actualité manga - news illustration

Dvd Retour sur la conférence de Takeshi Koike et Yû Kiyozono sur Lupin III: La Lignée Immortelle à Japan Expo

Samedi, 23 Août 2025 à 12h00

La mythique licence Lupin III était à l'honneur début juillet à Japan Expo avec la venue, pour une conférence, de Takeshi Koike et Yû Kiyozono, respectivement réalisateur et producteur de Lupin III : La Lignée Immortelle, un film à l'esthétique léchée, qui sortira dans les cinémas français le 12 novembre grâce au distributeur Eurozoom, et qui vient achever une belle saga de cinq métrages après Le Tombeau de Daisuke Jigen, La Brume de sang de Goemon Ishikawa (tous deux sortis en France sur support physique chez Black Box), Le Mensonge de Fujiko Mine et Zenigata & les deux Lupin (tous deux inédits en France à ce jour).

En plus d'être le réalisateur de ces cinq films, Takeshi Koike est un prodige de l'animation qui a notamment acquis une belle notoriété pour son travail sur la claque visuelle Redline. Quant à Yû Kiyozono, il est producteur pour le studio Telecom Anim Film et a œuvré de longue date sur la franchise Lupin III.

En cette fin août, nous vous proposons un retour sur cette intéressante conférence qui a fait salle comble grâce à un public de fans, et qui fut animée par Valentin Paquot tandis que l'interprétariat a été assuré par Vincent Marcantognini.



Takeshi Koike : Bonjour, je suis le réalisateur Takeshi Koike. Je suis récemment arrivé à Paris, et j'ai hâte d'entendre la réaction et les avis du public franais qui habite un pays doté d'une riche culture et d'un vrai sens de l'Art !

Yû Kiyozono (après avoir admiré de beaux cosplays de Lupin et Jigen dans le public) : Bonjour, je suis le producteur du film. Je suis content de passer ce moment avec vous, même s'il sera très court.


Après cette petite présentation partiellement prononcé en français, fut diffusé un extrait de quelques minutes du film, ponctué d'applaudissements à sa fin, et avant que ne commencent les questions-réponses.





Après 11 ans d'aventures, cette saga de Lupin III touche à sa fin. Que ressentez-vous en cet instant ?

Takeshi Koike : Bien sûr, pour le public le projet a duré 11 ans, mais pour nous il a commencé bien avant. Avant de travailler sur cette saga de cinq métrages, j'avais conçu le character design de la série animée Lupin III : Une femme nommée Fujiko Mine (un bijou que nous vous conseillons chaudement et auquel nous avons consacré un dossier, ndlr), et c'est à cette époque que j'ai rencontre monsieur Kiyozono. Quand il m'a demandé si j'étais intéressé par la réalisation de ces films, je n'ai pas hésité une seule seconde et je lui ai immédiatement répondu oui. Et après toutes ces années et tous ces métrages, je suis vraiment content que le public ait enfin le fin mot de cette saga.

Yû Kiyozono : Voila, nous arrivons au dernier film de cette saga, sachant qu'il y a eu auparavant quatre autres métrages : un sur Jigen, un sur Goemon, un sur Fujiko et un sur Zenigata. Chaque film a ses particularités : un film d'action à proprement parler pour Jigen, un film de sabre pour Goemon, un film au charme tout féminin pour Fujiko, et un film policier pour Zenigata. Quand j'ai choisi Takeshi Koike comme réalisateur, je savais qu'il saurait montrer Lupin sous son meilleur jour dans chacun de ces films. Et avec monsieur Koike, nous somme d'autant plus heureux de présenter le cinquième et dernier film, car il est proposé à plus grande échelle avec une diffusion au cinéma, contrairement aux autres. C'est un vrai sentiment d'accomplissement.


Le film est sorti dans les cinémas japonais il y a quelques semaines, en juin, et pour l'occasion vous avez fait une tournée au Japon. Quelle a été la réaction du public nippon en découvrant la conclusion de votre saga ?


Yû Kiyozono : On a effectivement pu faire une tournée pendant laquelle on a retrouvé les comédiens de doublage des films, entre autres. Il y avait beaucoup d'attente autour de ce long-métrage, car si l'on excepte Lupin III the First (ndlr, une autre grande réussite de la saga, dans un style différent, et à laquelle nous avons aussi dédié un dossier) cela faisait environ 30 ans qu'il n'y avait pas eu de film Lupin III au cinéma. A titre personnel je suis vraiment heureux, car ça fait 30 ans que je suis entré chez le studio Telecom Anim Film (le studio en charge des films de cette saga, ndlr), et j'ai enfin pu proposer un film Lupin III au cinéma, qui plus est avec un réalisateur que j'admire. Concernant l'accueil du public en lui-même, on sait que le film fait de bonnes entrées depuis son lancement.

