Rôsoku Hime - Princess Candle - Actualité manga
Dossier manga - Rôsoku Hime - Princess Candle

Le charme d'héroïnes réussies dans un contexte difficile


Des demoiselles bien posées


En somme, les visuels de Princess Candle servent parfaitement un récit qui prend tranquillement son temps pour décoller petit à petit, et qui s'applique avant tout à offrir des personnages principaux plutôt réussis.

On appréciera notamment certains visages du couvent qui sont bien campés, comme Mahlnô, demoiselle amicale qui épaulera plusieurs fois Flora, ou surtout Yajenka, une femme de caractère qui semble s'opposer à la princesse et à Flora... à moins que son comportement ne cache autre chose.

Mais ce sont bien les deux héroïnes qui attirent le plus l'attention.

Dans un cadre où elle doit s'habituer à une toute nouvelle vie beaucoup plus modeste que le quotidien de princesse (pas de luxe, pas de colliers, pas d'armes, s'habituer à la nourriture simple, s'habiller seule... ), Skw'àh conserve sa dignité en se pliant aux règles sans faire de remous, ne serait-ce que par respect pour les soeurs qui l'accueillent. Elle n'hésite pas même à se plier aux tâches ménagères, comme faire la lessive.





Pourtant, ses bijoux sont l'héritage et le souvenir de ses parents et de ses ancêtres (ce qui lui vaut de quand même demander à pouvoir les garder dans un coin). Et son demi-frère le prince lui a tout pris : le trône, les vassaux, le château... ce qui fait qu'elle aurait pu être hors d'elle. Mais elle s'adapte avec un courage contenu.

Flora, dès les premiers temps de la série, apparaît alors comme son parfait contraire. Non éduquée, se considérant elle-même comme étant bête, la dame de compagnie de la princesse déchue est avant tout une jeune femme de caractère, toujours prête à agir, souvent sous le coup de l'impulsion, souvent parce qu'elle ne supporte pas de voir Skw'àh se "rabaisser" autant alors qu'il y a peu elle était princesse. La raison est simple : elle aime Skw'àh plus que tout, serait prête à absolument tout pour elle, même à être humiliée ou à mourir.
A vrai dire, Flora est vraiment celle qui porte le plus le récit. L'essentiel des événements passe par elle, on ressent toute sa colère envers ceux qui ont tout pris à sa maîtresse adorée, et son côté très impulsif et énergique est ce qui offre au tome ses plus importantes envolées. La jeune femme à la peau brune s'avère très séduisante dans son rôle de battante un peu désespérée par la situation, et on a donc plus que hâte de tourner chaque page pour voir comment elle réagira, comme elle s'y prendra pour essayer de sauver sa princesse face aux dangers.





Face aux dangers


Car des dangers, il y en a bel et bien, à commencer par l'opposition du prince héritier à sa sœur qu'il a éloignée de lui... pour mieux l'utiliser plus tard ? Mais les dangers commencent vraiment à prendre forme dans la dernière partie du premier volume, où brigands autant que chevaliers semblent au moins unis par le désir de s'en prendre à Skw'àh...

Des épreuves, Flora et Skw'àh, parfois épaulées ou parfois trahies, en connaîtront beaucoup. Faites prisonnières, en fuite, menacées de mort, nos héroïnes devront affronter bien des choses, surtout dans le deuxième volume qui change vraiment de registre par rapport au premier qui, globalement, était plus calme.

La raison à tous ces dangers ? Elle est simple : le statut de Skw'àh à la naissance, statut de princesse qu'elle vit peut-être plus mal qu'on ne le pense. Car du coup, pour s'emparer du pouvoir, nombre d'individus, qu'ils soient d'emblée présentés comme des ennemis, soient des manipulateurs se présentant comme des alliés, ou soient de se propre famille, vont chercher à l'utiliser malgré elle, malgré ce qu'elle souhaite. Ainsi, face à un monde qui semble vouloir les utiliser dans sa majorité, Skw'àh et Flora devront avant tout compter sur elles-mêmes... et ça tombe bien, car la « louve » à la peau bronzée, comme déjà dit, est prête à tout pour sa princesse.





