Parmi Eux - Hanakimi - Actualité manga
Dossier manga - Parmi Eux - Hanakimi

La force des personnages


La grande force de Parmi Eux tient dans le développement de ses personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires. Plus que la romance, c’est la tranche de vie qui est à l’honneur. Bien sûr, l’histoire d’amour a son importance, mais elle n’est pas au cœur de cette série. On retrouve tous les épisodes classiques de la vie lycéenne, en passant par la vie en internat, les fêtes du lycée, les voyages scolaires et les rivalités. Cela n’exclue pas bien sûr les tensions avec le corps professoral, représentées ici par l’intransigeant professeur Kitahama et dont Nakatsu va faire les frais.

Les problématiques liées aux différents personnages sont traitées soit au fil des tomes et des événements, soit dans des épisodes hors-série. Dans ce dernier cas, on trouve l’histoire d’amour de Nanba avec Kanako qui vient apporter un éclairage sur une anecdote qu’il a raconté à Mizuki. Trois chapitres sont aussi consacrés à la jeunesse du docteur Umeda et à sa rencontre avec l’homme qu’il aime ; de quoi enrichir ce personnage déjà très intéressant. Hisaya Nakajo nous prouve également qu’elle a fait des recherches, pour nous présenter de façon convaincante les univers de la photographie et du mannequinât, incarnés principalement par Akiha et Alex.





La difficulté de s’assumer et de trouver sa voie


L’homosexualité est une thématique très présente dans ce manga. Toutefois, il convient de préciser qu’elle est présentée de manière très ouverte, banalisée. D’ailleurs, l’homophobie est traitée de manière désinvolte et humoristique. Par exemple, le frère de Mizuki est allergique aux gays : « Ça lui donne de l’urticaire. ». Au cœur de cette problématique, on retrouve bien évidemment le docteur Umeda qui assume parfaitement son inclinaison sexuelle, mais aussi Nakao qui se languit de son chef de dortoir. Elle est évoquée également avec Nakatsu, cette fois au niveau du questionnement qu’elle provoque. En effet, dès le premier tome, le jeune footballer se rend compte qu’il est très sensible au charme de Mizuki et par conséquent se demande s’il est gay. Pourtant, il ne ressent rien en regardant les autres garçons, pas même Nakao qui est très mignon et efféminé. De plus, son cœur s’emballe davantage quand elle révèle son côté féminin, par exemple lors du concours de miss où elle fait partie des lycéens déguisés, ou encore pendant le bal de Noël. Si cela lui prend du temps, sa courte relation avec Komari va lui permettre de faire le point sur ses sentiments et c’est le déclencheur de son coming-out. Car bien qu’il ne soit pas gay en réalité puisque Mizuki est une fille, c’est son cheminement de pensée et son acceptation qui comptent ici. On notera d’ailleurs qu’à partir du moment où il fait sa déclaration devant tout le monde, il redevient lui-même : le Nakatsu énergique et exubérant. Il peut donc enfin se lancer sereinement dans sa « révolution de type M pour devenir un super Nakatsu » !

Mais la différence ne tient pas qu’à l’homosexualité. Elle est représentée également par exemple par les tourments du jeune Kadoma. Alors qu’il porte un prénom très masculin, il souffre d’être en réalité petit, frêle et glabre. Il voudrait devenir fort, c’est pourquoi il s’investit à 100% dans les arts martiaux dans l’espoir d’atteindre son but. De même, Kayashima a été rejeté dans son collège à cause de sa faculté à voir les auras et les esprits. Une fois au lycée Osaka, il reste à l’écart de ses camarades volontairement. Pourtant Nakatsu va le prendre sous son aile et Kayashima va enfin oser se montrer tel qu’il est.

« Et moi… C’est quoi, mon rêve !?! 
». Les camarades de Mizuki sont nombreux à déjà savoir ce qu’ils veulent faire plus tard, ou à avoir des objectifs en tête, comme par exemple travailler dans l’animation pour Noe ou devenir footballer professionnel pour Nakatsu. Mizuki quant à elle se retrouve dans l’impasse : elle n’a absolument pas réfléchi à ce qu’elle souhaite. Elle se sent en décalage vis-à-vis des autres, et il lui faudra du temps et de la réflexion pour enfin trouver sa voie. De plus, comme évoqué précédemment, ses choix d’avenir sont forcément impactés par la situation de travestissement dans laquelle elle s’est enfermée. Hisaya Nakajo étale ce cheminement de pensée et cette prise de décision sur plusieurs tomes, en adéquation avec l’évolution progressive de son héroïne.





L’univers du sport


Le sport est une thématique phare de cette série, et il gagne encore en importance dans les derniers volumes. Bien sûr, Sano en est le principal représentant, aux côtés entre autres de Nakatsu, Shin, Sekime dont nous parlerons plus tard et même de Kagurazaka.

« C’est parce que je ne pouvais plus supporter toute cette pression ! » À la fin du collège, le poids de l’importance de tout donner pour intégrer une grande école pèse sur les épaules du jeune Sano. Lors de l’accident dont il a été victime, il était tellement sous pression qu’il a hésité avant d’esquiver la voiture. Un moment d’hésitation qui lui a valu une blessure. Mais une fois guéri, il choisit la fuite : il arrête le saut, quand bien même cette discipline lui manque. C’est Mizuki qui va l’encourager à reprendre sa passion, toutefois ce poids ne sera jamais bien loin.

