Signes de fatigue
Bouteilles à la mer...
Après une longue période de progression, le marché du manga a connu un certain ralentissement sur les dernières années, et s'est à présent stabilisé avec un nombre de sorties quasi-identique à celui de 2010 (1520 titres mangas, manhwa et affiliés). Pourtant, comme nous le verrons dans le bilan éditeur, il y a bien plus de mouvement si l'on regarde dans le détail : alors que certains groupes comme Kazé Manga et Kana continuent d'augmenter fortement le nombre de titres édités, d'autres se rétractent avec une franche diminution pour mieux respirer dans l'avalanche des parutions (Akata/Delcourt, Pika,..). Cette tendance trahit également la concentration des éditeurs sur les séries les plus vendeuses, dans un marché où, comme nous l'avons vu précédemment, les grandes séries phares et succès de librairie ont de plus en plus de mal à se renouveler. Les acteurs modestes du marché seront d'ailleurs les premières victimes de cet immobilisme ne laissant que peu d'espace pour les titres en marge, et 2011 fut ainsi fatal à quelques maisons d'édition (12 Bis, Samji, Xiao Pan,...) comme nous le verrons dans l'ultime partie de notre trilogie récapitulative.

Afin de se délester de quelques poids financiers, la ronde des arrêts de commercialisation a également été très riche en 2011. Pour certains éditeurs, c'est surtout l'heure de dire au revoir à de nombreuses séries qui ont fait leur temps et qui ont su trouver leur public : cette année, ce fut notamment le tour de Kazé Manga de nettoyer son fond de catalogue de l'ère Asuka, avec des titres comme Le Chevalier d'Eon, Fool on the Rock ou Tensai Family Company. Ki-oon marqua également la fin d'une époque, avec la disparition de ses toutes premières licences : Blood of Matools, Kashimashi, Kazan,... L'éditeur se sépara également de titres ne donnant plus signe de vie même au Japon : Candidate for Goddess, No Man's Land et Twelve. Même constat pour Kurokawa se séparant de Midori Days, Emma, Kimi wa Pet et Genshiken (alors que la série a repris au Japon !), et pour Panini Manga avec l'arrêt de quelques titres au cycle de vie révolu (Planètes dans sa première édition, Nora, Galism...) mais aussi Honey Bitter, pourtant encore inachevé en France.

A l'instar de ce dernier titre, le manhwa Nabi fut lui aussi interrompu, faute d'un nombre de ventes vraiment insuffisant. Le fait est pourtant très rare chez Kana, qui stoppa aussi en 2011 les séries Basara, Paradise Kiss, Dolis et Mirumo. Soleil de son côté mit un terme à Bienvenue dans la NHK et Scrapped Princess, mais dut hélas se résoudre à la fin pur et simple de trois titres en cours : High School Paradise, Iron Wok Jan R et Full Set!. Pika étonna en arrêtant deux titres de Clamp en version simple : Card Captor Sakura et Chobits, ne laissant aux acheteurs que l'option de se procurer l'édition double. L'éditeur cessa également de produire Kaikan Phrase, Mail et Ha-Gun, trois titres pourtant relativement récents (en particulier Ha-Gun, édité seulement en 2009).


Pika est d'ailleurs le leader incontesté dans un autre domaine qui fait grincer les dents des acheteurs : les nombreux espacements de publications infligés aux titres en déficit. Déjà évoqués dans notre bilan de l'année précédente, les étirements de parutions de ses séries en difficulté ont vu leur situation s'aggraver, avec des intervalles pouvant atteindre six mois (Alive Last Evolution, Kekkaishi, Nodame Cantabile,...), un an (Mobile Suit Gundam - The Origin, Umisho,...), voire pire dans les cas les plus problématiques. Connaissant également de nombreuses séries en difficulté, mais avec des moyens bien moindres, Soleil Manga annonça également un planning rigoureux, en jouant quant à lui la carte de la transparence sur la situation de chaque titre. Dorohedoro tournera à deux volumes par an pour finir en 2013, Higanjima sera quant à lui à trois tomes, et Yaiba se finira en 2012. Moins souvent représentées sur les étals des libraires, de plus en plus oubliées dans les rayonnages et donc encore moins vendeuses, ces séries sont finalement bien happées dans le cercle vicieux annoncé, jusqu'à rester en pause pour une durée indéterminée en attendant une hypocrite "renégociation avec les japonais". On comprend bien que les éditeurs ne peuvent se permettre de sauver ses séries en les finissant rapidement à un rythme plus régulier sans se tirer une balle dans le pied, mais la situation est de plus en plus préoccupante pour les lecteurs qui se sentent logiquement floués. Comment en est-on arrivé là ? Quelles sont les finalités possibles pour ces cas problématiques, sinon la multiplication des arrêts définitifs pour des titres inachevés ?

