Re:Zero – Re:Life in a different world from zero : Arc 1 - Actualité manga
Dossier manga - Re:Zero – Re:Life in a different world from zero : Arc 1
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20/20

Une œuvre à la croisée de deux genres



Rien qu'en lisant le pitch de base de Re:Zero, on comprend très vite que l'oeuvre créée par Tappei Nagatsuki va avant tout jouer sur deux registres populaires.


Isekai


L'isekai, c'est un avant tout la contraction de deux mots japonais, dont la signification est en gros « autre monde ». A partir de là, on comprend tout naturellement que ce mot désigne ces nombreux récits qui propulsent leur héros dans un autre univers généralement typé fantasy, alors qu'à la base celui-ci vivait une existence plutôt banale.

Si l'on remonte loin et que l'on ne s'attarde pas uniquement sur le Japon, ce procédé de propulsion de quelqu'un dans un autre monde inconnu est loin d'être nouveau, et on le trouve par exemple dans bien des récits littéraires occidentaux, tels que Le Monde de Narnia ou, plus anciens, Peter ou Alice au Pays des Merveilles, pour ne citer que les noms les plus connus. Mais le nom isekai, typiquement japonais, se réfère essentiellement aux œuvres nippones et a réellement percé ces dernières années. Parmi ses premiers vrais représentants très connus, on peut nommer Zero no Tsukaima, light novel lancé en 2004.

L'isekai peut lui-même se diviser en certains sous-genres.
Certains récits, comme Re:Zero, Gate ou The Rising of the Shield Hero, choisissent le procédé de la propulsion dans l'autre monde sans crier gare.
D'autres choisissent le procédé de la réincarnation : le héros meurt d'abord dans son monde, pour se réincarner ensuite dans l'autre monde. C'est le choix qui a été fait pour des light novels/mangas comme Re:Monster, Mushoku Tensei ou Moi quand je me réincarne en slime.
Enfin, il y a le cas des univers virtuels, dont la frontière isekai/pas isekai reste indécise, dans la mesure où les personnages sont à l'origine dans un jeu, qu'ils peuvent y être coincés, mais qu'ils reviennent parfois dans leur monde. On pense ici à Sword Art Online, à Log Horizon, à No Game No Life, ou encore au manga à la française Outlaw Players.

Que ce soit en light novel, en manga ou en animation, ce type de récit a littéralement explosé depuis 10-15 ans, et les auteurs doivent alors rivaliser en idées pour démarquer leur œuvre.
Il y a les récits qui vont faire du personnage principal une autre créature dans sa réincarnation, comme pour Re:Monster (le héros est un gobelin) ou Moi quand je me réincarne en slime (tout est dans le titre !)... Toutes les créatures semblent possibles, promettant alors une grande diversité de possibilités.
Il y a aussi les récits qui vont choisir un personnage principal un peu plus sombre, dans une moindre mesure pour The Rising of the Shield Hero, ou totalement concernant Overlord dont le héros est un nécromancien mort-vivant de pure dark fantasy.
Overlord, d'ailleurs, fait aussi le choix malin de détourner un peu les codes des univers virtuels : son héros est à la base un joueur de MMORPG, mais le jeu sur lequel il passe son temps finit par se matérialiser comme un vrai monde de fantasy à part, et il ne peut plus en sortir et va y mener une nouvelle vie.
A l'opposé de récits sombres comme Overlord, il y a les œuvres jouant sur l'humour et la parodie d'isekai, on pense ici à Kono Subarashii Sekai ni Shukufuku o!.
On peut également citer le cas assez unique de Gate, où les deux mondes (le nôtre, et l'autre monde typé fantasy) sont connectés par une porte, avec ce que ça peut alors impliquer d'enjeux diplomatiques (certains pays de notre monde iraient bien exploiter les ressources de cet autre monde ).





Bref, pour refermer cette brève présentation qui ne se veut pas exhaustive, on peut dire que si l'isekai est réellement surexploité depuis quelques années, ses nombreuses possibilités différentes et ses variantes font que le genre devrait avoir de quoi se renouveler encore largement pendant un moment.

Du côté de Re/zero, Nagatsuki exploite totalement le concept de l'isekai, et lui apporte son identité propre en le combinant avec un autre genre bien connu.


