Bilan Manga-News 2013 - Partie 3

Toujours là

   
  
Derrière les leaders, ce sont toujours des concurrents sérieux. Et là aussi, on prend les mêmes et on recommence.
  
 

Kurokawa

Kurokawa en 2013, c'est assez peu de nouvelles séries, mais des nouvelles séries choisies avec intelligence. La première d'entre elles, c'est évidemment Silver Spoon ! La nouvelle série de Hiromu Arakawa a su séduire le public et se placer dans le top des meilleurs démarrages de l'année grâce à une promotion finement jouée et au nom de l'auteure, et alors que le sujet de base n'était pas forcément très vendeur. Le succès a été tel que l'éditeur s'est même décidé, en fin d'année, à publier Nobles Paysans, le récit en grande partie autobiographie de la mangaka.

Si 2013 fut l'année Silver Spoon chez Kurokawa, il ne faut pas oublier les autres nouveautés de l'année : la suite d'une saga populaire avec Saint Seiya Lost Canvas Chronicles, du shôjo enfantin avec Je t'aime Suzuki! ou plus mature avec Pureblood Boyfriend, du titre jeunesse à grosse licence avec Inazuma Eleven X-tra et Pokemon film 15, et la consolidation de gros succès avec la sortie de l'artbook de Soul Eater et du guide de Secret Service.
   
 
 
Pour le reste, l'éditeur a poursuivi toutes ses séries en cours sans broncher, tout en sachant les mettre en avant au moment opportun. On retient évidemment la venue de Hikaru Nakamura au Salon du Livre, ce qui a en quelque sorte concrétisé l'excellente implantation des Vacances de Jésus et Bouddha ces deux dernières années. Mais il faut également noter le décollage de Blood Lad !

Quant aux fins de série, elle ne sont qu'au nombre de trois : Inazuma Eleven, Ace Attorney Investigations, et Waltz. Celle annoncée de Soul Eater en 2014 risque de faire mal...

Avec un nombre de sorties qui reste stable d'année en année, beaucoup de moyens et une communication astucieuse, Kurokawa s'en sort toujours très bien.
 
 
   
   

Ki-oon

A grand renfort de campagnes du pub savamment huilées, les éditions Ki-oon parviennent encore et toujours à tirer leur épingle du jeu et à placer leurs nouveautés phares dans les bonnes ventes.

Ainsi, les quatre premières nouvelles séries de 2013 chez l'éditeur en ont été les meilleurs exemples.

On commence avec King's Game, une série qui, bien qu'un peu plus mature que Doubt ou Judge, est vendue comme une suite logique des deux succès de Yoshiki Tonogai pour quiconque recherche du jeu de la mort. Il était difficile de passer à côté de la promotion de la série, notamment d'un concours géant étalé sur 6 semaines ! Tout cela a évidemment abouti sur l'objectif visé : faire de King's Game le meilleur démarrage de l'année.
 
 
   
Le mois suivant, c'est un tout autre genre qui a été mis à l'honneur : l'Histoire avec une grand H, via Cesare. Portée par la venue de Fuyumi Soryo et Motoaki Hara au Salon du Livre, la série, que l'on attendait en France sans trop y croire, a confirmé l'arrivée de l'éditeur chez Kôdansha, et a su séduire les lecteurs de bande dessinée au sens large, s'inscrivant logiquement dans une volonté de toucher un public BD déjà aperçue avec la création de la collection Latitudes l'année précédente.
Avril voit arriver la troisième création Ki-oon qui est Ash & Eli, puis mai marque le retour du manhwa chez l'éditeur avec Warlord. Deux séries qui voient leur auteur invité à Japan Expo.
 
Pour le reste, Ki-oon a su jouer finement son coup. Green Blood, bien mis en valeur à Japan Expo, a fait un démarrage canon en se plaçant aussi dans le top des meilleurs démarrages de l'année, Pandora Hearts a de nouveau attiré les foules avec la publication du guide 18,5 et de l'artbook dans une superbe édition, et le grand retour de Übel Blatt a de nouveau réuni les foules, la série d'Etorouji Shiono restant le plus grand succès de l'histoire de Ki-oon.

N'oublions pas non plus les autres succès qui se sont poursuivis ou achevés, en tête Prophecy, meilleur démarrage de 2012, qui a trouvé sa conclusion en 2013, de même que Kurokami et Front Mission. D'autres titres bien installés, comme Bloody Cross, Barakamon, Jusqu'à ce que la mort nous sépare ou A Certain Magical Index, continuent de séduire les fans sur la longueur.
  
 
   
Le shôjo fut présent avec Alice au royaume de trèfle qui marche lui aussi très bien, le shônen a vu arriver Hell Hell, le seinen a accueilli La Main droite de Lucifer, la collection Latitudes a été entretenue par l'excellent Goggles, le registre pour enfants a vu arriver Lucika Lucika, et le dérangé Scumbag Loser vient compléter tout ça.

Ce qui est intéressant avec Ki-oon, c'est de voir sa diversification impressionnante en 2013 après les prémisses de 2012. L'ouverture aux gros éditeurs comme Kôdansha a profité à l'éditeur pour nous amener des titres que l'on n'espérait en France que silencieusement, Cesare en tête. La cerise sur le gâteau, pour beaucoup de monde, fut sans doute la réédition des œuvres courtes de Tsukasa Hôjô, tout au long de l'année, et qui se poursuivra en 2014.

