Mamoru Hosoda - partie 1 - Actualité manga
Dossier manga - Mamoru Hosoda - partie 1

Madhouse : une collaboration fructueuse


Arrivé fraîchement dans ce nouveau studio réunissant de grands noms de l'animation, anciens salariés du studio de Tezuka, Mamoru Hosoda décide de s'attaquer directement à un gros morceau. En tant que freelance, il va se lancer dans l'adaptation d'un roman culte de la jeunesse au Japon : « La Traversée du temps ». Maintes fois adapté, difficile de trouver un angle d'attaque qui soit original. Alors pourquoi ne pas remettre les compteurs à zéro et créer de nouveaux personnages tout en gardant le scénario ?
  
  
La Traversée du temps

« La Traversée du temps » raconte l'histoire de Makoto, une jeune fille pleine de vie qui a pour meilleurs amis Chiaki, un garçon un peu bourru, et Kosuke, un élève studieux et un brin protecteur envers Makoto. Ils se réunissent souvent tous les trois pour jouer au baseball.
Un jour, Makoto croit entendre quelqu'un dans une salle vide de science, et alors qu'elle tombe de surprise, son bras s'écrase sur une sorte de coquille de noix. A partir de ce moment-là, la jeune fille sera capable de faire des sauts dans le temps, ce qui lui permettra d'avoir des meilleures notes, de lui éviter bien des ennuis. Mais ce qu'elle ne sait pas encore, c'est que remonter le temps n'est pas sans conséquence...
  
  
  
  
"La Traversée du temps" est une véritable petite prouesse en sachant que c'est le premier long métrage que Mamoru Hosoda a réalisé en étant seul chef d'orchestre du projet. Que ce soit au niveau du scénario, du montage, des visuels ou de la bande son, rien n'est laissé au hasard et tout est parfaitement cohérent.
Le scénario de ce long-métrage brille par sa simplicité. Une jeune fille va du jour au lendemain pouvoir faire des sauts dans le temps, c'est finalement un artifice assez courant. Dans un premier temps, elle s'en servira sans vraiment y réfléchir, pour tout et n'importe quoi. Et puis, à un moment, une sorte de compte à rebours se met en place. Un compte à rebours qui aura une issue dramatique. La fin de ce compte à rebours marque un tournant dans ce film. Le temps de l'enfance et de l'insouciance s'achève pour notre héroïne. Des secrets sont révélés, et des adieux sont prononcés. Une épreuve qu'elle aura bien du mal à traverser, et pourtant c'est ce qui la fera grandir.
Car oui, le thème principal de cette histoire, c'est bien le fait que Makoto sort de l'enfance. Elle qui vivait constamment dans l'insouciance, chouchoutée par sa famille et ses amis, elle qui n'avait aucune perspective d'avenir précise, va se retrouver confrontée à de nombreux événements qui vont la bouleverser. Il y a d'abord la déclaration de Chiaki qui perturbera assez la jeune fille qui voudrait qu'ils restent amis. Et malgré le fait qu'elle remontera suffisamment de fois le temps pour l'empêcher de se déclarer, leur relation en sera grandement chamboulée. Elle l'évitera et elle le verra se rapprocher de son amie, Yuri, qui avait toujours eu le béguin pour Chiaki. Un rapprochement que Makoto aura du mal à vivre sans vraiment réussir à mettre des mots là dessus. La jeune fille va donc s'éveiller à l'amour, mais aussi prendre conscience du monde qui l'entoure et que ses décisions, aussi insignifiantes soient elles, ont toujours des conséquences. Elle va prendre conscience également qu'elle est lycéenne et qu'il est temps pour elle de se décider sur son avenir.

Au final, « La Traversée du temps » est un film d'animation autant ancré dans son époque qu'intemporel. Il fait véritablement honneur au livre dont il s'est inspiré, « La Traversée du temps » de Tsutsui Yukata (disponible aux éditions l'Ecole des loisirs chez nous). Un roman jeunesse publié dans les années 60 qui est devenu un classique, et qui a connu de nombreuses, très nombreuses adaptations, sous toutes les formes. L'adaptation de Mamoru Hosoda l'a remise au goût du jour en créant toute une nouvelle bande de personnages et en faisant de l'héroïne du roman original la tante de son héroïne, Makoto. Un moyen astucieux de faire une sorte de suite sans vraiment en faire une. Un moyen astucieux également de réactualiser l'histoire tout en ne dénaturant pas l'original.
Tout comme le livre, il faut croire que ce film traversera les âges et perdurera. Plus de dix ans ont passé depuis sa sortie et il reste encore dans les mémoires. Le temps seul nous le dira mais je parierais bien une petite pièce sur le fait qu'il deviendra culte d'ici une vingtaine d'années.


