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Dossier manga - Persona - Les adaptations manga et anime
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9/20

Persona 4, l'émergence du fort cross-media


S'il a eu droit à ses dérivés, le troisième épisode n'a pas marqué l'explosion mercantile de la licence. Pour cela, il faut attendre le quatrième opus qui cristallisera une formule efficace, celle de décortiquer un épisode clé à travers moult spin-offs et adaptation pour rentabiliser la licence, satisfaire le fan, et ainsi l'occuper jusqu'au prochain volet phare qui demande forcément un temps de production considérable. Atlus préfère user de cette formule afin de ne pas forcer le bouclage d'un volet principal tout en profitant du succès de sa poule aux œufs d'or, un choix logique et qu'on salue puisque les titres sont, régulièrement, de qualité. Concernant le jeu principal (et sa version complémentaire, Golden), il se dégage trois productions distinctes.


Le manga : Shûji Sogabe contre-attaque



Le mangaka le dit lui-même : Shûji Sogabe est un homme qui adore travailler, et qui a du mal à dire non quand un projet lui est soumis. Ainsi, comment refuser la proposition de plancher sur le manga Persona 4, même si la parution de l'adaptation du troisième épisode était loin d'être achevée à ce moment là ? C'est précisément ce qui mènera une double publication laborieuse : Planchant d'abord sur l'opus P3, Shûji Sogabe (et son studio FiFS, ne l'oublions pas) prendront davantage à cœur le manga P4 à son lancement, avant de privilégier un peu plus P3 sur sa fin, si bien qu'il n'y aura pas de nouveau tome du quatrième volet entre juillet 2015 et janvier 2018. Mais dès la fin de l'aventure du SEES au sein de l'Heure des Ombres, la parution de la déclinaison du quatrième épisode reprendra à un rythme bien plus soutenu.

L'adaptation manga de Persona 4 est lancée en 2009, toujours dans le Dengeki Maoh de l'éditeur ASCII Mediaworks. Comme soulevé dans le paragraphe précédent, la parution sera longue, puisque son 13e et dernier tome paraîtra le 27 mars 2019, pour un total de 67 chapitres. Et tout comme le manga P3, celui-ci a eu droit à quelques prépublications ponctuelles dans le périodique Persona Magazine.


Contrairement à l'opus précédent, l'adaptation de Persona 4 présente une particularité certaine : Son déroulement linéaire qui ne joue pas la carte du jonglage entre les périodes temporelles. Pas de quoi être perdu pour un néophyte donc, l'histoire est retracée de A à Z. Elle démarre par l'arrivée du protagoniste dans la bourgade d'Inaba pour se conclure avec ce que les joueurs nomment "vraie fin" du jeu. Une retranscription complète des événements donc, bien qu'il convienne de nuancer à propos du contenu de "Golden", la version enrichie du soft initial : L'arc supplémentaire n'es pas adapté, mais Shûji Sogabe s'inspire clairement de quelques idées nouvelles de la deuxième version pour enrichir son écriture, notamment en ce qui concerne un personnage crucial de l'histoire, afin de rendre son développement abouti. On notera aussi que le choix d'une transcription linéaire de l'intrigue vient de deux facteurs. La première est l'apparition immédiate des personnages les plus populaires, dont Yôsuke Hanamura. Aussi, la structure narrative de P4 est assez solide pour permettre un respect de la chronologie. L'histoire se déroule via une succession d'arcs, chacun mettant en exergue un personnage et apportant sa petite pierre à l'édifice du scénario. Un récit propice aux adaptations donc.

A ce jour, le manga Persona 4 peut sûrement se targuer d'être le plus travaillé de la licence (bien que la mouture dédiée à Persona 5 le talonne). Une adaptation qui prend son temps et développe chacun des grands arcs de la série, tout en proposant une narration suffisamment fluide pour s'adresser au plus grand nombre, et ne pas être qu'un produit pour fan. A l'heure où ces lignes sont écrites, nous n'avons pas encore eu la chance de lire le titre, mais celui-ci paraîtra dès le mois de mars 2021 chez Mana Books.


