Dossier Bilan Manga-News 2015 - Partie 1 - - Partie 2

L'animation au Japon en 2015

On dit que l’animation est en crise au pays du Soleil Levant. Pourtant, l’année 2015 s’est montrée particulièrement riche en terme de quantité avec des anime novateurs simplement issus de l’imagination des studios certes, mais surtout de nombreuses adaptations attendues de pieds fermes par les fans. Des nouveaux phénomènes aux coming-back de licences plus anciennes, l’année qui s’est achevée ne pouvait en tout cas laisser personne indifférent. Evidemment, difficile de tout évoquer étant donné le nombre de séries ou de films qui naissent à chaque saison… Mais quel constat faire de tout ce que cette année écoulée a pu nous apporter ?

L’inédit au rendez-vous

Parmi les anime originaux, difficile d’être passé à côté de l’acclamé Death Parade auquel nous avons même consacré un dossier. Mais à côté, d’autres titres tels que Punch Line ou Comet Lucifer se sont fait remarquer tandis que des œuvres comme Ranpo Kitan : Game of Laplace, Gatchaman Crowds Insight ou Classroom Crisis ont eu un succès moins important. Finalement, le manque de visibilité de certaines de ces séries est dû au manque de notoriété d’un éventuel support original. Difficile en effet de séduire quand on est un inconnu et alors que des blockbuster qui ont déjà fait leur preuve en manga, en jeu-vidéo ou en light novel sont sur le point de montrer le bout de leur nez…

Les nouvelles valeurs sûres

Et concernant ces nouvelles séries prometteuses s’appuyant sur des fictions déjà existantes, 2015 s’est montré très généreux. A l’heure actuelle, les studios puisent beaucoup dans les light-novel après avoir retranscrit à l’écran l’essentiel des manga à succès. DanMachi (abréviation de Dungeon ni Deai wo Motomeru no wa Machigatteiru Darou ka, traduit en anglais par « Is It Wrong to Try to Pick up Girls in a Dungeon? » à vos souhaits) ou Sound ! Euphonium en sont les parfaits exemples mais c’est encore et toujours du côté des adaptations de mangas qu’il faut se tourner pour obtenir les grandes pépites de cette année.

Les stars de l’éditeur Shueisha ont été les principaux concernés entre Assassination Classroom dont la seconde saison vient tout juste de débuter, Food Wars qui prépare déjà une suite, One-Punch Man dont nous digérons à peine le premier tome ou Seraph of the End qui a eu droit à deux saisons de douze épisodes qui adaptent l’intégralité des volumes parus au Japon à l’heure actuelle. Des séries particulièrement attendues donc et dont les scores semblent s’être avérées des plus honorables. A côté d’eux, d’autres titres percutants se sont montrés, on pense alors à Mon Histoire (Ore Monogatari), Yamada-kun and the Seven Witches, The Heroic Legend of Arslan qui adapte le dernier titre en date de Hiromu Arakawa et d’après les livres de Tanaka, le controversé L’Attaque des Titans : Junior High School et, surtout, l’OVNI qu’est Prison School, ce savoureux mélange d’humour déjanté et de situations frivoles.

A quand la suite ?!

Chaque saison est aussi l’occasion de découvrir la suite de séries qui se sont déjà illustrées à travers quelques épisodes. Il y a d’abord les nouvelles saisons au sens propre, mais aussi les « revival », ces nouvelles séries d’œuvres cultes, et ce sont deux d’entre-elles qui ont attiré l’attention cette année. Lupin III a alors su raviver la flamme des plus nostalgiques tandis que se profilait LA série la plus attendue de l’année : Dragon Ball Super. Suite directe de l’arc Boo dont le scénario est géré par Akira Toriyama, cette nouvelle série effaçant Dragon Ball GT de l’univers canonique se devait de ne pas répéter les erreurs du passé. En adaptant pour l’instant les deux derniers films en date, Battle of Gods et La résurrection de ‘F’, la série n’a pas pris trop de risque mais a soulevé les fans dans le mauvais sens du terme. Difficile alors de ne pas parler de la catastrophique qualité visuelle et d’animation globale, ne serait-ce que grâce à ce fameux épisode 5 qui restera dans les annales…

Revenons maintenant aux saisons nouvelles au sens propre, et 2015 n’a pas manqué d’en proposer. Les plus attendues furent certainement Tokyo Ghoul √A qui achève cette adaptation du manga de Sui Ishida tandis que la seconde partie du manga bat son plein, la très attendue suite de Durarara !! qui s’est doté de deux courtes saisons supplémentaires, Kuroko's Basket qui a offert sa troisième saison face aux concurrents du projet Haikyû !! qui, lui, a démarré sa seconde saison au cours de l’automne. Certains titres qui ont fait naître des hordes de fans se sont poursuis, c’est le cas de Jojo’s Bizarre Adventure : Stardust Crusaders qui s’est achevé avec le cycle « Battle in Egypt » tandis que l’adaptation du quatrième arc est attendue pour ce printemps 2016, Fate/Stay Night dont le chapitre Unlimited Blade Works s’est enrichi d’une deuxième saison, et évidemment Gintama qui s’impose toujours comme une référence de l’humour.

Pour les méchas, Aldnoah Zero a proposé sa seconde saison tandis que l’aventure Sôkyû no Fafner : Dead Agressor s’étoffe grâce au chapitre Exodus. Quant à Gundam, l’échec cuisant de Reconguista in G l’a fait repartir sur des bases plus classiques, et c’est précisément ce que propose Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans qui a démarré depuis l’automne lui aussi.

Et puisque notre année célèbre actuellement les 20 ans des fameux monstres de poche, l’événement fut amorcé par la série d’animation Pokémon XY&Z, suite directe de la série qui est partie pour achever le cycle Kalos tout en permettant à l’aventure de Sacha de rejoindre celle… d’Alan, le héros des épisodes spéciaux Méga-Evolution ! Les autres projets sont nombreux : Gate, Garo, K-Project, Noragami… mais difficile de tous les évoquer !

Et les nominés sont…

Mais finalement, quelles séries ont le plus plu aux japonais ? Ou du moins, quelles sont celles qui se sont le mieux vendu ? C’est à travers une étude du magazine Oricon Style qu’on apprend quels ont été les lauréats de 2015. Evidemment, des titres fleuves tels que Naruto Shippuden, Yo-kai Watch et One Piece sont présents, la première place est même décrochée par L’Attaque des Titans dont la première saison est achevée depuis un moment maintenant. Mais des titres de la saison sont aussi présents, c’est le cas de Prison School, d’Assassination Classroom, Haikyû, Fate/Stay Night, Tokyo Ghoul… Comme dit précédemment, les adaptations de titres phares ont leur importance sur le marché de l’animation japonaise, puiser dans ces œuvres est indispensable pour la survie des studios. On peut aussi noter la réussite de Mobile Suit Gundam grâce aux deux premiers OAV de Gundam : The Origin, adaptant le manga éponyme de Yoshikazu Yasuhiko.

Tous au cinéma !

Les films d’animation japonais mènent un combat similaire aux séries animées. Si quelques œuvres originales sortent du lot, ce sont bien les longs-métrages tirés d’œuvres déjà connues qui dominent largement. Les férus d’animation plus novatrice ont alors pu profiter notamment de Hana et Alice mènent l’enquête, une préquelle au film Hana et Alice signée par le même réalisateur, Shunji Iwai, qui proposait alors son premier film d’animation. Mamoru Hosoda a aussi signé son grand retour avec Le Garçon et la Bête que les français peuvent découvrir dans les salles obscures depuis ce mois de janvier 2016. D’autres titres plus discrets comme Taifû no Noruda se sont dévoilés, mais on peut retenir plus particulièrement Miss Hokusai qui nous sera prochainement proposé par @anime sous la forme d’un coffret plus que prestigieux.

Pour le reste, les films d’animations ont surtout proposé des films dérivés d’anime, longs ou courts. C’est d’ailleurs une pratique très fréquente d’achever une saison animée par un film, Psycho-Pass et Knights of Sidonia en ont été les preuves formelles. Viennent ensuite les traditionnels films annuels comme Doraemon et Détective Conan qui ont respectivement proposé leurs trente-cinquième et dix-neuvième films, confirmant leurs statuts de séries familiales plus que destinées à des fandoms en particulier. Dans le même registre, Pokémon s’est enrichi d’un dix-huitième film, cette fois centré sur une créature du nom de Hoopa. Du côté des grands leaders du shônen deux figures plus qu’emblématiques se sont illustrées. Boruto – Naruto the Movie a joué sur la fin du manga pour proposer les premiers pas réussis du fils de notre ninja blondinet préféré tandis qu’avec Dragon Ball Z : La résurrection de ‘F’, Goku et les siens ont tenté de corriger le succès mitigé de Battle of Gods en se confrontant à l’un de leurs plus puissants ennemis, Freezer. Evidemment, la sortie du film n’était pas anodine et se situait à peine quelques semaines avant la diffusion de Dragon Ball Super…

D’autres œuvres que l’on connaît très bien en France se sont poursuivies à travers des longs métrages. L’Attaque des Titans – Les Ailes de la Liberté adaptait ainsi la seconde partie de l’anime en se payant même le luxe de dévoiler la seconde saison à travers des images inédites dans son générique de fin, là où Haikyû !! et ses deux longs-métrages n’ont fait que retracer les 25 épisodes de la première saison en attendant la seconde diffusée depuis l’automne. Mushishi, Ghost in the Shell, Appleseed, Free et tant d’autres ont aussi proposé leurs déclinaisons cinéma sur les grands écrans, de même pour Persona 3 the Movie dont le troisième épisode a ouvert les hostilités de 2015, le quatrième et dernier opus étant maintenant imminent. C’est aussi Ajin, connu chez nous depuis cet été chez Glénat, qui a sorti son premier film tandis que l’anime se profile doucement mais sûrement. Enfin, difficile de ne pas signaler un événement très particulier aux yeux des enfants des années 90, la sortie du premier long-métrage (sur 6) de Digimon Adventure Tri, suite directe aux deux premières saisons de l’anime. La parution est plutôt originale puisque ce premier film a été diffusé dans seulement quelques salles, puis a été proposé sur internet sous forme de quatre épisodes au format de série d’animation incluant opening et ending.

En termes de chiffres, les grands gagnants sont bien ces licences connues depuis bien longtemps mais qui ne lassent toujours pas le grand public. Le journal Bunka Tsûshin révèle alors que le nouvel opus de Yo-Kai Watch est le grand gagnant de l’année, suivi de Détective Conan, Doraemon et Dragon Ball Z et son quinzième film. Signalons toutefois la présence du film Le Garçon et la Bête de Mamoru Hosoda, preuve que le réalisateur plaît autant au Japon qu’en France. Les férus d’adaptation live pourront aussi noter quelque chose d’amusant, la présence des adaptations en prises de vues réelles d’Assassination Classroom et de L’Attaque des Titans, pourtant fortement descendu par la critique.

Quel bilan retenir ?

On dit que le marché de l’animation japonaise est en crise, et c’est vrai, 2015 a su nous le montrer à sa manière. Le studio Manglobe a, par exemple, signé avec Gangsta son tout dernier anime avant de mettre la clef sous la porte, un constat amer que l’on comprend lorsqu’on voit que les studios, que ce soit pour les films d’animation ou les séries saisonnières, préfèrent jouer la carte de la sécurité en misant sur les adaptations plutôt que les créations originales, pourtant si réussies régulièrement comme l’a montré Death Parade. Les studios cherchent surtout les nouvelles pépites manga à retranscrire à l’écran mais le stock d’œuvres phares s’étant énormément réduit, ces derniers parient toujours plus sur les light-novel qui séduisent assez facilement mais ne bénéficient bien souvent que d’anime promotionnels ne cherchant pas à aller au bout des choses, Sword Art Online étant l’une des exceptions à cette règle. Si rien ne change du côté des comportements des fans et des politiques des studios, il y a fort à parier que ce constat est voué à se cristalliser et se répéter au fil des années…