Dossier manga - Persona - Les adaptations manga et anime
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9/20

Persona premier du nom et la mangaka Shinshû Ueda




Le première épisode de la licence est, aujourd'hui, certainement le mois connu en occident, et le moins joué. Il faut dire que son gameplay a pris un coup de vieux, et que son écriture ne correspond plus forcément aux canons du moment.

Pourtant, le soft a connu une grande popularité au Japon, sur les mois de sa sortie. Il n'est donc pas étonnant que Megami Ibunroku ait eu droit à ses adaptations... ou plutôt à son adaptation : Un manga signé Shinshû Ueda, toujours active au Japon puisqu'elle signe actuellement le spin-off isekai Saint Seiya : Meiôiden Dark Wing.

Le manga Megami Ibunroku Persona : Be Your True Mind démarre en 1997 dans le magazine shônen G-Fantasy de l'éditeur Enix (aujourd'hui Square Enix) et s'achève en août 2000, au terme de 44 chapitres compilés en 8 volumes. En 2009, les éditions Ichijinsha profitent de l'engouement nouveau autour de Persona, et notamment du remaje PSP du premier opus, pour rééditer le manga avec de nouvelles couvertures.

Dans cette version, Shinshû Ueda respecte la trame globale du jeu, mais prend quelques libertés avant d'insuffler à l'histoire un côté plus shônen, tout en respectant l'orientation péripéties fantastiques dans un univers lycéen. Son trait se veut parfois assez léger pour donner à l'histoire un humour qui fait souvent défaut au titre d'origine. Dans ses mimiques graphiques, l'autrice rappelle parfois Hidenori Hara (Densha Otoko : L'homme du train, Regatta, G. Gokudo Girl).


A noter que les travaux colorisés autour du manga ont ensuite été publié dans un artbook dédiée à la mangaka, et quasi exclusivement consacré au fameux manga. L'ouvrage, (de fort belle facture) a pour sobre titre Persona – Shinshû Ueda Illustrations, et a été publié le 18 décembre 1998 chez Enix. Outre les visuels liés à Megami Ibunroku Persona : Be Your True Mind, on y trouve ses illustrations tirés de Majin Tensei, spin-off manga en 5 volumes de Shin Megami Tensei, publié juste avant le titre Persona.

Malheureusement, voir le titre paraître un jour chez nous semble être de l'ordre de l'utopie. Il faudrait un bel engouement autour des mangas des opus principaux récents, ainsi qu'une remise en avant du premier volet vidéoludique, pour voir ce vœu exaucé.


Persona 2, l'arrivée de Persona en France




En l'an 2000 est parue Eternal Punishment, la deuxième partie de Persona 2. Après Enix, c'est au tour du fameux éditeur Shûeisha de profiter de la licence d'Atlus, déjà populaire à l'époque, le temps d'une adaptation manga. Le projet prend le titre de Persona : Tsumi to Batsu, mélangeant ainsi les intitulés des deux parties des opus vidéoludiques. Pourtant, le manga n'en n'est pas l'adaptation formelle, puisqu'il s'agit d'une histoire inédite qui se déroule pourtant dans le même univers (bien que, d'une manière générale, tous les opus de la licence existent dans le même monde mais à des chronologies différentes. On pourrait pousser la réflexion jusqu'à dire que tout Megami Tensei / Shin Megami Tensei partagent un univers commun, mais ce serait s'aventurer dans un vaste débat). L'histoire a précisément lieu dans l'ère Eternal Punishment, comme le confirme l'auteur dans la postface du dernier tome, en apportant d'autres précisions pour situer chronologiquement son histoire. Pour saisir toutes ces informations, il convient d'avoir joué à Megami Ibunroku Persona, Persona 2 : Innocent Sin et Persona 2 : Eternal Punishment. Pour autant, aborder le manga en tant que néophyte reste possible, de par l'indépendance du récit.

