Bilan Manga-News 2013 - Partie 3

Welcome to the Jungle

Akata

L'un des principaux événements de 2013 a été la fin de la collaboration entre Akata et Delcourt (pour plus d'informations, on vous invite à lire ou relire la deuxième partie du bilan), et cela a entraîné la naissance d'un nouvel éditeur : Akata vole désormais de ses propres ailes, et, toujours porté par la même équipe, affiche déjà son envie d'explorer de nouveaux horizons, tout en restant fidèle à sa politique éditoriale engagée.

Ainsi, en attendant la conclusion totale de l'aventure commune Akata/Delcourt en avril 2014, le tout premier titre publié par Akata à compte d'éditeur arrive en septembre 2013, il est taiwanais, et il s'agit de Seediq Bale, un roman graphique qui revient sur la plus courageuse et mémorable des révoltes de l'île, de Taiwan, celle entre octobre et décembre 1930 des Seediq, peuple aborigène (le plus ancien de l'île) qui a vaillamment résisté pendant plus de 50 jours à l'armée japonaise pourtant beaucoup plus nombreuse et perfectionnée.
Pour fêter la sortie de l'album, le tout jeune éditeur met les bouchés doubles, avec organisation de concours, expositions en France et en Belgique, et venue de l'auteur Row-Long Chiu dans ces deux pays pour des conférences et séances de dédicaces !

Un premier coup d'essai soigné et réussi, histoire de nous préparer à une année 2014 prometteuse, avec d'ores et déjà la sortie de Moi jardinier citadin, en janvier 2014, et le récent début de prépublication des Torches d'Arkylon, un global manga, sur le site Gamekult. Akata sera sûrement un éditeur à suivre de près dans les prochains mois.
  
 
  
  

Black Box Éditions

C'est en juin que la société Black Box, bien connue des fans d'animation, annonce son arrivée dans le manga avec la création de Black Box Editions, une société s’articulant autour d’un leitmotiv: un retour aux fondamentaux !

Cette collection de mangas se veut le reflet de ce qui a fait le succès de Black Box jusqu’à présent, à savoir des œuvres pour toutes et tous, et conserver ce qui a fait sa spécificité dans l'animation : la découverte de la richesse de la culture manga. Les premiers titres annoncés par l'éditeur alternent donc entre des genres peu représentés en France : le shôjo vintage avec trois oeuvres de Masako Yoshi (Comment ne pas t'aimer, Du haut de mon monde, et Manabu), une adaptation d'animé déjanté avec Abenobashi, du josei à fleur de peau avec Rock, Money & Education, et du seinen au sujet original avec Toutes nos condoléances.

 
 
Du côté de l'édition, l'éditeur s'applique à proposer l'intégralité des œuvres à une même date, et sort donc certains titres sous forme de pavés plus ou moins épais. L'identité visuelle se veut claire avec des tranches qui suivent une logique éditoriale, et le format proposé se veut grand avec du 14.5x21cm

S'auto-diffusant, l'éditeur propose essentiellement ses titres sur son site internet, où les précommandes sont généralement accompagnées de cadeaux de plus ou moins bonne qualité, comme des coffrets DVD ou des marque-page (bonne qualité), ou alors des photocopies de dessins de leurs auteurs sur du papier fin (qualité plus discutable...). Néanmoins, au fil de l'année la diffusion des livres s'est étendue à quelques sites de vente en ligne et à diverses librairies. C'est également la qualité d'édition qui s'est vite améliorée : après de gros problèmes d'impression floue et de marges gigantesques sur sa toute première série, Comment ne pas t'aimer, l'éditeur a su rectifier le tir en effaçant ces problèmes sur les titres suivants, bien que l'édition puisse encore paraître chère et dotée d'un grand format parfois inutile d'après certains lecteurs.

Quoi qu'il en soit, il faut saluer l'éditeur pour sa démarche d'éditions d’œuvres plutôt originales sur le marché français. Démarche encore aidée par des collaborations directes avec les auteurs (qui permet de zapper quelques intermédiaires) et par une certaine proximité avec les lecteurs, qui se ressent par exemple avec des débats thématiques régulièrement organisés.
 
