Freesia - Actualité manga
Dossier manga - Freesia
Lecteurs
20/20

Le rôle prépondérant de l'aspect graphique

 
 

Un trait qui donne le ton

L’une des spécificités de Freesia provient de son aspect graphique. En accord avec le ton de son récit, Jiro Matsumoto opte pour un style crasseux, moite, sale, mais néanmoins lisible la plupart du temps. Le trait se rapproche par moment d’un crayonné et l’auteur ne tardera pas non plus à intégrer quelques éléments récurrents au sein de sa série afin de lui donner un cachet tout particulier. On pense par exemple à l’omniprésence des corbeaux, ou encore à la manière qu’à Jiro Matsumoto de dessiner un Hiroshi complètement dans l’ombre en ne faisant ressortir que les lunettes de ce dernier, glaçant à chaque fois le lecteur au passage. Ce ne sont là que quelques exemples parmi beaucoup d’autres qui contribuent grandement à donner à l’œuvre un style qui lui est propre et une identité visuelle tout à fait unique.

Outre cela, il est aussi intéressant de mettre en avant le talent de mise en scène de l’auteur. On pourra s’en rendre compte dès le début grâce à certaines planches rudement bien réalisées, comme par exemple lorsque l’on voit, en trois cases, de quelle manière Mizugochi soudoie les protecteurs commis d’office lors de la première exécution à laquelle on assiste. Mais il ne faudra pas bien longtemps pour réaliser qu’en fait Matsumoto  est diablement doué pour mettre en scène ses personnages quelque soit la situation. Les scènes d’action, notamment, sont systématiquement un véritable régal pour les yeux tout en étant, en parallèle, un modèle au niveau du rythme et de la narration.

Cependant, le titre n’est pas non plus tout à fait irréprochable sur le plan graphique. Le côté crayonné de l’ensemble aura parfois tendance à rendre certaines planches un peu plus brouillonnes et du coup moins agréables à l’œil. De même, quelques expressions faciales auront tendance à se montrer assez peu ragoutante, surtout dans les premiers opus où Matsumoto n'a pas encore atteint une totale maitrise de son trait. Tout cela fait que Freesia n’est assurément pas le genre de titre qu’on peut se contenter de feuilleter pour s’en faire un avis. Même si son visuel lui apporte beaucoup, la série demande au lecteur un certain degré d’investissement et, ce, dès le départ, pour dévoiler à ce dernier tout son potentiel.
 
 
  
  
 

Aucune concession


Une autre caractéristique particulière du style graphique de Freesia est la tendance de l’auteur à ne faire aucune concession au niveau de ce qu’il dessine. Ca, on s’en rendra compte dès les premières pages de la série s’ouvrant de manière particulièrement glauque sur une scène de viol où rien ne nous est épargné. Et il ne faudra pas atteindre longtemps pour voir d’autres scènes de sexe pointer le bout de leur nez et, ce, sans faire dans la dentelle et la douceur. Qui plus est, la censure, consistant en quelques pixels judicieusement placés, ne cache finalement pratiquement rien. Bref, âmes sensibles s’abstenir. D’autant plus que, au delà de ces passages tout droit sortis de films x douteux, la violence pure et simple est elle aussi omniprésente.

Là encore, on peut fort légitimement se demander si en montrer autant estbel et bien une nécessité pour toucher le lecteur. S’il est vrai qu’on pourra à l’un ou l’autre moment se demander si ce qui nous est montré n’est pas purement gratuit, la plupart du temps les planches concernant tendent avant tout à nous plonger dans une atmosphère bien spécifique et, au final, cherche à ne rien occulter du monde qui a été mis en place dans Freesia. D’une certaine manière, cette violence visuelle sert donc à donner du crédit aux agissements de chacun, à la manière de fonctionner de cet univers. Enfin, il est également intéressant de préciser, cela rejoignant en fait ce qu’il vient d’être dit, qu’à aucun moment (mis à part peut-être au début, lorsque l’effet de surprise dû à la découverte de la série est encore de mise) on en vient à être véritablement dégouté par ce qu’il se passe sous nos yeux tellement cela ne repose que sur les délires pervers de l'auteur, ce dernier sabotant sa série par la même occasion. Un exemple étant notamment Ichi the killer qui a justement tendance à se perdre de la sorte. Bien entendu, ce constat et son importance varieront d’une personne à l’autre selon la sensibilité de chacun mais, quoi qu'il en soit, Matsumoto sait s'imposer des limites lorsque c'est requis et garde à tout moments sa série sur les rails de la réussite.
   
 

Une touche d’étonnement


Fort logiquement, étant donné ce qu’il vient d’être dit, on pourrait penser que Freesia est donc un véritable cocktail d’agressivité ne laissant aucun moment de répit au lecteur. En fait, ce ne sera pas tout à fait le cas. Car Matsumoto, quand il ne se lance pas dans la réalisation de planches parfaitement crades, est aussi capable de nous surprendre en nous proposant quelque chose de plus posé, de plus contemplatif. L’un des exemples frappants étant probablement cette scène complètement surréaliste où l’on aperçoit quelques personnes en train de disputer une partie de baseball avec, en arrière-plan, les bombardiers lâchant leur marchandise à quelques kilomètres de là. De quoi nous couper le souffle durant quelques instants. En définitive, l’impact sera ainsi tout aussi conséquent sur le lecteur mais la manière de procéder est radicalement différente. Et ce ne sera pas la seule occasion où ce genre de chose se produira. Dans un autre genre, on pourra aussi citer la fin du neuvième opus qui signe le glas d'une des figures emblématique de la série de manière aussi surprenante que fascinante, non seulement sur le plan graphique mais aussi émotionnel. Et il en va de même un peu plus tôt dans le récit, lorsque l’on voit un personnage sur le point de trépasser perdre peu à peu pied avec le monde qui l’entoure d’une manière graphique innovante et réussie, Matsumoto liquéfiant les décors autour de lui pour l’occasion. Comme quoi, Freesia est décidément plein de ressources insoupçonnées et l’aspect cru, poisseux, et repoussant des premières pages n’est en réalité que la surface d’une véritable trésor immergé...
   
   

FREESIA © 2003 Jiro Matsumoto / Shogakukan Inc.

Commentaires

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Dim12

De Dim12 [4930 Pts], le 11 Mars 2013 à 23h51

Oui ca spoile un peut, j'en n'ai trop lue ^^'

Luciole21

De Luciole21 [2209 Pts], le 09 Mars 2013 à 13h21

Je n'ai lu que la partie "présentation" du dossier, pour éviter de me spoiler, tout en en apprenant un peu plus sur cette oeuvre qui me faisait déjà de l'oeil. C'est confirmé, je me la prends dès lors que je la trouve en occasion ^^

Dim12

De Dim12 [4930 Pts], le 09 Mars 2013 à 11h24

20/20

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