My First Love

Une maladie omniprésente…

  
Le fait que Takuma ne soit pas en bonne santé bouleverse totalement sa vie d’enfant et d’adolescent. Il ne peut pas assister aux rencontres sportives, ou tout simplement, faire partie d’un club de sport comme les autres garçons qui l’entourent. Lorsqu’il est enfant, sa vie est partagée entre son domicile familial et l’école. L’auteure nous montre un garçon triste de ne pas pouvoir être présent lors de la rentrée scolaire. Dès son plus jeune âge, il se sent différent des autres. Ses parents, sensibles à cela, essaient de se montrer forts, et de ne rien laisser paraître. Mais Takuma sent leur tristesse, et s’efforce alors de grandir. C’est ainsi que la maladie le fait mûrir plus vite que ses camarades, et qu’il se revêt d’une carapace de mauvais garçon pour se protéger. Ainsi, il essaie de montrer qu’il est capable de faire comme ses camarades de classe, mais le problème est que son corps ne tient pas longtemps. Il s’écroule alors, se montrant on ne peut plus faible aux yeux de tous. Takuma vit parfois sa situation comme étant humiliante. Il tend à se considérer comme inférieur aux autres garçons, car il n’est pas libre de lui-même, et pense ne pas pouvoir protéger Mayu. En effet, c’est davantage la jeune fille qui s’occupe de lui. Elle fait attention aux moindres efforts physiques qu’il fournit, est constamment attentive à son bien-être. Le problème ici est le fait que les rôles traditionnels soient inversés : cela perturbe profondément Takuma. Kotomi Aoki met en scène un couple inverse à celui que nous nous imaginons tous : ici, c’est la fille qui veille sur le garçon. Takuma le vit très mal. Il voudrait être le valeureux chevalier au service de ses dames, celui qui n’hésite pas à courir à leur secours lorsqu’un danger se fait sentir. Mais à cause de son état physique, il en est incapable. Parfois, seul le fait d’être proche de Mayu, de sentir sa peau contre la sienne, le met dans un état tel qu’il ne peut s’empêcher de sentir son cœur battre.


 
 
La maladie a également des répercutions sur Mayu. En effet, elle semble compromettre d’emblée son avenir sentimental. Si Mayu se mariait avec un malade du cœur, elle serait sans doute vouée à devenir veuve très jeune. C’est l’angoisse que sa mère nourrit depuis toujours, et surtout depuis le jour où elle s’est aperçue que sa fille était sincèrement amoureuse de Takuma. Cette peur est également partagée par Kô, qui a très mal vécu la maladie de son père au quotidien. Il ne supporte pas le fait qu’un malade ait besoin de soins, et donc d’attention. Cette dépendance est ce qui a rendu la vie difficile à sa mère, et selon lui, elle n’a jamais été heureuse. Kô semble penser réellement que vivre avec un malade dont l’avenir est incertain n’apporte que des soucis. Il n’arrive pas à concevoir le bonheur dans une telle situation, et les sentiments de Takuma pour Mayu sont pour lui du pur égoïsme. Grâce au personnage de Kô, Kotomi Aoki met en avant la haine, mais aussi, la jalousie que peut inspirer chez les autres un être malade. Kô semble être hors de lui à l’idée de ne pas pouvoir avoir celle qu’il aime, à cause d’un autre, qui de surplus est diminué physiquement. L’obstination de Kô ébranle la relation entre Mayu et Takuma, mais la renforce malgré tout. La peur de la mort est omniprésente, et Takuma et Mayu vivent dans l’attente perpétuelle d’un dénouement heureux, qui ne viendra peut-être jamais. Leur avenir semble être en suspens, voire compromis. La maladie est donc ici le centre des préoccupations, régissant tous les faits et gestes de certains personnages. Leur vie, leur quotidien sont ponctués de nombreux moments de doute, de peur, d’angoisse de voir l’instant ultime d’approcher à grande vitesse.