Takeshi Koike : Je sais que le casting des films a pris beaucoup de plaisir à travailler sur ce dernier métrage. J'ai senti que cette très bonne ambiance au sein de l'équipe a été transmise au public japonais, et j'espère que ce sera le cas aussi avec le public français. J'ai hâte de découvrir vos réactions !


Quelle a été votre scène préférée en matière de réalisation, et au contraire celle qui a été la plus difficile ou à laquelle vous avez dû accorder plus d'attention ?

Takeshi Koike : Je n'ai pas de scène en particulier, mais je peux dire que ce dernier film a été pensé par nos soins comme une sorte de bouquet final, car on a voulu faire en sorte que chaque personnage emblématique de la licence ait droit à plusieurs scènes fortes lui permettant de briller, aussi bien par leurs actions que par leurs répliques. J'espère que vous ressentirez cette attention en voyant le film !

Yû Kiyozono : Nous avons réalisé ce film avec Telecom Anim Film, un studio qui a aussi collaboré avec Hayao Miyazaki entre autres et qui, surtout, comporte encore beaucoup d'animateurs qui travaillent à la main et en 2D. Je ne rejette pas du tout le numérique et la 3D car on peut aussi atteindre de très bons résultats dans ces domaines, mais avec ce film on voulait faire quelque chose qui semble naturel et évident pour du Lupin III, d'où le choix de la 2D plus traditionnelle. Malheureusement, il faut aussi dire que les artisans de l'animation sont de plus en plus rares, et j'aimerais donc beaucoup que vous accordiez votre attention sur notre travail en 2D traditionnelles lorsque vous regarderez ce film.


Une autre particularité pour une saga comme celle-ci, c'est le besoin d'intégrer de nouveaux antagonistes totalement inédits, et pour l'élaboration de leur design vous avez travaillé avec Katsuhito Ishii, qui a notamment conçu le character design de la séquence d'animation de Kill Bill de Quentin Tarantino. Pouvez-vous nous en dire plus là-dessus ?

Takeshi Koike : M. Ishii, sur les cinq films, a été un précieux collaborateur pour la création des designs des antagonistes. Mais en réalité il a faite beaucoup plus que ça : on a imaginé ensemble la manière dont les antagonistes allaient entrer en scène, et je pense que grâce à lui on a réussi à offrir des personnages qui ont de la classe et qui marquent les esprits. De manière générale, il y a toujours beaucoup de plaisir à créer des nouveaux personnages. Et même si, dans un film Lupin III, généralement les fans veulent avant tout Lupin et ses compagnons en action, on sait qu'il faut aussi accorder beaucoup d'importance aux antagonistes si on veut qu'ils deviennent aussi l'objet de l'attention voire de l'amour de beaucoup de spectateurs.


Quelle a été votre première rencontre avec l'univers et le personnage de Lupin III ?

Takeshi Koike : J'ai fait la connaissance de Lupin III avec la toute première série animée, que j'ai vue à la télévision quand j'étais en CP. J'apprécie particulièrement le début de cette série pour la relation que Lupin a avec les antagonistes. Ces antagonistes me plaisaient beaucoup.

Yû Kiyozono : De mon côté, j'ai aussi connu Lupin II à l'école primaire grâce à une rediffusion. Je me rappelle de moi rentrant à la maison après l'école : je posais mon cartable, je ne me lavais même pas les mains et j'allais directement devant la télévision pour me poser devant Lupin III. Je ne me rappelle pas de moi comme ayant été un énorme fan de Lupin III quand j'étais petit, mais il a toujours fait partie de mon quotidien depuis l'enfance. J'ai vécu ma jeunesse avec lui.




Comme l'a montré votre série de cinq films, Lupin III ce n'est pas juste Lupin, mais aussi quatre autres personnages emblématiques autour de lui. Avez-vous un personnage préféré parmi ceux-ci ?

Takeshi Koike : Je les aime tous, et ça a peut-être changé au fil du temps, ais si je devais choisir un personnage je pense que ce serait Fujiko.

