Rôsoku Hime - Princess Candle - Actualité manga
Dossier manga - Rôsoku Hime - Princess Candle

L'esthétique de la série


Ce qui frappe en premier lorsque l'on commence la lecture de Princess Candle, c'est sûrement la qualité des planches d'un dessinateur qui a à cœur d'offrir quelque chose de riche et de travaillé, afin de nous immerger au mieux dans son récit.

Le souci du détail apporté aux décors ou aux tenues, c'est un peu l'une des marques de fabrique du magazine Fellows!! et de son successeur le Harta chez Enterbain, et sur cet aspect Kenya Suzuki ne se rate pas. Dès le début, le mangaka parvient assez facilement à bluffer, grâce au grand soin qu'il accorde aux décors, omniprésents.

Dans le premier tome, cela concerne surtout le couvent Saint-Ylieu, un bâtiment de briques que l'on aura l'occasion de découvrir sous tous les angles, y compris de haut via d'excellents angles de vue. Pour cela, Suzuki ne manque pas d'imagination afin de faire découvrir tout cela avec un certain naturel, en exploitant joliment des événements qui lui permettent surtout de justifier ses angles de vues. Par exemple, dès les premières pages, on peut noter un petit effet de zoom de l'extérieur élevé du couvent jusqu'à l'intérieur. (vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir)



Quelques pages plus loin, quand Flora poursuit le chien dans l'édifice, elle est amenée à sauter depuis une certaine hauteur, Suzuki en profitant alors pour nous offrir une vue vertigineuse qui offre à la bâtisse sa grandeur et son aspect imposant.



Encore un peu plus tard, quand Flora chasse le faisan, on a droit à tout autant de cadres parfaits pour mettre en valeur l'architecture. On pense à la scène où elles repèrent le faisan, qui permet de jolies vues du cloître.



Ou encore à la fin de la chasse, quand Flora tente désespérément d'attraper le volatile en vol en jetant son épée vers lui : Suzuki nous gratifie alors de superbes vues, l'une placée au-dessus du faisan (tout comme l'animal, le lecteur est alors un témoin privilégié de la beauté de la bâtisse vue de haut, cette vue étant normalement inaccessible), l'autre venant nous offrir une vue depuis l'endroit où l'épée retombe.



Les murs de pierre, la cour, le cloître, les intérieurs... sont alors autant de lieux qui sont fortement mis en avant via une mise en scène soignée et qui cherche toujours à leur rendre honneur, ce qui participe totalement à l'immersion. Et si le découpage reste académique (on a toujours des cases carrées ou rectangulaires), l'artiste sait donc utiliser le tout quand il le faut et comme il le faut, pour offrir de belles envolées ou pour décortiquer minutieusement le cadre de vie qu'il a imaginé.

Au-delà du couvent, le deuxième volume de la série nous amène beaucoup plus à l'extérieur, sur les routes, à la découverte d'autres environnements. En même temps que les personnages, le lecteur croisera d'autres lieux de vie en campagne. Pour la dernière des trois images ci-dessous, l'auteur, en insistant d'abord sur les oies en gros plan, nous fait mieux ressentir le cadre de vie campagnard.





Mais c'est surtout la nature environnante que l'on retient, avec quelques planches très réussies d'une nature assez reculée, en rivière ou en forêt entre autres.



Sa minutie ne s'arrête pas aux décors, et concerne aussi les costumes et certains visages.
Sur ce dernier point, il peut éventuellement falloir un petit temps d'adaptation, car Suzuki a une façon bien à lui de dessiner les visages, surtout les nez (ça se voit dès les couvertures). Mais une fois qu'on y est habitué, il semble difficile de ne pas rester conquis par la capacité du dessinateur à offrir à ses héroïnes (surtout Flora) une belle palette d'expressions où l'on ressent très bien ses différences de caractère : la verve quand il faut passer à l'action, la gêne amoureuse face à sa princesse, la peur panique et presque enragée quand Skw'àh est en danger... Face à elle, Skw'àh a droit à un physique « de poupée » très réussi, avec un regard capable d'être assez noble, une longue chevelure ondulée séduisante, ou un corps que l'on devine assez frêle. On trouve également des petits détails physiques qui offrent un certain charme aux autres personnages : le grain de beauté de Yajenka et son regard acéré, ou encore le tête ronde, le coupe plus courte et la dent manquante de Mahlnô qui lui confèrent une sympathique bonhomie.
Quant aux costumes, l'auteur a imaginé de très belles choses, allant des tenues simples des sœurs du couvent aux tenues de chevaliers, en passant surtout par les parures de la princesse, que l'on voit à quelques reprises, notamment au début. La toute première apparition de la princesse lui offre d'ailleurs d'emblée une certaine prestance, grâce à une double-page où sa tenue et son visage s'avèrent bien travaillés, le tout dans un décor presque idyllique avec les papillons et les fleurs.



Les tenues et les physiques, Suzuki sait aussi les mettre en valeur à travers certaines scènes minutieusement découpées. A titre d'exemple, on peut citer la scène de flashback sur l'habillage de la princesse quand elle était encore au château royal, où le mangaka décortique les détails et les gestes avec une certaine précision, un peu à la manière de Kaoru Mori dans Bride Stories quand elle s'intéresse aux travaux manuels de ses personnages.



Régulièrement amené à beaucoup s'animer autour de petites scènes d'action, le récit nous montre que Suzuki est également assez à l'aise dans un registre plus dynamique. Sans jamais se sortir de son découpage assez académique, l'auteur sait réellement insuffler à ses moments plus axés action un souffle vivant voire épique, le tout en jouant sur un découpage de l'action assez minutieux, des angles de vues parfois saisissants, et un très bon jeu sur les regards et les expressions. Pour ne présenter qu'une brève scène, on peut montrer la page ci-dessous, qui, avec sa contreplongée et son jeu sur les regards, montre d'emblée l'ardeur de Flora.



Notons aussi que si Suzuki aime s'appliquer sur les tenues, il aime tout autant en débarrasser ses héroïnes : Princess Candle bénéficie d'une pointe de nudité qui, au-delà de tout possible érotisme, a surtout quelque chose de naturel, en témoignant souvent de l'état d'esprit des personnages : la vie simple des filles du couvent, l'aspect intime et rapproché de nos héroïnes quand elles se baignent dans la rivière...



Pour finir, un mot sur les influences de l'auteur : au-vu des bâtisses et de leur architecture de pierre, des vitraux du couvent, des tenues, du cadre, ou tout simplement des noms des personnages, tout laisse effectivement penser que Kenya Suzuki s'est inspiré de l'Europe pour imaginer son univers.
  
  
  


© Suzuki Kenya 蝋燭姫

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