Bilan Manga-News 2012 - Partie 3

Toujours là

Derrière les leaders, ce sont toujours des concurrents sérieux. Et là aussi, on prend les mêmes et on recommence, à peu de choses près.

Kurokawa

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Kurokawa a bien joué son coup en 2012, puisque trois de leurs nouvelles séries ont été annoncées en anime : Secret Service, Blood Lad et Nozokiana. Sans oublier les récentes adaptations animées de Magi et The Civilization Blaster, deux titres débutés en 2011 !

De manière générale, on peut dire que l'éditeur a du nez : Secret Service est le dixième meilleur démarrage de l'année, Blood Lad démarre bien, Nozokiana se classe directement comme le deuxième meilleur démarrage de l'histoire pour un manga érotique (le premier restant Step Up Love Story). Tout ceci grâce à une communication astucieuse : le premier peut toucher autant les filles que les garçons, le deuxième jouit d'une communication "anti-Twilight" bien trouvée, le troisième est brillamment présenté comme un thriller teinté de sexe.

Le talent de l'éditeur reste dans son choix de ne pas sortir trop de titres pour mieux mettre en avant chacun d'eux... et aussi dans son capital qui lui permet d'acquérir un blockbuster comme Resident Evil - Marhawa Desire. Et en parlant de blockbuster onéreux, un autre s'achève en 2012  : Saint Seiya Lost Canvas.





L'éditeur n'oublie pas non plus d'approfondir des bases solidement posées : les succès Soul Eater et le Prince des Ténèbres voient débarquer leur spin-off, Soul Eater Not et Waltz, la saga Ace Attorney se poursuit avec Investigations, et la saison 3 d'Ippo débarque. Le gros succès jeunesse Pokemon Noir & Blanc est conforté par la parution du one-shot Victini et Zekrom, puis par la venue des auteurs à Montreuil et en province en fin d'année. Et la populaire Hiromu Arakawa reste en tête d'affiche, la conclusion de Hero Tales étant accompagnée d'une réédition double du blockbuster Fullmetal Alchemist, histoire de patienter en attendant l'arrivée de Silver Spoon en février 2013.

Au final, Kurokawa arrive en 2012 à 10 nouveautés pour seulement deux séries finies, mais l'éditeur doit faire face au ralentissement d'un titre populaire comme Soul Eater (dont la parution japonaise est désormais rattrapée), et le fait intelligemment en faisant en sorte que les nouvelles séries trouvent leur public ou confortent certains succès.

Cerise sur le gâteau, la suite et fin de la réédition de Yotsuba, la gamine aux couettes vertes ayant visiblement su conquérir un nouveau public, et des cadeaux toujours aussi originaux et qualitatifs : mugs, jeu de cartes Saint Seiya, collector box Pokemon...

Avec un nombre de sortie qui reste stable d'année en année, beaucoup de moyens et une communication astucieuse, Kurokawa, malgré une régression, parvient à conforter sa place de quatrième du marché sans jamais inonder celui-ci.


  
  
 

Ki-oon

En progression permanente depuis 2008, Ki-oon franchit pour la première fois en 2012 la barre des 100 tomes, et en profite pour enregistrer une nouvelle belle progression en terme de ventes qui lui permet de s'emparer de la cinquième place du marché devant Kazé Manga.

Il faut dire que quand il s'agit de promouvoir ses titres, Ki-oon ne lésine jamais, comme l'attestent les expositions inévitables à Japan Expo sur Prophecy et The Arms Peddler, respectivement meilleur démarrage et troisième meilleur démarrage de l'année (The Arms Peddler se payant même le luxe d'être la nouveauté la plus vendue de l'année en cumulant tous les tomes parus).

Mais n'oublions pas tout le reste. Car en 2012, on a pu constater différentes orientations chez l'éditeur.

