Quand Simplicité rime avec efficacité
Le shonen décomplexé
On croyait avoir tout lu en shonen, on croyait avoir fait le tour du genre, et jusqu’alors c’était en grande partie vrai : difficile de passer après des poids lourds qui ont marqué à jamais le style et laissé des empreintes indélébiles, en posant les codes du genre à respecter ! Difficile également de passer après les gros hits qui entraînent tout avec eux et laissent finalement assez peu de place aux autres, plus discrets ! Dragon Ball, Saint Seiya, YuYu Hakusho, Jojo's Bizarre Adventures, Naruto, One Piece, Bleach… pour ne citer qu’eux. La grande majorité des shonens qui sont arrivés par la suite n’ont fait que reprendre les mêmes codes, les mêmes schémas : parcours initiatique, orphelin (ou presque) voulant rattraper une image paternelle, fraternelle ou plus généralement un modèle, phases d’entraînements plus ou moins longues, tournois, force de l’amitié et de l’amour, premiers ennemis qui deviennent des alliés, pouvoirs variés, luttes en binômes…on peut prendre n’importe lequel de ces éléments, on le retrouve dans tous les shonens, ou presque !
Et si 2011 avait changé la donne ? Cette année a vu apparaître des titres novateurs, car oui, c’était encore possible ! Bien entendu, on ne peut renier un héritage riche de plusieurs décennies, on ne peut pas non plus partir de rien, mais un vent de fraîcheur a bel et bien soufflé durant cette année 2011 ! Et c'est juste ce qu’il fallait pour continuer à satisfaire un lectorat toujours plus exigeant…

Nous avons vu débouler sur nos étalages cette année des titres dont le seul but est d’être purement fun, des shonens décomplexés, à la trame plus simple, moins élaborée, mais tellement plus efficace ! Là où, pour la plupart des titres, il faut attendre quelques volumes pour se faire une idée, attendre que la trame se développe, que la série prenne sa vitesse de croisière, des titres comme Kongoh Bancho, Run Day Burst, ou encore Toriko se montrent terriblement accrocheurs dès les premières pages, et le fun persiste sur la longueur ! Une brute qui en affronte d’autres pour prendre le contrôle du Japon ; Un pilote et un mécano qui s’associent pour faire une course faisant le tour du monde ; un chasseur d’espèces rares qui tuent des monstres pour les bouffer…on peut difficilement faire plus simple comme intrigues. Pourtant, les volumes avancent, les scénarios ne s’étoffent pas ou peu, et pourtant ces titres restent les meilleures surprises de 2011 ! Ces séries aux scénarios archi-basiques sont la preuve qu’un auteur talentueux peut créer une ambiance, de la personnalité et une âme à son titre, avec un scénario très simple… Et soyons clairs, si on parle de simplicité ici, il ne se trouve que dans le scénario. En effet, ces titres débordent d’énergie et de dynamisme et leurs volumes se lisent en apnée tant ils sont riches en surprises et évènements !
Ajoutez à ceux là des titres plus classiques en apparence mais qui arrivent à se démarquer par leur originalité et leur fraîcheur, qu’il s’agisse du traitement, de l’approche des personnages, des intrigues, ou plus simplement de l’ambiance ou encore de l’âme du titre… Nous citerons par exemple Blue exorcist, Moonlight Act ou encore Magi - The Labyrinth of Magic, des séries qui ont réussi à leur manière à renouveler le genre, appelés à devenir les futurs classiques, les futurs références de demain ! Si Blue Exorcist s’avère plus classique au niveau des codes du genre, son univers est d’une richesse incroyable, et le traitement qu’en a fait l’auteur l’est tout autant. Pour les deux autres, leurs mangakas ont réussi à se démarquer des codes habituels tout en proposant des shonens de très grande qualité, où là encore on retrouve un coté ultra dynamique malgré des histoires plutôt simples.
2011 a donc été l’année de la simplicité, mais ça a aussi été l’année de la qualité et du renouveau,… preuve que la simplicité s’avère efficace !