Les mangas P3 et P4 : L'autour

Parce que les deux titres ont été conçus par Shûji Sogabe et le studio FiFS, il s'en dégage des similitudes. D'abord, la démarche créatrice : Ni Atlus ni Katsura Hashino, le directeur des jeux, n'ont posé de limite à l'adaptation. Au contraire, le mangaka profitait d'une liberté totale, tandis que les ayant-droits appréciaient son travail de si longue haleine.

Viennent alors des choix autour des deux héros : Minato Arisato pour P3, et Sôji Seta pour P4. Des noms choisis avant que les anime soient mis en chantier, ce qui explique quelques différences. La sélection de ces identités ne provient pas de Shûji Sogabe directement, mais bien d'Atlus. Afin de ne décevoir personne, le mangaka ne voulait pas que les noms soient de son initiative, aussi il demanda au studio de lui soumettre des propositions. Si l'auteur a eu le dernier mot, il n'a fait que puiser dans des possibilités offertes par le studio de développement. Minato Arisato et Sôji Seta sont donc des volontés d'Atlus, bien que leurs identités "officielles" soient aujourd'hui différentes puisque celles des anime sont retenues dans le canon de la saga.


Et concernant ces protagonistes, établir leurs personnalités n'a pas été chose aisée puisqu'il fallait respecter l'idée du héros anonyme et muet, avatar du joueur au sein de l'aventure. La première initiative fut de faire de Minato (P3) un héros typique, avant que le mangaka revoit sa copie afin de correspondre aux intentions du jeu. Pour ces raisons, les deux personnages principaux sont peu bavards et en retrait. Amorphes même, certains diraient. Mais l'idée est intéressante et résulte d'une absence de parti-pris : Le mangaka ne voulant pas donner aux héros la vision qu'il leur donne dans les softs vidéoludiques. N'oublions pas que l'arcane du Fou symbolise l'infinité de possibilité, aussi apporter une caractérisation précise à Minato et Sôji reviendrait à trahir son pouvoir, celui de pouvoir orner toutes sortes de masques sociaux, de personae.

Nous finirons notre retour sur les mangas P3 et P4 sur un point précis : Les liens sociaux (ou Social Links, pour les amateurs des versions anglophones des jeux). Revenir en détail sur ces interactions aurait allongé le récit, et se serait révélée complexe du fait que les échanges dépendent là aussi des choix du joueur. Un compromis a donc été fait, là aussi : Faire apparaître ces personnages secondaires, mais ne pas s'attarder sur leurs liens avec le héros outre mesure. Un exécution qui résulte donc d'une bonne compréhension des jeux et de leurs intentions initiales.


Persona 4 the Animation : L'éveil d'un prodige

Le 11 avril 2011 correspond au tout premier jour de jeu dans le calendrier de Persona 4. Dans notre réalité, c'est ce même jour qu'est annoncée l'adaptation en série animée du soft : Persona 4 the Animation. Une véritable première à l'époque puisque Persona -trinity soul- n'était qu'une suite alternative, et donc un scénario entièrement original.

Aujourd'hui bien réputé, c'est Seiji Kishi qui est annoncé à la réalisation du projet, lui qui a depuis dirigé Assassination Classroom et qui signera pour une autre adaptation d'un MegaTen : Devil Survivor 2 The Animation. L'homme est très lié à Persona puisqu'il gardera un regard sur les films Persona 3, mais sera aussi crédité comme réalisateur de la série dont nous parlerons dans le paragraphe suivant. La production est confiée au studio AIC A.S.T.A à qui l'on devait déjà Gun X Sword. La structure scénaristique est assurée par Yûko Kakihara (aussi derrière le scénario des anime Chihayafuru et Sora no Otoshimono / Tombée du ciel, mais aussi celui de la série de films Digimon Adventure tri), tandis que le character-design initial de Shigenori Soejima est repris par Kazuaki Morita (Assassination Classroom, toujours, mais aussi Arpeggio of Blue Steel) et sa patte chaleureuse. Cette fois, pas d'inconnu côté musique : Shôji Meguro composera les nouvelles musiques d'ambiance, tandis que les chanteurs attitrés à la licence tels que Shihoko Hirata, Lotus Juice et Yumi Kawamura assureront les nouvelles chansons.


La production se fait à grand renfort de publicité : Aux dates correspondantes aux débuts d'arc dans le jeu (puisque nous sommes la même année que dans le scénario de P4), le site officiel enclenche la Midnight Channel pour faire apparaître une nouvelle vidéo promotionnelle. Astucieux et efficace, les fans attendant alors fermement le nouveau spot en prévoyant d'avance leurs dates de transmission. La diffusion démarre finalement le 8 octobre 2011 puis se conclure le 30 mars 2012, avec son 25e épisode. Pourtant, l'intrigue n'est pas conclue dans cette fin, aussi une OVA dite "true end" est annoncée pour être distribuée avec le dixième et dernier opus des DVD & Blu-ray datée pour le 22 août, l'épisode adaptant alors l'arc de la véritable fin du jeu.
Avant cette sortie, en mai 2012 est annoncé un long-métrage intitulé Persona 4 the animation : The Factor of Hope. Distribué dans une dizaine de salles à travers le Japon, il constitue un pur événement de fan. S'il ne s'agit finalement qu'une longue version de l'OVA qui sert aussi de récapitulatif des événements de la série, c'est sa conclusion qui étonne : La fin du film est suivie du teaser d'annonce de la saga Persona 3 the Movie, dont nous vous avons parlé dans la partie précédente de ce dossier. A noter que ce long-métrage est distribué dans l'édition limitée du dernier volume de l'épisode physique, en mai 2012 donc.

Du côté de la France, c'est de manière presque surprenante que Kazé se charge du simulcast avec sa plateforme d'époque : Kz Play. Une diffusion qui sera marquée par un important couac d'entrée de jeu : L'épisode 2 est mis en ligne un jour trop tôt, erreur impensable aujourd'hui. Suite à cela, la diffusion des épisodes est décalée par rapport au Japon, comme une pénalité. Cela n'empêche pas la série de figurer parmi les meilleures audiences simulcasts de la plateforme, notamment parce qu'une sévère lutte contre les fansubs a lieu. Le résultat est positif, aussi la série bénéficie d'une sortie physique via trois coffrets combo DVD & Blu-ray, en vost, dès décembre 2012. Avis aux amateurs, il n'est pas rare de trouver le coffret intégrale à prix abordable sur certains sites de vente en ligne, lors des périodes de solde et de promotion.

Mais au Japon, quel succès pour ce Persona 4 the Animation ? Pas de détour : Le public est largement au rendez-vous, le premier coffret (qui ne contient pourtant que le premier épisode) s'écoulant à plus de 26000 unité, uniquement en ce qui concerne sa version limitée. Forcément, les ventes seront moins fortes au fil des volumes, phénomène habituel sur une série. Mais avec en moyenne entre 15000 et 18000 copies écoulées pour les versions blu-ray limitées, les chiffres excellents, aussi les opus figurent dans le top des ventes lors de leur semaine de commercialisation. Là aussi, la stratégie est excellente puisque chaque version limitée comprend un disque bonus qui inclus, au choix, des dramas (discussions audios entre personnages), les génériques ou les fragments de la nouvelle bande-originale.


Concernant les qualités de l'anime, celles-ci sont nombreuses. La série jongle astucieusement entre le scénario et les phases de tranche de vie, s'offre des épisodes d'humour réussis, mais aussi de beaux élans de réalisation en jouant aussi bien avec une animation fluide, la direction artistique particulière de l'adaptation, des jeux de caméras et la bande-originale si efficace de l'ensemble. Les seiyû fournissent une prestation plus qu'honorable, ce qui est peu étonnant puisque ces derniers ne faisaient que retrouver leurs personnages, quelques années après l'enregistrement des voix du jeu. Une mention spéciale est à noter : Ryûsei Nakao, la célèbre voix de Freezer dans Dragon Ball, fait office de guest en incarnant l'antagoniste Ameno-Sagiri. Contrairement au jeu, sa voix est claire et distincte, nous faisant profiter du timbre du glaçant du comédien. Et concernant le doublage, la difficulté venait du personnage d'Igor dont l'interprète, Isamu Tanonaka, est décédé en janvier 2010. Aussi, des enregistrements faits pour les jeux ont été utilisés pour l'anime, rendant hommage au travail du comédien sur le maître de la somptueuse et envoutante Velvet Room.

