Hoshin - Actualité manga
Dossier manga - Hoshin
Lecteurs
20/20

Le vent frais

     

Enluminures

   
Le style graphique de Hoshin constitue parfois un frein à sa découverte : s'il n'est pas encore aussi marqué que dans un Shi Ki, le trait de Ryu Fujisaki est à la fois très classique et original. Classique, car il s'inscrit dans un graphisme très récurrent dans les années 90, avec des visages très anguleux, des coupes aux mèches très segmentées et des yeux qui envahissent la moitié du visage. Les expressions semblent ainsi figées par moment, mais l'auteur usera de nombreuses caricatures pour montrer les sautes d'humeur. Original, surtout au niveau vestimentaire, avec un point qui en aura déconcerté beaucoup : des chaussures de taille 72 ! Il est même dommageable que certains s'arrêtent à ce détail, qui tient davantage de la fantaisie graphique volontaire que de l'erreur de proportion. L'extravagance des tenues permet de distinguer les personnages, des robes de moine aux costumes sexys, en passant par les survêtements sportifs et autres treillis militaires. 
    
Le trait de l'auteur évolue grandement au fil de l'aventure : encore perfectible dans les trois premiers volumes, il trouve son équilibre par la suite, alors que le mangaka s'habitue au rythme de publication hebdomadaire. Les décors sont quant à eux très détaillés et nous font ressentir toutes les ambiances de la série, qu'il s'agisse des décors antiques ou des structures vertigineuses des domaines célestes. L'auteur est également un grand amateur de trames, qu'il utilise à toutes les sauces, notamment pour sublimer certaines émotions. Au fil du manga, Ryu Fujisaki s'essaie également à des effets photoshop, s'en servant par exemple pour intensifier l'effet visuel de certaines attaques. Il ressort parfois une certaine confusion dans cet amas de traits, de trames et de lignes de vitesses, mais l'ensemble reste relativement compréhensible. 
     
     

© by FUJISAKI Ryû / Shûeisha - Artbook Putitakityu - 1990-2006
      
       
    

Impressions

     
Arrivé en France dans la première moitié des années 2000, Hoshin fut édité à une époque où Glénat hésitait encore sur ses choix d'adaptations. C'est ainsi que la série parut d'abord en édition « cartonnée », même si des jaquettes sont arrivées dès le cinquième volume (et les précédents réédités). De même, on notera que les onomatopées sont remplacées intégralement jusqu'au volume 12 (adaptation signée par Bakayaro), avant d'être laissées telles quelles par la suite, ce qui est l'usage courant aujourd'hui. Pour le reste, nous sommes sur un format shonen classique, identique à celui de One Piece.
   
La grande originalité de cette version française provient de la transposition des noms dans leur prononciation d'origine, en chinois, là où Fujisaki avait opté pour une prononciation japonaise. Ce choix, que l'on doit au talentueux Sylvain Chollet, peut paraître déstabilisant de prime abord : si le lecteur français a pu s'habituer aux patronymes japonais au fil de ses lectures, les noms chinois sont un peu plus déstabilisants. Et avec l'abondance des personnages, il n'est pas rare de s'y perdre à la première lecture ! Cependant, cette adaptation renforce l'originalité de la série et l'immersion dans son contexte historique. Le style général de l'adaptation, avec un champ lexical plutôt soutenu, contribue également à la sublimation de l'ambiance antique du titre. On regrettera cependant plusieurs erreurs d'inattention, que ce soit dans la confusion de certains noms, quelques erreurs orthographiques, et des bulles inversées ou vides. Mais l'erreur la plus flagrante se situe dans le tome 6 et son illustration de Wen Zhong en double page.... inversée !
    
    
  

Le Projet Hoshin

      
Le guide book
A l'instar d'autres succès du Jump, Hoshin disposa d'un databook, Hoshin Taizen (L'encyclopédie de Hoshin). Paru en juillet 1999, il revient sur les 145 premiers chapitres (soit jusqu'à la moitié du seizième volume). Au sommaire, on découvre une compilation des pages en couleur issues de la prépublication, une présentation de tous les personnages apparus jusqu'ici, un résumé des nombreux combats et évènements, un index des baobeis et des différents éléments et termes cités dans la série. Le guide est entrecoupé par quelques pages spéciales revenant sur le plan Hoshin ou sur les nombreux délires du manga, et se conclut par une discussion entre Ryu Fujisaki et M. Shima, son responsable éditorial. 
    
     
    
L'anime
En 1998, alors que la série était déjà bien avancée (aux environs du tome 12-13), un projet d'adaptation en série animée fut lancé par la Shûeisha et TV Tokyo. Il fut confié au studio Deen (Patlabor, Fruits Basket, Kenshin,...) et réalisé par Junji Nishimura, qui fut à la tête de séries comme Ranma ½ (sur la seconde moitié), Samurai Deeper Kyo ou plus récemment Nura, le seigneur des yokai
   
Comptant 26 épisodes, la série Senkaiden Hoshin Engi fut diffusée pour la première fois de juillet à décembre 1999 sur TV Tokyo, et se classa au top 5 de l'Anime Grand Prix 2000 du magazine japonais Animage. Exportée sous le titre Soul Hunter, la série arriva en France en 2002 chez Déclic Images. Elle fut d'abord éditée sous la forme de cinq dvd unitaires, en vostfr uniquement. Ils furent regroupés en un seul coffret en 2004. Ces dvd proposent quelques bonus, dont des croquis préparatoires et des extraits de l'OST. 
     
    
     
Le scénario de la série animée se distingue très rapidement de celui du manga, en amputant certains passages et personnages clés. En contrepartie, il accentue l'esprit d'équipe des personnages qui se battent plus souvent de concert, sans les voir partir s'entraîner. Mais le point le plus discutable concerne sa conclusion : le manga n'ayant pas encore montré toutes ses cartes, l'anime dut proposer une fin différente, à partir de quelques indices divulgués par l'auteur. Les deux trames restent relativement similaires jusqu'au début du tome 10 (soit avant la bataille contre Zhao Gongming, qui n’apparaît pas dans l'anime), puis résout la chute de la dynastie Yin et le sort de Daji et ses sœurs en quelques épisodes. Et pour expliquer les mystères du plan Hoshin, il aura fallu faire changer de camp un des personnages emblématiques ! 
   
Se concentrant sur les évènements du début de l'aventure, qui sont loin d'être les plus palpitants, la version animée pêche par sa lenteur, tant au niveau du scénario que de sa narration. La réalisation souffrait déjà la comparaison avec les ténors de l'époque, avec une accumulation de plans fixes, des musiques produites pour la plupart en midi, et une irrégularité au niveau de la réalisation, nous laissant des épisodes à l'animation oscillant entre le moyen et le médiocre. Bref, si elle peut constituer une entrée en matière acceptable pour le néophyte, la série animée sera bien loin de refléter toutes les qualités du manga, et fera rager les fans par l'absence de protagonistes emblématiques. 
      
Cette version animée donnera cependant naissance à quelques produits dérivés : plusieurs CD d'OST, quatre drama-CD où les comédiens de doublage de la série narreront quelques histoires diverses, et plusieurs séries de cartes à collectionner. 
     
     
     
Les jeux vidéo
Le manga a également connu quelques adaptations vidéoludiques, qui n'ont bien sûr jamais franchi les frontières de l'archipel nippon.
   
Un premier jeu vit le jour sur Wonderswan en février 2000, intitulé simplement Senkaiden. Edité par Bandai, il s'agit d'un RPG très classique avec des combats au tour par tour. L'originalité du titre est que l'on incarne un personnage inédit, Randeng, dont le design a été inventé par Ryu Fujisaki. Le personnage a été si populaire que l'auteur décida de l'intégrer dans les derniers volumes du manga.
Ce jeu connut une suite en décembre 2000, Senkaiden Ni, qui arriva sur la version couleur de la console. Son histoire se déroule après le manga, et on joue cette fois Tianxiang, le benjamin de la famille Hua, qui a pris quelques années et qui semble avoir suivi une formation d'immortel. 
On compte également un troisième jeu sur consoles portables, édité cette fois par Banpresto et sorti sur Game Boy Color en novembre 2000 : Senkai Ibunroku Juntei Taisen Il s'agit d'un tactical-RPG qui se base sur l'anime, et présente des personnages inédits. 
   
Bandai édita également deux jeux sur Playstation : Senkai Taisen en juin 200 et Senkai-tsū-roku seishi en mars 2001. Il s'agit une nouvelle fois de deux RPG qui suivent l'histoire du manga. S'ils ne brillent pas par leur originalité, ces deux jeux sont connus pour proposer de nombreux dialogues doublés avec la plupart des personnages de la série. 
    
Notons également que Taigong et d'autres héros de Hoshin apparaissent dans le jeu Jump Ultimate Stars, sorti sur Nintendo DS en 2006.
     
     
     
     
     

L'Histoire reprend ses droits

      
Me voilà arrivé au terme de mon pèlerinage. Une dizaine d'années après la première lecture, le message de Hoshin n'a rien perdu de sa force. Certes, le titre reste ancré dans son époque, surtout par son graphisme, et on ressent encore les tâtonnements du jeune Ryu Fujisaki sur sa première série d'envergure. Mais tous les ingrédients sont réunis pour offrir un divertissement de qualité, couplé à une intrigue particulièrement prenante. Les valeurs de l'épopée chinoise d'origine sont dynamisées par une ribambelle de personnages flamboyants, un ton savoureusement décalé et un grand écart très surprenant vers la science-fiction. 
   