Roulez jeunesse !
Toujours dans une envie d'aller droit à l'essentiel, les éditeurs ont également senti le vent tourner sur un secteur à double tranchant : les séries à licence ! Qu'il s'agisse d'adaptation manga de dessins animés, de films ou de jeux vidéos, ce genre de productions 100% commerciales existent depuis toujours, mais avec un succès plus inégal. Il faut dire que jusqu'ici, pour la plupart, ce furent de véritables croutes, mettant plus l'accent sur le nom de leur licence que sur le choix du pauvre mangaka inconnu qui va devoir s'atteler à la tâche. On se souviendra avec effroi de Vision d'Escaflowne, Cowboy Bebop ou Samurai Champloo dans leur version papier... Bien sûr, chaque genre a ses exceptions, et 2010 fut d'ailleurs bien garni avec Summer Wars et Gurren Lagann, deux mangas à la qualité plus que louable.
L'émergence du kodomo en 2010 a également ouvert un espace pour le manga dans les lectures des plus jeunes. Devant ce nouvel intervalle, les éditeurs ont donc réagi en proposant aux enfants et aux pré-ados des titres forts évocateurs, se reliant avec leurs dessins animés favoris et leurs jeux de cour de récré. Ainsi, Kazé Manga lança dès avril l'adaptation manga de Beyblade Metal Fusion, célèbre jeu de duel de toupies (quelques années après l'exploitation de la première adaptation chez Panini Manga). Les jeunes têtes blondes mais aussi (et surtout) leurs parents ne sachant pas quoi prendre en librairie trouvent ainsi un titre prioritaire, et c'est ainsi que la série est devenue l'une des meilleures ventes de l'éditeur, loin devant ses autres titres ! Ce dernier récidiva à l'automne avec Professeur Layton et l'étrange enquête, mais le célèbre détective fut loin de connaitre le même succès.... mais la médiocrité explicite de cette nouvelle adaptation, pouvant faire crier au massacre les puristes, n'a sans doute pas penché à sa faveur.


Kurokawa, qui s'était déjà essayé au genre avec l'avocat Phoenix Wright en 2010, a remis le couvert avec deux univers originaires de la firme Nintendo. Ainsi fut d'abord lancé en avril le manga Inazuma Eleven, sortant quasi simultanément avec le jeu de rôle footballistique éponyme sur DS. Le même mois, l'éditeur fut envahi par les célèbres monstres de poche avec tout d'abord le one-shot Pokémon Zoroark, tiré du film du même nom, puis à la rentrée par Pokémon Noir et Blanc, ravivant la série "La Grande Aventure" parue chez Glénat il y a quelques années. A coup de sorties quasi-simultanées avec le Japon et de cartes de réalité augmentée pour assurer l'interactivité avec la 3DS, Kurokawa chouchoute cette nouvelle licence comme il se doit !

Le secteur des séries à licence qui jusqu'ici allait de l'anecdotique au déplorable en passant par quelques perles a donc su se trouver une place forte dans le marché du manga. Le public juvénile est en effet surtout heureux de retrouver ses héros et univers favoris, et ne se souciera guère de la qualité de ses productions par rapport au reste du catalogue des éditeurs. Ce créneau est donc parti pour être exploité quelques temps encore, sans pour autant gêner le lecteur de manga moyen par sa présence. Après tout, même si ces séries pêchent d'un fort apriori, elles permettent aussi et surtout de renflouer les caisses des maisons d'édition pour la production d'autres titres... Alors, qui s'en plaindra de leur présence ?
Plus vite, plus haut, plus fort
Nous ne pouvions terminer cette galerie du genre shonen très en forme en 2011 sans parler d'une de ses branches, plus discrète par rapport au nekketsu mais tout aussi essentielle : nous voulons bien entendu parler du manga de sport ! Tandis que le monde entier tremblait cette année de la fièvre de l'ovalie, c'est un des cousins éloignés du rugby , le football américain, qui tira sa révérence dans le paysage du manga français avec la fin de l'épique Eyeshield 21 en juin, après 37 tomes de matches haletants. Pour ne pas perdre sa dose d'adrénaline, l'éditeur Glénat décida de s'attaquer dès le mois suivant à un autre manga sportif d'un gabarit tout aussi respectable : Ahiru no Sora, série fleuve de basket, arrivée en France sous le titre Dream Team. Mais, à l'heure où le marché jure avant tout par les séries courtes (comme nous le verrons ultérieurement dans ce dossier), la longévité de la série, comptant 33 volumes à ce jour sur l'archipel nippon, est un obstacle de taille pour le lecteur qui hésiterait à se lancer dans une nouvelle œuvre. Le titre ne démérite pourtant pas, et aurait pu à une autre époque se trouver une place confortable dans nos étagères comme sut le faire Slam Dunk en son temps. Pour rester dans le basket, notons également l'annonce chez Kazé Manga de Kuroko no Basket, pour une sortie en janvier 2012.

