Hideout - Actualité manga
Dossier manga - Hideout

Narration maligne...


Même si l'histoire de Hideout reste concrètement classique Masasumi Kakizaki, parvient donc à développer un tout particulièrement efficace, et cela passe aussi par le soin apporté par le mangaka à sa narration.


Une narration autobiographique


Pour l'immersion, on n'aurait pu rêver mieux que cette histoire racontée de manière autobiographique par le héros lui-même. Au fil de ses écrits parsemant l'oeuvre, le personnage central qu'est l'écrivain Seiichi nous invite pour une véritable plongée dans ses pensées, tout en dévoilant le fil des événements ayant amené sa soif d'abattre son épouse. Ainsi, les événements sont régulièrement entrecoupés par les pensées de cet homme, pensées toujours présentées sur fond noir et écrites comme dans un livre.





Entre passé et présent


L'autre point narratif important est le choix de Masasumi Kakizaki de nous faire découvrir les choses en entrecoupant son sombre et horrifique récit de courts flashbacks venant apporter à chaque fois un nouvel élément de la déchéance de Seiichi, pour un résultat du plus bel effet, le récit variant entre présent et passé sans y perdre en rythme, venant expliquer spontanément les tenants et aboutissants de la psychologie de ce personnage principal encore plus torturé qu'on n'aurait pu le croire au début.


… et impact visuel saisissant


Etouffant, angoissant, Hideout, en plus d'une narration de haute volée, jouit également d'une véritable virtuosité graphique. On s'en doutait, le trait de Kakizaki pouvait très bien coller à un récit d'épouvante.


Le sens du découpage et de la mise en scène


En effet, d'un bout à l'autre, l'oeuvre profite d'un coup de crayon maîtrisé.

Découpage et mise en scène sont le fruit d'un travail élaboré et susceptible de nous faire sursauter à tout moment, tant l'auteur se fait une joie de nous offrir des petits détails appuyant sans cesse l'atmosphère malsaine et crade, ou de proposer des pleines pages ou double-pages d'une grande densité, à glacer le sang, celles-ci débarquant souvent quand on s'y attend le moins. Certaines pages restent particulièrement imprévisibles tant qu'on ne les a pas tournées, tandis que d'autres laissent en plein suspense quand on voit la menace sur le point de s'abattre sur ses cibles.





Le souci du détail


De manière constante, difficile de rester insensible au souci du détail de l'auteur, qui ne laisse pas une case blanche, propose toujours en arrière-plan des fonds très travaillés, griffonnés et noircis dans un souci de réalisme pour un rendu du plus bel effet.

Au coeur de cela, vient tout juste contraster la clarté de la majorité des pages de flashbacks, des souvenirs plus heureux, pour un résultat saisissant ne faisant qu'accentuer encore plus la chute psychologique et la noirceur de l'âme de Seiichi qui se dessinent de plus en plus.


Tics visuels


Et bien sûr , les petites spécificités du style de Kakizaki sont bien présentes, à commencer par les fins traits blancs parcourant les illustrations importantes, comme pour bien les figer à la manière d'une photo ancienne et leur offrir plus d'impact.

On pense également à l'incursion des onomatopées dans de petits bulles, ce qui fait qu'elles sont rarement trop envahissantes, tout en sachant attirer naturellement l'oeil de par le fait qu'elles sont délimitées dans le cadre des bulles. Des petites bulles évidemment blanches, et ressortant dont particulièrement sur les planches très denses et noires de l'artiste. Cela accentue particulièrement l'impact des onomatopées.





Des personnages au physique marquant


Du côté du dessin des personnages, c'est tout bonnement excellent.

Les expressions de Seiichi et, quand il le faut, de Miki ont de quoi mettre mal à l'aise, la noirceur de leurs sentiments ressortant parfaitement.

Mais l'auteur atteint des sommets dans la représentation des êtres prenant en chasse le couple. Bouche édentée, détails crades sur la peau, et, surtout, yeux exorbités: le résultat obtenu est saisissant et propice aux sueurs froides. Ces personnages en apparence inhumains, et qui, comme dit précédemment, ne sont finalement peut-être pas les moins humains, sont un véritable tour de force de l'auteur, surtout quand il les fait apparaître soudainement.
  
  
  


© 2010 Masasumi KAKIZAKI / Shogakukan Inc.

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