Dossier Japan Expo 2013 - Première partie - - Partie 1

Invités manga et animation

Tetsuo Hara

Pour cette édition 2013, la révélation de l'invité d'honneur n'a pas tardé : la venue de Tetsuo Hara fut en effet annoncée depuis décembre 2012 ! Après l'annulation de sa venue en 2009, l'auteur de Hokuto no Ken, Keiji ou encore Cyber Blue a cette fois-ci répondu à l'appel de ses fans français. En cette occasion, la SEFA a, comme chaque année, préparé une exposition dantesque pour saluer la carrière de l'auteur, avec pour point de mire une immense statue de Raoh et de Kokuoh, son colossal destrier. De ses œuvres de jeunesse jusqu'à ses histoires les moins connues sous nos latitudes, l'exposition proposait également un coin lecture et différents écrans proposant de voir le dessinateur en plein travail.

Cependant, en comparaison avec Naoki Urasawa l'an dernier qui avait proposé plusieurs rendez-vous à ses fans, Tetsuo Hara s'est fait bien plus discret, avec une seule conférence publique sur la scène principale, le dernier jour de l'évènement. Au cours de cet entretien, l'auteur est revenu sur l'ensemble de sa carrière, en compagnie de Nobuhiko Horie, son responsable éditorial, souvent considéré comme le troisième père de Hokuto no Ken. Après une série de questions assez dense, le mangaka ne s'est pas prêté à l'exercice traditionnel du dessin public, pour simplement signer une toile réalisée en amont. Plus généralement, Tetsuo Hara ne semble pas toujours avoir joué le jeu du salon, ayant notamment refusé de se faire photographier lors de ses séances de dédicaces. Et côté presse, après un suspense de deux jours, le rendez-vous avec les médias spécialisés a finalement été annulé sans véritable justification...

Tu ne le sais pas encore, mais tu t'es pris un vent !!

Shôji Kawamori

Autre domaine, autre ambiance : l'invité principal côté animation, Shôji Kawamori, s'est révélé quant à lui bien plus disponible. Il faut dire que le célèbre mecha-designer et réalisateur est un habitué des masterclass. Cela s'est vivement ressenti lors de sa conférence publique revenant sur ses plus belles créations, de Macross à Aquarion, en passant par Vision d'Escaflowne, Transformers et Ulysse 31 ! Mais les vidéos et images ne suffisent pas : Maquettes en main, le concepteur a narré la conception de ses plus ingénieuses créations, en concluant par un dessin public de rigueur d'une Valkyrie... et en couleur, s'il vous plait !

Masterclass, dédicaces, table ronde, présentation du studio Satelight et de quelques productions animées (le second film de Macross Frontier et AKB0048),... Shôji Kawamori a vraiment donné de sa personne pour être partout et pour savourer l'évènement. Certains échos disent même qu'il serait allé assister à quelques concerts, ce qui ne serait pas si étonnant au vu de sa passion pour les idols ! Bref, un invité heureux de partir à la rencontre de ses fans, et visiblement ému de l'accueil qu'il aura reçu tout au long de ces quatre journées parisiennes.

Autres invités

Sorti de ces deux invités majeurs, l'affiche de cette édition 2013 mit bien plus de temps que d'habitude à se remplir. L'une des raisons principales à ce phénomène semble venir de la frilosité du monde éditorial français, qui a cette année opté pour une politique économique plus restrictive, comme nous le verrons dans la partie suivante. Certains acteurs du marché seront néanmoins passé outre le consensus ambiant, en particulier Ki-oon qui aura invité non pas un, mais deux auteurs à la fois : Mamiya Takizaki, auteure d'Element Line et d'Ash & Eli, et Kim Byung-Jin, à qui l'on doit Jackals et plus récemment Warlord. En revanche, sorti de leurs séances de dédicaces, sur le salon comme dans d'autres rendez-vous externes, et de quelques interviews, ces deux mangakas ne seront pas passés par la case de la masterclass. Même chose pour Keito Koume, l'auteur de Spice and Wolf invité des éditions Taifu/Ototo. Nous avons tout de même eu le temps de remettre au mangaka le prix du meilleur seinen 2012 !

Deux autres dessinateurs eurent quant à eux une meilleure exposition via une conférence publique, avec plus ou moins de succès. En premier lieu, Aya Oda, prolifique auteure de shojo aux éditions Soleil (Avoue que tu m'aimes, Trop jeune pour moi ?!, Room Paradise,...), qui fut au centre d'une masterclass relativement succincte : en une petite demi-heure, l'artiste se présenta et répondit aux quelques questions de l'audience, tout en proposant un dessin pour le plus grand bonheur de ses fans. De son côté, Masahiro Ikeno, premier invité des éditions Komikku pour le shonen Malicious Code, connut quelques déboires techniques au cours de sa masterclass, l'empêchant de faire sa présentation par ordinateur. Le mangaka ne s'est pas démonté pour autant et aura fini par proposer son cours via un paperboard, à l'ancienne, en prodiguant diverses astuces aux dessinateurs en herbe.

Depuis plusieurs années, Japan Expo cache toujours quelques invités surprises, en particulier au milieu des stands japonais... et cette année, la surprise nous est venu du stand dédié à Kinnikuman, une série culte du Shonen Jump en son temps, qui aura connu une brève apparition sur les écrans français, sous le nom de Muscleman. Le dessinateur Takashi Shimada, faisant tandem d'auteurs Yudetamago, était en effet présent le samedi pour proposer une séance de dédicace aux visiteurs... Qu'il s'agisse de curieux ou de véritables fans, bien des personnes répondirent à l'appel ! Et le mangaka aura même eu le temps pour nous offrir une interview croisée avec plusieurs médias.

