Shigurui - Actualité manga
Dossier manga - Shigurui
Lecteurs
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Les auteurs

 
 

Le romancier original

 
Norio Nanjo (南條 範夫) est un écrivain né à Tokyo le 13 novembre 1908, connu notamment pour se travaux d'historien spécialisé dans les samouraï.



Après des études de droit et d'économie à l'Université impériale de Tokyo, il est amené à occuper le poste de conseiller au Toa Keizai Kondan Kai (Comité de Discussion sur l'Economie de l'Asie de l'Est), puis la fonction d'administrateur à la Nippon Saiken Iin Kai (Commission pour la Reconstruction du Japon), et enfin le poste de membre du Comité de Délibération du Nippon Keidanren (Fédération des Groupements Economiques).
Il a également été titulaire d'une chaire à l'université Kokugakuin.

Parallèlement à cet impressionnant parcours, il poursuit également une carrière d'écrivain qui lui vaut de recevoir plusieurs prix.
En 1956, il reçoit le prix Naoki pour son roman Todaiki, puis on lui attribue en 1982 le prix Yoshikawa Eiji pour le roman Hosoka Nikki.
Parmi ses autres travaux, on peut nommer Genroku Taiheiki ou Tsukikage Hyogo . Dans les années 1960, il est également l'un des fers de lance de ce que l'on appelle dans la littérature japonaise le « Boom de la cruauté », où s'inscrit notamment son roman Surugajô Gozenjiai (Le Tournoi du Château de Suruga), dont s'inspire le manga Shigurui (シグルイ).
Surugajô Gozenjiai a inspiré en 2011 un autre manga signé Hideki Mori et bouclé en 4 tomes : Kaina -Surugajô Gozen Jiai- (腕~駿河城御前試合~).
Un autre de ses récits à lui aussi connu une version manga : Daisan no Kagemusha (Kagemusha the Shadow Warrior) par Hirotaka Kurofuji (2006, fini en deux tomes).

Norio Nanjo est également crédité (parmi d'autres noms) au scénario du film Contes cruels du Bushido (Bushidô zankoku monogatari), réalisé en 1963 par Tadashi Imai.

 
 
Malheureusement, aucun roman de Norio Nanjo n'est paru en France à ce jour.

L'auteur s'est éteint le 30 octobre 2004, à l'âge de 95 ans, des suites d'une pneumonie.



L'adaptateur et dessinateur


Takayuki Yamaguchi (山口貴由) est né à Tokyo le 1er novembre 1966, et est de groupe sanguin A. Après des études au lycée de Toshima, il se spécialise dans le manga en suivant les cours du célèbre institut privé Koike Kazuo Gekiga Mura.



Il n'a que 19 ans quand il démarre sa carrière en 1986, mais c'est en 1989 qu'il commence à prendre ses marques avec Cyber Momotarô (サイバー桃太郎), un one-shot d'action revisitant la légende de Momotarô à la sauce cyberpunk, paru chez l'éditeur Leed, et auquel il offre en 1992 une séquelle : Magen Senki - Cyber Momotarô.
C'est en cette même année 1992, qu'il signe le one-shot Heisei Busô Seigidan (平成武装正義団), nouveau seinen d'action où des kamikaze en armure combattent des groupes de brutes particulièrement immorales. L'oeuvre est remarquée pour son aspect sans concession : violence gore, nudité, mœurs sexuelles étranges... Heisei Busô Seigidan est le premier vrai témoin de ce qui fera la carrière de l'artiste.
 
  
 
1993 voit paraître la comédie d'action Honoo no Usagi Senshi (炎のうさぎ戦士), puis Akki Goyô Garan (悪鬼御用ガラン), une histoire où un exécuteur parcourt la nation pour éliminer divers ennemis souvent démoniaques. L'oeuvre est marquée par des scènes de nudité et de sexe relativement explicites.
 
 
 
1994 est l'année où Takayuki Yamaguchi démarre sa première série longue, qui fera au total 11 volumes : Kakugo no Susume (覚悟のススメ). Dans cette série, une série de désastres plongé le monde dans le chaos. Les morts se comptent à la pelle, et la radioactivité a débouché sur des mutations ayant fait de certaines espèces des monstres. Deux héros frère et sœur doués en arts martiaux, Kakugo et Harara Hagakure, souhaitent sauver l'humanité et combattent alors les monstres en utilisant d'étranges armures léguées par leur père. Mais l'âme de Harara est trop faible, si bien qu'elle se retrouve possédée par son armure, qui souhaite la fin de l'humanité... Mélange d'horreur, de science-fiction et d'action, la série offre un univers post-apocalyptique violent qui est un nouveau témoin des goûts de l'auteur en la matière.