Summer Wars

Dans la filmographie de Mamoru Hosoda, « Summer Wars » est un peu particulier. Il ne fait pas partie de ses films les plus emblématiques, et pourtant nombre de ses visuels se retrouveront dans ses autres films.

« Summer Wars » raconte l’histoire de Kenji, un jeune lycéen surdoué en mathématiques qui a le béguin pour sa senpai, Natsuki. Un après midi, alors qu’il travaille sur les serveurs d’Oz, un réseau social reliant tout et tout le monde, Natsuki débarque dans leur salle de club pour leur proposer un petit job d’été : l’accompagner dans sa famille pour l’aider à préparer l’anniversaire de son aïeule. Kenji débarque donc dans cette famille impressionnante, à l’histoire remontant plusieurs centaines d’années, bâti sur de nombreuses batailles plus ou moins glorieuses. Et alors qu’il salue l’aïeule de son amie, celle-ci le présente comme son petit ami à sa grand mère. Un mensonge pour lui faire plaisir apparemment, sauf que celui ci va rapidement tourner au cauchemar. En effet, le soir même, Kenji reçoit un message étrange qu’il interprète comme un défi de maths, qu’il résout en quelques heures. Pas de chance, il vient de décrypter le code de sécurité du réseau social Oz et de permettre à une IA de s’infiltrer à l’intérieur et de mettre une sacré pagaille... et pas que dans le monde virtuel !
Ce film est, et reste pour moi le plus anecdotique de la carrière de Mamoru Hosoda. Certains auront peut-être lu mon avis un peu mitigé sur "Miraï, ma petite soeur", mais je dois dire qu'il reste au dessus, pour moi, de "Summer Wars". Ce n'est pas que je n'aime pas ce film, au contraire, il est très fun à regarder et à quelques moments assez touchants, mais il est, pour moi, trop dispersé. La famille de Natsuki est immense, et cela fait beaucoup BEAUCOUP de personnages à suivre et lors du premier visionnage, et bien on est rapidement perdu.
Et le deuxième gros défaut de ce film... c’est que le scénario est un peu trop vu et revu. Il n’y a malheureusement pas le côté intemporel qu’on pouvait avoir dans « La Traversée du temps ». Dans « Summer Wars », le tout est bien trop convenu. Le coup du faux fiancé, le fait qu’il devienne un sorte de terroriste d’internet en une nuit sur un malentendu pour ensuite sauver la situation de manière héroïque...
Le fait qu’il y ait un vilain petit canard dans la famille (avec comme résultat le hacking de Oz) ou encore le climax de fin de film avec le coup du Genki dama...
Comprenez bien : tout ce que je viens de citer ne fait pas de « Summer Wars » un mauvais film, mais c’est ce qui l’empêche d’être un « Grand film ». Dans un sens, il porte bien son nom : c’est un bon film en tant que blockbuster de l’été. Intelligent dans la manière qu'il a de mélanger tradition et modernité mais pas prise de risques, avec de l’action et un peu d’héroïsme, tout ça sur fond d’une petite attaque terroriste.
  
  
  
  
En revanche, il est indéniable que « Summer Wars » a été un tournant dans la filmographie de Mamoru Hosoda. Dans ce film, il a développé au maximum le monde virtuel avec Oz, et il puisera régulièrement par la suite dans les visuels qu'il a constitué dans ce film pour les suivants. En effet, le réalisateur a une vision assez particulière du monde numérique, ou plus largement d'autres mondes en général. Cette vision très épurée, souvent sur fond blanc, avec des éléments de décors en 3D ou plutôt en CGI, on la retrouve dans Digimon bien sûr mais aussi dans "La Traversée du Temps" lors de certains voyages de Makoto ou plus récemment dans "Miraï ma petite soeur", lors du climax de fin de film. Ces ambiances très stylisées et reconnaissables sont typiques de moments de transitions dans ces films : les sauts dans le temps pour Makoto, la sortie de la gare pour le petit Kun. Seul "Summer Wars" l'utilise comme un véritable univers parallèle, un univers qui fera le lien entre Kenji et son ami où plus largement entre la famille Junnouchi et le reste du monde au moment de l'affrontement final avec l'IA. Ses visuels sont clairement la force de ce film. Ils nous marquent et nous accrochent, quand bien même on soit perdu dans la multitude de personnages où dans certaines intrigues secondaires.

En somme, « Summer Wars » est un excellent divertissement, très abouti au niveau de ses visuels mais qui souffre du fait d'avoir une famille entière en tant que personnage principal ainsi de l'utilisation de certains clichés.
  

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