Revenons au monde de l'animation avec deux figures invités par Wakanim : les producteurs Tomonori Ochikosi (Silver Spoon) et Atsuhiro Iwakami (Puella Magi Madoka Magica). Présents sur le stand de la plateforme de VOD, ces deux figures de l'animation furent conviées à la conférence autour des récentes productions du studio Aniplex et des prochaines sorties Wakanim, qui s'est tenue le samedi matin. Cette conférence, qui attira un public massif, fut parsemée de quelques couacs rapidement rattrapés avec humour par l'animatrice. Bien que le rendez-vous ne fut pas uniquement centré sur eux, ces deux invités n'ont pas hésité à intervenir à plusieurs reprises, en particulier pour parler de leur travail commun : Sword Art Online.

Enfin, parmi les invités de dernière minute furent annoncés deux autres réalisateurs : Toshiyuki Kubooka (Berserk, l'âge d'or, Giant Robo) et Tatsuyuki Tanaka (animateur sur Akira, Roujin Z, Bubblegum Crisis,...). Nous devons leur venue à la firme Toyota, qui profitait du salon pour présenter en France le projet Peace Eco Smile, ou P.E.S. (rien à voir avec un quelconque jeu de foot !). En effet, tous deux ont réalisé l'une des parties de ce regroupement de courts métrages promotionnels. Hélas, leur venue était principalement liée à cet évènement d'auto-congratulation, même si Toshiyuki Kubooka se sera libéré le temps de quelques dédicaces sur le stand Dybex.

Expositions

Outre la rétrospective Hara évoquée précédemment et les autres espaces sur lesquels nous reviendrons dans la partie culturelle, la Japan Expo proposait cette année d'autres galeries autour du manga et de la japanimation. Mais la qualité de ces expositions s'est révélée bien inégale...

Neon Genesis Evangelion

Alors que la saga est au cœur de l'actualité avec l'arrivée en France d'Evangelion 3.33, l'équipe de Saiko! Japan a proposé au visiteur français une exposition intitulée Evangelion - Anime Works. La tétralogie cinématographique des Rebuild était à l'honneur avec des fiches descriptives de l'histoire et des personnages, ainsi que des gengas (croquis préparatoires) des trois premiers volets. La version papier n'était pas en reste, avec la présentation de différentes planches du manga réalisé par Yoshiyuki Sadamoto. Enfin, l'espace proposait de retrouver quelques goodies et autres t-shirts (parmi l'océan infini de produits dérivés de l’œuvre), ainsi qu'une reproduction à échelle humaine de la célèbre Eva-01, point d'orgue des lieux !

Tatsunoko

Célèbre studio d'animation qui aura principalement marqué la jeunesse française des années 1980, avec des productions comme Judo Boy ou Samourai Pizza Cats, la Tatsunoko a fêté en 2012 ses cinquante années d'existence. Pour fêter cet anniversaire (certes un peu en retard), la société se devait d'avoir également une place au sein du festival. Mais son passage fut relativement discret... Tout d'abord du fait d'un emplacement assez excentré, bien qu'encore proche des éditeurs français. Mais surtout, cette galerie manquait singulièrement de glamour : une fois passé une devanture où l'on retrouvait les silhouettes des héros de Gatchaman (La Bataille des Planètes), l'espace ne se constituait que d'une longue frise chronologique, évoquant exhaustivement les créations du studio, de Speed Racer à Karas en passant par Super Durand. On notera par ailleurs que certains de ces animes se sont taillés une petite place au sein du planning des projections... mais le jeune public de Japan Expo aura-t-il daigné répondre présent ? Rien n'est moins sur...

Gravure Idols

L'ovni du salon fut sans doute l'exposition autour des gravure idols, un phénomène souvent lié au manga et à ses magazines de publication. Qu'on y jette un regard intéressé ou qu'on s'en amuse, cet univers à part entière méritait bien un jour une place digne de ce nom... et c'est désormais chose faite ! Enrichie par une conférence dédiée où était présente la plantureuse Natsuna, cette exposition avait de quoi faire froncer quelques sourcils. Une fois à l'intérieur, l'esprit de ces photographies uniques ressortait simplement, au travers de mosaïques thématiques... A mi-chemin entre sublimation des corps féminins et érotisme soft, cette galerie était vraiment unique en son genre, mais semble ne pas avoir attiré beaucoup de monde. Trop honte d'y rentrer ?

Aoji

Bien qu'il ne s'agisse pas seulement d'une simple exposition, difficile de ne pas évoquer le stand d'Aoji, qui a cette fois encore attiré bien des regards. La galerie, proposant des œuvres issues d'une scène japonaise prolifique, proposait cette année différentes mises en avant. On aura ainsi pu retrouver les travaux de Redjuice, artiste connu pour son travail de chara-design dans Guilty Crown, ainsi que l'artiste polyvalente Aki Akane, qui aura proposé une performance graphique en live. Plusieurs passerelles étaient faites entre la galerie parisienne et le fabriquant de produits dérivés Good Smile Company, proposant des reproductions en 3D de certaines illustrations.