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Dossier manga - Real
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18/20

Un sport pas comme les autres


Il faut bien l'avouer, Real doit être le seul manga mettant en avant le handi-basket, voire, plus généralement, un handi-sport. Une discipline dont nous ne sommes pas forcément habitués à entendre parler, en dehors de quelques grandes manifestations comme les jeux paralympiques. Ici, Takehiko Inoue dresse le portrait de ce sport et de ses joueurs, et tout cela mérite bien des explications, en grande partie reprises des pages bonus des volumes français.


Petite histoire du handi-basket
Le handi-basket, ou basket en fauteuil roulant, est né en 1946, à l'Hôpital de Rééducation de Stoke Mandeville, au Royaume-Uni. Dans le cadre des rééducations, le Docteur Ludwig Guttman mit en place dans son établissement des matchs, puis des tournois de netball (une variante du basketball) opposant ses patients, dont la plupart étaient des vétérans de guerre de la Deuxième Guerre Mondiale. En plus d'être un excellent moyen de réhabituer les handicapés à l'utilisation de leur corps, cela permettait de faire renaître chez eux des valeurs comme la compétition, et de les aider à s'épanouir.

Rapidement, l'idée s'étendit au point de se retrouver un peu partout dans le monde. Les Pan Am Jets, une équipe formée des employés handicapés de la compagnie aérienne Pan Am, fut l'une des principales instigatrices du développement de cette pratique, via toute une série de voyages à travers le monde. En 1955, ils remportent la médaille d'or aux jeux mondiaux de Stoke Mandeville (ISMG) , mais des problèmes liés à la bonne application des règles créèrent une controverse, amenant en 1956 l'établissement de règles spécifiques, et la disparition du netball au profit du basketball en fauteuil roulant.

Quatre ans plus tard, en 1960, le handibasket fut intégré aux disciplines officielles des premiers jeux paralympiques, à Rome.

Ayant continué de se développer, le handi-basket est à présent pratiqué dans plus de 80 pays, et une autorité suprême, qui a acquis le statut de fédération autonome en 1993, a vu le jour: la Fédération International de Basket-ball en Fauteuil Roulant (IWBF – International Wheelchair Basketball Federation). En France existe la Commission Fédérale Handibasket,faisant partie de la Fédération française Handisport. Celle-ci possède un site internet riche en informations dans le domaine:  http://www.france-handibasket.fr/

Aujourd'hui, la discipline fait partie de plus populaires des jeux paralympiques, ayant notamment attiré à elle plus de 10000 spectateurs aux jeux paralympiques de Sydney en 2000.


Les principes de base
Le basket-ball en fauteuil roulant se caractérise par la rapidité d’un jeu à rebondissements permanents constitué d’attaques au panier et de défenses "man to man" (un contre un).

Les deux équipes qui participent à chaque tournoi sont composées de cinq membres chacune et de sept remplaçants. Ces derniers prennent la place d'autres joueurs pendant les pauses. L'objectif de chaque équipe est, d'une part, de marquer le plus grand nombre de paniers, et, d'autre part, d'empêcher l'équipe rivale d'en faire autant. L'équipe gagnante est celle qui a totalisé le plus grand nombre de points à la fin du match. En somme, ici, rien qui ne change du basketball traditionnel.

De même, les dimensions et la forme du terrain, l'équipement de base et le règlement conservent les caractéristiques du basketball classique.
Le terrain de jeu est donc une surface rectangulaire mesurant 28 mètres sur 15, et un parquet en bois est obligatoire pour les matchs nationaux et internationaux.
Quant à la balle utilisée, il s'agit, là aussi, de la même que celle du basket classique. Elle est en cuir, et son périmètre est compris entre 74,9cm et 78cm, et son poids entre 600g et 650g.

La principale différence réside donc dans l'utilisation du fauteuil roulant, que le joueur doit savoir conduite avec habileté pour une meilleure efficacité. Le fauteuil doit répondre aux normes de l'IWBF. Il peut avoir trois ou quatre roues, par exemple deux grandes à l'arrière et une ou deux petites à l'avant.

Le handi-basket peut être pratiqué par toutes sortes d'handicapés, hommes et femmes: personnes souffrant de lésions de la moelle épinière, d'amputations, d'encéphalite, ou d'autre handicaps moteurs.





Les principales règles
Dans le but d'équilibrer le rapport de force entre les deux équipes, les joueurs sont évalués par classe, le total additionné des classes des 5 joueurs sur le terrain ne devant pas dépasser 14 points.

L'évaluation de chaque joueur est comprise entre 1 et 4,5 points, la note la plus haute étant donnée au joueur ayant le handicap moteur le plus faible. Cela dit, chaque pays est susceptible de mettre en place des modifications spécifiques. Par exemple, la France classe ses joueurs selon une échelle allant de 0,5 à 5.

L'évaluation se base sur la capacité d'équilibre, sur le degré de motricité du tronc, sur l'adresse à recevoir la balle, à la passer, à faire des dribles, et sur l'habileté à se déplacer en fauteuil roulant (vitesse, arrêts, changements de direction).

Classe 1: athlètes sans abdominaux, qui ne peuvent effectuer de manière active une rotation du tronc.
Classe 2: athlètes pouvant exécuter une rotation du tronc et développer une stabilité active.
Classe 3: athlètes ayant une bonne mobilité, pouvant se pencher en avant et se relever sans s'aider de leurs bras.
Classe 4: athlètes ayant en plus la possibilité de se pencher sur au moins un côté en associant parfois un mouvement d'abduction de hanches pour maintenir leur équilibre.
Classe 5: certains pays placent les athlètes sans handicap (utilisant donc le fauteuil roulant simplement comme objet sportif) en classe 5.