Kakugo no Susume s'est achevé en 1996, et a connu en 2007 une réédition en 5 tomes au Japon. Par ailleurs, la série a connu en 1996 une adaptation animée sous la forme de deux OAV. C'est également la série qui a marqué l'arrivée de l'artiste chez l'éditeur Akita Shoten. Enfin la série est sortie en Amérique chez l'éditeur Media Blasters, sous le nom Apocalypse Zero.
 
 
 
En 1997 paraît l'histoire courte Jûsei no Komoriuta (銃声の子守歌), puis Takayuki Yamaguchi démarre en 1998 une nouvelle série longue : Gokûdô (悟空道) , un shônen (chose très rare chez l'auteur) basé sur le classique de la littérature chinoise le Voyage vers l'Ouest (ou Saiyuki), et qui s'étale sur 13 volumes, avant de connaître une réédition en 6 tomes en 2007.
 
  
 
En 2001 paraît la série d'action en 4 volumes Banypu Inryoku (蛮勇引力), également connue en anglais sous le nom Bang You Gravitation.

Puis c'est en 2003 que démarre Shigurui (シグルイ), ce seinen a débuté sa prépublication en août 2003 chez l'éditeur Akita Shoten, dans les pages du magazine Champion Red. Ses chapitres paraissant à un rythme mensuel, Shigurui connaît un rythme relativement lent. Le premier tome relié sort au Japon en janvier 2004, puis les suivants arrivent au rythme de deux tomes par an. La prépublication de la série prend fin en 2010, et son dernier tome relié paraît en octobre de la même année.
Depuis l'été 2013, Shigurui connaît au Japon une réédition au format Bunko.

Entre 2003 et 2010, l'auteur se consacre exclusivement à ce qui reste la série la plus marquante de sa carrière, mais il lui offre toutefois en 2007 un guide book, Shigurui Ougihidensho (シグルイ奥義秘伝書).

 
 
Après la fin de Shigurui, l'auteur se lance en 2010 dans Exoskull Zero (エグゾスカル零), une série d'action et de science-fiction à tendance dramatique qui n'est autre qu'une histoire alternative de Kakugo no Susume. Dans un monde toujours post-apocalyptique, où les derniers représentants de la civilisation humaine doivent prendre garde à l'anarchie naissante, on retrouve Kakugo Hagakure. Héritier d'une famille qui a toujours protégé dans l'ombre les humains face aux menaces, il a vu son attaque et sa défense améliorées par des fusions avec différents métaux, et utilise pour sa battre l'Exoskull, une armure qui renforce encore plus sa puissance déjà surhumaine. Réveillé uniquement en cas de besoin, le voilà qui reprend conscience, prêt à tenter de préserver ce qui reste de l'humanité après les catastrophes. Comme souvent dans les séries de Takayuki Yamaguchi, le ton est sombre, violent, et constitue une véritable plongée en enfer pour ses personnages. Exoskull Zero est toujours en cours au Japon, le tome 5 étant sorti en août 2013.
 
 
 
Takayuki Yamaguchi est, par ailleurs, un auteur qui aime décidément beaucoup offrir des préquelles, séquelles et autres histoires alternatives à ses œuvres, créant ainsi des univers plus riches avec différents embranchements.En 2011, il démarre un spin-off, toujours sur Kakugo no Susume : Kaika no Susume, où il n'endosse que le rôle de scénariste et laisse les dessins à une jeune dessinatrice, Suzuku Ichigono, qui apporte une touche un peu plus féminine.

En mars et avril 2013, il s'offre deux compilations de ses premiers travaux. Cyber Momotarô x Heisei Busô Seigidan regroupe donc les quatre chapitres de Cyber Momotarô, les cinq chapitres d'Ura Cyber Momotarô, et les six chapitres d'Heisei Busô Seigidan. Honô no Usagi Senshi x Akki Goyô Garan compile les œuvres Honô no Usagi Senshi et Akki Goyô Garan.
 
 
 
Enfin, Takayuki Yamaguchi s'est très récemment lancé dans un nouveau projet nommé Makengô Gageki (魔剣豪画劇), sur lequel nous disposons pour l'instant de très peu d'informations.
 
 
 

La genèse du projet Shigurui

 
 

La naissance du roman Surugajô Gozenjiai


A l'origine du manga Shigurui, il y a donc le roman de Norio Nanjo, Surugajô Gozenjiai, Le Tournoi du Château de Suruga.

Ce roman est en réalité un recueil d'histoires courtes, chacune de ces histoires s'intéressant à l'un des faits sanglants s'étant déroulés lors du tournoi à mort organisé par le cruel Tadanaga Tokugawa en l'an 6 de l'ère Kanei (1630). Le premier chapitre, nommé Mumyo Gyakunagare (Le contre-courant de l'obscurité), s'intéresse au premier des onze duels ayant composé le tournoi, et il s'agit également de celui qui a inspiré son manga à Takayuki Yamaguchi. Quant au douzième et dernier chapitre, il s'agit d'un épilogue nommé Senshi subete taoreru (Plus aucun guerrier ne reste). Entre la création de ces deux chapitres, il s'est écoulé sept ans, soit le nombre d'années qu'il a fallu à Norio Nanjo pour concevoir ce roman, écrit entre 1956 et 1963.
  
