Sweetness & Lightning - Nouvelle édition Vol.1 - Manga

Sweetness & Lightning - Nouvelle édition Vol.1 : Critiques

Amaama to Inazuma

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 09 Juillet 2025

Ca n'aura échappé à personne: après une année sans sorties ni communication, et quelques mois de rumeurs concernant une possible reprise de leur catalogue par les éditions Meian, les éditions Noeve Grafx font leur retour dès cet été. Bien que la direction reste la même, la distribution est désormais gérée par IDP, société derrière laquelle on retrouve notamment les éditions Meian (comme pressenti), Hana et Hot Manga ou encore la boutique en ligne Anime-Store. La production, elle, est à la charge d’IDP, mais la plupart des traducteurs historiques des séries restent en place et la charte graphique reste la même afin de garantir la meilleure continuité. Ce retour ne se fait toutefois pas sans compromis, afin d'assurer le maintien de toutes les séries en cours: ainsi, les éditions deluxe et collector telles que Noeve Grafx avait l'habitude d'en faire sur certaines séries sont vouées à être abandonnées. Enfin, ce retour de l'éditeur, annoncé fin juin, s'est fait en grandes pompes avec de nombreuses avant-premières pendant Japan Expo début juillet, en attendant la sortie officielle dans les mois à venir. Et parmi ces avant-premières se trouvait les volumes 1 à 4 de Sweetness & Lightning, série de Gido Amagakure que vous avions laissée sur le tome 2 en mars 2023 et qui fera officiellement son retour en septembre.

Malheureusement, pour ce retour en grandes pompes de l'éditeur, il faudra composer avec un changement considérable pour ce titre qui faisait partie de la collection XS, collection qui proposait des tomes sans jaquette à un petit prix de 3,95€: cette collection n'ayant été (très logiquement) pas du tout rentable, elle est abandonnée. Toutefois, les premiers tomes des séries concernées sont tous vouée à être réimprimés avec des surcovers. Les œuvres de la collection reviennent donc dans un format classique vendu 6,95€. mais pour les personnes souhaitant conserver leurs premiers tomes à 3,95€, l'éditeur a tâché de respecter la charte graphique d'origine en gardant malgré tout le logo de l'éphémère collection. Egalement, une petite douche froide nous attend pour cette nouvelle édition: avec une trentaine de sorties prévues chaque mois jusque fin 2026 et la réimpression de très nombreux titres, il y avait de quoi se demander vers quel imprimeur l'éditeur s'est tourné pour pouvoir gérer tout ça sur un marché déjà saturé, et la réponse est simple: la grande majorité des titres, dont Sweetness & Lightning, ont été imprimés à des milliers de kilomètres de chez nous, chez InkWize en Chine, ce qui non seulement n'est vraiment pas fou sur le plan écologique, mais en plus se révèle très inégal en terme de qualité d'impression et de papier. Dans le cas de l'oeuvre d'Amagakure, on a heureusement peu de moirages et une impression somme toute correcte, mais tout de même une légère transparence du papier. Si l'on fait fi de ces problèmes, et en plus du plaisir primaire d'enfin retrouver cette très belle tranche de vie en France, on appréciera quand même la qualité des jaquettes dotées d'un vernis vernis sélectif, et le retour de la talentueuse Gaelle Ruel à la traduction.

Rappelons que ce manga, déjà connu à l'international pour son adaptation animée qui a été diffusée en France en 2016 sur la plateforme Crunchyroll, est une tranche de vie terminée en 12 volumes (plus un tome extra) a été dessinée de 2013 à début 2019 par Gido Amagakure (une mangaka jusque-là inédite en France mais dont la prolifique carrière dure depuis 2008) pour le compte du magazine good! Afternoon des éditions Kôdansha, le tout sous le nom Amaama to Inazuma.

On y suit Kôhei Inuzuka, un professeur de mathématiques qui doit élever seul sa fille Tsumugi depuis le décès de son épouse six mois auparavant, un décès qu'il n'a pu lui avouer directement pour la préserver. Mais entre son travail d'enseignant, les allers-retours à la maternelle pour récupérer son enfant et les activités qu'il lui dédie, il n'a jamais pris le temps d'apprendre à cuisiner, ce qui ne le dérangeait pas plus que ça auparavant puisqu'il n'est pas un mangeur très exigeant. Seulement, alors qu'il nourrit principalement Tsumugi de plats tout préparés de moyenne saveur, quelques mots de la petite fille vont avoir un impact fort sur lui: elle voudrait manger quelque chose de vraiment délicieux, avec son papa. De fil en aiguille, voici alors Kôhei et Tsumugi dans un petit restaurant qui ne paie pas de mine, et où l'enseignant retrouve l'une de ses élèves, Kotori Iida, qui n'est autre que la fille de sa patronne. Entre des parents divorcés, un père qui habite loin et une mère qui est souvent absente, Kotori a pris l'habitude de manger seule, ce qui ne lui faisait pas forcément de peine puisqu'elle est d'un nature solitaire et qu'elle a conscience de tout l'amour que sa mère met dans les plats qu'elle lui prépare à l'avance. Mais au contact du professeur et de sa jeune fille, la lycéenne aux allures taciturnes propose qu'ils apprennent ensemble à cuisiner, pour se faire de bons petits plats qu'ils pourront manger à trois.

Sweetness & Lightning repose sur une idée toute simple: offrir une tranche de vie culinaire où la cuisine va permettre aux personnages principaux, tous marqués par une absence dans leur vie, de s'offrir du bonheur voire de combler un véritable manque, tout en apprenant à concocter de bons petits plats. Et ainsi, une fois quelques règles posées (il faut avoir l'autorisation de la mère de Kotori et se voir uniquement au restaurant, car le fait qu'un prof et une élève se voient hors du lycée serait mal vu), chaque chapitre va pouvoir mettre en scène un nouveau moment de vie partagé à trois autour de la cuisine principalement, mais pas que.

Car si Sweetness & Lightning a notamment pour qualité de nous faire saliver avec des petits plats dont les recettes sont proposées entre les chapitres, l'oeuvre ne s'arrête pas strictement à ça, et va nous parler, avant tout, de relations humaines chaleureuses, à savoir celles se construisant entre les principaux personnages. Au gré de petits événements animant un peu plus les chapitres (une dispute de Kotori à la maternelle, la golden week, la petite fille qui tombe malade...), Gido Amagakure esquisse le plaisir simple qu'a Kôhei à voir sa fille heureuse de manger de bonnes choses, la joie de Tsumugi en pouvant manger plus souvent avec son papa (lui qui est habituellement trop occupé) et en devenant copine avec Kotori, et le plaisir qu'a la lycéenne à briser sa solitude en cuisinant avec ceux deux-là. Le mieux étant que l'on sent bien que les personnages, s'ils cuisinent pour eux-même, cuisinent aussi pour l'autre, et partagent ainsi des instants véritablement doux, conviviaux et positifs.

Cette atmosphère résolument chaleureuse et réconfortante, qui a un peu de quoi rappeler un peu le manga Chacun ses goûts (éditions Kana) pour celles et ceux l'ayant lu), est en plus très efficacement servi par un dessin assez simple et sensible, qui joue avant tout sur un style très clair et sur les expressions, en particulier celles très variées d'une Tsumugi d'ores et déjà adorable et attachante, chacun de ses larges sourires étant un bonheur communicatif.

Comme dans nos souvenirs de la première édition XS avortée, Sweetness & Lightning est donc une série qui est bien partie pour s'ancrer parmi ces lectures simples, profondément réconfortantes, et aussi chaleureuses qu'un bon petit plat mijoté avec amour.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction