Japan Touch 2012

Jamais deux sans trois !

   
 
Eh oui, trois ans déjà que nous suivons la Japan Touch, convention Lyonnaise autrement plus vieille puisqu'elle en est déjà à son quatorzième automne, en revenant au Double Mixte de Villeurbanne les 10 et 11 novembre derniers. Organisée par l'association lyonnaise Asiexpo depuis 1999, ce salon a significativement progressé durant ces dernières années, en recevant notamment ses premiers auteurs d'origine nippone durant les éditions précédentes : Naoyuki Ochiai en 2010, Izumi Tsubaki et Shin'ichi Sakamoto en 2011. Pas mal, pour un festival qui se veut organisé uniquement par des fans et pour des fans !
    
Malheureusement, en cette année 2012, l'éditeur Akata/Delcourt semble ne pas avoir voulu renouveler l'expérience, préférant inviter Natsumi Aida à une convention autrement plus (japan) exposée. Qu'à cela ne tienne : s'il aura fallu se contenter d'artistes un peu moins en vue pour cette nouvelle édition, la Japan Touch continue de développer en parallèle d'autres pistes, dans l'univers merveilleux de la culture geek. Déjà présent l'an dernier en créant une émeute mémorable (pas forcément en bien), Le Joueur du Grenier répondit à l'appel pour tenir à nouveau la tête de l'affiche, accompagné de son acolyte Seb, mais aussi de Bob Lennon, ainsi que de l'équipe de la série Le Visiteur du Futur. De quoi assurer à l'association une affluence confortable.
  
Malgré tout, votre serviteur aborda le salon avec une certaine perplexité : les multiples couacs de l'an dernier allaient-ils être résorbés, alors que l'espace alloué à doublé ? Ces invités amenant leur base garantie d'adeptes allait-elle suffire à marquer l'absence de mangakas attractifs ? Et surtout, ce festival qui continue de reposer uniquement sur la bonne volonté de ses staffs bénévoles et passionnés ne va-t-il pas montrer ses limites ? Bref, il est temps de rentrer dans le vif du sujet et dans cette convention, pour y trouver un début de réponse.
 
 
  
     
  

Match de double...

 
Tandis qu'il avait migré en 2011 de l'Espace Tête d'Or au Double Mixte, le salon n'a pas bougé cette année, mais offrit tout de même un changement de taille en s'allouant un étage supplémentaire ! L'espace de la convention a ainsi significativement doublé, permettant d'accueillir une foule autrement plus importante : douze mille visiteurs furent attendus, chiffre atteint selon les premières estimations le dimanche soir, ce qui correspond au double de 2010 !
   
Cette extension fut particulièrement bénéfique au salon sur bien des domaines. Il fut évidemment bien plus agréable de circuler dans les allées cette année, même si les bouchons en milieu de journée restèrent inévitables. Mais surtout, elle permit une bien meilleure disposition de l'ensemble. L'équipe d'Asiexpo a appris de ses erreurs, et a pris soin de placer les deux plus gros points de dédicace dans des endroits où ils n'ont gêné personne. Comme nous le verrons plus tard dans le présent reportage, le rez-de-chaussée concentra les stands de ventes, mais aussi les jeux vidéo, deux expositions, ainsi que les salles réservées au karaoké et aux projections d'anime. A l'étage, nous retrouvions principalement des exposants plus calmes, en particulier ceux consacrés à la culture nippone, ainsi que les créateurs amateurs (mode et fanzine). L'étage était également le lieu-clef pour les gros évènements du salon, avec une scène principale et une salle de conférence, sans oublier la restauration !
  
 
 
    
   
Ce nouvel espace a ainsi apporté une vraie bouffée d'air frais, pour ne pas dire d'air froid en cette mi-novembre. Côté disposition, c'est donc un sans-faute, ou presque, les seuls bémols venant des arts martiaux en conflit direct avec la scène, ou de la taille relativement petite de la salle de conférences. Revers de la médaille : ce nouvel étage a un coût, que l'association a sans doute amorti par la mise à disposition de nombreux espaces de ventes. Ainsi, le rez-de-chaussée était largement dominé par son ambiance merchandising digne des salons les plus commerciaux, bien loin de l'esprit humain voulu par la convention. Mais après tout, on n'a rien sans rien, et chacun était libre d'aller voir plus loin que cet aspect purement mercantile pour s'intéresser aux autres facettes du festival.
 
 
  

... et double faute ?

 
Si cette nouvelle disposition a résolu bien des problèmes, la Japan Touch a néanmoins continué à accumuler les ennuis et autres couacs cette année. La raison principale ? Peut-être un staff en sous-effectif et très fortement renouvelé, et que l'on aura pu sentir souvent dépassé par les évènements. On déplorera ainsi un planning à géométrie variable, avec des évènements reportés, avancés ou annulés, sans qu'aucun membre organisateur ne soit là pour expliquer le pourquoi du comment. On notera également différents problèmes techniques au niveau de la salle de conférences, provoquant une demi-heure de retard sur la première masterclass du samedi après-midi, pour une installation qui avait pourtant été réalisée sans souci l'année passée. Certains invités se baladaient librement sans encadrement du staff, les uns voyant leurs prestations rallongées, sans parler d'une conférence improvisée pour d'autres...
   
 
 
   
   
Côté accueil, si le festival a gagné en fluidité pour faire rentrer les gens, il n'a pas su résoudre un paradoxe déjà survenu l'an dernier : l'entrée des visiteurs fut plus rapide côté billetterie que côté préventes ! On retiendra cependant dans les bons points l'ouverture du festival à l'heure H, à deux ou trois minutes près. En revanche, cette édition 2012 fut entachée par un incident assez important, plus imputable à l'équipe technique du Double Mixte qu'à Asiexpo : le renversement d'une arche métallique portant la bannière de l'évènement sur la file d'attente passant dessous. Par chance, il n'y eut à déplorer "qu'une seule" blessée, rapidement prise en charge et qui fut en état de revenir le lendemain (avec les excuses et faveurs qui se doivent dans ces cas là), mais il fut difficile, pour les visiteurs comme pour l'équipe, de passer outre ce malheureux évènement. But the show must go on...
   
Au final, le festival fut donc terni de problèmes plus ou moins importants (tout est relatif), mais a néanmoins réussi à sortir la tête de l'eau après une édition 2011 en surcharge. Et puis, il convient d'apporter une certaine clémence devant ces quelques couacs, en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une équipe de bénévoles. Si sur certains aspects, la convention prend des tics dignes des salons professionnels, l'esprit de fan reste bel et bien présent. Que manque-t-il vraiment à la Japan Touch ? Peut-être de l'expérience dans l'équipe, malgré quatorze ans au compteur. Les recrues fraiches et dynamiques sont une chose, mais il faut savoir conserver un certain recul devant l'ampleur grandissante de l'évènement, d'année en année....