Le manga est confié à Naotsugu Matsueda, un mangaka dans ses premières années professionnelles à l'époque, et que nous retrouverons en France avec le manga L'Île du Temps aux éditions Komikku. Prépublié dans le Gekkan Shônen Jump, le titre s'achève avec son 18e chapitre, le tout étant compilé en trois volumes. En 2011, Shûeisha profite du nouvel engouement autour de Persona pour rééditer la série au format deluxe, en deux tomes.


En France, Delcourt (alors affilié à Akata) flair un certain filon en proposant la courte série durant l'année 2003, sous le titre Persona : Crime et Châtiment. Nous sommes alors trois ans avant la sortie japonaise de Persona 3, aussi la licence demeure inconnue chez nous, si ce n'est auprès de passionnés de J-RPG aguerris qui ont, au mieux, pu mettre la main sur les versions américains du premier opus et d'Eternal Punishment. Aujourd'hui, le manga est en arrêt de commercialisation. Mais, avis aux amateur, le trouver en occasion se révèle peu complexe et à prix très abordable.

Crime et Châtiment, c'est l'histoire de Kazumi Kiba, un lycéen de l'établissement Seven Sisters (vu dans les jeux, donc), qui mène une vie d'adolescent ordinaire. Lorsqu'il rêve d'un certain Philemon, son quotidien va changer. Rihito, son meilleur ami introverti et égérie de la société Nymphéa, disparaît soudainement. Lorsqu'il se lance à sa poursuite, il découvre un Rihito obscure qui rejette son amitié, tandis que des démons apparaissent et s'attaquent au lycéen. Kazumi éveille alors sa persona, Yama, avant de s'associer à une bande de marginaux, eux aussi manieurs d'entités, luttant contre la société Nymphéa, au centre d'un sinistre complot.

Le manga ne veut donc pas spécialement enrichir les intrigues des jeux, mais plutôt surfer sur leur popularité via une histoire nouvelle et accessible. Le plus grand défi vient certainement dans l'implantation des mécaniques de gameplay, très particulières dans ce qui est l'avant Persona 3, car héritées de MegaTen. La présence de Philemon, la Velvet Room au cœur de la ville de Sumaru, les démons apparaissant en pleine métropole, leur lien avec les cartes de tarot... Tant d'éléments que Naotsugu Matsueda tente d'incorporer dans son intrigue sans oublier l'essentiel : Raconter une histoire abordant les thématiques de la saga comme l'inconscient et le masque social. Le tout pourra être jugé réussi dans le sens où le récit s'avère complet. Par son déroulement et ses concepts, on ressent l'influence d'un J-RPG, mais rien n'empêche d'apprécier ce court manga à sa juste valeur. Évidemment, connaître l'univers au préalable et avoir joué aux premiers opus permettra une immersion plus grande.


Persona 3 : Entre adaptations et prises de risque


Le troisième épisode de la saga signe les premier symptômes de l'exploitation qu'Atlus veut faire de la licence. Dès 2007, l'année suivant la sortie du soft, les premiers projets voient le jour. Aujourd'hui, leur démarche créatrice paraît bien différente de celle que nous trouvons sur les titres suivants, raison pour laquelle les analyser se révèle intéressant.


Le manga Persona 3



Le dérivé le plus simple dans la forme est le manga Persona 3. Le jeu d'origine séduit un grand nombre de joueur, aussi l'éditeur ASCII Mediaworks (aujourd'hui totalement rattaché à Kadokawa Shoten) souhaitait lancer une version manga pour son magazine seinen Dengeki Maoh. Lorsqu'ils arpentent les allées du salon comicket (grande convention japonaise qui a lieu deux fois par an, réunissant des artistes amateurs qui proposent leurs dôjinshis), des éditeurs remarquent le travail de Shûji Sogabe, déjà fan de Persona depuis son premier épisode, et qui proposait quelques illustrations. Il n'en fallait pas plus pour lui confier le travail, une tâche d'autant plus idéale pour l'artiste qu'il œuvre au sein d'un studio d'illustration : FiFS. Fondé en 2005, celui-ci a fait ses armes sur le jeu-vidéo WarTech : Senkô no Rondo. Le travail fut long, notamment parce que Shûji Sogabe et son studio prirent aussi en charge le manga Persona 4 par la suite. Ainsi, entre 2009 et 2011, la série a connu un hiatus, et les deux titres ont connu leurs interruptions à tour de rôle. Le manga Persona 3 a fini par bénéficier d'une prépublication alternée avec le Persona Magazine, revue affiliée au magazine Playstation, d'abord mensuelle sur ses dix premiers numéros, afin de devenir périodique, lorsque l'actualité Persona s'y prête.

Le manga Persona 3 est bel et bien né d'une volonté de créer un produit dérivé propice à satisfaire le fan. Ainsi, une problématique s'est posée lors de la mise en chantier du projet : Les personnages n'apparaissent qu'au compte-gouttes, et les plus populaires d'entre eux (pour ne pas citer Aigis et Ryoji Mochizuki) ne s'illustrent que trop tardivement. Dans cette volonté de récompenser les fans, un choix audacieux (et risqué) a été fait : Découpez le scénario de manière à faire des sauts dans le temps, permanents, ce qui permettait d'inclure les plus populaires des personnages dès les premiers chapitres. La construction du manga relève presque du hasard puisque Shûji Sogabe et son équipe ont écrit les principaux événements sur des fiches avant de les mélanger et... de les tirer au sort. Ceci explique la forme du manga, et sa plus grande problématique. Il est très difficilement accessible au néophyte puisque quiconque n'a pas joué au jeu s'y perdre. Un choix qui ne sera d'ailleurs pas réitéré sur le quatrième opus.


Autre point intéressant : La longévité du manga. Outre le fait qu'un format de 11 tomes soit conséquent pour une telle adaptation, il y a de quoi être surpris d'une parution longue de près de dix ans ininterrompue par l'éditeur. ASCII Mediaworks / Kadokawa se sont montrés très respectueux à l'égard du manga. Un produit dérivé certes, mais que l'auteur pouvait développer comme bon lui semble. Il n'a jamais été question de l'interrompre, quand bien même la vague Persona 3 était passée depuis un moment. L'une des raisons est simples : P3 reste du Persona, et il y a toujours plus ou moins eu de l'actualité autour de la licence depuis le troisième épisode. Du côté d'Atlus, il y a toujours eu une forme de gratitude face à ce long projet, aussi Shûji Sogabe s'est toujours montré intéressé.

En France, le manga Persona 3 est le second a avoir été publié. Alors que la saga commençait à percer avec son cinquième volet, Mana Books a pris le risque de faire de la licence une de ses séries fortes, en lançant le manga aux côté de l'artbook de Persona 5. Une prise de risque pour un manga décousu et difficilement accessible, mais adaptant un épisode toujours très apprécié des joueurs.


Une première adaptation animée oubliée

La première véritable tentative d'adapter Persona en anime a donné lieu à un résultat étonnant, et souvent très méconnu. Tout comme ASCII Mediaworks achète les droits d'exploitation manga et littéraires, un producteur s'est penché sur les droits d'adaptation en anime : Aniplex. C'est au studio A-1 Pictures qu'une idée simple mais porteuse a été confiée, celle d'adapter Persona 3 en série animée. Le projet est donné à Jun Matsumoto, un animateur et storyboarder qui faisait ses preuves. Mais plutôt que de simplement adapter le soft, une idée le traverse : Créer une suite se déroulant des années après la fin du jeu original. Il débauche le scénariste Yasuyuki Mutô (Gundam Unicorn, Basilisk), confie le character-design à Yuriko Ishii (Kuromukuro, Maquia : When the Promised Flower Blooms) et charge à la composition musicale Taku Iwasaki (Gurren Lagann, Jojo's Bizarre Adventure : Battle Tendency). Le résultat aboutit alors : Persona -trinity soul- .