Yû Kiyozono : Pour moi c'est Jigen, et au studio on a même des données montrant qu'il s'agit du personnage favori de la majorité des fans. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Camarade le plus fidèle de Lupin, tireur d'élite exceptionnel... Il a un charisme fou. C'est d'ailleurs pour ça que le premier film de notre saga était centré sur lui. Quand j'ai proposé le projet de premier film à M. Koike, je lui ai directement suggéré de commencer par Jigen. A cette époque on n'était même pas encore sûrs de pouvoir faire une saga de cinq métrages, alors j'ai voulu saisir tout de suite la chance de mettre Jigen à l'honneur.


Lupin III est une licence qui existe depuis plus de 50 ans, qui vous a plu quand vous étiez enfants, qui peut encore plaire à de nouvelles générations... Alors, avec vos films avez-vous ciblé les personnes déjà fans, ou avez-vous aussi voulu en faire une superbe porte d'entrée pour un nouveau public ?

Yû Kiyozono : Au Japon, on sait que la plupart des fans de Lupin III ont dans la quarantaine ou la cinquantaine, car ils voyaient la série à la télévision quand ils étaient enfants et que ça les a marqués. Je pense que quand on est enfant, on apprécie beaucoup Lupin III pour sa dose de fantaisie, son côté un peu irréaliste. Dans nos films, on a voulu montrer un peu plus Lupin et ses acolytes comme des partenaires en affaires, c'est à-dire avec des relations adultes et un degré de liberté assez fort entre eux. D'ailleurs, quand on lit le manga d'origine de Monkey Punch, on remarque que les personnages agissent de manière très libre. Et quand il y a cette liberté chez les personnages, il y en a aussi chez les animateurs dans leur manière de les dessiner. Ils n'ont pas vraiment de règles à respecter, peuvent prouver ce qu'il valent vraiment et tester leurs capacités à dessiner... Je pense que de manière générale Lupin III est une licence qu plaît beaucoup aux animateurs car ils ont cette part de liberté. Et personnellement, j'espère que cet aspect-là soit suffisamment communicatif pour donner envie à tous les publics, ancien comme nouveau, de profiter de Lupin III.

Takeshi Koike : A la base, quand on a commencé à travailler sur ce projet, on n'avait pas vraiment d'idées claires sur tout ce qu'on voulait faire. Tout ce que je sais, c'est qu'on était fans de la toute première série de Lupin III, et qu'on voulait retrouver un peu la même ambiance. C'est au fil des films, et à travers l'opportunité d'en faire une saga, qu'on a développé une vision plus claire jusqu'à aboutir à la Lignée Immortelle pour le cinéma. On a petit à petit eu l'idée de faire de ces cinq films un long préquel au Secret de Mamo, le tout premier film d'animation de la licence, qui possède lui aussi une ambiance similaire aux débuts de la première série. En ce sens, je pense qu'on est sur une bonne porte d'entrée à la licence Lupin III.


Imaginez que vous pouvez embaucher Lupin III pour voler n'importe quoi. Que lui demanderiez-vous de voler ?

Takeshi Koike : Peut-être que s'il pouvait voler du temps pour que j'en aie plus pour moi-même, ce serait super.

Yû Kiyozono : Etant donné que Lupin est un cambrioleur hors-pair qui peut voler tout ce qu'il veut, je pense que je lui demanderais de voler tous les trésors du monde. Néanmoins, dans La Lignée Immortelle, on peut comprendre ce que Lupin a véritablement gagné comme trésor en étant avec ses compagnons. Tous les trésors ne sont pas matériels.


Une question sur Fujiko Mine, qui est peut-être le personnage qui a le plus de designs différents dans la vaste licence Lupin III. Comme avez-vous choisi le vôtre ?

Takeshi Koike : Effectivement, Fujiko change beaucoup selon les œuvres de la licence. Malgré tout, notre saga de films se déroule dans les années 1970, donc on s'est beaucoup servis de pièces de mode et de styles de top-models de cette époque.

Yû Kiyozono : Personnellement je n'ai pas trop participé aux recherches. En revanche, on peut dire que des femmes ayant le look de Fujiko, on n'en voit pas beaucoup dans la rue au Japon, donc les inspirations de sont plutôt portées sur les styles occidentaux et notamment français.


Cette conférence touchant à sa fin, avez-vous un dernier mort à adresser au public français ?

Takeshi Koike : Lupin III est une licence que j'adore depuis l'enfance. J'aime cette série, ses personnages... Je pense qu'avec la Lignée Immortelle nous avons réussi à offrir un condensé de ce qui fait le charme intemporel de la licence, donc j'espère qu'il vous plaira !


La conférence s'est ensuite achevée sous une salve d'applaudissements.

Propos recueillis par Koiwai.

commentaires



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation