Présentation
Japon, seconde guerre mondiale, été 1945. A Kobe, les bombardements incessants obligent Seita, 14 ans et sa petite sœur de 4 ans, Setsuko, à quitter leur maison. Survivants miraculés, les deux enfants perdent néanmoins leur mère et, leur père faisant partie de la Marine, les voilà livrés à eux-mêmes. Après avoir espéré le retour de leur père, Seita et Setsuko partent chercher refuge chez une tante éloignée. Accueillante les premiers jours, celle-ci sentira rapidement peser sur son foyer le poids de deux orphelins en pleine croissance. Ne pouvant assurer le bien être de tous sans craindre pour sa famille, elle exercera une pression morale sur nos deux héros pour qu’ils partent. Ceux-ci quittent ce refuge qui ne leur apporte plus de réconfort et, avec le peu d’argent qu’ils possèdent, achètent de quoi tenir un temps et partent s’installer dans un abri abandonné. La nuit, on peut y voir danser les lucioles et Seita et sa sœur vivent quelques temps heureux, loin de la misère et de la guerre. Mais bientôt, la nourriture vient à manquer et Seita se voit obligé de voler ou de rationner sa sœur qui tombe malade …

Fiche technique:
Le tombeau des lucioles (火垂るの墓, Hotaru no haka) est un film réalisé par Isao Takahata, produit par Sato Ryoichi et dont le design a été fait par Yoshifumi Kondo. Adaptation animée d’une histoire autobiographique d’Akiyuki Nosaka et soutenu par les musiques de Michio Mamiya, ce long métrage a occupé l’équipe pendant un an (d’avril 1987 à avril 1988, à sa sortie). En France, il est arrivé en salle en juin 1996 et rencontrera, pendant un certain temps, un succès modéré à cause du peu de représentations accordées aux débuts du film. Mais avant cette sortie officielle, il fut présenté en 1992 au festival de Corbeil puis en 1994 à Paris. Les négociations durèrent un an mais les réactions enthousiastes lors du festival d’Aubervilliers accélérèrent sa distribution.
Isao Takahata
Moins connu que Hayao Miyazaki, Isao Takahata a pourtant produit et réalisé de nombreuses œuvres qui ont le mérite d’être très différentes les unes des autres, et de sortir de l’ordinaire.

Isao Takahata est né le 29 octobre 1935 à Ise, au Japon. Il étudie la littérature française à l’université de Tokyo où il découvre notamment la beauté de certains poèmes, mais surtout sa vocation de réalisateur devant le bouleversant « La Bergère et le ramoneur » (le roi et l’oiseau, de Paul Grimault). Il rejoindra le studio d’animation Toei à partir de 1959, et neuf ans plus tard, après ses débuts en tant qu’assistant metteur en scène puis sur la série Ken, l’enfant loup, il réalisera en collaboration avec Hayao Miyazaki son premier long métrage : Horus, prince du Soleil. En 1971, Takahata quitte la Toei en entraînant avec lui Miyazaki (entre autre) pour intégrer le studio A-Prod. Depuis, les deux hommes travaillèrent souvent ensemble, notamment dans les séries TV (Lupin III par exemple) alors privilégiées au studio, ou plusieurs courts métrages (Panda Kopanda, …). La collaboration entre les deux artistes sera sans doute assez courte, puisque c’est en 1979, avec le dernier épisode de la trilogie de Heidi, qu’un travail commun laissera la place à une forte amitié. Cependant, si les réalisations en duo à même niveau ont pris fin, il arrive encore que Miyazaki dirige tandis que Takahata réalise, jusqu’à la démission d’Hayao. Takahata l’aidera à réaliser Conan le fils du futur afin de lui permettre de partir, et il recevra de la part de son ami une invitation pour rejoindre le studio Ghibli que Miyazaki a l’intention de créer.
En 1981, il dirige le long métrage Kié la petite peste (adapté en série, animée par lui également) et quatre ans plus tard, Takahata devient l’un des deux réalisateurs de Ghibli, studio dirigé par Toshio Suzuki. Si Miyazaki et Takahata sont assez proches, leurs influences sont diverses et leurs productions également. Alors que le premier mise tout sur le rêve, les images significatives et les messages subtils camouflés derrière un grand moment de poésie presque enfantine, Takahata est plus direct, mais aussi plus diversifié. Par contre, ce dernier ne dessine pas lui-même ses productions, et il réalisera même un film non animé : l’Histoire du canal de Yanagawa, en 1987 (produit par Miyazaki). Ainsi, le réalisateur touche à tout, expérimente diverses techniques, différents modes de réalisation mais aussi des thèmes variés. On le voit bien dans la différence entre le Tombeau des lucioles, Mes voisins les Yamada et Pompoko, tant graphiquement que scénaristiquement. De plus, Takahata s’inspire toujours d’une œuvre déjà existante, sans jamais se lancer dans une réalisation totalement originale, sauf quelques exceptions comme Pompoko, qui puise quand même nombre de ses références ailleurs. Ce qui ne l’empêche pas de choisir ses inspirations afin de toujours mettre en valeur les thèmes qui lui tiennent à cœur. Les deux hommes ont souvent travaillés ensembles, puisque c’est Takahata qui produira seul les longs métrages de Miyazaki comme Nausicaa de la vallée du vent, puis Laputa, le château dans le ciel … C’est en 1988 qu’Isao donne naissance au Tombeau des lucioles, premier titre de sa main appartenant à Ghibli. Suit, en 1991, Souvenirs goutte à goutte puis Pompoko trois ans plus tard et enfin Mes voisins les Yamada, en 1999.
Selon certains dires, Isao Takahata aurait quitté Ghibli après Mes voisins les Yamada, même s’il y est salarié. Depuis neuf ans, on ne sait effectivement pas grand-chose sur le travail du réalisateur, cependant, lors d’une interview à Buta Connection en septembre 2005, il aurait promis une prochaine œuvre dans le studio de Miyazaki, annulant ainsi l’effet des rumeurs circulant sur son départ. Invité en aout 2009 au festival international du film de Lucarno, en Suisse, où il reçut un Lépoard d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, le réalisateur a notamment annoncé qu'il travaillait sur un projet d'adaptation d'un conte japonais: "Taketori Monogatari" (Le coupeur de bambous), également connu sous le nom de "Kaguya Hime" (Princesse Kaguya). Peu d'informations ont circulé depuis, sinon que le film pourrait sortir en 2013. Une affaire à suivre …
Longs métrages
-1968: Horus prince du Soleil (太陽の王子ホルスの大冒険, Taiyo no oji Horus no daiboken) - réalisateur en chef
-1972: Panda petit panda (パンダ・コパンダ, Panda Kopanda) - réalisateur
-1981: Kié la petite peste (じゃリン子チエ, Jarinko Chie) - réalisateur
-1982: Goshu le violoncelliste (セロ弾きのゴーシュ, Cello hiki no Gōshu) - réalisateur
-1984: Nausicaä de la vallée du vent (風の谷のナウシカ, Kaze no tani no Naushika) - producteur
-1986: Laputa - Le Château dans le ciel (天空の城ラピュタ, Tenku no shiro Rapyuta) - producteur
-1987: L'Histoire du canal de Yanagawa (柳川堀割物語, Yanagawa Horiwari Monogatari)
-1988: Le Tombeau des lucioles (火垂るの墓, Hotaru no haka) - réalisateur
-1991: Omoide Poroporo - Only Yesterday (おもひでぽろぽろ, Omohide Poro-poro) - réalisateur
-1994: Pompoko (総天然色漫画映画 平成狸合戦ぽんぽこ, Heisei tanuki gassen pompoko, Pompoko) - réalisateur
-1999: Mes voisins les Yamada (ホーホケキョ となりの山田くん, Houhokekyo tonari no Yamada-kun) - réalisateur
-2003: Participation à Jours d'hiver (冬の日, Fuyu no Hi)
Séries
-1963-1965: Participation Ookami Shonen Ken (狼少年ケン) - réalisateur.
-1968-1969: Participation à Gegege No Kitaro (ゲゲゲの鬼太郎) - réalisateur.
-1969-1970: Participation à Mooretsu Atarou (もーれつア太郎) - directeur.
-1971-1972: Participation à Apache Yakyugun (アパッチ野球軍) - réalisateur.
-1971-1972: Participation à Gegege No Kitaro - Deuxième série (ゲゲゲの鬼太郎) - réalisateur.
-1971-1972: Participation à Edgar détective-cambrioleur (ルパン三世, Rupan Sansei) - co-réalisateur.
-1974: Participation à Heidi (アルプスの少女ハイジ, Alps no shōjo Heidi) - auteur.
-1975-1977: Haha wo tazunete sanzenri (母をたずねて三千里) - réalisateur.
-1979: Anne aux pignons verts (赤毛のアン, Akage no An) - réalisateur/scénariste/storyboard.
-1978: Conan le fils du futur (未来少年コナン, Mirai Shounen Conan) - directeur technique

-1963-1965: Participation Ookami Shonen Ken (狼少年ケン) - réalisateur.
-1968-1969: Participation à Gegege No Kitaro (ゲゲゲの鬼太郎) - réalisateur.
-1969-1970: Participation à Mooretsu Atarou (もーれつア太郎) - directeur.
-1971-1972: Participation à Apache Yakyugun (アパッチ野球軍) - réalisateur.
-1971-1972: Participation à Gegege No Kitaro - Deuxième série (ゲゲゲの鬼太郎) - réalisateur.
-1971-1972: Participation à Edgar détective-cambrioleur (ルパン三世, Rupan Sansei) - co-réalisateur.
-1974: Participation à Heidi (アルプスの少女ハイジ, Alps no shōjo Heidi) - auteur.
-1975-1977: Haha wo tazunete sanzenri (母をたずねて三千里) - réalisateur.
-1979: Anne aux pignons verts (赤毛のアン, Akage no An) - réalisateur/scénariste/storyboard.
-1978: Conan le fils du futur (未来少年コナン, Mirai Shounen Conan) - directeur technique




Seita

Seita a 14 ans quand sa mère meurt dans les bombardements chroniques qui s’abattent sur Kobe, et plus généralement tout le Japon. Orphelin, il devra très tôt s’occuper de la seule personne qu’il lui reste : Setsuko, sa sœur. En effet, leur père participe à l’effort de guerre dans la Marine. Après la triste annonce du décès de sa mère, Seita décide d’emmener sa sœur chez une tante éloignée qui les héberge bon gré mal gré. Mais il comprend vite que lui seul peut aider Setsuko, et la faire patienter jusqu’à une quelconque résolution de tous leurs problèmes. Malheureusement, son jeune âge ne lui permet pas un point de vue pertinent sur leur situation et en décidant de s’isoler du reste de la population, sans participer à l’effort de guerre, il perd tout soutien, toute ration, toute aide extérieure. S’enfermant dans un monde exclusif avec sa sœur pour seule compagnie, Seita vit hors du temps pendant quelques semaines, et à cause de son ignorance, de son immaturité et d’un certain orgueil qui ne lui permettait pas de faire profil bas, il devra assister à la lente agonie de sa sœur. La culpabilité le ronge, alors qu’il la voit dépérir de malnutrition, et quand viendra son tour, il se laissera mourir sans combattre. Le fait de connaître sa fin dès les premières minutes du film n’atténue que peu la souffrance globale du jeune homme. Seita est volontaire, attentionné, fidèle et déterminé. De bon cœur, il ferait tout pour le bonheur de sa sœur et c’est un grand frère très protecteur et imaginatif que l’on découvre tout le long du film.
Setsuko

Du haut de ses 4 ans, Setsuko est la petite sœur de Seita. Très enjouée, remplie de bonne humeur et capable des plus beaux sourires, c’est une enfant très sympathiques, malgré les grosses crises de larmes qu’elle peut piquer. Setsuko est très attachée à son frère, et le suit partout où qu’il aille, ce dernier étant la seule chose à laquelle elle puisse se raccrocher. Seita a beau vouloir la préserver sans savoir comment lui annoncer la mort de leur mère, la petite fille fait preuve de beaucoup de vivacité et d’intelligence en comprenant très bien la situation. De même, on sent qu’elle se sait partir, qu’elle a conscience de perdre pied malgré son apparente démence. Dans ses dernières forces, elle prend soin de son frère et gardera cette idée fixe jusqu’à la mort. Petite fille ayant grandi trop rapidement, Setsuko a beau être vive d’esprit, elle reste attachée à des symboles essentiels. Notamment sa boite de bonbons, qui, tout le long du film, sera une attache sûre. Elle se montre très capricieuse en ce qui concerne ces sucreries, et redevient une enfant comme les autres avec une douceur entre les dents.
La tante de Seita & Setsuko

