Bilan Manga-News 2012 - Partie 3

Dans cette troisième partie du bilan, l'heure est venue, comme chaque année, de nous intéresser à ce qui a animé les différents éditeurs l'année passée.

Les poids lourds

On prend les mêmes qu'en 2011 et on recommence... ou presque ! A eux trois, ils représentent plus de 60% des ventes de manga en France en 2012.

Glénat

  
Leader désormais incontesté avec plus de 28% de parts de marché, Glénat a pu compter en 2012 sur la continuation de la consolidation de ses succès.

Tout au long de l'année, l'éditeur a su mettre en avant le phénomène One Piece, focalisant son attention sur la série d'Eiichiro Oda à Japan Expo, et amenant de nombreux nouveaux dérivés de sa série phare : les animes comics de Strong World, le roman Gyannzak inaugurant le "publishing roman" lié aux séries les plus appréciées de l'éditeur, l'artbook Color Walk 4, et le guide One Piece Green.
Bien que Bleach soit en baisse, la série a aussi eu droit à pas mal d'égards, notamment avec la publication de Memories of Nobody, de Bleach Official Bootleg, et de Bleach Unmasked.
Revenu avec son tome 22 cet été, D. Gray-Man a aussi eu droit aux honneurs avec la sortie de D. Gray-Man Reverse.

Derrière ces hits particulièrement exploités, il ne faut pas en oublier d'autres, comme les Gouttes de Dieu (qui reste dans les 10 meilleures ventes manga de l'année malgré une forte baisse), Claymore... sans oublier le phénomène Chi, qui connaît une montée considérable de ses ventes avec une progression de près de 40% ! Il s'agit là de la plus forte progression de l'année pour un manga, progression qui fait entrer la série parmi les 10 meilleures ventes manga de l'année.
Une autre série culte reste décidément indémodable, puisque Dragon Ball conserve encore de très bonnes ventes. Malgré une régression, la série d'Akira Toriyama reste 5ème meilleure vente manga de l'année.
Enfin, le retour tant attendu d'Evangelion après 4 ans d'attente n'est sans doute pas à oublier, Glénat nous offrant même une exclusivité mondiale sur cette série.





Au final, la position de leader de Glénat tient dans les ventes plus que confortables de quelques séries qui trustent le top des ventes manga en 2012 : One piece (premier du top vente), Dragon Ball (cinquième), Chi (neuvième), et les Gouttes de Dieu (dixième). Cela n'empêche évidemment pas l'éditeur de proposer de nouvelles séries venant en remplacer d'autres, et même de faire quelques coups d'essai.
Dans la collection shônen, on retient l'arrivée de Btooom!, meilleur démarrage de l'éditeur pour 2012, ainsi que le court shônen efficace Amnesia. La première moitié d'année voit se conclure le très sympathique Nanja Monja et Who is Fuoh?!, deux séries qui n'ont pas su trouver leur public, ainsi que Dr Slump Perfect Edition.

Côté shôjo, Monochrome Animals semble plutôt bien trouver son public, mais le coup de cœur de notre rédaction est venue de la découverte d'Ayuko, jeune mangaka qui a su nous charmer à travers ses deux one-shot Souvenirs de demain et Proche Horizon, ainsi que par la série The Earl and the Fairy.
Côté seinen, Sanctum a eu apparemment des difficultés pour percer, d'après Stéphane Ferrand (directeur éditorial de Glénat). Notons la conclusion dans la douleur de Narutaru, et remercions l'éditeur d'être enfin allé au bout de cette série casse-gueule.

Boostée par Chi, la collection Kids ne voit guère arriver en nouveauté que le livre de la Colline aux Coquelicots. Quant à la collection Vintage, elle voit se poursuivre courageusement Cyborg 009 et se terminer le cultissime Ashita no Joe (indispensable à tout fan de manga qui se respecte, on ne le dira jamais assez), avant de voir arriver en fin d'année la concrétisation d'un projet de longue haleine, avec la sortie du luxueux coffret limité et numéroté de 2001 Night Stories. Une première dans le domaine du manga en France !



 
 
En somme, 2012 paraît comme une année équilibrée chez Glénat. Pas forcément beaucoup de nouveautés, mais toutes les collections ont eu droit à leurs nouveaux titres. Et, surtout, l'éditeur est à nouveau parvenu à entretenir ses hits, comme en attestent les nombreux dérivés de One Piece ou la forte progression de Chi.