Boucle temporelle


Les œuvres offrant des voyages dans le temps, c'est loin, très loin d'être nouveau, et pas uniquement en manga.

Là aussi, cela peut prendre différentes formes, par exemple les voyages dans le passé pour changer le futur (en guise d'exemples très connus, on peut citer les films Retour vers le futur, les mangas Erased ou Zipang...), ou le concept de la boucle temporelle où le héros connaît la même chose jusqu'à réparer ses erreurs ou trouver la bonne solution. Sur ce dernier point, on peut citer un film comme Un jour sans fin, la saga (roman, manga et film) All you need is kill... ou, bien sûr, Re:Zero qui s'inscrit dans cette idée-là.


Concrètement, les deux grandes idées choisies par Tappei Nagatsuki, qui sont l'isekai et la boucle temporelle, n'ont absolument rien d'original quand elles sont prises séparément, dans la mesure où elles ont déjà été très largement exploitées. Mais c'est en mariant ces deux concepts ensemble que le romancier parvient à offrir à Re:Zero une identité qui lui est bien propre, une touche d'originalité qui rend son récit facilement addictif.

Mais une simple combinaison astucieuse de deux idées ne suffit pas forcément à faire un bon récit, et nous allons voir que Re:Zero a alors d'autres atouts dans sa manche pour sortir du lot.





L'astucieuse exploitation du concept de la mort réversible


Sans être novateur, le concept de mort réversible, qu'on peut vraiment rapprocher d'un système de "checkpoint" ou de sauvegarde dans un jeu vidéo, s'avère bien installé dans ce premier arc, surtout dans la mesure où Subaru va mettre du temps à percuter ce qui lui arrive.

Ainsi, quand arrive sa "première mort", il revit sa première journée dans ce monde en se confrontant aux mêmes soucis (l'impossibilité d'acheter une pamme/pomme, son agression parfois mortelle par des bandits, la recherche de l'insigne...), mais en pensant simplement avoir rêvé auparavant. Ce n'est que sur la longueur, en mourant encore et encore, qu'il commencera à comprendre la nature de l'unique "pouvoir" qu'il a acquis en arrivant dans ce monde...

Pensant d'abord que sa 1ère journée dans ce monde, au bout de laquelle il a été tué, n'était qu'un rêve, il démarre la 2ème en tirant quelques leçons de ses soi-disant rêveries, afin de ne pas commettre les même erreurs. Mais en mourant pour la 2ème fois, tué par une mystérieuse agresseuse dans le repaire du receleur Rom, il commence forcément à se poser des questions en se retrouvant à nouveau en pleine rue, prêt à revivre pour la 3ème fois cette "scène d'intro" où le marchand lui propose une pamme. Mais ce n'est qu'à la 4ème boucle, en revivant pour la 4ème fois la même journée, que le jeune garçon, qui est alors désormais bien conscient de ce qui se passe, pourra tout faire pour accomplir ce qu'il souhaite. Mettre la main sur l'insigne. Sauver de la mort la petite voleuse Felt et le vieux Rom. Et, surtout, la sauver elle, la belle demi-elfe aux cheveux argentés dont la gentillesse camouflée l'a touché, et revoir enfin son sourire.

Après avoir pris conscience de l'unique capacité qu'il a acquise dans ce monde, Subaru est bien décidé à l'utiliser à bon escient. Pas en allant mourir bêtement, mais en exploitant ce qu'il a déjà pu apprendre via les précédentes boucles temporelles. Ainsi, il comprend que s'il ne fait rien, certains événements se produisent dans chaque boucle : le vol de l'insigne par Felt, la mort de cette dernière et de Rom chez le receleur, la chute de la demi-elfe aux cheveux d'argent qui l'a tant séduit... et pour éviter le pire, il lui faudra donc se donner à fond et aller à l'essentiel.
  
  
  


© Tappei Nagatsuki ILLUSTRATION:SHINICHIROU OTSUKA KADOKAWA COPORATION MEDIA FACTORY

Commentaires

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Karakuri

De Karakuri [3196 Pts], le 22 Juin 2018 à 22h22

20/20

Un dossier très complet que j'ai relu avec beaucoup de plaisir après celui sur l'arc 2 qui vient d'être posté. Bravo.

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