Il faut que tu respires
Alors que la plupart des éditeurs utilisent la stratégie de la longue nécrose pour leurs échecs commerciaux, l'un d'entre eux a néanmoins décidé à contre-courant : il s'agit de Kana qui, plutôt de ralentir la cadence, a accéléré la parution de quatre titres en difficulté. Gintama, Dr Kôto, Prince du Tennis furent les premiers à en bénéficier, suivis quelques temps plus tard par Zipang. La méthode ? La publication des derniers volumes par pack de deux, à un tarif préférentiel et à un rythme relativement soutenu. En produisant les tomes par paire, l'éditeur y gagne et le lecteur aussi, puisqu'il retrouve plus de contenu à lire d'un seul coup et à moindre coût, tandis que la complétion de la série (où le rapprochement avec la parution japonaise) se voit accélérée. Tout le monde est content ! Du moins, en théorie, car en pratique, les titres ne sont toujours pas rentables pour autant pour l'éditeur qui se doit d'avoir les reins solides pour pouvoir soutenir un tel rythme. D'ailleurs, les plannings de Kana n'augurent pas forcement de la continuité de cette initiative, mais nous espérons qu'ils nous fassent mentir ! Quoiqu'il en soit, cette solution à court (ou long terme) pourrait amener d'autres pistes de réflexion pour les éditeurs.


Mais, comme le dit le proverbe : mieux vaut prévenir que guérir. Plutôt que d'essayer des solutions généreuses ou radicales, les éditeurs commencent à réfléchir pour une révision générale de leur modèle économique. Le marché du manga a besoin d'une large respiration, et c'est Akata/Delcourt qui annonce en premier la refonte de son rythme de publication. Dorénavant, chacun des titres en cours connaitra une parution bimestrielle sur ses quatre premiers tomes, puis trimestrielle par la suite. Ce nouveau schéma devrait ainsi donner plus de visibilité à leurs titres (en particulier les nouveautés), avec un renfort promotionnel à la clef pour chacun. Néanmoins, il nous semble que cette stratégie ne pourra porter pleinement ses fruits que si les autres éditeurs embrayent le pas, freinant à leur tour leur avalanche de sorties. On peut cependant saluer Akata/Delcourt pour cette optique nouvelle et courageuse dans un marché saturé, même si l'éditeur traine lui aussi quelques wagons à la traîne et manque d'une véritable locomotive pour mener la cadence.
L'autre grande mutation annoncée dans l'année, mais qui ne prendra acte qu'en 2012, est le revirement de Taïfu Comics qui enfin, fait son "coming-out" ! Depuis quelques années, ce n'est un secret pour personne : la maison d'édition s'est fait une spécialité du genre yaoi, en inondant le marché de one shot à la qualité inégale (loin devant Asuka, Tonkam et Soleil dans le genre). Si c'est une aubaine pour les (nombreuses) amatrices et les (rares) amateurs du genre (mais moins pour leur porte-monnaie), les lecteurs de la première heure auront pu se sentir lésés de voir les anciens titres de l'éditeur oublié au fin fond de son catalogue. Finalement, Taifu a finalement clarifié la situation en annonçant la création de son petit frère, Ototo. Ce nouveau label accueillera bientôt des titres shonen, shojo et seinen, tandis que Taifu se concentrera à présent exclusivement sur le yaoi (en se diversifiant au passage en créant une collection Yaoi Blue pour des titres plus softs). Pour marquer le coup, l'éditeur annoncera également le retour de vieilles licences, comme Je travaille dans l'Animation.


Enfin, dans ce marché qui est arrivé à une maturité morose laissant le soin aux éditeurs de réfléchir à leur remise en question, il arrive encore quelques miracles qui laissent la porte ouverte à tous les espoirs pour les titres en peine. Dans ce marché aux séries aussi rapidement mises en avant qu'oubliées, une petite fille aux cheveux verts à réussi à ressortir de l'ombre et à s'offrir une seconde vie éditoriale. Je veux bien entendu parler de l'irrésistible Yotsuba, qui a fait un come-back remarquable en 2011 grâce à un mouvement de sa communauté de fans (très largement représentée sur notre site et notre forum) ! Bénéficiant d'un très bon bouche à oreille et conseillée par de nombreux libraires, la série suscita la curiosité de nombreux lecteurs potentiels. Hélàs, du fait de son succès modeste lors de ses premiers passages en librairie, le tirage des volumes a été réduit en conséquence et il était devenu très difficile de se les procurer. Sollicité à plusieurs reprises par les adeptes de la série, Kurokawa décida de donner une seconde chance à la fillette. Ainsi fut lancé "The Enjoy Everithig Project", avec la réimpression des deux premiers volumes en octobre et novembre 2011. L'éditeur annonça néanmoins que le mouvement ne continuerait que si les nouvelles ventes étaient suffisantes... et c'est apparemment le cas, puisque les volumes 3 et 4 sont en cours de retirage à leur tour ! Yotsuba & ses fans, une histoire de passion qui prouve que rien n'est impossible !

Nous n'avons pas les mêmes valeurs
Un autre retour inespéré de l'année 2011 fut celui de Cyborg 009, premier titre du label vintage de Glénat et en pause depuis son quatrième volume en novembre 2009. Hélas, contrairement à l'engouement précédemment évoqué, la surprise fut d'une toute autre teneur lorsque fut dévoilée une exorbitante hausse de prix : sans crier gare, Glénat fit passer le titre de 10,55€ à 14,95€, et quelques tomes plus tard, il changea de format pour un support moins luxueux, mais au même tarif ! Si l'augmentation est bien difficile à avaler, l'éditeur justifie cette lourde décision au vu d'un nombre de ventes particulièrement catastrophique. Avec une telle inflation, le titre se ferme de facto aux hésitants et risque de perdre la majeure partie de ses rares acheteurs, mais Glénat espère qu'ainsi le titre sera rentable grâce aux derniers téméraires. Merci de votre fidélité ! La situation catastrophique de la saga de Shotaro Ishinomori n'est finalement qu'un symptôme de plus des choix éditoriaux réalisés sans une réflexion à long terme : n'y avait-il vraiment aucune alternative à proposer pour sauver cette œuvre, en choisissant à la base un format plus adapté ? Par le biais de son label Sensei, Kana a pourtant prouvé qu'il était possible de faire du vintage à moindre coût via des volumes compilés...

Hélas, pour un lecteur expérimenté qui aurait envie de s'essayer à des genres plus confidentiels, il est bien difficile de s'y essayer sans alourdir la facture. Bien au-delà des formats standards trouvables à la pelle et un cran-dessus des rééditions, le marché du manga vintage et alternatif s'est rangé dans sa propre niche... une niche bien luxueuse ! Afin de rendre ces titres suffisamment rentables, les maisons éditoriales ont décidé de mettre en valeur ces œuvres atypiques en leur offrant un statut proche du "beau livre". Grand format, couvertures cartonnés, différents effets sur la couverture, papier glacé, pages couleurs,... Ces ouvrages marquent leur différence en s'éloignant du public manga pour se rapprocher des lecteurs de franco-belge. L'orientation est louable, mais bien difficile à suivre dans sa globalité ! Malgré leurs prix élevés, ces différents ouvrages ont néanmoins le mérite d'être d'une excellente qualité.... Mais ce n'est pas toujours le cas ! En effet, 2011 nous a également réservé quelques tentatives éditoriales nous laissant perplexes : A Lollypop or a Bullet, Hotel ou encore La fin du Monde avant le lever du jour se sont permis, sous le crédit de leur originalité, de s'afficher avec un prix en désaccord avec leur format standard, qu'il est bien difficile de justifier. Peut-être devons nous y voir une tentative des maisons d'édition pour sonder le public potentiel : si les lecteurs répondent à l'appel avec de tels tarifs, pourquoi s'en priver ?