Tout d'abord, une sorte de retour aux sources, à la fantasy pure, avec l'arrivée de The Arms Peddler en même temps que le retour du très attendu Übel Blatt, le tout avec une communication rapprochant les deux séries. On voit ce que ça donne ! Retour aux sources également avec la réapparition de l'auteur le plus emblématique du catalogue Ki-oon : Tetsuya Tsutsui, invité à Japan Expo pour lancer en fanfare le futur meilleur démarrage de l'année, Prophecy.

Les autres courants ne sont pas oubliés : les "shônen shôjoïsants" made in Square Enix, très présents dans le catalogue de l'éditeur depuis Pandora Hearts, sont toujours de la partie avec Crimson Shell, Lost Paradise, Bloody Cross, A certain magical index et Undertaker Riddle. Quant aux titres-choc, sans concession, qui sont si chers à l'éditeur, ils se retrouvent à travers Front Mission (neuvième meilleur démarrage de l'année), Wolfsmund et Virtus. Un Tales of en appelant un autre, l'arrivée de Tales of Legendia bouche le vide laissé par la fin de Tales of the Abyss. Enfin, les titres tranches de vies rafraichissants façon Amanchu! trouvent un joli petit frère en Barakamon, œuvre bourrée de bonne humeur.



 
 
Ki-oon reste fidèle à ce qui a fait son succès, mais cela n'empêche pas l'éditeur d'afficher de nouvelles ambitions.
Parmi celles-ci, l'arrivée de créations originales en collaboration directe avec les auteurs, tout d'abord avec Prophecy, puis avec Roji qui ouvre une porte vers les séries jeunesse.
Puis, fort du succès de Bride Stories, l'éditeur décide de surfer sur cette tendance en affichant clairement son envie de toucher un public plus large, qui ne se limite pas au manga, en créant la collection Latitudes, vouée à proposer des œuvres dans un grand format à même de toucher un public orienté BD, un peu à la manière de la collection Écritures de Casterman. Et la collection est évidemment lancée avec les séries de Kaoru Mori : réédition de Bride Stories en grand format, mais aussi réédition d'Emma, série publiée la première fois il y a quelques années chez Kurokawa. En plus de cela, Ki-oon lance Gisèle Alain, manga classieux et esthétique sorti du même magazine que Bride Stories, et donc inévitablement comparé à ce dernier.

Enfin, la montée en puissance de l'éditeur se ressent également à travers ses liens avec les éditeurs japonais. Entamées en 2011, les relations avec Shôgakukan semble tranquillement se forger avec l'arrivée de Virtus. Quant au changement d'éditeur japonais de Blood Alone et la réédition française de la série en début d'année, elle pourrait ouvrir à Ki-oon les portes de Kôdansha, comme le laisse supposer l'arrivée en mars 2013 de Cesare, une série estampillée Kôdansha.

Côté fins de séries, en plus de Tales of the Abyss déjà évoquée, signalons Artelier Collection, Tripeace, Superior Cross, Conductor et Run Day Burst.

Il est impressionnant de voir l'évolution de Ki-oon année après année, encore plus en 2012. L'éditeur n'oublie pas les grands axes qui ont fait son succès, se lance dans de nouveaux défis, s'ouvre de nouvelles portes, et connaît une nouvelle progression en parts de marché. Mais s'il faut émettre quelques réserves, signalons une collection Latitudes qui semble peiner un peu à décoller, et le non-succès de Wolfsmund qui, d'après les dires de l'éditeur, est la seule grosse déception de 2012.
Où l'éditeur s'arrêtera-t-il ?


   
   
    

Kazé Manga / Asuka

Kazé Manga commence l'année avec le lancement de ses deux nouveautés phare : le shônen Kuroko's Basket et le shôjo Blue, qui semblent trouver tranquillement leur public. Mais l'essentiel semble se trouver ailleurs, l'objectif annoncé est de consolider les premiers hits en puissance, et cela passe par plusieurs points : sorties de spin-off et de titres d'un même auteur, création de cadeaux originaux, venue d'auteurs sur les salons.