Pika

 
Derrière Glénat, deux éditeurs sont au coude à coude pour la deuxième marche du podium avec un peu plus de 16% de parts de marché. Toutefois, petit avantage pour Pika.

Pika en 2012, c'est tout d'abord la montée en puissance de Fairy Tail qui progresse d'environ 33% et devient la deuxième série la plus rentable en 2012 en passant devant Naruto, et deux des meilleurs démarrages de l'année, à savoir Kingdom Hearts et Billy Bat, respectivement quatrième et cinquième. Il faut le dire, l'éditeur au su profiter de la popularité de Naoki Urasawa et de sa venue à Japan Expo pour faire de Billy Bat un succès, et a su dénicher un beau filon via son partenariat avec Disney, qui nous amène nombre de séries courtes et de one-shot plus ou moins voués au succès (Kingdom Hearts et Kingdom Hearts - Chain of Memories en tête, mais n'oublions pas Princesse Kilala, L'étrange Noël de Mr Jack et Puchi no Nikki même si leur succès est beaucoup moins important).

Derrière, d'autres séries sont aussi là pour entretenir les fonds de l'éditeur. Lancé en grandes pompes à Japan Expo avec de nombreuses publicités et de nombreux cadeaux, Sailor Moon fait enfin son grand retour en France, accompagné de Sailor V. Gros succès, GTO Shônan 14 Days profite de la venue de Tôru Fujisawa à Japan Expo Centre et Japan Expo Belgium. Une venue qui profite également à GTO édition double et au lancement de Reverend D.
N'oublions pas les autres succès indémodables (Air Gear, Maid Sama, Negima...),et notons les rééditions qui rencontrent plus ou moins le succès, les fins de Dragon Head et des éditions double de GTO et Chobits étant compensées par l'arrivée de l'édition double du Nouvel Angyo Onshi et de l'intégrale de Grimms. Tout ceci étant un bon moyen d'offrir à des titres assez renommés une nouvelle visibilité, que ce soit avec succès ou non.


 
 
 
Voici donc pléthore de succès qui placent Pika dans une position avantageuse (l'éditeur enregistre une petite progression) et qui auraient pu aider la parution des séries moins populaires. Au lieu de ça, certains fans se prennent une douche froide somme toute attendue quand l'éditeur annonce l'arrêt de 7 seeds, Lord et Tetsuwan Birdy, et ces mêmes fans ont de quoi être horripilés par un rythme de parution qui reste chaotique pour de nombreuses autres séries.
Mais l'éditeur arrive peu à peu au bout de certains boulets estampillés Kôdansha (ce dernier étant le partenaire privilégié de Pika, il est sans doute plus compliqué d'en stopper les séries...) comme Darren Shan, certains titres refont leur apparition après une longue absence (Kurosagi, Maiwai, Pumpkin Scissors...), et à l'automne l'éditeur se décide enfin à communiquer un peu plus sur certains boulets (voir cette news). A force, Kings of Shôgi prend fin début 2013, la conclusion de My lovely hockey club (en stand-by depuis avril 2012) est programmée pour avril 2013, mais l'avenir reste nébuleux pour de nombreux autres titres...

Et tandis que les boulets sont gentiment plus ou moins mis entre parenthèses, l'éditeur offre à nouveau une déferlante de tomes 1. En plus de ceux déjà cités, nommons Papillon, Blaue Rosen saison II, Docteur Yôkai, Defense Devil, Faster than a Kiss, Rappi Rangai et Arago. Sans oublier Un Amour de Bentô, qui trouve rapidement sa conclusion, un peu plus tard dans l'année. De nombreuses nouveautés, compensées par quelques fins : Ga-rei, Sugar Family, Bloody Monday saison 1 (la saison 2 arrivant au printemps 2013), Saru Lock (après 6 années de publication), Kobato, et Kamichama Karin Chu saison 2 (Kamichama Karin, la saison 1, étant arrivée début 2013... Cherchez l'erreur).


 
 
 
Hormis cela, notons l'arrivée de l'éditeur dans le domaine du manga numérique où sont désormais disponibles Fairy Tail et les mangas français, ainsi que l'arrêt de commercialisation de la série Hammer Session en fin d'année.

En 2012, Pika a su brillamment exploiter, entre autres, son lien avec Kôdansha et son partenariat avec Disney pour se créer de nouveaux succès qui ont encore un peu plus conforté sa bonne position. Il est simplement dommage que ces succès ne soient pas vraiment utilisés pour soutenir un peu mieux certaines séries en difficulté. L'argent est gagnant, le lecteur est lésé.