Diffusée entre le 5 janvier et le 28 juin 2008, pour un total de 26 épisodes, la série narre le destin des frères Kanzato. Shin et Jun, les cadets, aménagent chez leur grand-frère, Ryô, haut gradé de la police d'Ayanagi où se multiplient des cas rappelant le syndrome d'apathie survenu dix années auparavant. Un événement se lie au phénomène : L'éveil des personae


Si aujourd'hui l'anime semble totalement oublié (voir renié), il a donné lieu à quelques micro dérivés donc des romans et un artbook. Les Etats-Unis ont eu le droit à la série grâce à l'éditeur NIS America. Si on peut penser que la démarche rendrait l'anime un tant soit peu accessible en occident, les coffrets sont devenus rares et se revendent à prix d'or.


La véritable adaptation : Persona3 the Movie

En 2011, le jeu Persona 4 est porté en une série animée nommée Persona 4 the Animation, sur laquelle nous reviendrons. Suite à celle-ci (et à son beau succès), Aniplex et le studio AIC ASTA se penchent sur le troisième épisode pour en établir une adaptation de la même veine. L'annonce aura lieu au terme de la diffusion en avant première du film Persona 4 the Animation : The Factor of Hope, via un court teaser. Mais pas de série télévisée cette fois-ci, le jeu étant prévu pour être retranscrit en quatre films, produits entre 2012 et 2016 : La saga Persona 3 the Movie. Quatre opus réalisés indépendamment finalement, tant leurs directions varient à chaque fois. Le premier, Spring of Birth sort dans les cinémas du Japon le 23 novembre 2013 et est dirigé par Noriaki Akitaya (Bakuman) qui livrera son unique participation au projet. Le deuxième épisode, Midsummer Knight's Dream, voit le jour le 7 juin 2014 et est dirigé par Tomohisa Taguchi (le même qui chapeautera Twin Star Exorcists et qui réalisera un coup de génie avec le poignant film Digimon Adventure : Last Evolution Kizuna). Le troisième film s'intitule Falling Down et sort au Japon le 04 avril 2015. Un troisième réalisateur reprend le bébé, le prolifique Keitaro Motonaga (Get Backers, School Days, Digimon Adventure tri). Enfin, le dernier volet a un titre aussi majestueux que le final de l'histoire : Winter of Rebirth. Et pas de quatrième réalisateur cette fois, puisque Tomohisa Taguchi reprend la barre. Si les directeurs ont souvent changé, ce n'est pas le cas du reste du staff principal. Le character-design est élaboré par Keisuke Watabe (Pazudora) et les scénarios écrits par Jun Kumagai (Hamatora, Aquarion Logos).


Pas d'excentricité pour ces longs-métrages : La trame est respectée, bien qu'il faille faire des choix. Ainsi, les fameux liens sociaux passent quasi totalement à le trappe, permettant aux films de se concentrer sur la fil conducteur. Un choix que certains ont apprécié, par rapport à l'adaptation du quatrième volet qui se permettait d'explorer ces fameuses tranches de vie sociales.
Le résultat est particulièrement intéressant, du fait que trois réalisateurs ont apporté leur patte. Celle de Noriaki Akitaya est plus douce, plus molle diraient certains même, là où Tomohisa Taguchi croque avec brio la mélancolie et les affrontements nerveux. Quatre films qui ne se ressemblent pas donc, ni dans leur réalisateur ni dans leurs rythmes. Reste que le résultat est qualitatif : L'ensemble est fidèle et présente de petites visions différentes de ce qu'est Persona 3. Malheureusement, comme si le troisième épisode était maudit chez nous, la francophonie n'aura jamais droit à ces longs-métrages. Le Royaume-Uni, lui, profitera des trois premiers opus via la branche anglais d'All the Anime. Avis aux amateurs donc, les DVD et Blu-ray des premiers films demeurant disponibles pour les anglophones.
  
  

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