en deux. Mais dans ce cas précis, il ne s'agit que d'un tracas esthétique... Du côté de One Piece, l'opération de reboot aura d'autres conséquences. Après un différend judiciaire avec l'ancien traducteur, la maison d'édition a décidé de rééditer la série en édition « originale ». Cette dernière opte pour une nouvelle adaptation conservant les noms originaux, là où la première s'était autorisé quelques libertés. Hélas, nous ignorions que cette nouvelle édition allait devenir la principale, mais il fallut se rendre à l'évidence à l'arrivée du tome 67, premier volume à être édité uniquement dans cette nouvelle version. Cela étant, les plus anciens acheteurs de la série ne sont plus à un bouleversement près, entre le changement de sens de lecture et l'apport des jaquettes en cours de route.

Dans un registre plus positif, deux autres rééditions, celles de Rozen Maiden chez Soleil et de Lawful Drug chez Tonkam, ont préparé le terrain en vue de l'arrivée de leurs suites respectives, à savoir Rozen Maiden Saison 2 et Drug & Drop. De son côté, Panini a présenté une nouvelle édition de Wolverine Snikt, surfant sur l'actualité cinématographique du mutant griffu et du retour de Tsutomu Nihei en France. Chez Kazé Manga, citons les annonces du retour de Très cher frère et du Fleuve Shinano dans la nouvelle nomenclature « Classic » initiée par Le Coeur de Thomas en 2012, sans oublier la réédition de Yellow du côté d'Asuka.

De son côté, Pika continue d'opérer à une refonte de ses best-sellers en édition double, avec pour le cru 2013 Negima et Tsubasa Reservoir Chronicle. Le marché des éditions Deluxe se fait quant à lui de plus discret, avec seulement deux lancements : Hokuto no Ken chez Kazé Manga (présenté en avant-première à Japan Expo pour la venue de Tetsuo Hara) et Gokinjo chez Delcourt. L'échec commercial de Hikaru no Go Deluxe explique peut-être la frilosité des éditeurs pour renouveler l'expérience, même si quelques projets semblent encore en discussion...

Artbooks

Si les lecteurs semblent réticents à aller vers les rééditions de titres phares, un autre marché a cependant émergé de manière remarquable après avoir fait l'objet de quelques tentatives épisodiques les années précédentes. 2013 a en effet été une année à artbooks, la plupart dédiés aux plus grandes licences du marché. Citons par exemple le Fantasia de Fairy Tail, le Soul Art de Soul Eater, le odds and ends de Pandora hearts ou encore l'Artbook Spice and Wolf.

Nous avons également pu contempler quelques ouvrages dédiés à des auteurs en particulier, le plus en vue pour l'année 2013 étant Pepita, hommage du célèbre Takehiko Inoue à l'architecte et sculpteur Antonio Gaudi. Une sortie évènementielle pour le salon du Livre, limitée à 2000 exemplaires. Dans un autre registre, les auteurs Daisuke et Shôi Sato furent mis à l'honneur par la sortie de Lightning Pop, recueil compilant les illustrations de Highschool of the Dead et de Triage X. Enfin, si Adekan est une série relativement discrète en France, le trait de Nao Tsukiji n'est pas passé inaperçu aux yeux des curieux, et Taifu a mis en avant le talent de cette auteure via la sortie de Nostalgia.

Dans le domaine de l'animation, nous pûmes également découvrir L'art de Mon Voisin Totoro, version française d'un ouvrage très célèbre, dans un élan de publications chez autour du célèbre film de Hayao Miyazaki par Glénat. Les jeux vidéo n'étaient pas en reste, via la sortie chez Pika de l'artbook Kingdom Hearts, en relation avec l'adaptation manga éponyme de la licence commune à Square Enix et Disney. Enfin, plusieurs fois repoussés dans l'année, suscitant toujours plus d'impatience, l'imposant databook Hyrule Historia, revenant sur tous les opus de la saga Zelda, a été l'évènement principal de cette fin d'année. Rapidement tombé en rupture de stock après un nombre impressionnant de précommandes sur internet, l'ouvrage sera prochainement réimprimé pour répondre à toutes les commandes.