Mobile Suit Gundam - Char's Counterattack - Beltorchika's Children Vol.1 : Critiques

Kidô Senshi Gundam: Gyakushû no Char - Beltorchika Children

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Juillet 2025

Après une longue traversée du désert, les mangas Gundam nous reviennent plus nombreux que jamais par l’intermédiaire des éditions Vega. Sans doute est-ce le poids des éditions Kadokawa Shoten, détentrice de 51 % des parts de la maison française, qui joue dans la balance. Ainsi, nous nous retrouvons désormais avec quatre titres de la plus célèbre saga de robots géants publiés simultanément, tous se déroulant dans la même chronologie, à quelques années d’intervalle.


Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque – Beltorchika’s Children est un projet particulier. En 1988, le film d’animation Mobile Suit Gundam : Char contre-attaque voit le jour dans les cinémas du Japon. Celui-ci a pour ambition de porter un point final à l’histoire entamée par la toute première série de l’univers, celle de 1979, via un ultime affrontement entre ses deux rivaux : Amuro Ray et Char Aznable. Yoshiyuki Tomino, l’auteur et réalisateur des premières séries, reprend la barre de la direction comme de l’écriture, mais le scénario qu’il a initialement pensé subit quelques retouches. C’est pourquoi il publie un roman sous-titré « Beltorchika’s Children », une version de l’histoire du long métrage fidèle à son script d’origine. S’il écrit l’ouvrage, c’est Haruhiko Mikimoto qui se charge des illustrations. Tardivement, en 2014, une adaptation manga naît des mains d’Uroaki Sabisi et Takayuki Yanase. En 7 volumes, ces derniers ont la lourde tâche d’adapter le roman de Tomino, et par conséquent la vision initiale de l’histoire de Char contre-attaque. La version littéraire ne nous ayant jamais été rendue accessible, avoir droit à cette adaptation manga est un privilège qu’on ne refuse clairement pas.


Les éditions Vega lancent la parution de ce morceau de Gundam à partir de l’été 2025. Conformément aux autres titres, l’édition proposée est double et en grand format, garantissant une homogénéité de la collection. Avec The Origin, Zeta Define et Unicorn, ce sont donc quatre séries de la saga qui sont publiées en parallèle. Une bénédiction pour les fans… et probablement un casse-tête pour les nouveaux lecteurs qui ne savent pas forcément relier les œuvres entre elles automatiquement. Pour guider ces derniers simplement : The Origin est l’histoire initiale, et Zeta Define sa suite. Char contre-attaque se déroule encore quelques années après, et Unicorn lui succède. Mais, parce que Gundam est un univers riche nourrit d’une géopolitique qui évolue au fil des récits, il est plus que risquer de se lancer dans le présent manga en n’ayant que les morceaux de scénario proposé dans les volumes actuellement disponibles sous le coude. Certes, un petit bilan est fait au cours de ce premier opus, mais ce n’est clairement pas suffisant pour se rendre compte de l’immensité de l’histoire racontée. Outre cela, la rivalité entre Amuro et Char sera difficilement perceptible puisque celle-ci se développe dans les volumes de The Origin qui ne sont pas encore parus chez Vega, et prend un tout autre tournant dans la suite du volet Zeta. Si le fan qu’est votre serviteur souhaite que tous ces mangas fonctionnent commercialement parlant, il faut être honnête et avouer qu’une lecture parallèle de ces quatre séries sans connaissances préalables de l’univers est un challenge plutôt risqué qui peut nuire à l’appréciation des différentes œuvres.


En UC0093, la Terre et ses colonies spatiales ont connu différents conflits qui les ont ébranlés. Néanmoins, la Fédération Terrienne est toujours parvenue à garder la mainmise sur le monde. Char Aznable, que l’on croyait disparu depuis la première guerre contre Neo Zeon survenue il y a quelques années, fait son retour à la tête de ladite faction. Nihiliste, il entreprend une manœuvre radicale : condamner la Planète bleue à une nouvelle ère glaciaire pour pousser l’humanité à l’immigration spatiale, y compris les élites corrompues de la Fédération dont les âmes seraient enchaînées à la gravité terrestre. Londo Bell, unité de la Fédération où se trouvent désormais Bright Noah et Amuro Ray, passe à l’action pour empêcher Char d’accomplir ses sombres desseins.


La trame de Char contre-attaque est riche et un poil complexe puisqu’elle s’appuie sur un passif. Comme nous l’avons évoqué, ne pas avoir les références nécessaires revient à passer à côté de mille et une subtilités. À savoir aussi que le film initial est une œuvre qui se bonifie au fil des revisionnages tant il fourmille d’idées. Si la version roman de Tomino (et par conséquent le présent manga) apporte son lot de petites différences, les grands éléments de l’intrigue sont là et nourrissent cette histoire à la fois intense et dramatique. D’un côté, un Char prêt à endosser le pire des rôles pour sortir tout un corps politique, voire l’humanité entière, de sa torpeur. De l’autre, son ennemi juré qui va devoir se surpasser pour mettre ses plans en déroute. Le pitch semble simple, mais il s’appuie sur un contexte suffisamment solide pour créer différents enjeux, d’autant plus que différents personnages secondaires se greffent à cette intrigue de la deuxième guerre de Neo Zeon.


L’un des aspects clivants du film venait justement de certains de ses personnages, dont la jeune Quess Paraya et son caractère horripilant. Un tempérament que la production a peut-être retouché en dépit des désirs de Yoshiyuki Tomino, puisque la Quess que nous découvrons ici est beaucoup plus mesurée. Pourtant, les répliques phares du film demeurent, mais les insupportables élans de jalousie des personnages sont gommés. De même, l’intérêt amoureux d’Amuro Ray du film, Chan Agi, prend ici une tout autre dimension. Dans sa vision de départ, Tomino considérait le personnage comme étant Beltorchika Irma, petite amie du personnage introduite dans la série animée Zeta Gundam (et que nous verrons logiquement dans le manga Z Define). Ce simple changement apporte énormément au récit : une connexion avec les œuvres passées d’une part, mais aussi un traitement profond du personnage d’Amuro et de l’adulte qu’il est devenu. Au terme de cette version, le portrait de sa rivalité avec Char pourrait prendre un jour totalement nouveau, ce qui s’appuie déjà par quelques éléments de narration inédits qui renforcent l’éternelle querelle des deux antagonistes.


Vous l’aurez compris, dès ce premier tome, Char contre-attaque – Beltorchika’s Children s’annonce comme un récit puissant et passionnant, mais qui nécessite une connaissance des récits précédents dans la chronologie de Gundam. Si des œuvres comme Unicorn peuvent être appréciées par des pans de lectorats divers, néophytes comme fins connaisseurs, ce n’est par le cas pour le volet de la saga qui repose justement sur son aura d’aboutissement, sa nature de fin d’une ère. En ce sens, proposer le manga aussi tôt dans nos contrées semble précipité. Il a clairement sa place dans la sélection des œuvres publiées par Vega, mais il aurait été plus astucieux de l’inaugurer au moins après la fin de publication de The Origin. Qu’à cela ne tienne, les fans déjà acquis de Gundam se régaleront de cet opus, puisqu’ils détiennent déjà les outils nécessaires pour l’apprécier. Avis aux lecteurs du bord néophyte qui se seraient risqués à cette lecture et en serait sorti décontenancés : redonnez sa chance au manga après avoir avancé sur les séries précédentes, un prérequis important certes, mais qui aboutira à une récompense solide.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction