Freesia

L’univers

  
 

Le cadre social et politique

 
Récit d'anticipation, Freesia nous plonge dans un Tokyo aux règles bien particulières et où la population évolue dans un contexte social et politique qui l'est tout autant. Aussi, cette première partie du dossier servira à décrire le monde dans lequel vit Hiroshi ainsi que ses compagnons. Car, si la loi sur la vengeance, dont on parlera un petit peu plus tard, est bien évidemment la composante essentielle du récit, elle n'est pas pour autant le seul élément intéressant qu'il faudra retenir de cet univers si particulier, loin de là.

En situation de crise depuis un moment, le pays dans lequel se déroule l'histoire est en guerre perpétuelle contre les "forces chrétiennes". Ainsi, les bombardements sont fréquents et l'avenir semble tout sauf radieux pour les habitants. La propagande est de mise à tous les coins de rue, tout comme le danger d'ailleurs, et la corruption est elle aussi omniprésente. Bref, les gens survivent comme ils peuvent dans des environnement austères au possible et luxe ou confort sont des notions qui leur sont totalement étrangères. Pour oublier un quotidien morose, beaucoup l'alcool, le sexe, et la violence sont les solutions préconisées par une grande partie de la population. Qui plus est, on sent bien que le gouvernement, pourri de toute part, est dans une situation plus que précaire où le moindre scandale risque de provoquer une catastrophe. Et c'est d'autant plus vrai que les journalistes sont particulièrement virulents et prêts à se jeter sur la moindre information sujette à polémique. A ce niveau là, un certain parallélisme est d'ailleurs possible avec notre monde contemporain. Mais on n'entrera pas en détail sur ce dernier point car ce n'est, après tout, pas le but du dossier.
 
 
  
  
 

La loi du Talion

 
Mise en place il y a deux ans de cela, la loi sur la vengeance vise à autoriser et à encadrer toute vengeance personnelle. Un retour à la loi du Talion, en quelque sorte. Avant toute chose, il est donc nécessaire de bien saisir de quoi il s'agit. Pour comprendre à quoi cette loi correspond, petit retour historique ! Celle-ci apparait de manière définie au début de la période romaine (c'est là d'où vient son nom) accompagnée de son célèbre adage "oeil pour oeil, dent pour dent". Par contre, en ce qui concerne ce dernier il était déjà mis en avant par la plupart des civilisations antérieures aux romains (les grecs ou encore les juifs avec la Torah). La règle parait en théorie simple or la pratique nous démontrera tout le contraire. Déjà dans la plupart des civilisations antiques, cette pratique posait problème au niveau du cycle de la violence et de ses déboires. On pourrait penser qu'avec la modernité et le développement raisonnable des concitoyens d'aujourd'hui la  loi du Talion ne serait plus d'application dans nos sociétés. Pourtant ce serait se fourvoyer royalement que de penser cela. En effet, si on regarde de plus près les différentes sociétés, qu'elles soient pauvres ou riches, il y a toujours des endroits où l'autorité officielle et légitime n'est pas prépondérante. Dans ces cas-là les personnes vivant dans de tels milieux trouveront plus profitable le fait de se rendre justice soi-même au lieu de s'en remettre à la justice établie après bien des efforts historiques.

Dans le monde de Freesia, des agences spécialisées dans l'application de cette nouvelle règle n'ont fort logiquement pas tardé à voir le jour et c'est justement dans une de celles-ci qu'Hiroshi va trouver du boulot. Mais revenons à la loi en elle-même. Concrètement, comment cela se déroule-t-il ? Prenons un cas simple: Un homme veut venger le meurtre de sa femme. Là, deux choix s'offrent à lui. Soit il décide de mener sa petite vendetta seul, sans l'aide de personne, soit il décide de faire appel à un exécuteur suppléant afin que celui-ci se charge d'éliminer la cible de notre bonhomme. Dans tous les cas, le meurtrier, qui aura auparavant été prévenu qu'une demande de vengeance à son encontre a été introduite, aura droit à un protecteur commis d'office pour défendre ses propres intérêts. Une fois tout cela décidé, un jour, une heure et éventuellement une zone précise (en général on évite les zones trop fréquentées afin de ne pas blesser de civils dans l'aventure) sont déterminés pour savoir où et quand aura lieu l'exécution. Et, le moment venu, la chasse à l'homme peut commencer, chacun défendant vaillamment son camp. Et si, endéans les 24h, la victime n'est pas encore morte, le duel se termine en la proclamant vainqueur. Par ailleurs, si cette même victime ou son protecteur viennent à bout du plaignant, les charges retenues contre elle tombent et elle est libre de reprendre sa vie comme avant. Dans quelques cas particuliers, il est également possible que l'armée ou la police intervienne. La question que l'on pourrait se poser c'est pourquoi en est-on arrivé à une telle situation où l'état laisse les individus pratiquement régler leurs problèmes entre eux ? On pourrait penser que l'état où se déroule l'intrigue considère qu'un retour "cadré" à la loi du Talion pourrait solutionner sa problématique qui est de gérer deux fronts que sont la guerre avec l'extérieur et le maintien de l'ordre intérieur, chose qu'il n'est visiblement plus en état de faire de manière convenable.

Enfin, tout cela, c'est dans la théorie. Dans la pratique, comme on l'a déjà énuméré dans l'histoire de notre réalité, on ne tarde pas à se rendre compte que les dérives sont fréquentes dans toute société qui essaye de régler ses conflits par la justice de soi-même. Souvent, le ou les protecteurs sont grassement rémunérés par l'agence des exécuteurs suppléants afin qu'il(s) ne restent pas dans les pattes de ces derniers et qu'ils laissent la personne à protéger se faire massacrer sans aucun espoir de survie. Voila donc un bon exemple de la corruption ambiante dont il était précédemment question. D'ailleurs, dans la même veine, on notera que si pour devenir exécuteur suppléant il y a un examen d'entrée fichtrement compliqué à passer, les réponses à celui-ci seront fournies à l'avance à Hiroshi par sa future agence afin de s'assurer qu'il ne puisse pas le rater. En tenant compte de tous ses éléments, on se rend bien évidemment compte de combien la situation décrite est branlante et qu'il ne faudra pas grand chose pour que le tout dérape sérieusement. Ce qu'il ne manquera pas de se produire, bien entendu.