L’homosexualité dans le manga, partie 2 - Actualité manga
Dossier manga - L’homosexualité dans le manga, partie 2

À la recherche de son identité


Lorsqu'il est question d'homosexualité, et encore plus de bisexualité, cela peut permettre aux artistes de sortir des triangles amoureux archétypaux et d'y ajouter une inconnue à l'équation sentimentale. Ainsi, aussi bien dans le shônen avec Blue Flag que le shôjo avec Love Mix-Up, les séries populaires se réinventent en ajoutant l'orientation sexuelle des personnages au cœur des enjeux. Le plus beau et marquant manga à proposer ce genre de triangle amoureux et sans nul doute L'infirmerie après les cours de Setona Mizushiro. L'histoire débute lorsque Mashiro, malgré son apparence masculine, a ses premières règles. S'il se comporte comme un garçon, il est biologiquement à la fois homme et femme. Après ce chamboulement dans sa vie, il se rend dans la mystérieuse infirmerie de son école et s'assoupit. Mashiro se trouve dans un rêve commun, où chaque élève ayant visité cette infirmerie expose sa face cachée. Lui se retrouve habillé en uniforme de fille... L'autrice explore ainsi avec onirisme et surréalisme les troubles de la jeunesse, dont l'identité de genre de son protagoniste. Elle y ajoute une touche de romance, un triangle amoureux dont Mashiro est au cœur, entouré par Kureha, une fille, et So, un garçon.


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Si L'infirmerie après les cours est le genre de manga qui fait grandir, on retrouve sa thématique du protagoniste intersexué dans d'autres œuvres. C'est le cas dans Le Requiem du Roi des Roses dans lequel Aya Kanno adapte librement Henry VI et Richard III, deux pièces historiques de William Shakespeare. Le fait que Richard soit né à la fois homme et femme est mal vu par sa propre famille, il est considéré comme maudit, un enfant du démon. Et pourtant Richard va se faire un nom durant la Guerre des Deux-Roses, grandir, développer son identité de genre. Cette question est fondamentale quand bien même on s'éloigne de la tranche de vie onirique de L'infirmerie après les cours pour plonger dans un récit hautement épique et tragique.


Le Richard d'Aya Kanno est le descendent d'une longue lignée de protagonistes de l'histoire du manga dont l'identité de genre ne correspond pas forcément à son sexe biologique. Si ce n'est pas le premier exemple de l'histoire du manga, c'est sans doute le plus emblématique et influent : Princesse Saphir d'Osamu Tezuka a grandement marqué les esprits. Notamment celui de Riyoko Ikeda, qui signe La Rose de Versailles et qui fait de Oscar de Jarjayes, femme élevée comme un homme, un personnage iconique du média. L'autrice n'aura alors de cesse de représenter des femmes aux allures de garçon, comme la fascinante Saint-Just dans Très cher frère qui s'habille comme un homme. Si la question de la transidentité reste en surface et n'est pas forcément développée, elle ira tout de même au bout de ce thème, notamment avec Claudine, un mélodrame psychologique et fascinant.


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Si la bisexualité offre de nouvelles perspectives aux comédies romantiques, c'est également le cas de la transidentité. C'est ainsi que Stop Hibari-kun de Hisashi Eguchi dénote des romances du début des années 80 en mettant en scène une relation entre un garçon et une fille transgenre. Une décennie plus tard, un autre grand auteur de l'histoire du manga, Tsukasa Hôjô, propose à son tour une comédie romantique basée sur la transidentité, mettant à mal les acquis de son protagoniste aussi bien que ceux des lecteurs. Ce manga, c'est Family Compo, une série que l'auteur a eu beaucoup de mal à faire publier alors qu'il sortait de succès populaires tels que Cat's Eye et City Hunter. Si Stop Hibari-kun et Family Compo ne sont peut-être pas les mangas les plus fins sur le sujet, ils ont le mérite d'exister et d'être créés par des auteurs populaires. Ils montrent à un jeune public, souvent masculin, souvent hétérosexuel, un univers qu'ils n'auraient sûrement pas connus autrement, avec un regard bienveillant malgré quelques maladresses.


En dehors des récits mettant en scène une période historique tels que Le Requiem du Roi des Roses et Innocent, d'autres mangas récents arrivent à aborder la transidentité dans la vie de tous les jours. C'est le cas de Moyasimon ou encore de Paradise Kiss, tous deux dans le circuit étudiant, mais aussi de Boys Run the Riot, dont le personnage central est transgenre. Si le manga de Keito Gaku parle de la création d'une marque de vêtement, la question de la transidentité est au cœur de la série. Elle se retrouve jusque que dans les habits créés, qui défient les codes de la société et symbolisent une volonté d'échapper à la norme. Il existe donc diverses façons d'aborder la transidentité, si Hôro Musuko le fait avec délicatesse et poésie, J no Subete opte pour un angle plus psychologique et sensuel


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