 
    
   

Boy's Love - IDP

Le nom d'IDP, c'est un peu un retour d'entre les morts. Autrefois éditeur actif de DVD puis tombé dans l'oubli, le nom refait surface en juillet 2012, avec l'annonce de son lancement dans le manga, et plus précisément dans le boy's love. S'en suivent de nombreuses annonces d'acquisitions, qui nous font arriver à près d'une quarantaine de one-shot prévus à la fin d'année 2012.
 


L'éditeur intrigue dans un premier temps, de par son fonctionnement plutôt original : un système d'achat libre ou d'abonnement s'effectuant par son site internet, avec un système de packs de plusieurs titres à chaque nouvelle fournée, les titres revenant par ailleurs au petit prix de 4,99€, et étant ponctués de différents cadeaux qui sont souvent en vente séparée sur le site (comme des mugs). Une nouvelle qui en étonne plus d'un et laisse entrevoir des craintes quant à la qualité des livres, mais à la sortie des premiers titres en mars, la surprise est bonne, car les éditions sont plutôt de qualité et jouissent généralement de très bonnes traductions. Les sorties s'effectuent ensuite à bon rythme chaque mois, pour arriver à une cinquantaine d’œuvres différentes publiées dans l'année (la grande majorité étant des one-shot)... Et plus d'une quarantaine sont déjà annoncés pour 2014 !

Reste un problème, celui d'une ligne éditoriale imprécise. Pour amener autant de nouvelles œuvres, celles-ci sont sans aucun doute licenciées en gros, par lots, et les packs ne comportent aucune ligne directrice, aucun thème précis, et se révèlent de qualité très variable. La quantité prime sur la qualité, et à chaque nouveau pack, impossible de prédire à quoi s'attendre.

Dans tous les cas, cela n'arrête pas les fans et le succès semble au rendez-vous, tout du moins pour l'instant... car une telle avalanche de titres à la qualité variable ne risque-t-elle pas de saturer le marché de ce genre spécifique qui a déjà du mal à se renouveler ?
 
 
  
  

Isan Manga

C'est en fin d'année 2012 que l'éditeur Isan Manga a fait parler de lui pour la première fois avec l'annonce de son arrivée sur le marché du manga. Fondé par Karim Talbi, maquettiste dans le domaine de la BD et administrateur de l'Atep (Association des techniciens de l'édition et de la publicité) et Étienne Barral, journaliste et essayiste ayant travaillé pour des médias français et japonais, ce jeune éditeur cherche à se démarquer en publiant des titres qui s'inspirent du patrimoine mondial de la littérature et qui ont marqué l'histoire de la BD japonaise.

C'est dans cette optique que l'éditeur sort en février 2013 son premier titre, Roméo & Juliette, shôjo de Yumiko Igarashi qui revisite la célèbre pièce de théâtre de Shakespeare. Le mois suivant voit arriver Madame Bovary de la même auteure, et chacune de ces deux sorties combine le manga et l’œuvre littéraire d'origine dans un format luxueux.
  
 
 
Par la suite, deux autres œuvres sont au programme de 2013 : L'épée de Paros, toujours dessinée par Yumiko Igarashi, sort au moment où la mangaka est invitée à Lyon au salon Japan Touch. L'autre œuvre est un grand classique : Kamen Rider, la série originale de Shôtarô Ishinomori, dont les deux premiers pavés paraissent en juin puis en novembre, en attendant la suite et fin en 2014.

On note toutefois le report de la série le Disciple de Doraku. D'abord annoncé pour septembre 2013, le premier tome est reporté à la fin de l'année, puis à 2014.

Pour sa première année d'existence, l'éditeur s'offre également un petit stand à Japan Expo, où il offre en cadeau un ex libris limité de l'une de ses séries pour l'achat de n'importe quel volume de son catalogue (qui, à cette période de l'année, se limite à trois livres).
  
