Forbidden Love

Un shôjo, mais bien plus encore!

                       
Forbidden Love est un shôjo, pourtant à ne pas mettre entre les mains de tous. L'histoire d'amour entre Yoshiki et Kasumi est très belle. Romancée à souhait, elle nous offre des aventures hors du commun, qui nous permettent d'espérer, mais aussi de réfléchir et de de se poser des questions.
Le scénario, assez pauvre, se voit enrichi grâce aux personnalités bien marquées de chacun. Tout au long de l'histoire, il n'est que question de la relation entre Kasumi et son frère. L'héroïne, qui ne reste pas toujours sage, passe une nuit torride avec un inconnu, quelqu'un dont elle ne connaît ni le nom, ni le prénom, ni quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. Ce seul soir, décidé sur un coup de tête, va changer la vie de bien du monde.

On fait alors la connaissance d'une jeune fille qui aime s'amuser, passer du temps avec ses amis, mais aussi, qui sait donner son cœur. A fleur de peau, Kasumi tombe alors amoureuse de Yoshiki dès la première nuit. On imagine très bien la situation: tout le monde a certainement vécu un petit épisode plus ou moins semblable à ce début d'histoire. Rappelons-nous d'un moment, d'un lieu. Un inconnu nous aborde, nous apporte son aide, ou tout simplement, croise notre chemin. On s'intéresse à lui, et même sans qu'il ne se passe rien, on se sent attiré par lui, n'en connaissant pas la raison. Il est évident que l'on continue, pendant quelques jours à penser à celui-ci, en se disant que l'on est bien ridicule, puisque lui nous a déjà oublié. Ici, c'est le même cas, sauf que l'auteure romance un maximum les faits, pour les transformer en un épisode fou et croustillant. Loin de l'héroïne timide et renfermée, ou alors de la fille à fort caractère qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, Kasumi se trouve dans un entre-deux. Toutefois, elle est très romantique, ce qui ne joue pas forcément en sa faveur. En mettant en scène ce personnage, le lecteur ne réussit pas à s'y identifier. Sans cesse torturée, elle abandonne bien facilement les épreuves de la vie qui se dressent devant elle, et choisit les solutions de facilité qui s'offrent à elle, bien médiocres et dévalorisantes. En ce sens, Kasumi devient une héroïne agaçante, voire insupportable à certains moments. Alors que dans le manga pour filles, l'héroïne est le personnage clé qui dirige tout, ici, elle perd bien vite de l'intérêt, et le lecteur est alors obligé de se tourner vers le personnage masculin: Yoshiki.
    
Yoshiki, qui incarne le garçon parfait, le petit ami idéal, mais aussi le frère protecteur, ne laisse personne indifférent. Beau garçon, il entre parfaitement dans le cadre du shôjo, mais aussi, il ne cache en aucun cas ses sentiments à l'élue de son cœur. Toujours plus amoureux, il aime sans limite sa sœur, et veut faire tomber les tabous. Il nous fait battre le cœur lorsqu'il protège sa bien-aimée, ou tout simplement lorsqu'il l'enlace ou l'embrasse langoureusement. Le physique est important dans le shôjo, et encore plus lorsqu'il s'agit d'un personnage masculin. Yoshiki est alors séduisant, mais le dessin de l'auteure ne nous permettra pas d'apprécier ce personnage dans toute sa beauté. Les mains de ce dernier sont bien trop disproportionnées par rapport au reste de son corps, en étant grandes et bien trop fortes parfois. Toutefois, cet aspect qui manque souvent d'esthétisme se révèle à certains moments très utile, et souligne alors sans mal les tendres caresses qu'il offre à Kasumi, grâce à ces mains si généreuses.
Loin du garçon belliqueux et arrogant, Yoshiki nous séduit par sa classe et sa gentillesse. Il sourit beaucoup, mais encore plus, il pleure quand cela est nécessaire. Certes, voir un garçon pleurer dans ce genre de lecture n'est pas rare, mais lorsqu'il est bien mis en scène, il apporte un plus, une sensibilité qu'on ne cache désormais plus.
    
Les larmes sont d'ailleurs très présentes, dans chaque tome de la série. On pleure, on crie, on se déchire, voilà la vraie vie du shôjo. Les amoureux se retrouvent, et ce sont alors de tendres baisers qu'ils s'échangent. Malgré l'appellation de shôjo, Forbidden Love n'est pas une simple histoire, loin de là. Hormis le fait que le thème principal soit l'inceste, l'auteure ne se prive pas de nous montrer une Kasumi avide de plaisir, envieuse du moindre contact. C'est dès les premières pages qu'on l'aperçoit nue, mettant en avant ses formes généreuses. La jeune fille n'a pas un corps d'enfant ou d'adolescente: ici, c'est la femme qui est sans cesse mise en avant. Ses lèvres pulpeuses donnent l'envie à plus d'un d'y goûter, sa peau délicate appelle les caresses, ses jambes frémissent au moindre frôlement, et sa poitrine généreuse trahit son envie. C'est alors que le lecteur se rend bien compte qu'il n'est pas en possession d'un shôjo ordinaire. Parfois osé, il pourrait alors nous faire penser à du josei, mais malheureusement, il lui manque cet aspect adulte et sérieux. La sensibilité de l'héroïne, le manque de scénario, et le côté peu crédible de Yoshiki sont certainement les plus grands aspects qui nuisent au côté josei de Forbidden Love.
En ce sens, cette série est bien plus qu'un simple shôjo, mais une course à l'amour charnel.