 

La découverte du roman par Takayuki Yamaguchi

 
Entre les premières envies de Takayuki Yamaguchi d'adapter en manga la première histoire du roman et la naissance de Shigurui, il s'est écoulé 6 ans. C'est en 1997 que le mangaka découvre le roman, prêté par hasard par un membre de la rédaction d'Akita Shoten en fin d'année 1997. En pleins préparatifs pour son manga Gokûdô (ou Goku Road), Yamaguchi n'y a tout d'abord pas prêté plus d'attention que cela, et ce n'est qu'après le Nouvel An qu'il s'y est intéressé et est ressorti de sa lecture totalement passionné, fasciné. « Ce livre, un jour ou l'autre, je sais – je suis sûr – que j'en ferai une bande dessinée ». Quant la rédaction d'Akita Shoten a entendu cela pour la première fois, elle a cru à une plaisanterie, à des paroles un peu jetées en l'air, d'autant que l'ouvrage n'était pas spécialement avantageux d'un point de vue commercial.

Se voyant proposer par l'éditeur différentes adaptations d'oeuvres plus sûres commercialement, Yamaguchi les refuse toutes, pendant cinq années, et l'éditeur commence à comprendre que le mangaka est déterminé à adapter le roman de Norio Nanjo, qui le passionne toujours autant. Il en a la confirmation quand, lors d'une réunion préparant le lancement du magazine Champion Red en été 2002, Yamaguchi déclare qu'il se sent enfin totalement prêt à dessiner son adaptation du Tournoi du Château de Suruga, sous le nom de Shigurui.
 
 
 
  
   

La rencontre de deux artistes

 
Au début de l'été 2002, Takayuki Yamaguchi et son rédacteur prennent donc la direction de l'habitation de Norio Nanjo, pour demander au vieil homme l'autorisation d'utiliser pour le manga le premier chapitre de son roman. Excité à l'idée de rencontre l'écrivain et de lui déclamer sa passion pour son œuvre, Yamaguchi avoue toutefois avoir eu quelques craintes à l'idée de lui avouer qu'il allait devoir changer le nom de l'ouvrage : une demande qu'il trouvait arrogante. Sans compter qu'il s'agissait de la première fois fois que l'auteur allait adapter le scénario d'un autre, et que l'avenir du nouveau magazine Champion Red reposait en partie sur cette série.

L'écrivain leur accorda néanmoins carte blanche, n'omettant toutefois pas un sourire condescendant, comme pour signaler à Yamaguchi qu'il ne savait pas encore dans quel travail éreintant il s'engageait. Une sorte de mise au défi pour le mangaka, infiniment intimidé face à un artiste ayant un demi-siècle d'expérience de plus que lui.

Le premier chapitre de Shigurui terminé, Takayuki Yamaguchi et son rédacteur, comme pour répondre au défi de Norio Nanjo, sont retournés voir l'écrivain, pour prendre une photo de lui qu'ils comptaient insérer dans le premier volume du manga. Assis le dos bien droit à même le sol à côté du canapé où  était installé Norio Nanjo, Yamaguchi reçut alors une tape sur son épaule de la part de l'écrivain, qui l'invita à s'installer à côté de lui, sur le canapé. La confiance était alors pleinement installée, le relais passé, et Gennosuke Fujiki et Seigen Irako étaient fins prêts à connaître une seconde vie dans les pages de Shigurui.
 
 

SHIGURUI © 2003-2010 NORIO NANJO, TAKAYUKI YAMAGUCHI (AKITASHOTEN JAPAN)

Commentaires

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nolhane

De nolhane [6550 Pts], le 07 Juillet 2020 à 22h35

Merci pour ce dossier très intéressant qui donne envie de découvrir le manga! :)

Karakuri

De Karakuri [3156 Pts], le 27 Décembre 2013 à 23h07

20/20

Dossier lu hier et quel dossier ! Riche, super intéressant, qui va loin dans les interprétations et les références (celles aux oeuvres de cruauté surtout), et est très bien écrit. Un plaisir merci, et du coup c'est encore plus rageant de ne plus trouver la série...

swordmusashi

De swordmusashi [162 Pts], le 19 Novembre 2013 à 11h51

18/20

Très bel article ; j'adore cette série. Ca me donne envie de la relire !!!

Luciole21

De Luciole21 [2209 Pts], le 17 Novembre 2013 à 18h23

Ca c'est ce que j'appelle un dossier complet, sinon... exhaustif ? Je ne vois vraiment rien à redire sur ce dossier qui revient sur tout les aspects de la séries, chapeau.

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