Enfer & Paradis

Oh, et dédicace à Bunshichi, le Gary Stu qui bat des monstres de puissance comme Shin et Mitsuomi alors qu'il fûme et ne s'entraine jamais.

Alors... Commençons par le début :

J'ai découvert Enfer & Paradis en tombant par hasard sur le premier épisode alors qu'il était diffusé à la télé et que j'étais encore au collège. Plus tard, je découvrais Air Gear, autre manga de cet auteur qui m'a plu, en grande partie parce que j'adore le roller. AG fut donc un des premiers mangas que j'achetais lorsque je me mis à les collectionner et E&P... Je trouvais d'abord l'animé en entier avant d'acheter la série à son tour.

L'animé ne m'a pas plu car, plutôt que raconter une histoire, j'eus plutôt l'impression que l'intrigue autour de nos héros fut repoussée jusqu'à ce qu'il soit trop tard. J'eus néanmoins l'espoir de la voir aboutir dans le manga papier, encouragé par les notes sur Manga-News, et ai mis du temps avant de la lire. Voici donc mon avis.

Je n'ai pas encore fini de lire AG et ai trouvé les dernières critiques de MN très dures pourtant je garde un meilleur souvenir de ce titre que celui que m'a laissé E&P car, si j'ai apprécié les personnages dans leur ensemble, la lecture de cette série ne m'a jamais procuré de plaisir (ce qui est pourtant le minimum que j'attends d'un manga).

Autres choses que j'ai constatées : l'esthétique et l'atmosphère des deux séries sont quasi-identiques, au point qu'elles auraient pu se dérouler dans le même univers ou nous offrir un spin-off intéressant; mais surtout, je ne m'en rendait pas compte à l'époque, mais si Gunnm m'a donné l'impression de me perdre dans le labyrinthe d'un esprit détraqué (l'auteur a d'ailleurs fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique), je réalise maintenant qu'Oh! Great n'est pas mal non plus, de ce côté-là.

Parmi les qualités que j'accorde à E&P, je commencerai par le trait de l'auteur. Il est bon dès le début et il s'améliore énormément au fil de la série (même s'il est plus maîtrisé dans AG car il a alors plus d'expérience). Le design des personnages est réussi et nos héros forment une joyeuse bande de gai-lurons que nous sommes heureux de retrouver mais après... C'est à peu près tout.

Côté points négatifs, maintenant : je commencerai par reprocher à l'auteur d'abuser de la carte "âge de cristal". Les personnages sont beaucoup trop jeunes pour la mâturité et les acquis de la vie dont ils disposent. Rappelons que ce ne sont que des lycéens ! Et à aucun moment je n'ai eu l'impression de suivre des adolescents en construction. Ce sont clairement de jeunes adultes qui devraient tous avoir dix ans de plus que les âges que l'auteur nous donne.

Ensuite, il y a les flashbacks. Ces derniers s'étalent sur plusieurs tomes et, s'ils ont été acclamés par la critiques, je les ai trouvés absurdes, sans pertinences et très désagréables à lire. Vient ensuite l'ambition des évènements : un tournoi interclubs du lycée (avec le truc confus à côté sur la création d'un surhomme). Je trouve qu'AG a proposé quelque chose de plus grandiose.

Enfin, parlons des personnages. Si dans l'ensemble, je les ai appréciés, ils ont malheureusement tendance à être inutiles : entre les exécuteurs qui apparaissent au début, perdent puis deviennent des personnages secondaires, voire carrément des PNJs (hello le lutteur qui disparait ensuite pour n'avoir qu'une brève réapparition à la fin), ou les F qui sont censés être un groupe pour, finalement, être oubliés après l'introduction de leur deuxième membre...

Et ces repproches ne se limitent aux personnages secondaires car ils s'appliquent également aux héros ainsi qu'à leurs entourages :

• Chiaki : la copine de Bob est la plus inutile de la bande. Elle apparait dans l'histoire sans y avoir été introduite et si ses apparitions sont rares, elles sont presque toutes exclusivement sexuelles ! Eh oui : Chiaki n'est là que pour apparaitre nue, s'envoyer en l'air avec Bob ou lui faire une gâterie sous les draps alors qu'il est face à ses amis venus lui rendre visite à l'hôpital.
• Bob : le personnage qui se distingue le plus des autres par son design car c'est un grand noir musclé avec des dreadlocks. Meilleur ami de Soichiro et seul personnage en couple, il est vraiment classe et m'a donné envie de le suivre. Dommage car il se sera révélé aussi utile dans l'intrigue que Tristan dans Yu-Gi-Oh! Alors oui, Bob est grand, fort, bat des PNJ et son potentiel est reconnu par Mitsuomi lui-même mais... C'est tout ! Il sera surclassé par ses amis et finira l'histoire sans avoir réussi à combler l'écart qui les séparait, perdra le seul combat qu'on le verra disputer et ses apparitions seront finalement rares. (Ah et j'ai bien rigolé quand il dit à la fin de l'histoire que "Sa only one sera toujours Chiaki" alors qu'auparavant, il l'a trompée sans hésiter, et sans jamais le lui dire, lorsque quatre jolies filles sont venues lui proposer un plan à cinq).
• Soichiro : c'est un voyou de bas étage au début mais il gagne en maturité et j'ai apprécié son côté sincère, comme quand il exprime clairement ses sentiments pour Maya ou quand il dit à Aya que leur relation est bonne, voire amicale, mais pas plus (nous épargnant une ambiguité ridicule à la "aime moi, je te fuis").
• Masataka : le personnages que j'ai le plus vu comme le héros de l'intrigue et que je regrette de ne pas avoir vu occuper cette place. Amoureux d'Aya, je regrette de ne pas avoir vu leur relation se concrétiser, sans compter qu'ils ne cesseront d'en parler comme d'un acte manqué alors qu'en vrai, il ne tient qu'à eux de la commencer !
• Aya : petite soeur de Maya, elle tombe amoureuse de Soichiro après leur rencontre absurde. Je lui trouve beaucoup de qualités mais cet intérêt pour le jeune voyou était vraiment une erreur de la part de l'auteur car elle reste accrochée à lui comme une moule sur son rocher alors qu'au fond d'elle, elle sait parfaitement que ça n'ira jamais plus loin que ça. Je regrette donc de ne pas avoir vu Aya digérer son obsession pour Soichiro avant d'avancer et de concrétiser sa relation potentielle avec Masataka.
• Maya : grande soeur d'Aya et présidente du club des héros, je regrette le traitement que l'auteur lui a accordé car il la décrit comme étant moin bien que son frère et sa soeur car apparemment dépourvue de pouvoirs surnaturels alors que je l'ai trouvée plus exceptionnelle qu'eux. C'est également un personnage qui aurait mérité une rédemption comme Erza dans Fairy Tail que l'auteur lui a ici refusé... C'est injuste !

Et j'en passe, des plus classes (comme Mitsuomi) aux plus inutiles (hello, tête d'extra-terrestre) en passant par les bonnes surprises (celui de la bande qui est d'abord surnommé femmelette).

En conclusion, je ne regrette pas d'avoir découvert cette série car il est difficile de bouder son auteur, néanmoins elle me laisse un goût amer en raison de son intrigue bordelique qui m'a parfois parue incompréhensible, de la folie et de l'absurdité d'Oh! Great, ainsi que la gestion désastreuse de ses personnages.