Du côté du seinen, outre le sempiternel tome annuel de Real qui sait toujours créer l'évènement, 2011 aura été marqué par le retour et la fin d'Evil Heart, série sachant exploiter les valeurs sportives (en l'occurrence, l'aïkido) pour les exprimer de plus belle dans le quotidien d'une famille écorchée vive. Avec le dernier arc de sa série, Taketomi Tomo nous livre un dénouement particulièrement intense, où tous les enseignements distillés auparavant se cristallisent enfin. Dans les nouveautés, on retiendra également le retour d'Hiroki Endo chez Panini Manga avec All Rounder Meguru : loin de l'univers d'anticipation d'Eden, l'auteur se lance lui aussi dans la peinture sérieuse du monde du karaté moderne, tout en offrant un message sur les bassesses de l'Homme. Dans le sport musclé, n'oublions pas non plus Garôden de Jiro Taniguchi, précédemment évoqué, et le grand retour de Coq de Combat au Japon comme bientôt en France avec une réédition chez Delcourt !

Mais le sport, ce n'est pas non plus qu'un truc de mecs ! En 2011, Tonkam s'engouffra dans la brèche du shojo sportif avec deux titres très différents. L'éditeur nous proposa en juin de retrouver une des héroïnes des petites filles devenues grandes, en la présence de la gymnaste Cynthia, qui reprend aujourd'hui son prénom nippon dans Hikari no Densetsu. Puis, en aout, la GRS laissa place au volley-ball... non, pas avec Jeanne et Serge, mais avec Crimson Hero, série de Mitsuba Takanashi que l'on aura pu découvrir avec Lovely Devil. Traitant son sujet avec réalisme, sachant dépeindre les matches avec intensité sans négliger la part nécessaire de romance propice au style, cette série est une petite surprise de l'année, même si elle semble encore avoir du mal à trouver son public. Enfin, même s'il s'agit d'un seinen, nous ne saurions occulter Vamos là! qui fut l'un des coups de cœur de la rédaction en 2011. En trois tomes, Yoshimi Osada décrit le quotidien d'un club féminin de futsal avec une véritable justesse dans le caractère des différentes héroïnes. Cette courte histoire a de quoi séduire tout lecteur avec un minimum de bon goût ! Ainsi, de tous temps et de tous publics, le sport reste toujours une valeur sure pour des œuvres véritablement captivantes. En 2012, année olympique, nous espérons connaitre encore de beaux moments d'efforts, de remise en cause et d'esprit d'équipe comme ces séries savent encore nous en offrir !

Un marché sur la défensive
A quand la nouvelle génération ?
Toutes les bonnes choses ont une fin. Comme chaque année, nombreuses furent les séries à trouver enfin leur conclusion, parfois après de longues années de bons et loyaux services. Mais 2011 offre un bilan de fin de séries particulièrement lourd. En tête d'affiche, on notera le bout des aventures des frères Elric dans FullMetal Alchemist (27 tomes); le terme de la première saison d'Angel Heart (33 tomes); la fermeture définitive de la boutique de XXX Holic (19 tomes); le bout du tunnel pour l'héroïne de Life (20 tomes); les derniers rires de School Rumble (22 tomes); et tant d'autres séries fleuves comme Enfer et Paradis, Bamboo Blade, Brave Story, sans parler de la saga des dérivés manga de Code Geass. Les conclusions se sont parfois faites dans la douleur et dans l'attente (Bokurano - Notre enjeu, Tsukihime, Saiyuki Reload, Detroit Metal City ,...), mais indéniablement, tous ses succès laisseront un manque dans l'esprit des lecteurs... ainsi que dans le planning des éditeurs !