A peine de retour dans le monde de l’athlétisme, son rival Kagurazaka vient le provoquer. Si on pourrait penser au premier abord qu’il essaie simplement de lui mettre la pression, Kagurazaka veut plutôt le motiver afin de se mesurer à lui. Il le considère comme un rival de qualité, et leurs échanges les feront avancer. « Si vous voulez me prendre ma place, je vous attends !! » Leur rivalité est donc positive et stimulante, et elle va encore grandir lorsque Shin se frayera une place auprès d’eux.

Le côté strict et exigeant qu’on retrouve dans le sport est incarné avec brio par le père de Sano. Celui-ci est à la fois froid et intransigeant ; bien que Sano et Shin soient ses deux fils, il n’est pas plus conciliant avec eux qu’avec les autres, ce serait même plutôt l’inverse. Il est totalement focalisé sur la performance, au point de relever tous les défauts et petites maladresses qui sont autant d’obstacles à une réussite parfaite. Grâce à ce personnage, Hisaya Nakajo nous rappelle que le monde du sport est aussi implacable.

Dans une moindre mesure étant donné qu’il s’agit d’un personnage secondaire, Hisaya Nakajo met aussi en avant le temps de quelques chapitres les préoccupations de Sekime. Ce dernier fréquente lui-aussi le club d’athlétisme, mais ne fait pas de saut en hauteur. Il pratique la course de fond, qu’il adore. Mais son entraîneur le fait douter : selon lui, il doit se concentrer sur le saut de haies dans lequel il pourra aller plus loin : « Il dit que j’aurai moins de chances de représenter le lycée dans un championnat en course de fond. » . Sekime se demande alors quel choix il doit faire : continuer la course de fond qu’il préfère, ou se lancer dans le saut de haies pour avoir de meilleures chances de percer ? Ce qui revient à choisir la facilité et un meilleur taux de réussite possible ou sa passion malgré tout. Un dilemme qu’il devra résoudre par lui-même, aidé par les conseils d’une amie et de ceux de Sano qui est bien placé pour lui apporter un éclairage pertinent.





Pression et tensions familiales


Les tensions qui règnent entre Sano et son frère, ainsi que son père, rythment la série. Sano a quitté Hokkaido et la maison familiale pour rentrer au collège à Tokyo, d’abord en vivant chez les parents de sa belle-mère, puis en intégrant l’internat du lycée Osaka. Quand il avait huit ans, sa mère est morte dans un accident de la route, alors que son père était au volant de la voiture. À partir de là, les rapports entre le père et le fils se sont dégradés, Sano ne pouvant s’empêcher de lui reprocher le décès de sa mère. « Je ne le considère pas comme mon père de toute façon. ». On notera également que leur relation conflictuelle est étroitement liée au sport, puisque le père est entraîneur ; c’est pourquoi Sano va tant s’énerver et s’inquiéter en apprenant qu’il s’occupe de l’entraînement de Shin. Mais c’est aussi grâce à ce lien que la mangaka va pouvoir mettre en scène leurs retrouvailles et les amener progressivement à une réconciliation. Comme toujours, elle s’applique à donner à la fois le point de vue de l’un et celui de l’autre, souvent par le biais de Mizuki. Il n’y a jamais de personnage « tout noir » ni « tout blanc » dans cette série. Tous sont nuancés, ce qui les rend plus humains et par conséquent plus attachants.

Quand Shin commence à mal tourner, Sano se sent responsable à l’idée que celui-ci aie pu se sentir abandonner. Shin semble rejeter son grand frère, pourtant lorsqu’il fugue, il fonce tout droit à Tokyo… et se retrouve devant les porte du lycée de Sano. La rencontre amicale entre le lycée Osaka et le lycée Tokyo (avec lequel l’établissement de Shin a fait un échange) va être l’occasion de crever l’abcès et de mettre cartes sur table. Si les deux frères sont toujours très attachés l’un à l’autre, le retour à la bonne entente ne sera pas de tout repos. La mangaka fait évoluer les rapports entre les trois membres de cette famille de façon progressive, ce qui accorde davantage de crédit à ses personnages.

Le cas de Nakatsu est également représentatif d’une problématique familiale qui revient régulièrement : celle de la succession et de la reprise de l’entreprise familiale. La mère de Nakatsu, aussi exubérante que son fils d’ailleurs, s’oppose fermement à ce qu’il devienne footballer professionnel. Elle le menace même de le déshériter s’il persiste à refuser de reprendre la gestion du commerce familial. « Au fond, ce que j’aimerais, c’est qu’elle me comprenne enfin. ». Hisaya Nakajo apporte encore des nuances : il n’est pas question d’une méchante et de sa victime. Au contraire, elle s’emploie à illustrer aussi bien le point de vue et les raisons de Nakatsu que celles de sa mère dans son rôle de parent. De plus, on notera que cette implication dans l’ambition de ce personnage lui confère plus de profondeur. Comme il est toujours foufou, les passages où il est sérieux nous rappellent que Nakatsu est plus complexe qu’il n’y paraît et ce contraste est appréciable.






HANAZAKARI NO KIMITACHI-E © Hisaya Nakajo/HAKUSENSHA Inc.

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