Le manga, un loisir de luxe lorsque l'on veut sortir des sentiers battus ? Devant la flambée des prix des titres en difficulté ou "différents", la question reste ouverte, et devrait peut-être trouver une réponse en 2012 avec la hausse générale due à la TVA. Le point d'orgue de cet élitisme de collectionneur sera sans nul doute atteint avec la sortie de 2001, un recueil d'histoires dans une finition unique et d'un tarif inabordable pour le lecteur moyen. A 45€ le tome et 99€ le coffret, qui dit mieux ? Faites vos jeux, rien ne va plus !
Vers d’intrigantes perspectives...
Des tentatives vaines, ou à renouveler ?
Outre sa stabilisation et ses valeurs sures ou refuges, le marché français du manga essaie tout de même d'aller vers une pointe d'innovation, quitte à reproduire parfois les mêmes erreurs plusieurs fois . Qui sait, ces nouvelles tentatives seront peut-être les bonnes ? Parmi ces différentes pistes, la prépublication a fait son grand retour en 2011 avec deux nouveaux essais (outre les chapitres de Gate 7 dans Animeland et de Garôden dans l'équipe Mag, précédemment évoqués dans ce compte-rendu). Ce système japonais a en effet été éprouvé plusieurs fois dans l'hexagone, avec des essais plus ou moins concluants, de la grande époque du magazine Kaméha, des demi-volumes de Glénat disponible en kiosque jusqu'au Shonen Magazine de Pika, au Magnolia de Tonkam et au Be x Boy d'Asuka, dernier grand succès du genre même s'il s'est vu lui aussi fortement ralenti.
Cette année, ce fut donc au tour d'Ankama, fort de l’acquisition de ses premières licences nippones, d'annoncer un projet particulièrement ambitieux : Akiba Manga. Plutôt que de miser comme ses prédécesseurs sur des titres existants, ce nouveau venu proposa un système "à la japonaise", en présentant des titres totalement inédits. Au sommaire du premier numéro, sept titres, scénarisés par des auteurs français et illustrés par des japonais, virent le jour pour rentrer dans une large compétition soumise au vote des lecteurs. Les meilleurs finiraient en volumes reliés tandis que les plus mauvais étaient promis à une implacable disparition. S'il y avait de quoi être emballé au départ, la lecture du premier opus aura pu nous laisser bien plus mitigé devant l'amateurisme de l'ensemble (les auteurs étant de véritables inconnus). Pour étayer le tout, Akiba Manga proposait également différentes rubriques (chroniques, reportages, présentations du monde du fanzinat, culture jap'...) ainsi que quelques exclusivités (comme une nouvelle réalisée par Shingo Araki). Hélas, malgré une petite communauté d'adeptes prompts à soutenir leurs chouchous respectifs, le mensuel eut bien du mal à trouver son public, et tenta alors d'améliorer sa formule en bouleversant constamment les règles établies. L'éditeur peina à trouver la bonne formule face à l'échec (prévisible), et ce qui devait arriver arriva : après l'annonce en septembre d'un passage à un rythme trimestriel qui laissa perplexe les fidèles, l'aventure Akiba Manga s'arrêta sans autre forme de procès. Bien loin de pleurer l'ensemble des titres présents (hormis peut-être Terminus), le magazine nous laisse quelques regrets et une certaine déception par rapport à la promesse initiale.

L'autre éditeur à s'essayer à la prépublication en 2011 fut Vegetal Manga, en proposant dans son Daruma Magazine un contenu "indépendant", dans la mouvance de ses différentes productions. Le constat est encore pire que pour Akiba, et cette publication fut entrainée rapidement dans la mise en pause générale des activités de l'éditeur. Cela dit, l'échec du Daruma était autrement plus prévisible : hormis son contenu de fond alternatif, s'adressant à un public très ciblé, la revue n'avait rien de séduisant avec son format modeste et une mise en page d'un autre temps. La carrière du Daruma relève donc de l'anecdotique, restant sur un troisième volume paru en aout sans donner de suite pour l'instant, malgré une fois encore son initiative fort louable.