Grâce à la richesse de son univers et ses protagonistes attachants, on s'immergera sans mal dans l'histoire, en ayant l'impression de batailler aux côtés de Taigong-Wang et autres disciples taoïstes dans cette quête où le destin des Hommes est en jeu. Hoshin, c'est une expérience unique en son genre, le type d'histoires qui peut vous marquer durablement, pour peu que vous soyez prédisposés à l'aventure. Aujourd'hui, alors que mon bagage de connaissances s'est alourdi, que les lectures s'enchaînent sans pouvoir les savourer aussi pleinement, je n'ai qu'une seule envie : tout oublier pour pouvoir revivre cette rencontre avec ma destinée.
      
          
     
Dossier mis en ligne le 01/08/2014.
   
Sources :
- Wikipedia (FR, US, JP)
    
     
Fiche de la série : Hoshin, l'Investiture des Dieux
Fiche de la série vo : Hoshin Engi
Fiche de l'auteur : Ryu Fujisaki
   

Dossier réalisé par Tianjun


HOSHIN ENGI © 1996 by Ryu Fujisaki, Tsutomu Ano / SHUEISHA Inc.

Commentaires

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Bertrand 76

De Bertrand 76, le 01 Juillet 2020 à 00h07

L'anime de 1999 est pour moi un chef d'œuvre qui reprend tout ce qu'il y a de bon dans le manga tout en laissant de côté une brutalité excessive et une absence de justice. 

Chiria

De Chiria, le 18 Août 2014 à 16h33

20/20

Très très bon manga avec des personnages attachants et charismatiques...

Tianjun

De Tianjun [5049 Pts], le 12 Août 2014 à 13h12

Merci pour vos commentaires ! ça fait plaisir de ne pas être le seul à se remémorer de tous ces moments mythiques ! ^^

Peg

De Peg, le 07 Août 2014 à 14h45

20/20

Quel plaisir de voir que d'autre fan existent de ce mange qui a mon gout n'a pas eu le succès mérité alors que l'intrigue et les personnes étaient vraiment, avec plusieurs groupe ayant chacun leur objectif et raisons d'agir, du très bon :)

Voir Wen Zhong qui prend le controle des 

dix célestes, voir enfin Gongbao montrer de quoi est capable son Baobei quand il éclait facilement l'entrée du dernier domain céleste, et plein d'autre moment du genre, une série que j'aime relire régulièrement :)

onishiro

De onishiro [377 Pts], le 03 Août 2014 à 20h16

Bravo pour ce dossier, je me suis reconnu dans la présentation ayant découvert cette série un peu par hasard a l'époqueb aussi.

J'ai adoré avec, sous les dessins typé shonen, des thématiques beaucoup plus sombre en ce sens dès la fin du tome 1 reste un des trucs le plus marquant que j'ai pu voir dans un shonen ! 

 

Vraiment un très bon manga malheuresement un peu tomber dans l'oubli avec la masse.

 

Par contre l'anime est as éviter en mon sens

Tianjun

De Tianjun [5049 Pts], le 02 Août 2014 à 19h34

Rêvons, rêvons. Et merci pour ton commentaire, disciple :)

Raimaru

De Raimaru [1233 Pts], le 02 Août 2014 à 19h25

Excellent dossier d'un passioné pour une série qui m'a également beaucoup marqué !

Ce que je retiendrais de Hôshin, c'est que c'est une série de fantasy et qui met beaucoup l'accent sur le charisme de ses personnages. Taigong Wang, Zhao Gongming, Shen Gongbao, Wang Tianjun, je me souviens encore les premières fois où je les ai lus, j'avais beaucoup apprécié leur caractère qui se distingue pas mal des autres productions de l'époque. Zhao Gongming quoi, jusqu'à la dernière seconde, il aura été toujours plus loin de le n'importe quoi. Et le dessin m'a toujours plu.

Je m'amuse aussi à noter que 10 ans avant Urasawa et son spin-off de 20th Century Boys, Fujisaki se moquait des tendances du marché du manga et sa propension à donner naissance à des comédies romantiques aseptisées dans un chapitre hilarant de l'arc Chute de Zhao Gongming. Et en toute honnêté, j'ai trouvé Fujisaki plus drôle et plus pertinent (et pourtant, Urasawa est de très loin mon auteur de manga préféré). Si c'est pas un gage de qualité !

Bref, la réédition en deluxe fait partie de mes grandes envies de sortie manga. Mes tomes vieillissent et tu m'as rappelé les horribles onomatopées francisées qui envahissent les cases jusqu'au tome 12. Dans la lignée d'un Dragon Ball deluxe, ça serait le pied. On peut rêver...

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