Concluons cet encart par une note moins joyeuse : Celle d'une production teintée de scandales. Au début de la diffusion, l'animation Jun Arai confie que le studio n'a toujours pas payé les animateurs, ces derniers subissant aussi la pression des directeurs de l'animation. De plus, il désapprouve le deuxième épisode au point qu'il souhaite être retiré des crédits de celui-ci. A noter que Jun Arai continue d'être sans langue de bois concernant le traitement des animateurs, puisque ce dernier est revenu sur les salaires autour de l'anime Pokémon, l'année dernière.


Persona 4 the Golden Animation : Complément réussi ou vilain petit canard ?

Peu après la diffusion de Persona 4 the Animation, le jeu Persona 4 Golden voit le jour. Étant donné l'excellent succès de la série, adapter cette version enrichie s'avérait tentant, et la démarche aura bien lieu en 2014 sous le titre Persona 4 the Golden Animation. Le studio AIC A.S.T.A ne reprend pas le projet, chose que fera A-1 Pictures. L'équipe autour de la série sera néanmoins composée de connaisseurs de la licence puisque Tomohisa Taguchi, après avoir travaillé sur le premier film Persona 3 et réalisé le second, chapeaute cette adaptation tandis que Seiji Kishi reste réalisateur en chef. Pareil pour Jun Kumagai : La scénariste des films P3 reprend l'écriture de l'histoire. Et inutile de préciser que Shôji Meguro a, de nouveau, composé quelques chansons supplémentaires, tandis que les chanteurs que sont Shihoko Hirata, Lotus Juice et Yumi Kawamura ont aussi été rappelés pour de nouvelles pistes. Keisuke Watabe, character-designer de la saga P3, conçoit la nouvelle patte graphique des personnages, pour un rendu plus fidèle au style de Shigenori Soejima.

La diffusion de la série a lieu entre le 10 juillet et le 25 septembre 2014, pour un total de 12 épisodes. Une série courte donc mais un format suffisant, puisque l'idée est d'adapter uniquement les séquences inédites développées pour le jeu Golden, et par conséquent tout l'arc narratif du personnage de Marie (ce qui mènera à un climax un tout petit peu différent par rapport au jeu). Et comme pour la série précédente, The Golden Animation bénéficie d'une OVA avec son volume physique final, un court épisode de quelques minutes intitulé Thank you, Mr Accomplice. Une idée de génie, presque, puisque l'idée ici est d'adapter la nouvelle mauvaise fin possible dans le jeu, à travers un choix décisif du joueur.
Chez nous, le titre reste disponible en VOD uniquement, dans le catalogue de Crunchyroll. Il fut distribué en DVD et Blu-ray aux États-Unis, via Aniplex of America.


La série animée fait donc office de complément à l'adaptation précédente, et ne peut en aucun cas se suffire à elle-même. Au-delà de cette spécificité, la réalisation a fait l'objet de quelques débats, si bien que la série est parfois considérée comme une réussite, et d'autres fois comme un échec selon les points de vue. Certains passages sont traités extrêmement rapidement, une certaine démesure est présente dans la mise en scène, et quelques combats font pale figure à côté de la série précédente. Néanmoins, aucune critique aussi virulente comme celles qui affecteront l'autre œuvre d'animation que nous traiteront dans la partie suivante du dossier.

Commercialement, la série fonctionnement nettement moins bien que Persona 4 the Animation, tout en se plaçant dans le top 10 des ventes, lors de la semaine de sortie de chacun des six volumes. Le score reste néanmoins honorable, avec plusieurs milliers de copies vendues sur la simple première semaine de commercialisation, la série étant adressée à un audimat bien spécifique.
  
  

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