Suite au décès de la mère de Setsuko et Seita, cette tante éloignée se voit obligée moralement de les recueillir, même en des temps difficiles. Deux bouches à nourrir, surtout quand elles se montrent inutiles et peu participatives, sont un lourd fardeau dans un foyer en temps de guerre. En effet, la maîtresse de maison s’acharne à offrir un environnement agréable à ceux qui vivent sous son toit comme étant de sa famille proche, mais cela nécessite des habitudes à prendre, un mode de vie à adopter. Tout bouleverser pour deux gamins peu utiles a de quoi rompre un équilibre précaire. Il ne faut d’ailleurs pas jeter la pierre à cette tante qui va exercer peu à peu une pression sur son neveu et sa nièce afin de les faire partir de leur propre chef. En effet, même si son comportement est dur, elle a le mérite de ne pas les chasser directement et de supporter leur attitude très agressive et renfermée. En des temps difficiles, il semblait pourtant très ardu d’offrir une hospitalité. Elle est rapidement énervée devant le comportement immature de Seita et devant la sensibilité mal placée de Setsuko, ce qui l’amènera à se « rembourser » quelque peu par le peu de denrées que possèdent les deux enfants.
©1988 Akiyuki Nosaka / Shinchosha Company
De snoupiD, le 10 Mars 2012 à 17h25
normalement j'aime pas les film d'animation japonais mais celuis là c'est un chef d'oeuvre
De Tianjun [5081 Pts], le 12 Janvier 2010 à 12h20
Un film magistral, je n'ai jamais autant pleuré devant un film, qui n'use pourtant pas d'artifice pour provoquer cette émotion grandissante. Et merci pour ce dossier, sublime, qui va au delà de l'émotion suscitée par le film pour l'explorer dans toute sa profondeur. Tout y est, et même plus encore. Peut-être ton meilleur dossier jusque là NiD =)
De ZoroKurosaki [557 Pts], le 08 Janvier 2010 à 20h37
Bravo pour ce dossier, j'espère qu'il va inciter beaucoup de gens à foncer acheter l'une des oeuvres les plus marquantes de ces dernières années ! ! !
De kimhy [574 Pts], le 08 Janvier 2010 à 20h34
Magnifique film, réaliste mais sublime. Emouvant, qui donne au moins les larmes aux yeux. Du grand art ...
De NiDNiM [912 Pts], le 08 Janvier 2010 à 20h14
Merci :D Et pour ceux qui passeraient par là et qui n'auraient pas vu le film, un seul ordre : REGARDEZ LE !
Le dossier n'est pas assez subjectif pour dire à quel point j'ai adoré ce film ...
De MaTriX91 [407 Pts], le 08 Janvier 2010 à 19h58
Concernant le dossier : c'est un très beau travail. C'est ce qui fait que j'aime ce site (ainsi que les interviews et les critiques).
Concernant le film : c'est en effet une oeuvre majeure de l'animation. Elle happe le spectateur car elle narre une histoire des plus poignante qui ne tombe jamais dans le pathos. De plus, le tout est magnifiquement mis en valeur par une narration irréprochable qui capte et captive du début à la fin.
De choopers [242 Pts], le 08 Janvier 2010 à 19h31
un film très beau et triste, on verses au moins une larme. magnifique
De Yuukii-Chaan, le 08 Janvier 2010 à 18h18
Un film unique j'ai adorer (a en pleurer) c'est trop triste sachan que c'est vraimen arriveer 2o
De Koiwai [13073 Pts], le 08 Janvier 2010 à 16h12
Superbe dossier, qui analyse en profondeur un film qui le vaut bien ! Une fois de plus, chapeau Nid ^^
De ZoroKurosaki [557 Pts], le 08 Janvier 2010 à 14h47
Le film le plus bouleversant que j'ai vu, un chef d'oeuvre à voir au moins une fois dans sa vie...