Kana

  
Victime de l'espacement des sorties de Naruto (il n'y a plus que 3 tomes par an) et dans une moindre mesure d'une baisse aussi pour Black Butler, Kana régresse, et se doit alors de se trouver de nouveaux succès.

Pour cela, l'éditeur a pu compter sur le meilleur démarrage shônen de l'année, Buster Keel, sixième meilleur démarrage de l'année et en progression constante côté ventes. Côté nouveautés seinen, c'est I am a Hero qui perce petit à petit, les ventes cumulées de tous les tomes parus dans l'année faisant entrer la série dans le top 10 des nouveautés de 2012.
N'oublions pas le succès Bakuman, toujours présent, ainsi que la bouffée d'air frais apportée par Hunter x Hunter, qui connaît une année exceptionnelle puisque deux nouveaux tomes débarquent.

Malgré le ralentissement de Naruto, l'éditeur reste bien décidé à mettre en avant le jeune ninja, qui fête en 2012 ses dix ans de publication française. Pour l'occasion, Kana organise quelques concours, ressort les 27 premiers tomes de la série dans une édition collector qui ne rencontre pas le succès escompté (mais n'est pas non plus un four), et propose les artbooks de la série dans un coffret en fin d'année.
Enfin, ne sous-estimons pas les rééditions de certains séries qui ont fait la gloire de l'éditeur : Saint Seiya, Monster (bouclée à l'été 2012), Samurai Deeper Kyo, Yu-Gi-Oh!, même si ces rééditions connaissent des fortunes diverses.


 
 
 
En ce qui concerne les autres nouveautés et fins de séries de l'année, on constate un fort retour de l'éditeur sur le shônen. En effet, en plus de Buster Keel, ce ne sont pas moins de 7 nouveaux shônen qui débarquent : Yu-gi-oh! 5D's, Zettai Karen Children, Ratman, Red Raven (premier titre de Square Enix à sortir chez l'éditeur depuis Black Butler en 2009), Good Ending, Gamaran, et Jumbor Angzengbang (qui se termine dans la foulée). Aventure, comédie ou tranche de vie, old school ou plus moderne, surfant sur des thèmes en vogue comme les superhéros : il y en a pour tous les goûts.

Pendant ce temps, les autres genres sont plus déséquilibrés. Côté shôjo, les conclusions de Strobe Edge et Five sont tout juste compensées par les arrivées de Shirayuki et Piece. En plus d'I am a Hero, la collection Big Kana, dédiée aux seinen, voit arriver l'excellent Bonne nuit Punpun avant que ne s'achève un peu plus tard la Cité Saturne. Tandis que se terminent les pavés Kamui Den et Sabu et Ichi, la collection Sensei accueille le Chant d'Apollon et Maria. La collection Made In voit s'achever Kylooe et Xiao Ou (après un an et demi d'attente) et accueille une seule nouveauté : Bicycle 3000. Et le Japon en un coup d’œil débarque dans la collection Kiko.





Un constat semble donc s'imposer : avec le ralentissement de Naruto ou encore l'annonce de la priorité de Kazé Manga sur le catalogue de Shueisha, les éditions Kana doivent prendre en compte de nouveaux facteurs importants, et doivent probablement chercher de nouvelles solutions ailleurs. D'où, peut-être, un très fort retour vers le shônen (qui reste le genre le plus populaire) au détriment des autres genres et des autres collections. Les collections Sensei et Made In apparaissent moins fortes qu'avant, et l'éditeur ne semble plus en mesure de proposer autant de titres underground ou de séries d'auteurs qu'avant. Mais la volonté est toujours là, et Kana profite toujours de ses succès pour sortir des titres coups de cœur comme Bonne nuit Punpun ou à forte vocation culturelle comme Maria, et soutient toujours tant bien que mal ses nombreux boulets (Hayate, Gintama, Zipang, le Prince du tennis, Doraemon, Monju...), même si la solution des packs doubles tentée l'année précédente ne semble pas avoir marché puisqu'elle a été abandonnée. Et au final, l'éditeur propose toujours énormément de sorties, mais lors de notre interview à Japan Expo Christel Hoolans (directrice éditoriale de Kana, ndlr) a annoncé une nette diminution pour 2013. Affaire à suivre. Dans tous les cas, 2013 pourrait être une année charnière pour Kana.