Bilan Manga-News 2014 - Partie 2

Du côté des éditeurs de manga plus modestes

Sarbacane

Sarbacane a profité du début d'année pour conclure la fresque naturaliste Les enfants de la mer, et pour publier le deuxième recueil du Chien gardien d'étoiles.

Le Lézard Noir

Le Lézard Noir nous a offert une année particulièrement riche, mêlant des oeuvres typées eroguro (New National Kid) à des titres à vocation plus patrimoniale, à commencer par l'incroyable anthologie Bonten Tarô, fruit d'un long et intense travail de recherches, mais aussi les Femmes du Zodiaque, ou un nouveau tome du Vagabond de Tôkyô.

Imho

Du côté d'Imho, passé maître dans l'art du report, on note l'arrivée d'Une collision accidentelle sur le chemin de l'école peut-elle donner lieu à un baiser ?, et du tome 2 de Pilou apprenti gigolo.

Cornelius

La suite et fin de Vie de Mizuki. C'est tout. Mais vue la qualité de l'oeuvre, c'est déjà pas mal.

Et le patrimoine dans tout ça ?

Au bout de ce bref bilan il reste quelques éléments à mettre en avant, à commencer par la chute du vecteur patrimoine, qui fut longtemps porté auparavant par la collection Sensei de Kana (qui n'a eu droit en 2014 qu'à une réédition de Hokusai), ou par la collection Vintage de Glénat (qui n'a vu paraître que 2 tomes de Cyborg 009).

On le sentait depuis déjà quelques années, mais le secteur patrimoine/vintage connaît des difficultés, auxquelles l'état du marché n'est sans doute pas étranger.

Il faut néanmoins saluer les efforts persistants de certains éditeurs dans le domaine, dont Le Lézard Noir comme dit juste avant, mais aussi Isan Manga, éditeur qui s'est un peu fait une spécialité de ce secteur. Chez ce dernier éditeur, les titres restent toutefois rares (Le remarqué Disciple de Doraku, Judo Boy qui fut marqué par la venue d'Ippei Kuri à Japan Expo, et La nouvelle île au trésor qui fut le seul titre d'Osamu Tezuka sorti dans l'année), ais c'est mieux que rien. Enfin, notons l'essai des éditions Black Box dans le genre, avec Raphael de Machiko Satonaka, l'une des grandes dames du shôjo de ces 40 dernières années.

Mais ne nous mentons pas : l'offre patrimoine s'est malheureusement affaiblie, et il faut espérer qu'elle s'enrichira plus à l'avenir.

La jeunesse, secteur en vogue

Face à l'agonie des vieilleries du patrimoine, on note la santé toujours aussi bonne de la jeunesse, secteur qui attire toujours plus les éditeurs.

Les éditions nobi nobi!, bien sûr restent un fer de lance non seulement avec leurs nombreux albums, mais aussi avec leur percée dans le manga : après Pan' Pan Panda l'année dernière, l'éditeur a sorti Nekojima, puis a inauguré une alléchante collection : les Classiques en manga, adaptations en manga one-shot de classiques de la littérature jeunesse, qui ont tout pour servir de pallier pour les romans originaux. Une initiative très bien trouvée et d'une pertinence exemplaire à l'heure où la lecture semble être boudée par beaucoup de jeunes !

Du côté de Kurokawa, on jour encore et toujours sur un autre secteur, développé depuis quasiment le début : les adaptations d'oeuvres jeunesse mondialement connues. L'éditeur a ainsi accueilli Inazuma Eleven GO!, mais a surtout réédité le premier arc de Pokémon, suivi de Rubis & Saphir, pour un résultat qui a dépassé toutes les espérances en termes de vente ! Preuve qu'il y a toujours quelque chose à creuser de ce côté-là...

Chez Kazé Manga, c'est un peu la même voie qui est prise depuis quelques années, avec cette fois-ci les arrivées de Tenkai Knights, Hello Kitty et Victory Kickoff.




Du côté de Ki-oon, c'est carrément une collection Kids qui a été inaugurée ! Collection où l'on retrouve Roji!, Lucika Lucika, et la nouveauté Animal Kingdom dans un genre bien différent.

Quant à Glénat, ils ont poursuivi sur Chi et ses dérivés, et sur les oeuvres d'An Nakahara.