Il se pose alors la question du renouveau de toutes ses licences, ce qui est une problématique pour les éditeurs voyant disparaitre l'une de leurs séries phares. Pour combler la disparition de FMA, Kurokawa prépare déjà le retour de la série dans une réédition, preuve du manque d'un successeur digne de ce nom. Hélas, le marché japonais du manga semble lui aussi manquer d'un renouveau de ces licences phares, et il est bien difficile dans le milieu du manga français de dénicher "la" nouvelle perle rare, capable de s'installer confortablement pendant des dizaines et des dizaines de volumes. L'acquisition d'Asuka/Kazé par la Shueisha-Shogakukan fin 2009 a également redistribué les cartes : les nouveaux ténors du Shonen Jump passent avant tout entre les mains de Kazé Manga, qui s'est construit un catalogue conséquent en seulement deux ans, ainsi que dans celles de Kana et Glénat, les deux éditeurs majeurs du marché, déjà détenteurs d'œuvres dont les ventes ne déméritent plus depuis longtemps. Pika travaille toujours main dans la main avec Kodansha, mais devant l'échec de licences pourtant fortes au Japon (Nodame Cantabile, Sayonara Monsieur Désespoir,...) a depuis relâché la cadence en se concentrant sur ses titres les plus vendeurs. Du côté du shojo, la tendance est toujours à la morosité des ventes depuis la fin de Fruits Basket (et de Twinkle Star, autre succès de Natsuki Takaya, achevé dans l'année) et la longue interruption de Nana. Et pour les œuvres plus adultes, très peu ont réussi à tirer leur épingle du jeu en 2011, hormis quelques œuvres courtes et one-shots évènementiels.

A cela se rajoutent également les nombreuses oeuvres en "cycle court" comprenant une petite dizaine de volumes et répartis sur une ou deux années. Là encore, les pertes sont nombreuses mais attendues, notamment avec l'incontestable Pluto, les sympathiques Mirai Nikki, Otaku Girls ou Prince des Ténèbres, les manhwas de Ki-oon aux conclusions abruptes,... Mais dans ces cas précis, le monde éditorial semble avoir trouvé un tempo nouveau, la multiplication des nouvelles licences chassant de la main les disparues, pour un circuit infini de nouveaux univers à découvrir pour quelques volumes. Et si le public s'était lassé des séries fleuves ? C'est ce que pourrait bien indiquer cette préférence récurrente pour les histoires courtes, particulièrement marquée en 2011...

Les histoires courtes sont-elles les meilleures ?
L’année 2011 a ainsi vu un phénomène prendre de l’ampleur : l’abondance des séries courtes. Bien entendu, nous n’avons pas attendu 2011 pour avoir des séries courtes sur nos étagères, mais elles semblent s’être multipliées depuis quelques mois. Quelles sont les raisons d'un tel revirement ? On pourrait penser dans un premier temps que cela vient du Japon, peut être que les auteurs n’arrivent plus à créer d’histoires qui s’étendent, ou peut être tout simplement que c’est une mode voulant qu’une histoire condensée soit plus attractive… Mais cette abondance en France de toutes ces séries courtes peut s’expliquer d’une autre manière…
On en parle depuis longtemps déjà, le marché Français arrive à saturation : trop de séries, trop de nouveautés, les lecteurs n’arrivant plus à suivre, des catalogues d’éditeurs qui cherchent à rester cohérent…comment faire alors pour séduire le lecteur qui ne veut plus être pris pour une vache à lait et dont le budget se restreint sans cesse ? Lui proposer ce qu’il veut, des titres accrocheurs, sans pour autant qu’il soit obligé de vendre un rein !
Bien entendu, n’importe quel éditeur adorerait avoir dans son catalogue, une série comme One Piece ou Naruto, des titres qui assurent un fond de commerce par des ventes, on le sait, toujours au top, mais ces séries se font de plus en plus rares. Un hit n’apparaît pas tous les mois et on commence à avoir fait le tour des classiques. La solution la plus simple dans ce cas pour limiter les risques est alors de proposer aux lecteurs des histoires plus brèves et plus condensées !

Quels sont les avantages de ces séries courtes ? Tout d'abord, elles ne s’essoufflent pas sur la durée, ce qui permet d’avoir un intérêt constant, moins longtemps certes, mais toujours au top. Mais surtout, elles sont moins engageantes pour le lecteur qui fera un calcul simple : moins de tomes à acheter, moins d’argent à dépenser ! Et pour ceux qui veulent dépenser davantage, se lancer dans plusieurs séries courtes, permet de diversifier ses lectures et d’enrichir sa collection. A première vue les lecteurs sont donc gagnants.
Mais bien évidemment, satisfaire les lecteurs n’est pas le but premier des éditeurs, ce but premier est d’être compétitif et de gagner de l’argent, tout simplement (et personne ne pourra leur jeter la pierre pour ça) ! Satisfaire le lecteur permet donc de lui vendre leurs titres. Ils ont bien compris que certains lecteurs hésitent avant d’entamer une série qui pourrait s’éterniser. De fait, proposer des séries courtes devient un nouvel argument de vente ! Et pour ce qui est du risque, il est bien évidemment moindre pour les éditeurs ! Acheter une série courte aux éditeurs Japonais revient moins cher, c’est bien moins engageant, bien moins dangereux, et diminue le risque d'étirement ou d’arrêt de publication en cours de route est grandement diminué (ainsi que le mécontentement des lecteurs en conséquence).

Tout le monde semble y trouver son compte, ce qui est en grande partie vrai, et cette année, plusieurs exemples nous ont montrés que des séries, bien que courtes, pouvaient être passionnantes (Run Day Burst , Vamos Là, la multitude de one shots,…). Doit-on voir comme un point positif cette nouvelle frilosité des éditeurs ? Doit on désormais ne plus attendre aucune prise de risques ? Rien n’est moins sur, car malgré tout, cela reste un marché, et tous autant qu’ils soient, les éditeurs ne veulent pas passer à coté des perles rares, comme nous le voyons dans une nouvelle tendance de proximité avec le Japon...
La recherche de l'exclusivité
Plus épisodique, mais en conséquence plus évènementielle, l'autre tendance forte de 2011 pour raviver un marché en stagnation fut de lancer certaines œuvres très rapidement après le Japon. Les prémices de cette initiative furent ressenti avec Gate 7, nouvelle série du collectif Clamp, dont le premier chapitre (au départ indépendant) fut édité en France en décembre 2010, seulement un mois après sa publication dans le magazine japonais Jump SQ, grâce à un partenariat entre Kazé Manga et le mensuel français Animeland. L'opération se poursuivit dans les numéros suivants du mensuel français, en conservant toujours un écart louable, pour une opération de prépublication assez inédite en France.


Plus tard dans l'année, ce fut à l'éditeur Ki-oon de frapper un grand coup avec le one-shot The Innocent, projet inédit à la lisière entre manga, avec notamment au casting de réalisation Avi Arad, producteur de la Marvel. Cette réalisation ambitieuse voulut créer l'effervescence avec une sortie simultanée au Japon, aux Etats-Unis et en France, ce qui était un bel évènement pour Ki-oon. Mais, heureuse surprise, alors qu'il parut finalement en juin dans les autres pays, The Innocent resta maintenu dans l'hexagone pour avril, soit une sortie en avant-première mondiale ! Il est simplement dommage que la qualité du one-shot ne soit pas au rendez-vous, mais l'éditeur, qui tient depuis longtemps des délais corrects par rapport au Japon, a frappé ici un grand coup. Il le rééditera d'ailleurs prochainement avec le volume 11 d'Ubel Blatt, qui bénéficiera à son tour d'une sortie mondiale au Japon, Italie et France en février 2012. A la rentrée scolaire, c'est au tour de Kurokawa de s'essayer aux joies de la simultanéité avec l'arrivée de la licence Pokémon et de son opus Noir et Blanc. En effet, le premier volume du manga signé Hidenori Kusaka et Satoshi Yamamoto sortit une dizaine de jours après la version japonaise, et le second tome fut édité quant à lui le même jour ! Depuis, Kurokawa continue de maintenir le cap, avec un troisième volume prévu pour avril.

Pour l'heure, ces quelques initiatives louables restent encore très rares, au vu de la difficulté de la mise en place d'une telle entreprise. Mais cela pourrait apporter à terme une véritable plus-value en créant le bouche-à-oreille sur ces sorties évènementielles. The Innocent s'est-il vraiment vendu aussi bien grâce à sa qualité intrinsèque, ou grâce au buzz engendré ? De plus, le rapprochement des sorties avec le Japon pourrait apporter une réponse à l'impatience des lecteurs, tentés par le scantrad, qui trouveraient ici leur compte tout de suite sans aller par des moyens litigieux. Mais, à la manière d'Ubel Blatt, ce système ne semble être viable pour le moment uniquement pour des séries très lentes. Toujours est-il que ces premiers pas vers un "simulcast" de papier sont un signe fort des maisons d'éditions japonaises qui savent aussi contenter rapidement les lecteurs étrangers. Dans un marché devenu trop tranquille et surchargé, ce dynamisme peut avoir du bon... comme du mauvais. Réponse dans quelques années ?
© 2012 Manga-news.com
De Natsu67 [256 Pts], le 25 Février 2012 à 16h43
De Tianjun [5081 Pts], le 06 Février 2012 à 12h55
Un grand merci à tous pour vos compliments et vos précieux commentaires !
Je vais aller corriger les quelques erreurs factuelles que vous avez pu relever. Pour le reste, je rappellerais que notre bilan MN se construit à partir de l'ensemble des impressions de nos rédacteurs sur l'année passée, d'où l'accentuation mise sur certaines tendances qui nous ont marqué.
Ainsi, le fait que le shojo soit peu évoqué est dû peut-être au fait que la rédaction est majoritairement masculine, mais aussi car, à notre sens, aucune tendance particulière ne s'est vraiment démarquée de ce côté-là, hormis peut-être le prolongement de la mode gothico-vampire-majordome entamée en 2010 (mais dont nous avions fait l'écho dans le précédent bilan).
Quant à l'aspect pessimiste du bilan, eh bien oui, on ne peut pas crier à l'enthousiasme lorsque le marché stagne, qu'il va vers des pistes moins risqués et que l'originalité souffre de ralentissements ou de hausses de prix. Maintenant, j'ai essayé de ne pas occulter la position des éditeurs dans mon analyse.
Rendez-vous en 2013 pour un bilan 2012 autrement plus positif ? Je ne demande que ça ! =D
De ikuko [1857 Pts], le 05 Février 2012 à 19h21
De ragondin [197 Pts], le 05 Février 2012 à 17h43
De ragondin [197 Pts], le 05 Février 2012 à 17h43
De ragondin [197 Pts], le 05 Février 2012 à 17h43
De TORTANKMASTER [693 Pts], le 04 Février 2012 à 21h03
Bien écrit et très intéressant !
De yumebykira [1720 Pts], le 04 Février 2012 à 19h05
Très bon dossier :)
De Luciole21 [2209 Pts], le 03 Février 2012 à 23h04
De Hitsuji [5905 Pts], le 03 Février 2012 à 21h56
Bon dossier, très complet, toutefois un peu pessimiste sur l'état actuel du marché manga, mais bon. ^^"
De Happy [2762 Pts], le 03 Février 2012 à 17h46
J'ai trouvé ça très bien que certains éditeurs ait joué le rôle d'intermédiaire et on aussi soutenu les japonais en finançant des aides humanitaires c'est sympa de leurs parts.
De Natth [2588 Pts], le 03 Février 2012 à 13h28
Un excellent dossier, très complet. Je ne me fais définitivement plus d'illusions pour Panini. Le manga n'étant pas leur principale ressource, il n'est là que pour rapporter des euros en plus. Autant dire qu'ils se fichent totalement de l'avis de leur clientèle. Pour Taïfu, il ne va pas publier exclusivement du yaoi, mais aussi du hentaï et du yuri (enfin, on espère pour le yuri XD).
De Yumemi [3752 Pts], le 03 Février 2012 à 12h05
Très bon dossier, un peu négatif peut-être (c'est l'actualité qui veut ça), mais c'est bien d'avoir évoqué le boom du simulcast (dans le cas de Dybex, on peut aussi parler de simulcast, une petite semaine d'attente, ce n'est rien du tout)
Je suis toujours aussi choquée que Panini n'ait pas donné d'explications sur la fin de "Honey Bitter" en France.
Par contre je regrette l'absence d'un paragraphe dédié au shoujo (mentionné dans la partie "sport", mais une colonne à part aurait été sympa).
De Steph121 [1069 Pts], le 03 Février 2012 à 11h29
Bon résumé, ce que je retiens surtout (outre l'année One Piece) ce sont les 2 erreurs de Kurokawa : fin de commercialisation d'Emma (alors que Bride Stories connait un grand succès ouvrant les porte d'un nouveau lectorat à la série) et Genshiken qui vient de reprednre au japon (c'est plus une déception en fait).