Resident Evil - Heavenly Island - Actualité manga
Dossier manga - Resident Evil - Heavenly Island

Y'a des zombies et des nanas...


Dès son annonce, Heavenly Island était vendu comme un titre à l'ambiance décalée pour un titre Resident Evil : des zombies, certes, mais en compagnie de jolies demoiselles en bikini, et souvent pourvues de formes propices pour attirer l’œil des lecteurs les plus coquins. Une promesse qui n'est pas sans rappeler un film sorti dans les cinémas en 2010 en France, un certain Piranha 3D dont l'accroche plutôt amusante étant « Sea, sex and blood », le pitch du film proposant un véritable carnage de jeunes gens (et très souvent des demoiselles) à la mer, dévorés par une horde de poissons préhistoriques affamés. Un second degré flagrant que l'on retrouve assez rapidement dans Heavenly Island, même si les deux titres n'ont évidemment rien à voir. Il est même très probable que Naoki Serizawa et Yasuhiro Seto, employé de Capcom qui s'est chargé d'élaborer le scénario de ce nouveau dérivé, ne se soient pas inspirés du film, et ne l'aient même pas vu.

Depuis des décennies, on attribue la dimension horrifique du cinéma à l'adolescence, ou à de jeunes adultes. Le schéma du film gore proposant une bande de jeune gens victimes d'un assassin ou d'entités maléfiques est monnaie courante et est même encore très utilisé de nos jours. Avec une volonté d'adapter cette forme à un manga et en souhaitant introduire un côté frivole et chaleureux, on en vient naturellement à une œuvre de ce type, un récit où des idoles en bikini deviendraient des proies idéales pour leurs tueurs et un bétail de choix à charcuter. Transposé à la sauce Resident Evil, le titre n'avait finalement pas beaucoup de solution s'il souhaitait miser sur un certain aspect de série B. Le choix de créer une intrigue de zombie au cours d'une émission de téléréalité dite « hot » correspond à toute cette volonté.

C'est une certaine originalité au sein de la saga Resident Evil qui, sur ses différents épisodes, se place très souvent du côté de factions policières ou militaires. Les STARS étaient le corps armé de Racoon City, et le BSAA une faction de lutte antiterroriste bien équipée, le ménage étant fait en éliminant de la manière la plus brutale possible les différentes menaces. Les jeux, très sérieux, ne laissaient pas vraiment de place au fan-service dans son optique sensuelle. Un seul personnage semble avoir été façonné pour ce rôle dans les jeux, l'envoutante Ada Wong, mais il serait erroné de la reléguer à ce simple rôle tant le personnage s'avère réussi par son ambiguïté et ses différentes interactions avec Leon S. Kennedy, avec lequel elle joue à un véritable « Attrape-moi si tu peux ». Alors oui, si globalement la recette des jolies filles peu vêtues, déchiquetées par une menace quelconque n'a rien d'innovant, c'est une carte plutôt neuve dans la saga Resident Evil. Pourtant, cet aspect ne caractérise vraiment que les deux premiers volumes et sert surtout de tremplin pour la suite de l'histoire qui revient davantage vers les fondamentaux de la licence de Capcom. Néanmoins, sur ces deux volumes (et de manière plus limitée sur les trois suivants), le cocktail de demoiselles en bikini boulottées par des zombies a lieu, et s'avère réjouissant s'il est pris sans trop de sérieux. Les adeptes de séries un peu coquines s'en donneront à cœur joie, le côté sanglant permettant de désamorcer le ton du récit qui ne peux pas être pris avec grand sérieux au final.
Finalement, la réelle bonne idée du concept vient de la subtile critique aux émissions de téléréalité qui se succèdent sans âmes et peuvent se révéler abrutissantes par la simplicité de leurs concepts. Ici, Idol Survival est une réunion de belles jeunes femmes en maillot, œuvrant dans une sorte de Koh Lanta sans subtilité, qui font simplement servir de bétail aux macchabées environnant. Un bon moyen de créer du spectacle, mais aussi de démolir de la manière la plus violente qui soit un concept qui trouve bien des détracteurs. Pour ce simple fait, ce schéma de début de série a un côté vraiment jouissif.




L'efficacité du rythme


La force de ce second dérivé manga de Resident Evil par Naoki Serizawa est sans aucun doute son rythme. Là où le premier volet, Marhawa Desire, pouvait montrer un certain temps pour vraiment démarrer, Heavenly Island ne perd pas vraiment son temps et monte crescendo dès les premiers chapitres. Alors, après une brève introduction de l'émission Idol Survival, du protagoniste Tominaga et des quelques découvertes macabres de Claire Redfield, le récit alterne entre massacre d'idoles par des zombies, courses-poursuites avec une arme biologique particulièrement efficace dans la dimension horrifique du titre, survie, découverte et combat final. Difficile de s'ennuyer au cours de la lecture, une lecture qui se fait très vite tant les phases de dialogues sont écourtées pour laisser place à l'action. Le récit narre bon nombre d'événements en seulement cinq volumes, aussi on pourrait difficilement lui reprocher ses qualités de divertissements puisque l'ennuie s'affiche rarement.

Là où le titre peut diviser, c'est peut-être dans la tournure très prévisible de ses rebondissements. En effet, fidèle à quelques archétypes du registre horrifique, Heavenly Island laisse le soin au lecteur de prédire qui va trépasser ou non. Ceux qui sont destinés au rôle de chair à zombies ont cette étiquette affichée en grand sur leur front, chose dont à conscience le récit qui ne cherche pas à créer un affect particulier pour eux, au contraire. Et quand ce sont les plus sympathique qui partent, le scénario nous le fait sentir : un focus sur leur psychologie, une petite phrase typique du death flag plantée par-ci par-là... difficile de se tromper quand l'intrigue a la volonté de faire mourir un personnage. De même que la romance entre Tominaga et Mayu s'avère très clichée, mignonne mais finalement peu intéressante. Le scénario de Yasuhiro Seto nous ressert alors le schéma de la belle demoiselle en détresse qui va s'attacher à un individu lambda et un poil maladroit. Heureusement que le duo reste attachant, sans quoi la sauce n'aurait peut-être pas prise. Pourtant, cette dimension clichée et très nanar ne va pas à l'encontre du ton de la saga Resident Evil, au contraire. Depuis son premier épisode, la licence de Capcom est toujours allé dans le sens de la série B, avec des retournements de situation prévisible, des évolutions dignes des films diffusés sur la TNT à 23h, et des morts qu'on voit venir à des kilomètres, à quelques exceptions près, comme dans beaucoup de films d'horreur. On peut alors reprocher ces défauts à Heavenly Island, mais le titre respecte finalement les codes auxquels Resident Evil s'attache depuis toujours. Mais, forcément, le médium vidéoludique permet souvent d'outrepasser ces caractéristiques pour se concentrer sur d'autres point, le gameplay ou la dimension technique du soft par exemple, là où un manga aura des vertus surtout graphiques et narratives.
  
  
  

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