Suite au succès de Chi, le nouveau fer de lance des éditeurs semble aussi clairement être le manga animalier, et chacun y va du sien : Soleil a inauguré sa collection Pets avec Plum, Kurokawa nous a sorti Nyanpire dans un tout autre genre, Pika a rééquilibré la balance félin/canin avec le Monde de Wan Wan, Glénat s'est relancé avec le Paradis des Chiens, Komikku a amené Oh my Cats! dans un style toutefois un peu moins enfantin...

Enfin, à côté de tout ça, nombre d'albums nippons continuent de paraître chez des éditeurs plus discrets, comme On travaille pour le hamster chez Rue du Monde, Bonjour l'ami chez Picquier... Autant de preuves de l'éclectisme du secteur jeunesse, qui, entre les albums, les titres  animaliers, les adaptations de licences connues ou les mangas enfantins, ne tarit pas d'idées inventives pour toujours se renouveler et se poser comme un secteur croissant.

L'agonie du manhwa...

Cela fait déjà un bout de temps que la bande dessinée coréenne n'est plus en odeur de sainteté chez nous, mais après une année 2014 chaotique, on peut dire qu'elle n'a jamais semblé aussi mal en point.

Jugez vous-mêmes : les trois seuls éditeurs qui étaient spécialisés dans le genre ont quasiment été aux abonnés absents. La mort de Kwari a été confirmée, tandis que Clair de Lune a annoncé la fin de sa collection manhwa (hormis les titres courts plus "intellectuels", comme Mon jeune chat et mon vieux chien, ou A vos Papilles (mais notons tout de même chez eux la parution-record de l'excellent Lady Detective en mai-juin). Quant à Booken Manga, ils survivent tant bien que mal, ayant réussi à finir certaines séries : The Swordsman, Muryong, Monk!.

Résultat : les sorties coréennes se sont réduites à peau de chagrin, quand il y a dix ans elles affluaient.

Restent alors les sorties isolées : la lente poursuite des rares manhwa de Ki-oon (Warlord, Witch Hunter), Moi, jardinier citadin chez Akata, et les sorties plus matures/engagées d'éditeurs plus confidentiels : Adulteland chez Flblb, les Maîtres chez Cambourakis, Le Parfum des Hommes chez Atrabile... Rien qui ne laisse penser à un renouveau de la BD de divertissement coréenne.

Le percée de la BD chinoise

Pendant que la BD coréenne se meurt, la BD chinoise perce de plus en plus, sans atteindre un nombre de parutions mirobolant, mais en augmentant tout de même. Grâce aux éditions Fei, évidemment, qui sont spécialisées dans le registre, mais pas que. Car 2014 a vu certains éditeurs s'intéresser de près au manhua.

Et on commencera par Kotoji, jeune éditeur qui en veut et qui, après avoir tenté un 1er essai en rééditant en 2013 la Belle du temple hanté, a brillamment inauguré en octobre sa collection Asian District avec le superbe Crystal Sky of Yesterday. Et histoire de ne pas faire les choses à moitié, le lancement de la série fut marqué par la venue de son auteur Pocket Chocolate pour une tournée dans toute la France !

Du côté de Cambourakis aussi, on s'est essayé au manhua, avec l'arrivée au catalogue de Golo Zhao pour les titres Entre ciel et Terre et Passeur d'âmes.

Kana a poursuivi sur l'auteur Li Kunwu, tandis que Pika a inauguré sa collection Chin'Arts en y accueillant le célèbre Benjamin.

On peut aussi noter la sortie du Temple Flottant chez Mosquito, l'arrivée en 2015 de la collection Urban China chez Dargaud et de la collection Petite étoile chez Fei, pour au final se dire que la nouvelle année devrait logiquement poursuivre l'émergence de la BD chinoise, chose qu'on n'osait plus espérer depuis la malheureuse disparition de Xiao Pan.

Et le reste de l'Asie ?

La BD d'autres pays d'Asie a très rarement attiré les éditeurs français, visiblement. Mais pour 2015, deux éditeurs peuvent nous donner bon espoir de voir plusieurs oeuvres de ces pays parvenir chez nous : Akata et Kotoji. Ca a déjà commencé pour le premier avec Le geek, sa blonde et l'assassin et Mes années 80 (et en 2013 avec Seediq Bale), ça démarrera chez le deuxième avec la fresque martiale Blood & Steel... Rendez-vous est pris !