Pourquoi le modèle de prépublication ne marche-t-il pas en France ? La question reste ouverte, mais la réponse ne semble pas être dans le contenu même : qu'il s'agisse d'importations de productions purement nippones ou de créations franco-japonaises, rien n'arrive à accrocher un public de fidèles suffisamment massif. Quant aux mangas français, il ne faudra pas non plus compter sur Les Humanoïdes Associés, qui eurent, eux aussi, tenté l'aventure avec le Shogun Mag. En effet, l'éditeur décida en 2011 de couper les ponts avec l'ensemble de ses "global manga". Les rares titres à ne pas avoir été stoppés sans autre forme de procès ont ainsi trouvé une conclusion plus ou moins forcée à l'automne, comme Satori, ou Omega Complex (réduit en trois volumes). Pourtant, n'enterrons pas trop vite le manga français, qui a encore du temps pour pouvoir s'installer. S'il faudra rester patient pour découvrir les nouvelles productions d'Aqua Lumina, les productions françaises savent aussi taper dans l'oeil de grands éditeurs, dont Pika depuis quelques années (avec Dreamland, Vis-à-Vis, Catacombes et Necromancer) et Tonkam aujourd'hui avec Memento Mori, bien qu'il s'agisse officiellement de "BD d'inspiration manga".


Du côté des productions françaises, nous remarquerons également l'essor de l'auto-édition, avec des artistes venus du milieu du fanzinat voulant voler de leurs propres ailes. Clover Doe (auteure de Chocolat x Noisette et fondatrice de Kejhia), Dimitri Lam (auteur de Josh et co-fondateur de Babylon Chronicles) ou encore E.D et K YAT de Head Trick, nombreux sont ceux qui franchissent le pas de la professionnalisation en ayant un contact direct avec leur public. Si ces productions peuvent pour l'instant paraitre confidentielles et ont du mal à accéder aux étals des librairies, elles savent néanmoins toucher un lectorat de plus en plus grandissant. Head Trick reste d'ailleurs le succès le plus conséquent, et a même failli s'exporter sur l'archipel nippon... Qui sait, dans quelques années, si l'élève ne dépassera pas le maitre ?

La dématérialisation du livre : utopie ou avenir ?
Avec la montée en puissance du marché des smartphones, tablettes et autres e-book readers, un autre marché a décidé de poindre le bout de son nez en 2011 : le manga numérique. Jusqu'ici, le marché du manga dématérialisé est resté encore très confidentiel, et certaines boîtes s'y sont cassées les dents. Ce fut d'ailleurs le cas de la maison d'édition Mangako qui, après avoir mis en avril son catalogue en accès gratuit, ferma définitivement ses portes en septembre en exprimant quelques regrets évidents. Tandis que certains partent, d'autres arrivent, et c'est l'éditeur Amilova qui s'émancipa cette année, proposant sur sa plate-forme de nombreux titres BD, comics et mangas réalisés par de jeunes artistes en plein essor, dans un esprit assez proche de l'univers du fanzinat précédemment évoqué.

Outre cet aspect découverte, la percée du manga numérique s'explique aussi par la poussée des éditeurs japonais voulant proposer cette alternative hors des frontières de leur archipel. Ainsi fut lancé en aout le site JManga (www.jmanga.com), plate-forme de vente de titres dématérialisé à destination du public nord-américain, avec la participation de nombreux acteurs du marché japonais (Shueisha, Kodakawa, Enterbrain,...). En France, l'éditeur Square Enix propose sur son Manga Store de nombreux titres de son catalogue licenciés en France (FullMetal Alchemist, Soul Eater, Bamboo Blade, Ubel Blatt,...). La Shueisha passe quant à elle par sa filiale française, Kazé Manga, et propose depuis novembre quelques titres sur son iBookstore : une sortie évènementielle avec le 2ème tome de Gate 7, mais aussi un choix plus atypique avec Summer Wars, La Traversée du Temps, le Fleuve Shinano ou encore Tensai Family Company, ce dernier étant en arrêt de commercialisation dans sa version papier ! Du côté des éditeurs français, le procédé reste encore très rare (Twilight chez Pika, Sans même nous dire au revoir publié chez Kana et disponible sur Izneo,...), pourtant les réflexions sur ce nouveau modèle sont lancées, comme le témoigne Glénat dans sa newsletter de juin : "C’est un sujet vaste qui occupe en ce moment nos discussions avec nos partenaires japonais. [...] C’est un marché naissant, où tout est à construire".

