Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 08 Juillet 2025
Ca n'aura échappé à personne: après une année sans sorties ni communication, et quelques mois de rumeurs concernant une possible reprise de leur catalogue par les éditions Meian, les éditions Noeve Grafx font leur retour dès cet été. Bien que la direction reste la même, la distribution est désormais gérée par IDP, société derrière laquelle on retrouve notamment les éditions Meian (comme pressenti), Hana et Hot Manga ou encore la boutique en ligne Anime-Store. La production, elle, est à la charge d’IDP, mais la plupart des traducteurs historiques des séries restent en place et la charte graphique reste la même afin de garantir la meilleure continuité. Ce retour ne se fait toutefois pas sans compromis, afin d'assurer le maintien de toutes les séries en cours: ainsi, les éditions deluxe et collector telles que Noeve Grafx avait l'habitude d'en faire sur certaines séries sont vouées à être abandonnées. Enfin, ce retour de l'éditeur, annoncé fin juin, s'est fait en grandes pompes avec de nombreuses avant-premières pendant Japan Expo début juillet, en attendant la sortie officielle dans les mois à venir. Et parmi ces avant-premières se trouvaient les volumes 9 à 12 d'Arrête de me chauffer, Nagatoro, série de Nanashi que vous avions laissée sur le tome 8 en septembre 2023 et qui fera officiellement son retour en août.
Arrête de me chauffer, Nagatoro fait précisément partie de ces séries sur lesquelles Noeve Grafx avait pour habitude de proposer des versions deluxe, généralement faites de sympathiques livrets bonus, tout comme ce fut le cas au Japon. Malheureusement, il faudra désormais se passer de cette initiative... tout comme il faudra composer avec une petite douche froide pour ce retour: avec une trentaine de sorties prévues chaque mois jusque fin 2026 et la réimpression de très nombreux titres, il y avait de quoi se demander vers quel imprimeur l'éditeur s'est tourné pour pouvoir gérer tout ça sur un marché déjà saturé, et la réponse est simple: la grande majorité des titres, dont Nagatoro, ont été imprimés à des milliers de kilomètres de chez nous, chez Inkwize en Chine, ce qui non seulement n'est vraiment pas fou sur le plan écologique, mais en plus se révèle très inégal en terme de qualité d'impression et de papier. Dans le cas de Nagatoro, on a des moirages plus ou moins prononcés et une légère transparence du papier, néanmoins la série s'en tire assez bien par rapport à d'autres. Si l'on fait fi de ces problèmes, et en plus du plaisir primaire d'enfin découvrir la suite de l'oeuvre, on appréciera quand même la conservation de Rodolphe Gicquel à la traduction, ainsi que des jaquettes avec embossages et vernis sélectif.
Ces constatations faites, c'est avant tout avec plaisir que l'on retrouve notre chère Nagatoro et son senpai pour une nouvelle salve de petites péripéties bien campées. Ici le jeune garçon, maintenant qu'il connaît le prénom de sa taquine cadette, s'imagine oser l'appeler Hayase. Là, il se surprend à avoir envie de faire un portrait d'elle, puis souhaite la remercier en l'invitant à manger alors qu'elle semble dépérir avec l'arrivée de l'hiver. Dans chacune de ces situations anodines, bien que Nagatoro tâche de ne rater aucune occasion pour se mettre à asticoter son senpai, on sent toujours plus, derrière cet aspect, qu'elle cache son bon fond et ses sentiments... et cela, deux séquences plus longues viennent le démonter d'autant mieux.
Dans l'une, on découvre une Nagatoro aux petits soins, plus tendre (même si elle n'est jamais loin de taquiner son senpai), quand elle décide d'elle-même de rendre visite au jeune garçon chez lui alors qu'il est seul, malade et alité. Dans l'autre, on la voit guetter le bon moment pour lui offrir sans se trahir, le jour de Noël (symbolique fête des amoureux au Japon) un cadeau. Mais dans les deux cas l'adolescent n'est pas en reste, que ce soit dans sa façon de mélanger réalité et rêve pendant qu'il est malade, ou dans sa manière d'être lui aussi embarrassé quand il faut trouver le bon moment pour offrir son cadeau de Joël à la jeune fille... d'autant plus que leur entourage est toujours là aussi pour les asticoter un peu tous les deux.
A l'arrivée, on constate à nouveau que l'oeuvre a mine de rien su évoluer en bien depuis ses tout débuts. Bien que la recette reste globalement la même, il y a entre Nagatoro et son senpai une vraie part de tendresse, une attirance mutuelle qui ne fait plus aucun doute, même si aucun des deux n'ose encore franchir le pas, et bien que Nagatoro essaie toujours autant que possible de cacher ça derrière ses asticotages. En résulte une petite lecture agréable et qu'on retrouve avec plaisir après presque deux ans d'absence !