Dossier Japan Expo 2013 - Première partie - - Partie 2

Le coin des éditeurs

Comme nous l'avons brièvement évoqué plus tôt, le rassemblement des éditeurs a cette année rompu avec le faste habituel, avec des stands dans l'ensemble moins impressionnants. Alors que la plupart ont maintenu leurs anciennes structures, d'autres sont même revenus en arrière en ne proposant aucune valeur ajoutée à leur espace de ventes. Cette année, place aux économies pour l'ensemble des acteurs du milieu ! Mais en réalité, ce recul général s'explique aussi par une augmentation des tarifs des stands sur le festival. La SEFA montre ainsi assez peu de gratitude envers les éditeurs qui ont jusqu'ici assuré une grande part de l'attraction du festival, notamment en apportant avec eux quelques grands-noms japonais (Natsumi Aida et Tetsuya Saruwatari en 2012, par exemple). A trop tirer sur la corde, elle pourrait bien finir par se rompre...

Ouverture des soldes

L'une des marques les plus imposantes de ce recul nous a été offerte par l'éditeur Kazé, qui possédait pourtant l'année dernière le stand le plus attractif de cet espace. Fini le temps du carré aux quatre facettes et des expositions annexes de leurs titres forts : en 2013, Kazé a opté pour un stand plus compact, rappelant celui de Glénat pour le côté fermé, mais avec une unique tablée très condensée, où se mêlaient manga et vidéo. Malgré la présence d'un écran géant et de quelques invités français (Thomas Bouveret pour la version manga des Mystérieuses cités d'or et Eternal-S pour Sweet Desire), cette nouvelle disposition n'était pas des plus convaincantes. Repli de dernière minute, ou véritable pied-de-nez à l'organisation ?

Un autre stand en recul était celui des éditions Ki-oon, pourtant très soucieux de leur image habituellement. Si l'espace de vente en lui-même restait inchangé, nous aurons en effet noté la disparition de l'habituel second espace d'exposition de ses nouvelles licences. L'éditeur s'est ainsi contenté d'une modeste galerie de planches de Green Blood sur l'un des pans de mur de son carré habituel. Le coin des dédicaces était quant à lui, tout naturellement, aux couleurs des titres de ses deux invités : Warlord et Ash & Eli.

Cependant, l'une des compressions économiques les plus nettes fut celle du stand Delcourt, regroupant ses trois filiales jusqu'alors éclatées dans le salon. Akata-Delcourt (pour la dernière fois avant séparation), Tonkam et Soleil se partageaient ainsi les faces d'un unique stand rectangulaire, sans communication véritable entre les trois acteurs du groupe. Aussi, malgré leur regroupement, chaque label avait ses propres moyens pour tenter d'attirer le public vers lui : Soleil avec les titres de leur invitée Aya Oda, Delcourt avec quelques auteurs de BD en dédicace et Tonkam avec une grande loterie et quelques concours ponctuels, pas toujours très suivis.

Le calme face à la tempête

Au milieu de cette mouvance de recul, d'autres éditeurs n'ont pas changé de cap, restant sur une configuration déjà éprouvée. Ainsi, les éditions Kana méritent enfin la palme du stand éditeur le plus attractif, même s'il s'agit d'une victoire par défaut face au recul de ses concurrents. Deux licences phares y étaient particulièrement à l'honneur : Hell's Kitchen, avec un stand de restauration baroque proposant des menus très spéciaux; et Assassination Classroom, son futur blockbuster, au travers de jeu de tir au laser, d'airsoft, et d'un chamboule-tout. Oui, le stand Kana avait des allures de kermesse, mais les assumait sans mal, rappelant l'esprit de fête du Salon. L'increvable Naruto géant fait de la résistance !

Restons dans le gigantisme avec Pika, qui aura tout misé cette année sur son hit fraîchement lancé : L'Attaque des Titans. Nous étions en effet accueillis par une imposante tête du leader de ces monstrueux colosses, tandis que l'espace photo avec fond vert, rentabilisé par les éditions précédentes avec X-Blade ou Sailor Moon, nous permettait de nous faire dévorer par la créature susnommée... virtuellement, bien sûr ! Et comme chaque année, l'éditeur proposa quelques rencontres avec son panel d'auteurs français, dont Shonen, dessinateur de Lords of Chaos.

Parmi ceux qui n'auront rien changé ou presque, nous citerons bien sûr Glénat et son magasin fermé, qui n'aura cette année proposé aucune mise en avant particulière. Même constat chez Doki-Doki, du moins sur la forme, car l'éditeur a au la bonne initiative de mettre en avant certaines séries par des packs promotionnels, et de proposer à ses lecteurs de récupérer des fonds de stock de séries en arrêt de commercialisation. Rien ne bouge non plus chez Panini, toujours à la lisière entre univers manga et comics, en marge des autres éditeurs. Pas de grands chamboulements non plus du côté de nobi nobi !, comptant sur la présence récurrente de quelques auteurs (Shiitake, Samantha Bailly) et teasant sur sa première licence manga. Kurokawa, malgré une structure habituelle, s'est permis une petite audace : une statue de vache, en l'honneur de Silver Spoon ! Une mascotte qui n'a pas manqué d'attirer les regards, mais il y avait peut-être moyen de faire encore "meuh"... Sans transition, faisons un détour vers l'animation avec Dybex, qui n'aura également pas remué d'un iota. Mais l'éditeur vidéo aura offert quelques surprises, comme un flahsmob et des produits dérivés relatifs à Evangelion pour fêter l'arrivée du troisième volet cinématographique, ou encore la possibilité de s'emparer de l'épée de Guts, héros de Berserk !

Certains stands auront tout de même procédé à un remaniement plus ou moins subtil : Taifu/Ototo par exemple, toujours idéalement situé à l'entrée de la convention, a eu la bonne idée de se scinder en deux via une allée centrale, pour séparer les activités des deux labels. Si l'on ajoute à ça la présence de Keito Koume, le stand était l'un des points de passage incontournable de la convention... et c'est d'autant plus dommageable que certains visuels coquins, comme celui de Witchcraft, soit à la portée de tous les regards, y compris des plus jeunes ! Pour Sakka-Casterman, en revanche, le ravalement de façade fut beaucoup plus imposant, avec une large mise en évidence de la série Lastman et de ses auteurs en dédicace. L'éditeur n'en oublie pas pour autant les valeurs sures de son catalogue avec Taniguchi ou Thermae Romae, et aura également teasé l'arrivée de Big Order, le dernier titre de Sakae Esuno.

Les nouveaux venus

En marge des habitués du festival, nous avons pu croiser quelques nouveaux acteurs du milieu. Parmi eux, les éditions Komikku auront fait une première prestation remarquable, suivant le sillage de leur voisin Ki-oon. La présence de Masahiro Ikeno a poussé la maison d'édition à une petite exposition de planches, tandis que l'on pouvait voir une belle mise en avant de Mes petits plats faciles by Hana avec des paniers à bento. Le pari semble donc réussi pour ce nouveau venu !

L'investissement fut plus modeste pour Isan Manga, qui se contenta d'un stand enclavé dans l'espace des jeunes créateurs. L'offre de quelques ex-libris exclusifs n'aura sans doute pas suffi à éveiller la curiosité des jeunes lecteurs pour ces épais ouvrages patrimoniaux. Même constant du côté d'IMHO, dont les titres s'adressent à un public relativement fermé, rompant avec les habituels visiteurs du salon. Enfin, citons également la première apparition villepintoise des titres Boy's Love de chez IDP, disponibles sur le stand de Manga Distribution, qui s'accompagnèrent des goodies normalement réservés aux abonnés.

Tendances et généralités

L'édition 2013 aura également présenté un cachet 2.0 avec la mise en avant des mangas en numérique, notamment par le biais de la plate-forme Izneo, regroupant des titres partagés par plusieurs maisons d'édition dans leur version papier. Il était ainsi possible d'avoir un aperçu de la lecture sur tablette des derniers hits en date et à venir. Au dos de ce stand s'en cachait un second autrement plus intriguant : le Tezuka Spot. Un stand... vide, avec seulement quelques indications pour se connecter à un service de lecture des titres d'Osamu Tezuka. La démarche nous aura laissé un peu perplexe... est-ce vraiment ce que l'on s'attend à faire pendant une convention ?

La lecture sur place, de mangas papier cette fois, était assurée une nouvelle fois par le Manga Café et ses multiples stands sur le salon. Pas de grands changements, si ce n'est l'investissement dans des poufs multicolores très confortables. Outre les stands éditeurs, le Manga Café était l'une des rares enseignes (sinon la seule) à proposer du manga en neuf, Discount Manga n'ayant pas fait le déplacement cette année. Et pour l'occasion, il fallait se tourner vers le très riche stand d'Asian Quest, associé cette année à Discovery Manga, service en ligne de recherche de titres introuvables... Et quelques perles rares étaient effectivement présentes sur le stand lui-même !