On comprend aisément les précautions prises par le milieu éditorial quant à la question du numérique, devant la mauvaise image que s'est donnée cette alternative jusqu'ici : en comparaison avec le support papier, l'offre dématérialisée reste encore très onéreuse. La plupart des lecteurs de manga reste très matérialiste et attachée aux livres venant encombrer leurs étagères... mais c'est aussi ça, la joie d'être un collectionneur ! De plus, le plus grand risque pour les éditeurs est également dû au piratage : là où le scantrad fait déjà des ravages, on se doute rapidement du sort qui peut être réservé aux versions électroniques des adaptations francophones. Mais même si le manga papier a encore de très beaux jours devant lui, l'essor des technologies nouvelles amène à une profonde réflexion vers cette nouvelle option. Après tout, la dématérialisation fait déjà bien des adeptes dans d'autres loisirs, notamment dans l'animation, comme nous allons le voir dans notre prochaine section.
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De Natsu67 [256 Pts], le 25 Février 2012 à 16h43
De Tianjun [5081 Pts], le 06 Février 2012 à 12h55
Un grand merci à tous pour vos compliments et vos précieux commentaires !
Je vais aller corriger les quelques erreurs factuelles que vous avez pu relever. Pour le reste, je rappellerais que notre bilan MN se construit à partir de l'ensemble des impressions de nos rédacteurs sur l'année passée, d'où l'accentuation mise sur certaines tendances qui nous ont marqué.
Ainsi, le fait que le shojo soit peu évoqué est dû peut-être au fait que la rédaction est majoritairement masculine, mais aussi car, à notre sens, aucune tendance particulière ne s'est vraiment démarquée de ce côté-là, hormis peut-être le prolongement de la mode gothico-vampire-majordome entamée en 2010 (mais dont nous avions fait l'écho dans le précédent bilan).
Quant à l'aspect pessimiste du bilan, eh bien oui, on ne peut pas crier à l'enthousiasme lorsque le marché stagne, qu'il va vers des pistes moins risqués et que l'originalité souffre de ralentissements ou de hausses de prix. Maintenant, j'ai essayé de ne pas occulter la position des éditeurs dans mon analyse.
Rendez-vous en 2013 pour un bilan 2012 autrement plus positif ? Je ne demande que ça ! =D
De ikuko [1857 Pts], le 05 Février 2012 à 19h21
De ragondin [197 Pts], le 05 Février 2012 à 17h43
De ragondin [197 Pts], le 05 Février 2012 à 17h43
De ragondin [197 Pts], le 05 Février 2012 à 17h43
De TORTANKMASTER [693 Pts], le 04 Février 2012 à 21h03
Bien écrit et très intéressant !
De yumebykira [1720 Pts], le 04 Février 2012 à 19h05
Très bon dossier :)
De Luciole21 [2209 Pts], le 03 Février 2012 à 23h04
De Hitsuji [5905 Pts], le 03 Février 2012 à 21h56
Bon dossier, très complet, toutefois un peu pessimiste sur l'état actuel du marché manga, mais bon. ^^"
De Happy [2762 Pts], le 03 Février 2012 à 17h46
J'ai trouvé ça très bien que certains éditeurs ait joué le rôle d'intermédiaire et on aussi soutenu les japonais en finançant des aides humanitaires c'est sympa de leurs parts.
De Natth [2588 Pts], le 03 Février 2012 à 13h28
Un excellent dossier, très complet. Je ne me fais définitivement plus d'illusions pour Panini. Le manga n'étant pas leur principale ressource, il n'est là que pour rapporter des euros en plus. Autant dire qu'ils se fichent totalement de l'avis de leur clientèle. Pour Taïfu, il ne va pas publier exclusivement du yaoi, mais aussi du hentaï et du yuri (enfin, on espère pour le yuri XD).
De Yumemi [3752 Pts], le 03 Février 2012 à 12h05
Très bon dossier, un peu négatif peut-être (c'est l'actualité qui veut ça), mais c'est bien d'avoir évoqué le boom du simulcast (dans le cas de Dybex, on peut aussi parler de simulcast, une petite semaine d'attente, ce n'est rien du tout)
Je suis toujours aussi choquée que Panini n'ait pas donné d'explications sur la fin de "Honey Bitter" en France.
Par contre je regrette l'absence d'un paragraphe dédié au shoujo (mentionné dans la partie "sport", mais une colonne à part aurait été sympa).
De Steph121 [1069 Pts], le 03 Février 2012 à 11h29
Bon résumé, ce que je retiens surtout (outre l'année One Piece) ce sont les 2 erreurs de Kurokawa : fin de commercialisation d'Emma (alors que Bride Stories connait un grand succès ouvrant les porte d'un nouveau lectorat à la série) et Genshiken qui vient de reprednre au japon (c'est plus une déception en fait).