Ainsi, même quand elle est vaincue, et faite prisonnière par les ennemis, Flora ne se désespère pas : elle a à la fois la satisfaction d'avoir pu mettre temporairement à l'abri celle qu'elle aime plus que tout, et la colère de ne pas pouvoir être à ses côtés, pour des sentiments ambivalents voire contradictoires qui donnent une bonne idée de tout ce que Skw'àh représente pour elle : toutes ses pensées sont tournées vers celle qu'elle a toujours servi.. Pour se sortir de sa geôle, elle serait alors prête à tout, y compris à payer de son corps. Une bonne partie du tome 2 se présente alors comme une quête à la recherche de celle qu'elle aime, pour la protéger, la sauver des griffes des hommes qui la convoitent à des mauvaises fins... ou pour la précipiter avec elle aux portes de la mort ?

La nouvelle vie au couvent n'est alors déjà plus, et même si les religieuses apportent leur aide à leur manière puis espèrent revoir Flora, Skw'àh et Yajenka un jour, c'est bien loin de cette bâtisse de pierres que se poursuit un tome 2 qui a plus qu'auparavant une tonalité épique. Parce que pour sa princesse, la "fille-louve" se battra avec détermination et hargne, en subissant les coups, mais sans flancher, comme une louve.

Véritable héroïne de la série, Flora fait partie de ces irrésistibles figures féminines à la fois épiques et dramatiques, un peu à la Lady Oscar pour citer un exemple connu : passionnée et droite, mais également parfois trop impulsive dès qu'il s'agit de l'élue de son coeur.

Oui, Flora aime Skw'àh plus que tout... mais quelle Skw'àh aime-t-elle ? Et la princesse, elle, que pense-t-elle réellement de sa servante dévouée ?





Un amour transcendant tout


"Alors... allez-y ! Risquez votre vie ! Mais poursuivez-la ! Poursuivez-la jusqu'au bout du monde !"

Alors que le parfum d'aventure épique grandit, les interrogations qui viennent d'être évoquées sont également au coeur du récit, car l'auteur profite de la tension globale pour aussi offrir un vrai travail plus intimiste sur ses deux héroïnes, qui dévoilent l'une à l'autre ce qu'elles ressentent exactement.

Et de ce côté-là, l'auteur nous fait passer par nombre d'émotions, car ce qu'a pu ressentir Skw'àh passe par différentes étapes opposées (entre haine et amour, il ne peut vraiment y avoir qu'un pas), et l'amour ressenti par Flora est remis en question avec force, celle-ci devant s'interroger sur ce qu'elle aime exactement chez sa princesse. Cela donne lieu à des moments à l'ambiance très différente concernant leur lien, avec de vrais moments forts, et où l'on passe d'une insouciance presque pure (la scène de la rivière...) à une tension violente presque autodestructrice. Car sa princesse, Flora l'aime décidément à la folie. Et à cela, Skw'àh finit par réagir de manière très forte, non sans quelques très jolis moments de mise en scène, à l'instar de la page suivante où le découpage de son visage permet de cerner toutes les émotions qui la traversent à un moment critique.



Au-delà de la lutte épique et dramatique autour des conflits de pouvoir et des manigances masculines autour de la princesse, l'aventure de Princess Candle est donc aussi, et peut-être avant tout, le récit de l'évolution d'une relation transcendante entre deux héroïnes finalement prêtes à tout l'une pour l'autre.

Dans tout ceci, Suzuki n'oublie pas de peaufiner comme il se doit ses personnages, en présentant comme une légende l'enfance de Flora qui a forgé sa réputation de "fille-louve", en évoquant le statut d'une princesse qui vit son sang royal comme une prison, ou en offrant un rôle réussi à certaines figures secondaires comme Yajenka et Mahlnô.





Tout ceci nous amène sans lâcher prise jusqu'à une dernière ligne droite qui reste imprévisible jusqu'au bout, où certains rôles basculent encore, et qui s'avère assez marquante tant elle est loin d'être idéale, Suzuki évitant alors le piège de la facilité.
  
  
  


© Suzuki Kenya 蝋燭姫

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