Et côté fond de catalogue, l'éditeur peut toujours compter sur certaines séries terminées, mais dont le succès ne se dément pas. En tête, Doubt et Judge, qui profitent sûrement aussi du carton de King's Game.

Bref, en 2013, Ki-oon a une nouvelle fois su séduire, profitant de son ouverture aux grands éditeurs japonais pour nous surprendre avec des choix diversifiés et parfaitement mis en avant. Et l'année 2014 marquant le dixième anniversaire de l'éditeur, on peut déjà s'attendre à des surprises encore plus fortes, dont certaines ont déjà été annoncé, comme la venue de Kaoru Mori au prochain Salon du Livre, ou le lancement d'un tremplin manga.
  
 
     
     

Kazé Manga

C'est désormais une habitude, chaque début d'année voit Kazé Manga sortir son nouveau shônen fleuve, et en 2013, c'est Sket Dance qui a eu droit à cet honneur Mais il ne s'agira pas pour autant du meilleur démarrage shônen de l'éditeur cette année, cette distinction revenant au populaire Nisekoi, qui a pu profiter de l'adaptation animée pour décoller. A Nisekoi s'ajoutent deux autres démarrages fracassants : Terra Formars côté seinen, et Monster Hunter Flash dans la collection jeux vidéo. Notons aussi le shôjo d'aventure historique la Fleur Millénaire, et le superbe ouvrage Pepita surfant sur la venue de Takehiko Inoue au Salon du Livre, et l'on obtient déjà une petite palette de nouveautés assez variées et jouissant de leur petit succès.
  
 
  
A cela s'ajoutent plusieurs nouvelles œuvres profitant de succès bien installés. On a déjà évoqué Monster Hunter Flash qui profite évidemment de la popularité des jeux Monster Hunter, mais signalons également, côté jeux vidéo, Devil May Cry 3, dont le succès fut moindre.
Côté animation,  les Enfants Loups ont débarqué en manga à l'heure où le film sortait en DVD et blu-ray, et des titres jeunesse comme Beyblade Shogun Steel et LBX sont arrivés en fin d'année en surfant sur le succès des animes éponymes. Mais, surtout, il était difficile de passer à côté de la folie des Mystérieuses Cités d'Or qui semblait avoir happé l'éditeur, avec l'arrivée du global manga, la nouvelle publication du roman La route de l'or, pendant que la saison 2 du dessin animé faisait parler d'elle.
Enfin, l'édition deluxe de Hokuto no Ken arrive à point nommé pour la venue de Tetsuo Hara à Japan Expo.

Également, l'éditeur peut toujours compter sur certaines de ses séries en cours : les shônen-fleuve Kuroko's Basket, Blue Exorcist et Beelzebub sont toujours là, et l'Arcane de l'aube a droit à une dernière mise en avant avec la publication de son roman en même temps que la conclusion.
 
 
 
A cela s'ajoutent quelques autres nouveautés qui ont du mal à percer. Malgré son excellence et bien qu'il aurait pu profiter de son anime à succès, Kids on the Slope ne semble pas faire bouger les foules. Il faut dire que le style graphique est un peu éloigné des critères grand public, et que l'éditeur ne semble pas avoir su comment le vendre, comme ça avait été le cas l'année précédente pour 7 Shakespeares. A la rentrée sort Dr. Dmat dans ce qui se rapproche de l'indifférence générale, et il est encore trop tôt pour se prononcer sur le josei 2nd love.

Pire, il y a la question des nombreuses séries qui ont vu leur rythme de parution se rallonger ou devenir irrégulier. Moonlight Act, Rinne, Luck Stealer, Shikabane Hime... ne sont que quelques-uns des titres dont le rythme de parution est devenu aléatoire, alors même que certains, comme Luck Stealer, sont proches de leur conclusion. La situation est telle que Kazé Manga est même obligé d'annoncer la mise en stand-by de certaines séries comme Amatsuki, 07 Ghost ou Dolls... qui devraient faire leur retour dans quelques mois. L'impression qui se dégage de cette situation, c'est d'avoir un en face de nous un éditeur qui paie aujourd'hui la trop grande gourmandise qu'il affichait lors de son arrivée en 2010...
 
 
 
Et à cela s'ajoute les soucis internes dus aux aléas du poste de responsable éditorial de l'éditeur. Nommé à ce poste en tant que remplaçant de Raphaël Pennes, Josselin Moneyron décide finalement de quitter cette fonction quelques mois plus tard, et la situation ne s'est de nouveau stabilisée qu'avec l'arrivée de Mehdi Benrabah, ancien assistant éditorial chez Sakka.

Le constat de tout ceci, c'est que Kazé Manga ne manque pas de séries qui connaissent leur petit succès... mais qui ne suffisent clairement pas à concrétiser les grandes ambitions que l'éditeur affichait à ses débuts, à savoir se placer parmi les trois plus grands éditeurs français d'ici 2015. Sans compter les nombreux boulets que l'éditeur commence à se traîner... Les ambitions semblent devoir être revues à la baisse, et certains signes ne trompent pas, comme le fait d'avoir laissé filer chez un autre éditeur une série populaire comme Assassination Classroom, pourtant publiée par la maison-mère Shueisha.