Ce qui en ressort à la lecture
Tout simplement, on sent bien l'implication de Takehiko Inoue sur le sujet, et sa volonté d'offrir un univers fidèle à la réalité, puisqu'il applique à la lettre ces règles et principes. Cette volonté de réalisme est encore accentuée par un grand souci du détail dans la représentation des objets tels que les fauteuils roulants, mais aussi au niveau du physique des athlètes par rapport à leur handicap. Par exemple, on garde en tête l’image d'un Mitsuru Nagano possédant un torse et une tête de colosse, mais pourtant affublé de jambes paraissant tout de suite faiblardes.

De même, la gestuelle des athlètes jouit d'un grand souci de réalisme. On est ici bien loin d'un Slam Dunk, qui pouvait avoir tendance à exagérer les exploits des joueurs. Ici, la plus grande maturité et le souci de réalisme de l'oeuvre se ressentent également à travers l'absence de grands exploits. Les matchs représentés sont souvent courts, et leur représentation ne donne pas dans le grandiloquent, sait rester sobre.

Et pourtant, la grande force de Takehiko Inoue est de réussir à s'appuyer sur son coup de crayon incomparable pour offrir un dynamisme impressionnant à ce qu'il met en scène, les passages les plus vifs étant riches en griffonnements et autres effets de vitesse détaillés. De même, il est impressionnant de voir la facilité avec laquelle le mangaka fait ressortir les efforts effectués par les joueurs.

On se retrouve donc avec une dimension sportive largement différente de celle d'un Slam Dunk. Une différence apportée par le statut d'handicapés des joueurs, bien évidemment, mais aussi par un tout plus réaliste, beaucoup moins basé sur des incroyables exploits dignes des plus grand joueurs de la NBA que sur l'ensemble de petits exploits effectués par des héros affichant avec courage une volonté de continuer de se battre malgré leur handicap. A l'heure où le sport classique souffre d'affaires de dopages ou de tricheries qui éclatent dans tous les sens, ou d'histoires de business et de gros sous, on est en droit de se dire que la véritable beauté du sport est à présent dans le handisport. D'ailleurs, n'oublions pas que l'équipe de France masculine de basket en fauteuil roulant est devenue vice-championne du monde 2010.



Real © INOUE Takehiko / IT.Plannings.Inc.

Commentaires

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Kurumi

De Kurumi [604 Pts], le 17 Septembre 2011 à 19h16

Super génial ! :D
Tout comme ce manga d'ailleur ! ♥

titali

De titali [2269 Pts], le 17 Septembre 2011 à 17h18

18/20

Très beau dossier pour une série tout aussi belle!:)

Parfois un peu de lourdeur et de répétitions, mais c'est vite oublié, vu que le dossier est franchement intéressant et bien fait!

Koiwai

De Koiwai [12693 Pts], le 17 Septembre 2011 à 01h49

Merci !

Pour ma part; comme, souvent, je ne suis pas totalement satisfait de mon travail XD Je regrette un plan faisant appel à quelques répétitions... mais bon, mieux vaut se répéter que d'oublier certains éléments, je suppose ^^

En ce qui concerne la traduction, j'avoue ne pas être choqué par cet aspect assez soutenu dans Real, voire de manière générale dans d'autres séries. Après, tout dépend du type de série, et sur Real je trouve que ça fait plutôt bien ressortir la beauté de certaines phrases ^_^

Quant aux fautes de frappe, la majorité doit à présent être corrigée ^^ C'est que ça m'arrive souvent, ce genre de petites fautes...

Raimaru

De Raimaru [1244 Pts], le 16 Septembre 2011 à 21h28

Le mot de la fin est sublime, bravo Koiwai \o/

 

Real est un de mes mangas préférés (il est malheureusement sorti de mon podium depuis que j'ai découvert Ashita no Joe, pourquoi un podium ne peut-il pas avoir quatre places T_T), mais c'est techniquement le meilleur manga que j'ai lu. Pas de faux pas, que des grands bonds.

 

Real, c'est simplement l'histoire de trois gars confontés à une difficulté commune et qui ont le même centre d'intérêt. Mais ce que y est le plus fort et comme ça a été dit, c'est qu'ils se croisent et se poussent mutuellement à avancer lors de ces croisements, mais sans vraiment... être amis finalement. Nomiya éprouve un certain respect pour Togawa qui finalement ne lui rend pas en apparence, et Takahashi n'évolue que par les provocations de Nomiya. C'est en ça que c'est puissant et très réaliste. On n'a tous plus ou moins été influencé dans nos vies par des personnes qu'on ne connait pas plus que ça, sauf que voir ça dans un manga, ce n'est pas forcément commun. Et en plus c'est bien fait.

 

Juste un point sur lequel je ne suis pas d'accord : la qualité de la traduction de Thibaud Desbief. J'ai beaucoup aimé son travail sur Solanin (certaines répliques basiques m'ont bien fait rire parce qu'elles étaient bien tournée =D), je n'ai pas été choqué par celle de Pluto, mais elle reste lisse. Par contre sur Real, elle me pose problème. Je doute que même au Japon, dans la réalité, des jeunes de 18-20 ans utilisent des "cela" et des inversions sujet-verbe dans les questions à tout-va. C'est trop guindé.

 

Dernière chose, rien de bien grave : il y a pas mal de coquilles dans le dossier ^^' C'est dommage parce que les tournures sont très bonnes =)

kiki_

De kiki_, le 16 Septembre 2011 à 12h55

Un super dossier pour un super artiste :D

Merci a vous.

 

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