Invitée à Japan Expo pour faire plaisir aux fans et consolider le succès de L'Arcane de l'aube, Rei Tôma a droit à l'automne à la publication de Mysterious Honey, courte œuvre romantique conçue il y a quelque temps. De son côté, l'auteure de Blue Exorcist, Kazue Kato, voit paraître à Japan Expo Time Killers, son recueil de nouvelles. Un mois plus tard paraît le one-shot spin-off de Beelzebub, sobrement nommé Beelzebub et autres histoires maléfiques. Tandis que se terminent Hokuto no Ken et Hokuto no Ken - La Légende de Toki, l'éditeur nous amène un autre titre de Tetsuo Hara, Cyber Blue. Et quelques mois après la fin en grandes pompes d'Ikigami qui a droit à une édition collector, sort le one-shot Kyo-ichi, œuvre de jeunesse horrifique de Motoro Mase. Dans le même ordre d'idée, la conclusion du shôjo populaire Happy Marriage s'accompagne de la sortie du roman, et une édition limitée voit aussi le jour. Quant à la série Le Chemin des Fleurs, elle marque le retour d'une grande figure du catalogue shôjo de l'éditeur : Ako Shimaki. Et régulièrement, tout ceci s'accompagne de cadeaux soulignant les titres-phares de l'éditeur : boîtes à bento shôjo, verres shônen...

Les œuvres multi-supports restent également une spécialité. La venue de Makoto Shinkai à Japan Expo est l'occasion de lancer les Enfants d'Agartha, spin-off sur papier du film Voyage vers Agartha. Tandis que l'anime sort chez Kazé, le manga de Tiger & Bunny débarque chez Kazé Manga.


  
 
 
Hormis cela, l'événement fut évidemment l'annonce de la priorité de Kazé Manga sur le catalogue de Shueisha, une suite logique des choses, déjà suffisamment abordée dans la partie 2 du bilan, et une décision qui se ressent déjà dans certaines nouveautés. Ainsi voit-on arriver dans la collection Kids Chopperman et Rock Lee, dérivés enfantins de Naruto et One Piece, qui arrivent au bon moment pour combler le vide laissé dans la collection par la fin de Beyblade. Dans le même ordre d'idée débarque Level E de Yoshihiro Togashi, un auteur que Kazé Manga n'avait pas l'habitude de publier.

Enfin, au fil de l'année sortent d'autres titres venant enrichir chacune des principales collection de l'éditeur. La collection shônen accueille Enigma, la collection Shônen Up The Moon Sword, la collection shônen game Sengoku Basara (dont l'anime sort en parallèle chez Kazé), la collection seinen voit sortir 7 Shakespeares et Japon 1 an après, et la collection Classic fait son grand retour avec le Coeur de Thomas, mais aussi avec la sortie de Blackjack deluxe 8 deux ans après le tome 7.

Au milieu de tout ceci, les lecteurs ont des sueurs froides pour quelque séries, notamment pour Moonlight Act, que les rumeurs mettent régulièrement sur la sellette, avant que l'éditeur ne se fasse rassurant en déclarant avoir trouvé un accord avec l'éditeur japonais pour continuer de publier la série. D'autres titres comme 07-Ghost ou The Qwaser of Stigmata voient eux aussi leur rythme s'espacer de plus en plus.

Côté fins de série, en plus de celles déjà évoquées, notons Full Moon, My Girl, K-on, Hatsukoi Limited, Cosplay Cops, Rainbow, et Shi Ki.


  
  
 
Au final, la consolidation de Kazé Manga semble bien suivre sa route, comme le laissent supposer certains autres signes : une petite progression dans la part de marché, le lancement de Kazé Manga en Allemagne, l'évolution dans l'édition numérique... et les victoires de Beelzebub et L'Arcane de l'Aube dans nos tournois shônen et shôjo !

Du côté d'Asuka, les choses se poursuivent à rythme correct malgré l'arrêt du Be x boy l'été après 15 numéros et 3 ans de publication, et plusieurs nouveau boy's love font leur apparition, comme Punch up, Crimson spell ou No secrets. Notons aussi le retour de Fleurs Bleues, dernière série non yaoi d'Asuka.