    
     
   

Rue de Sèvre / L’École des Loisirs

 
Dans sa volonté de diversification, la maison d'édition L’École des Loisirs, spécialisée à la base dans le secteur de la jeunesse, se lance à la rentrée 2013 dans la bande dessinée avec le label Rue de Sèvres. Pour ce faire, la maison d'édition accueille Nadia Gibert, ancienne responsable éditoriale de Casterman, qui a suivi Louis Delas, co-directeur général, après sa démission du poste de directeur général de Casterman en novembre 2012.

Du côté de la bande dessinée asiatique, c'est Mari Yamazaki qui ouvre le bal avec la parution en septembre du premier (et unique à ce jour) tome de Giacomo Foscari. En parallèle, on note l'arrivée sous le nom de L'Ecole des Loisirs de l'album pour enfants Réveillés les premiers!, conçu par Komako Sakai.

Depuis, l'éditeur continue de se développer, mais pour l'instant aucune autre oeuvre asiatique n'a été annoncée.
 
 
   
   
   

This is the end...

  

Kwari

En 2008, les lecteurs voyaient l'éditeur SeeBD s'écrouler sous sa gourmandise, sous ses tonnes de publications japonaises et surtout coréennes qui sortaient à un rythme beaucoup trop grand pour une telle structure. Toutefois, il n'avait fallu que quelques mois pour voir réapparaître René Park, directeur éditorial de SeeBD, à la tête d'une nouvelle maison d'édition : Samji, spécialisé dans le manhwa. Ne retenant pas les leçons apportées par l'échec de SeeBD, cette nouvelle maison d'édition, après avoir réussi à tenir quelque temps, disparut à son tour en 2012, la faute en partie à des publications dans tous les sens...

Après ce qui semblait être une parodie de SeeBD, on se demandait bien si feu Samji allait, à son tour, renaître de ses cendres sous un autre nom... La réponse arriva très vite, puisque toujours en 2012, à peine quelques mois après la fin de Samji, apparaissait (ô surprise !) Kwari, nouvel éditeur spécialisé dans... oh ben ça alors, le manhwa. Dans ses cartons de départ, on notait Dark Air, une série qui avait été annoncée quelques mois auparavant chez... Samji. Certains signes ne trompent pas.
 


Tandis que par-ci par-là, certains lecteurs s'amusaient déjà à parier sur la durée de vie de ce nouveau venu, Kwari tentait de tirer les leçons des échecs passés en proposant moins de sorties mensuelles... mais toujours autant de nouvelles séries, dont certaines relevaient de choix surréalistes (aaah, The Boss et sa soixantaine de tomes...). Malgré une volonté de faire dans l'éclectisme et certains titres vraiment très intéressants (comme Dark Air ou Ce que j'ai à te dire), le catalogue ne semblait pas vraiment décoller, et les dernières sorties en date ont finalement lieu en janvier 2013, avec la parution des deux tomes de Totally Peeking, par ailleurs bourrés de fautes sur leur premier tirage. Depuis, plus aucune nouvelle de l'éditeur, malgré les questions des fans sur une page facebook abandonnée... La mort de l'éditeur n'a jamais été officiellement annoncée, mais personne n'est dupe.

Record battu pour Kwari, qui aura tenu encore moins longtemps que Samji : même pas un an. Cette parodie de parodie d'éditeur laisse derrière elle de nombreuses séries inachevées, puisque seuls Core Scramble et Totally Peeking sont arrivés à terme.
Doit-on s'attendre prochainement à voir arriver un nouvel éditeur de manhwa... qui tentera à son tour de battre le record de la plus brève durée de vie ?
 
       
 
Dossier mis en ligne le 07/02/2014.
 
 
Sources:
- Les sites des éditeurs et leurs pages sur Facebook.
- Bilan 2012 de l'ACBD, Gilles Ratier, secrétaire de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande-Dessinée)
 
 
      

Dossier réalisé par Koiwai